Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 36 : Un meurtre, et alors ?

2194 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/08/2016 09:44

Chapitre 36

J’avais l’impression d’être un zombie. Je marchais, je bougeais, je buvais, je mangeais. Mais rien ne semblait réel dans tout ça. J’avais l’impression d’être en dehors de mon propre corps et je ne pouvais pas retourner à l’intérieur. Mon regard restait vide et rien n’avait aucun sens pour moi. Pas depuis ce qu’il s’était passé avec Alex.

De toute manière, le soleil se couchait et je devais dormir. Je sortis un peu de poisson et des cerises. Le poisson qu’Alex avait pêché et cuisiné. Des larmes montaient immédiatement à mes yeux et je tentais de les retenir. Mais c’était tellement difficile !

Je mangeais tout de même le poisson avec les cerises et je bus un peu d’eau pour faire passer le tout. Puis, je montais dans un arbre et m’installais confortablement. Je pouvais dormir dans les arbres maintenant qu’Alex n’était plus là. Avant, il avait trop le vertige pour que nous profitions des hauteurs. Le vertige… Il me manquait tellement.

L’hymne s’éleva et le sceau du capitole apparu dans le ciel. Je levais les yeux et je vis le visage du garçon du 1. J’avais l’impression de pouvoir sentir la haine percer à travers mon regard et toucher son visage dans le ciel. Mais cette haine disparut lorsque le visage d’Alex succéda à celui de l’homme qui l’avait tué. Cette haine fut transformée en une tristesse profonde et horriblement douloureuse. Je détestais ce genre de sentiments. C’était trop douloureux pour exister réellement.

Je fermais donc les yeux sans réussir à ignorer le trou béant dans mon cœur, et j’essayais de m’endormir pendant un temps. Sans succès.

 

Le soleil s’est levé longtemps après, sans que j’ai pu réellement dormir pendant la nuit. Mes yeux se fermaient mais mon esprit continuait de vagabonder dans tous les sens. Je ne pouvais pas vraiment penser à autre chose qu’à Alex. C’était impossible pour moi.

Je me levais donc définitivement et descendait de mon arbre pour sortir de quoi déjeuner.

Un peu de poisson et quelques mûres, et le tour était joué. Je rangeais le reste de mes affaires et je commençais presque immédiatement à marcher. Maintenant qu’Alex n’était plus à mes côtés, je n’avais qu’un seul objectif. Les tuer tous jusqu’au dernier. Et cette fois-ci, je savais que je n’hésiterais plus.

Je marchais d’un pas décidé, sans vraiment réfléchir à ce qui allait se passer ensuite. Je voulais juste qu’ils payent tous. La première personne que j’allais trouver, je la tuerais.

Je continuais donc de garder les yeux grands ouverts et je faisais attention à chaque petit détail que je pouvais entendre ou voir. Rien ne devait m’échapper à présent.

Le soleil progressait aussi vite que moi et j’avais parcouru assez de distance d’ici midi. Je mangeais une nouvelle fois du poisson et un peu de mûres. Il ne me restait que deux poissons à présent. Mais ça me suffirait pour ce que j’avais à faire.

L’après-midi débuta comme l’avait fait le matin et je marchais, toujours sans parler. Normalement dans ces moments-là, Alex entretenait la conversation et me faisait rire lorsque la marche devenait insoutenable. Mais à présent, c’était terminé. Je devais marcher seule et ne parler qu’à moi-même. Comme une folle. Je l’étais peut-être devenue à tout réfléchir. Depuis la mort d’Alex, je n’avais plus vraiment l’impression d’avoir toute ma tête.

Mais peu importait. Je n’avais plus aucune raison de rester censé pour le moment. Alors autant rester cinglée tant que ça pouvait me servir.

Je continuais donc de marcher et de fixer les alentours sans penser à autre chose qu’à Alex, Alex et encore Alex. Et même avec lui dans mon esprit, je réussis tout de même à débusquer ce que je cherchais. Un tribut. Une nouvelle victime.

 

Je me retournais, le couteau déjà en main et je vis immédiatement que la fille du 9 n’était pas douée pour se cacher.

« Je vois ton bras dépasser de l’arbre, déclarais-je calmement.

Elle ne bougeait toujours pas mais lorsque j’ai avancé vers elle, elle s’est enfin décidée à se montrer. Elle avait peur. Ça se voyait dans son regard et ça se sentait dans ses gestes. Mais je m’en fichais. Je continuais d’avancer pas à pas, et elle reculait également.

- Ne cherches pas à t’enfuir, je n’ai plus le temps pour ces petits jeux. C’est fini. 

- Ecoutes, tenta-t-elle de négocier un peu. J’ai vu que ton allié était…

- Je t’interdis de parler d’Alex ! lui criais-je en l’attrapant par le bras. Tu ne le connaissais même pas !

Je la frappais au visage et elle se cogna contre un arbre. Puis je la frappais de nouveau, mais au ventre cette fois-ci. Elle saignait un peu et c’était suffisant. Je m’emparais donc de mon couteau d’une main ferme et décidée et lorsque je m’apprêtais à en terminer avec elle, elle me lança une phrase qui m’a presque amusée pour tout dire.

- Par pitié Johanna ! Je t’ai vu tout au long des jeux et tu n’es pas comme ça !

Je rigolais un petit instant, d’un rire ironique et dénuée de joie.

- De la pitié ? Tu veux de la pitié ? Figures-toi que j’ai perdu toute ma pitié lorsqu’Alex a été transpercé d’un coup d’épée dans la poitrine. Depuis, la pitié n’est pas une chose qui me vient naturellement.

Des larmes perlaient dans ses yeux, mais je m’en fichais.

- Et pour ce qui est de ce que tu as soi-disant vu pendant les jeux, continuais-je sans bouger mon poignard de dessous sa gorge. Tu ne me connais absolument pas. Alex me connaissait. Il arrivait à faire ressortir ce qui était bon en moi, juste comme ça. Mais maintenant qu’il n’est plus là, je suis redevenue exactement ce que j’étais avant. Et crois moi, la personne que j’étais avant n’aurais même pas écouté ton petit discours pour tenter de rester en vie. Je me fiche de ce que tu veux, ou que tu restes en vie. On m’a littéralement arraché Alex alors pourquoi toi, tu devrais vivre ? 

Elle continuait de pleurer sans vraiment savoir quoi me répondre.

- Tu n’as rien à dire ? lui demandais-je en souriant. Ne t’en fais pas, aucune de tes réponses n’aurait pu me satisfaire de toute manière.

Et sur ces paroles, je lui tranchais la gorge et elle tomba à terre, sans vie. Ça y est, elle était morte. Et je m’en fichais totalement.

Je me retournais sans la regarder et le canon m’annonça que c’était fini pour elle. A présent, il ne restait que moi et la fille du 2. Mon adversaire principal depuis le début de ces jeux. Celle qui voulait me voir mourir. Maintenant, c’était entre elle et moi. Avec aucun obstacle autour.

Je me mis à marcher encore un peu, au cas où Clarisse soit assez courageuse pour venir maintenant mais pour le moment, c’était le calme plat. Clarisse qui se terrait ? Non, ce n’était pas possible. Elle me cherchait aussi, c’était sûr. Mais si nous nous cherchions toutes les deux, ce n’était plus qu’une question de temps. Nous allions bientôt en terminer avec tout ceci. Parfait.

L’après-midi continuait d’évoluer au fur et à mesure que je marchais et j’avais de plus en plus chaud. Je finissais de boire une de mes gourdes et je cherchais un nouveau point d’eau pour me désaltérer. Heureusement, j’en trouvais un facilement et réussis à remplir ma gourde avant que la chaleur ne s’installe réellement. J’en profitais pour me laver et nettoyer mes vêtements au passage. Je me sentais plus propre à présent et ça faisait un bien fou.

Une fois lavée et rhabillée, je repris immédiatement mon trajet sans attendre. La soirée allait débuter et je voulais mettre le moins de distance possible entre Clarisse et moi. Plus tôt je l’aurais tué, et plus tôt je rentrerais chez moi pour retrouver la seule autre personne qui me motivait à vivre encore. Matthew.

Le soleil se couchait à présent, et les arbres prenaient une teinte orangée partout dans l’arène. Je ne pourrais plus continuer mon chemin plus longtemps. Je sortis donc ma cordelette pour tendre des collets à côté de l’endroit destiné à devenir mon campement. J’en mettais une dizaine en place et quelques mètres plus loin, je me trouvais un arbre plutôt confortable pour la nuit. Heureusement pour moi, j’avais vu un garçon tendre des collets dans les 68ème Hunger Games. Sinon, je n’aurais pas pu les tendre moi-même.

En attendant, je dévorais un poisson entier et je terminais les mûres que j’avais. Cette journée m’avait littéralement affamée et j’aurais tant aimé pouvoir manger un des plats que le capitole nous servait. Mais penser au capitole a raviver ma haine et également ma peine.

Tandis que je refoulais tous les sentiments atroces qui affluaient dans mon esprit, le sceau du capitole s’éleva dans le ciel et l’hymne a résonné à mes oreilles. Je levais les yeux et je vis bien évidemment la fille du district 9 apparaître dans le bilan des morts de la journée. Puis, le sceau s’est éteint et la nuit est totalement tombée. Je fermais immédiatement les yeux sans attendre, et je tentais une nouvelle fois de dormir. Mais pour la seconde fois, je n’arrivais pas à dormir. Le visage d’Alex dansait autour de mes yeux et m’empêchait de penser normalement. Je me remémorais son sourire, ses yeux, son rire, son visage. Tout.

Et c’était atrocement douloureux. Mais comment faire autrement ? Je ne savais plus si je voulais ne plus penser à lui ou ne jamais l’oublier. C’était comme si une bataille se déroulait dans ma tête. Une bataille que je ne pouvais pas stopper.

Alors en attendant, je gardais les yeux fermés et je continuais à essayer de dormir même si je savais que c’était impossible. Je ne pourrais plus jamais dormir normalement à présent. Et je le savais. 

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