La Présidente

Jones regardait le ciel bleu attentivement. Scrutant l’étendue artificielle avec la ferme intention de dénicher un défaut dans sa cuirasse.

• Alors, monsieur, vous avez trouvé quelque chose ? demanda le délégué de construction, derrière lui.

Il soupira, et dut se rendre à l’évidence: il n’avait rien à reprocher aux concepteurs. Il se retourna vers l’homme.

• Non, lâcha-t-il, agacé.
• Eh oui, répondit tranquillement l’autre (décidément, Jones était pris d’une folle envie de l’étrangler), c’est la qualité oblige avec les architectes du district 2.

Jones se désintéressa de l’homme et regarda autour de lui. Un mince sourire s’étira sur ses lèvres. Son chef allait être content.

Il considéra une dernière fois le coin de l’arène où douze portes cachées allaient s’ouvrir dans quelques heures pour déverser leurs cargaisons. Douze sas. Douze morts spectaculaires. Les habitants du Capitole allaient être ravis.

Le train sillonnait les plaines du District 10. A son bord, quatre personnes mangeaient sans appétit. Bill Ripper et Ruth Swanson, face à face, se dévisageaient. “Qui de nous deux mourra en premier?” se disaient-ils. A côté d’eux, Celia Frendsmith faisait face à Quill Wargner, l’unique mentor du 8. L’ambiance était morose. A un moment, Wargner tourna sa tête blanchie par la consommation de drogue répétitive depuis les 79e Hunger Games, année de sa victoire, vers nous. Il paraissait être sorti d’une longue période de transe. Ou était peut-être simplement entré dans une courte période de lucidité.

• Ah, mais c’est vrai qu’on a des tributs! hurla-t-il presque. Vous allez voir, je vais faire de ces dix heures de train votre unique chance de survie. Alors, dit-il d’une voix qui se voulait dynamique, lequel commence?