La Présidente

Chapitre 12 : La gélule

697 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/12/2016 16:41

Il souriait. D’un sourire soulagé, libéré. Derrière la grande baie vitrée du grand appartement dans lequel il résidait, au cent dix-septième étage de la tour Capricorn, dans le coeur historique historique du Capitole, le quartier général des Jeux se désagrégait, soulevant dans sa chute vertigineuse un gigantesque nuage de poussière.

Le talkie-walkie posé sur une table basse non loin de lui grésillait. Son interlocuteur ne le contacterait plus. Jones avait bien fait son boulot. Quatre bombes d’une portée de cinquante mètres disposées aux coins du bâtiment principal avaient réussi avec brio à déclencher l’effondrement de la base de l’édifice. Tout cela avait été préparé dans le plus grand secret. L'événement avait été minutieusement calculé pour atteindre le Gouvernement le plus efficacement possible.

Cependant, la visite de la Présidente Snow n’avait pas été prévue par les organisateurs.

Celle-ci s’était jetée dans la gueule du loup, et celui-ci ne s’était pas fait prié pour l’engloutir.

L’écran de télévision géant fixé de l’autre côté de la pièce s’alluma brusquement, et les mots TRANSMISSION SPÉCIALE apparurent avant de disparaître dans un fondu au noir. Puis le visage paniqué d’un journaliste s’afficha en grand.

  • Habitants du Capitole, ceci est une annonce d’urgence retransmise dans tous les réseaux de la ville. Un attaque à la bombe dévastatrice a été perpétrée il y a quelques minutes au rez-de-chaussée du quartier général des Jeux de la Faim. La piste des extrémistes originaires des districts est privilégiée par l'enquête. Nous demandons à tous les citoyens de regagner leurs appartements en attente d’informations supplémentaires. Il est d’or et déjà fait office de cinq-cent morts, au moins. Nos services antiterroristes sont optimiste quant aux recherches concernant les coupables.
  • Qu’ils essaient toujours, lança-t-il pour lui même, étant seul dans l’appartement.

L’heure était venue de disparaître. La police du Capitole, bien que complètement dépendante des intentions du Gouvernement, ne tarderait pas à remonter jusqu’à lui. D’abord surpris, ils se ressaisiraient et le captureraient, pour le torturer et le tuer. Il ne fallait pas prendre de risques. Surtout ici et maintenant.

Disparaître.

Il sortit lentement de sa poche de veston la gélule blanche et bleue.

C’est du sureau mortel, Katniss. Rapide… et totalement indolore, je te le promets.

Katniss n’avait pas eu le temps de sortir la gélule. Elle était morte d’une façon injuste. Tout comme les autres. Mais maintenant, il fallait achever le boulot. Il en avait terminé sa part.

Il la porta à sa bouche.

Un objet volant apparut derrière la baie vitrée. Un drone. Un drone blanc, de quelques dizaines de centimètres de large, aux quatre hélices tranchantes tournant rapidement pour le maintenir en l’air.

Un rouage invisible de l’extérieur se mit en mouvement dans la coque de l’engin. Une fléchette anesthésiante apparut, pointée en direction de l’homme.

Celui-ci lâcha un rire moqueur. Le dernier. Puis, conscient d’être filmé et retransmis au Palais Présidentiel en direct, il avala le sureau mortel et leva les trois doigts du milieu de la main droite au ciel en joignant le pouce et l’auriculaire, pour témoigner sa gratitude envers les rebelles, et sa haine du Capitole, et leva le majeur de sa main gauche pour témoigner sa haine, tout simplement.

Quand les forces armées des Pacificateurs d’élite défoncèrent la porte de l’appartement, ils ne virent qu’un corps étendu à côté d’une table basse et d’un jeu d’échecs. Un simple jeu d’échecs. Le corps, lui, serait soumis à un examen plus approfondi. Mais rien ne sera trahi par le mort, à part un empoisonnement rapide par une substance artificielle.

Plutarch Heavensbee a accompli sa part du travail. Il a réussi son exploit. Et il a disparu.

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