La Présidente

Chapitre 15 : L'hovercraft

526 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/01/2017 12:23

L’alarme hurle dans les tunnels aux néons clignotants. Des gens en uniforme courent tout autour de lui. Des cris retentissent derrière les portes automatiques bordant le Corridor. Des malheureux qui ne sortiront jamais de cette montagne. Pendant un instant, les dernières lumières vacillent. Puis un grondement sourd monte des entrailles de la Terre, et se mue en vacarme à percer les tympans. Le sol se met à trembler violemment. Les gens tombent, hurlent, certains se mettent à genoux pour prier. Mais lui ne bouge pas. Parce qu’il sait. Il sait comment tout cela va se terminer. Les rebelles ont gagné la bataille.

Le carrelage soigné du Corridor se fissure. Imperceptiblement, mais pour lui, qui a si longtemps travaillé à la construction de l’endroit, la brisure est bien visible. Dans vingt secondes tout au plus, des million de tonnes de roches se déverseront à une vitesse de plus de cinq cent kilomètres à l’heure dans le Corridor et détruiront tout ce qui reste des occupants de l’édifice.


Tout, sauf lui.


Il court sans se presser vers une porte verrouillée. L’ouvre avec son badge prioritaire. Un mince sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu’il découvre l’hovercraft sur sa rampe de lancement, flambant neuf.

Le président Snow l’a placé là pour lui. Parce que le président Snow est bon. Le président Snow tient à ses sujets. Arborant un sourire radieux, il grimpe en trottinant dans l’appareil, sans se douter que celui-ci sera son tombeau. Trois tonnes de dynamite soigneusement placées dans les soutes de l’appareil l'attendaient en silence.

L'hovercraft est disloqué par la déflagration en moins d’un quart de seconde. Dans les instants qui suivent, l’ouverture pratiquée dans la roche pour le décollage de l’engin est bouchée par les tonnes de cailloux déplacés par les bombardements incessants des rebelles, en surface.


Julius Quartifer mourut ce jour-là. Personne ne le connaissait; il n’avait pas de famille, pas d’amis.

Personne ne savait ce qu’il savait.

Personne ne se serait douté que ce n’était pas les rebelles qui avaient tué Julius, mais des opposants d’un tout autre genre, qui étaient d’ici sans venir de là.

Des opposants qu’on avait oublié, au fil des décennies, puis des siècles.

Des opposants que l’on croyait mort.



“Personne n’aurait cru, en ces temps modernes, que Panem était observé en permanence, avec précision, comme l’auraient étés au microscope des bactéries pullulant et se multipliant dans un verre d’eau. Pendant tout ce temps, les citoyens du pays étaient persécutés par leurs dirigeants inconscients, et vacaient à leurs occupations, s’appropriant le moindre centimètre carré de matière de manière tranquille et ordinaire.

Mais, à seulement quelques milliers de kilomètres derrière cette barrière infranchissable qu’est l’océan, des êtres froids et brutaux étudiaient chaque mouvement, chaque pensée, chaque réaction du pays, et élaboraient, lentement, mais sûrement, un plan pour s’en emparer.”

H.G Wells / AlecDek, 2017

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