Amour ou loyauté

Chapitre 4 : Quatrième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 11:33

Quatrième chapitre

 

 

 

 

 

 

Naruto dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas s'élancer à la poursuite de Sakura. "" Elle n'est pas prête, il est trop tôt "", se raisonnait-il amèrement. Son corps entier lui faisait mal, tenaillé par le désir de la tenir dans ses bras, de sentir sa peau nue contre la sienne.

Longtemps après que la fermeture à glissière de la tente se fût refermée sur Sakura, Naruto resta sur le seuil de la caravane, espérant qu'elle changerait d'avis. Rien ne bougeait dans l'obscurité. Même la pluie avait cessé de tomber et les putois avaient disparu. Haut au-dessus de lui, les branches de pins bruissaient doucement sous la brise nocturne. A la lueur des étoiles, un pâle sourire se dessina sur ses lèvres. Sans cette troupe de Gloss, il n'aurait jamais rencontré Sakura Haruno, jamais caressé sa chevelure soyeuse, jamais touché la rondeur pleine de ses...

Non ! Il fallait qu'il se ressaisisse. Les problèmes soulevés par la jalousie de Yumie étaient insurmontables. Pourquoi s'acharnait-il à poursuivre cette femme dans ses assiduités ?

Les yeux errant parmi les ombres des arbres, il réinventait le regard vert de Sakura, ses pommettes saillantes, le lustres de sa chevelure... Et pourtant, au-delà de sa simplicité et de sa fraîcheur, il pressentait sa capacité à vivre une passion débridée. Et c'était cette sensualité qu'il voulait à tout prix réveiller en elle.

Il décida de faire quelques pas dehors pour apaiser sa chair aiguillonnée par le désir. Depuis la mort de Ino, il avait séduit de nombreuses femmes mais une fois ses sens satisfaits, il s'était désintéressé d'elles. D'ou lui venait cette aspiration à vouloir passer le restant de sa vie à ses côtés, quelles qu'en soient les conséquences ? De toute évidence, il était tombé amoureux de Sakura. Sinon, comment expliquer qu'elle eût une telle emprise sur ses émotions ? Et cette fois-ci, au mépris de ses principes les plus chers, il avait mêlé Takami à sa vie sentimentale.

Pauvre Takami, qui regardait Sakura de ses yeux suppliants. Quant à Sakura, elle répondait de son mieux aux demandes incessantes de l'enfant, mais repoussait obstinément les avances de son père. Sa raison lui dictait d'oublier Sakura, mais ne suffisait pas à éteindre le feu qui coulait dans ses veines. Il fallait élaborer une stratégie et, comme encouragé par le murmure des sapins, c'est ce qu'il fit.

 

 

Des échos de rires d'enfants réveillèrent Sakura le lendemain matin. Courbatue, le corps brisé de fatigue, elle s'extirpa avec peine de son sac de couchage, faisant jouer ses muscles endoloris. A l'autre extrémité de la tente, Hinata la considérait avec amusement et ne put réprimer un éclat de rire.

- Allons, paresseuse, tout le monde est debout, sauf nous deux.

- Ah bon ? s'étonna Sakura, la voix pâteuse. Mais que font-ils donc ?

- Lorsque je suis allée me rafraîchir le visage, j'ai vu Naruto qui emmenait les fillettes jusqu'au lac. Quant à nos compagnes, elles sont sous l'auvent et préparent le petit déjeuner. Il fait un temps magnifique ce matin !

- Comment peux-tu être aussi joyeuse ? gémit Sakura. J'ai l'impression d'avoir cassé des cailloux toute la nuit.

- Tu en as l'air, si je peux me permettre, la railla Hinata. Mais ne t'inquiète pas. Un peu d'eau fraîche et il n'y paraîtra plus.

- Je préférerais un café ! s'exclama Sakura, enfilant son jean et un chandail moulant propre.

Avec des gestes précautionneux, elle brossa sa chevelure souple, saisit sa trousse de toilette et sortit à l'air libre. Bien qu'Hinata l'eût prévenue, la lumière de ce matin ensoleillé l'éblouit et elle se couvrit les yeux. Puis, comme un tournesol cherchant le soleil, elle se retourna vers le lac et la vue qui s'offrit à ses yeux lui coupa le souffle.

Planant au-dessus du miroir scintillant de l'eau, un prisme de couleur cabriolait au gré de la brise matinale. L'immense cerf-volant déployait fièrement ses couleurs rouges, orangées, or et bleues tandis qu'une multitude de rubans multicolores voletaient au caprice du vent.

- As-tu jamais vu aussi jolie chose ? demanda Hinata qui s'était approchée, deux tasses de café fumant à la main.

- Jamais, avoua Sakura sincèrement, incapable de détacher son regard du ciel.

- Naruto apprend aux filles à s'en servir. Je crois qu'il est prêt à tous les sacrifices pour leur faire plaisir. C'est vraiment un homme sympathique.

- C'est ce que tout le monde me répète sans cesse.

S'arrachant à sa contemplation, elle prit une tasse de café des mains de Hinata et se dirigea vers le lavabo installé en plein air. Attachant ses cheveux, elle espergea son visage d'eau glacé. Hinata avait raison. Elle se sentit revivre et une décision se forma dans son esprit. Elle aussi voulait faire voler le cerf-volant et ce n'était pas l'homme aux épaules carrées et aux cheveux de la couleurs noirs à qui il appartenait qui la faisait ainsi se hâter vers le lac, essayait-elle de se convaincre.

Tout en marchant le long du sentier couvert d'aiguilles de pin, ses muscles s'assouplirent. Le soleil réchauffait la terre humide dont émanait une odeur fraîche de forêt, et Sakura prit une profonde inspiration, envahie par une joie inexplicable. Au même moment, Naruto se retourna et lui sourit. Involontairement, elle lui rendit son sourire, consciente du regard admiratif dont il l'enveloppait.

- Salut maman.

La joie de Sakura fondit aussitôt à la vue de Yumie assise à l'écart, le dos appuyé contre un arbre. Le visage de la petite fille était sombre et elle effeuillait sans gaieté une pomme de pin.

- Bonjour, Yumie, dit Sakura d'une voix exagérément joyeuse. Pourquoi n'es-tu pas avec les autres ?

- J'ai déjà fait voler des cerfs-volants. C'est papa qui m'a appris, il y a longtemps. Te souviens-tu ?

Lançant violemment la pomme de pin déplumée au loin, elle en ramassa une autre.

- Oui, Yumie, mais celui-ci est tellement... commença-t-elle, les mots lui faisant défaut.

- ... moche, finit Yumie.

Rien de ce qui touchait Naruto ou Takami Uzumaki ne saurait trouver gré à ses yeux.

- Tu es de mauvaise humeur, ce matin. Je crois que je vais te laisser bouder et rejoindre les autres.

- Vas-y. Tu meurs d'envie d'être avec lui de toute façon.

- Yumie !

- Mais si, insista la petite fille sombrement. Takami a tout prévu. Elle veut que vous vous mariez.

- Alors elle va être déçue, lança Sakura, agacée.

Elle reprit sa marche, mais une bonne partie de sa joie l'avait quittée.

- Vous êtes superbe ce matin, l'accueillit Naruto, venant à sa rencontre.

Eût-elle osé, Sakura lui aurait retourné le compliment.

Il était terriblement séduisant. Le soleil jouait avec les reflets de ses cheveux blonds et une odeur d'after-shave flottait autour de lui.

- Avez-vous bien dormi ? s'enquit-il, son regard brûlant chargé de sous-entendus.

- Comme un loir, répondit Sakura avec un faible sourire. Et vous ?

- Très bien. Mais j'ai fait un rêve idiot. Une femme magnifique m'embrassait, je la tenais dans mes bras, je la caressais... partout...

La voix chaude de Naruto s'insinuait jusqu'aux tréfonds de son être et Sakura était pétrifiée.

- ... mais au moment ou j'allais la posséder, elle m'a arrêté et a crié : "" Je ne peux pas ! Je suis une mère avant tout ! "". Je me suis réveillé très frustré.

- C'est une histoire bien triste, railla Sakura, luttant pour se ressaisir.

- Triste mais vraie. Puis-je voler une gorgée de votre café ?

Il lui prit doucement la tasse des mains et, ostensiblement, la tourna avant de déposer ses lèvres là ou celles de Sakura l'avaient éffleurée. Il but sans la quitter des yeux. Inconsciemment, elle caressa sa lèvre inférieure du bout du doigt et il sourit.

- Ce n'était peut-être pas un rêve, après tout. Sentez-vous encore ma bouche sur la vôtre ? Je me rappelle la douceur de vos lèvres, la chaleur de votre baiser, la...

- Naruto ! Cela suffit ! Rendez-moi mon café.

- Tout de suite. J'y ai laissé un baiser pour vous, Sakura.

- Monsieur Uzumaki ! C'est le tour de Hinako au cerf-volant et Fumika ne veut pas le lui donner !

Sakura profita de cet intermède pour rejoindre les enfants. Une foule de pensées s'agitait dans son esprit. "" Il n'abandonne pas "", songea-t-elle, incapable de se dire si cette idée l'exaspérait ou la remplissait de joie.

Pourquoi ne pas l'encourager ? Elle était à présent prête à courir le risque d'une aventure avec lui. A cette pensée, le rythme de son coeur s'accéléra, mais elle secoua la tête de désespoir. Yumie leur rendrait à tous deux la vie impossible. Une fois rentrés à Sendai, ils ne devaient plus se revoir.

- Sakura, c'est à votre tour, appela Naruto.

- Venez, madame Haruno. C'est très amusant, renchérit Takami.

Hinako fit glisser autour de son bras un support cylindrique de carton autour duquel des centaines de mètres de ficelle étaient enroulés. Les yeux levés vers le magnifique cerf-volant, Sakura sentit son coeur se gonfler devant tant de beauté. Soudain, elle eut l'impression qu'il perdait de l'altitude.

- Naruto ! appella-t-elle, effrayée. Il est en train de tomber.

- Ce n'est qu'une poche d'air. Relâchez de la corde !

Il passa prestement les bras autour de sa taille et s'empara de la bobine d'une main experte et peu à peu, le cerf-volant regagna de l'altitude dans le ciel serein. Prisonnière des bras de Naruto, Sakura tremblait, n'osant bouger.

- Pensez-vous vous débrouiller seule, maintenant ? murmura Naruto contre son oreille.

- Certainement, balbutia Sakura, forçant un sourire.

- Tenez la corde comme ceci...

Sa main couvrit celle de Sakura, l'aidant à manipuler le cylindre. L'énergie qui circulait entre eux sembla se communiquer au cerf-volant qui bondit avec grâce et élégance, exécutant des loopings spectaculaires.

- Que c'est beau, Naruto ! s'exclama Sakura, joyeuse, insouciante, les joues rougies par l'excitation.

- Restez avec moi, Sakura. Si vous vous ouvrez à elle, la vie est remplie d'expériences aussi passionnantes que celle-ci, susurra-t-il, resserrant son étreinte. Mais pour le moment, le vent est en train de tomber et il va falloir ramener le cerf-volant avant qu'il ne plonge dans le lac.

Il s'empara de la bobine et s'éloigna de quelques pas, enroulant la corde avec aisance.

- J'ai proposé aux petits nains de leur apprendre à fabriquer des cerfs-volants pendant les prochaines réunions de Gloss. Elle sont folles de joie.

- Mais vous n'aviez pas le droit de prendre cette décision sans mon accord ! Je suis désolée, mais il n'en est pas question, vociféra Sakura, relevant fièrement le menton.

- Hé, madame Haruno ! Est-ce que M. Uzumaki vous a parlé de son projet ? Nous avons voté et tout le monde est d'accord, s'écria soudain Hinako, courant vers eux. N'est-ce pas une idée formidable ?

- Eh bien... Je...

- Mme Haruno ne trouve plus ses mots, Hinako. Elle se demandait justement quelles seraient vos prochaines activités et elle est très contente que j'aie pris cette initiative, dit Naruto avec un petit rire.

- J'étais sûre que vous seriez d'accord, dit Hinako, rayonnante. Mon cerf-volant sera bleu foncé, de la couleur du ciel à la nuit tombante. Je suis tellement impatiente !

- Vous voyez, fit Naruto, lorsque la petite fille eut rejoint ses camarades. Vous ne pouvez décemment refuser. Elle sont toutes si contentes.

- Pas toutes, j'en ai bien peur.

- Vous vous faites du souci pour Yumie, n'est-ce pas ?

- Bien sûr, Naruto. Elle vous est très hostile. Elle pense...

- ... que je cours après sa mère ? Elle a raison. Mais elle doit grandir et réaliser qu'elle n'a aucune exclusivité sur vous.

- Elle a des droits prioritaires, ne l'oubliez pas !

- Maintenant, peut-être, mais cette situation ne peut durer éternellement. En cédant au moindre de ses caprices, vous allez gâcher votre existence et la sienne par-dessus le marché.

- Comment osez-vous me parler sur ce ton ! Je n'ai que faire de votre opinion, monsieur Uzumaki !

Tournant les talons, Sakura remonta en courant le sentier en direction du campement.

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