Amour ou loyauté

Chapitre 9 : Neuvième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:48

Neuvième chapitre

 

 

 

 

 

La nature se faisait complice de Naruto, obscurcissant le ciel de gros nuages noirs, répandant sur la mer une brume épaisse. Pour Naruto et Sakura, le temps égrenait lentement ses secondes. Ils passaient le plus clair de leur temps dans le lit dévasté, s'arrachant parfois à la chaleur pour se prélasser, nus, devant la cheminée ou Naruto prenait soin d'entretenir un feu de bois.

Lorsque la faim les darda de ses aiguillons, Naruto sortit des placards de la kitchenette des boîtes de soupe et du pain de mie et Sakura l'interrogea sur la provenance de ces aliments.

- Et bien... j'ai pensé... que tu aimais le velouté d'asperges, dit-il évitant son regard.

( ** J'en avais assez des "" ramens "" dans les fics de Naruto ! Alors j'ai changé ça ^ ^ ! Ne m'en voulez pas... )

- Je vois, tu avais tout prévu pour que nous ne sortions pas d'ici, vil séducteur ! Si le soleil fait son apparition demain, me permettras-tu d'aller prendre un peu l'air ?

- N'exagère pas, Saku. Tu es libre de tes mouvements, protesta-t-il, beurrant une tranche de pain.

Sakura contempla les muscles qui roulaient sous sa peau. Avec une infinie douceur, elle caressa sa joue envahie par une barbe naissante. Leurs déchaînements de passion n'avaient guère laissé à Naruto le temps de se raser.

- Je suis sotte, admit-elle, nous sommes si bien ici. Quand je pense qu'il va falloir rentrer...

Naruto prit sa main et déposa un baiser sur la paume.

- Je suis si heureux avec toi, Saku. Depuis le jour ou je suis entré dans ton salon pour la première fois...

Les souvenirs affluèrent à la mémoire de Sakura et elle se rappela combien il l'avait impressionnée.

- Lorsque nos regards se sont croisés pour la première fois, j'ai aussitôt pensé à l'homme qui avait la chance de te tenir dans ses bras tous les soirs. Puis Takami m'a informé de ton divorce et depuis, je n'ai cessé de penser à toi.

- Et de me tendre des pièges, le taquina-t-elle.

- Lorsque nous sommes arrivés ici, j'ai décidé de ne plus rien prévoir pour nous deux, de vivre le moment présent. Tout peut arriver. Mais cela ne dépend plus de moi seul. Nous sommes deux, maintenant.

- Merci, dit simplement Sakura, savourant leur confiance mutuelle, leur proximité.

- Une question d'importance vitale me torture l'esprit, plaisanta-t-il soudain, essayant de les protéger tous deux de l'incertitude de l'avenir. Qu'allons-nous manger ?

- Mais je croyais que...

- Au diable le velouté d'asperges, dit-il avec un haussement d'épaules désabusé. Si mon amour a faim d'autre chose, je...

- J'adore le velouté d'asperges, Naru, l'interrompit-elle, éclatant de rire.

Il était si beau et elle avait tant besoin de lui que parfois, elle sentait son coeur se serrer d'angoisse. Blottis l'un contre l'autre, ils attaquèrent la soupe avec des airs gourmands.

 

 

Le matin suivant, proclamant fièrement son retour, le soleil dardait ses rayons à travers les volets clos, baignant les corps enlacés de Sakura d'une auréole de lumière.

- Tu aurais pu amener des oeufs et du bacon pour le petit déjeuner, le gronda gentiment Sakura.

- J'y ai bien pensé, mais des scrupules m'ont retenu.

Sakura éclata de rire.

- Il va falloir nous habiller, soupira Naruto.

- Est-ce bien nécessaire ? demanda-t-elle avec un regard innocent.

- Il n'est pas question que quiconque pose les yeux sur toi, dit-il, inquiet malgré tout.

- Serais-tu jaloux ?

- Non. Possessif. Ce n'est pas la même chose. Je veux que ton corps merveilleux n'appartienne qu'à moi-même et en cela, je suis possessif. Je serais jaloux si j'avais peur que tu ne m'y autorises pas.

- Je vois. Dans ce cas, il est préférable que je me couvre.

- J'espère que tu comprends qu'en me faisant cette concession, de couvrir ton corps devant d'autres hommes, tu encourages mon sentiment de possession, déclara-t-il avec un sourire, effleurant du bout des doigts la courbe délicate de son épaule.

- Non seulement je l'encourage, mais je pourrais bien t'en demander des preuves tout de suite, si tu n'ôtes pas ta main, dit-elle, émue par sa caresse.

Une fois de plus, oubliant tout, emportés par leur passion insatiable, leurs corps s'unirent, apaisant une faim autrement urgente que celle qui tenaillait leurs estomacs.

 

 

- Du champagne au petit déjeuner ? s'exclama Sakura. Je n'ai jamais vu cela !

- Voici l'occasion rêvée de commencer, dit Naruto, levant sa flûte. A nous deux...

Ils trinquèrent et, sirotant son champagne à petites gorgées, Sakura s'abîma dans la contemplation de l'homme qui en quelques heures lui avait fait découvrir les paysages insoupçonnés du bonheur.

- Ce week-end a été merveilleux, Naru.

- Il n'est pas fini, Saku, rectifia-t-il, posant son verre sur la table, avec, dans le regard, une interrogation muette.

Pour la première fois depuis leur arrivée à l'île Okushiri, Sakura se souvint de Yumie.

- J'ai hâte de savoir comment les choses se sont passées entre Yumie et Takami, commença-t-elle.

Une amère déception assombrit le regard de Naruto. De manière imperceptible, subtile, le climat venait de changer entre eux et Sakura comprit tout à coup qu'ils ne retourneraient pas à la maison des rondins après le petit déjeuner. La vie avait repris son cours et brisé le cercle magique de leur intimité.

Ils mangèrent en silence et Sakura accueillit avec soulagement l'offre de Naruto de louer des bicyclettes. Elle avait besoin d'activité, de faire quelque chose qui allège ses craintes.

Pédalant derrière lui le long d'un sentier forestier, elle contemplait ses épaules larges, le reflet du soleil dans ses cheveux blond.

Dans la soirée, ils rendirent les bicyclettes à l'aubergiste et restèrent un moment sur la plage.

- Si nous restions un jour de plus, nous irons à Likata visiter les demeures victoriennes restaurées. Qu'en penses-tu, Saku ?

L'insécurité qu'elle perçut dans la voix fit monter des larmes à ses yeux. Seulement quelques heures plus tôt, ils ne faisaient qu'un, confiants, seuls au monde.

- J'aimerais beaucoup, Naru.

- J'ai dû être pionnier dans une autre vie, essaya-t-il de plaisanter. Les choses du passé m'ont toujours fasciné.

- Moi aussi, affirma Sakura, luttant pour sauvegarder leur complicité qu'elle sentait décroître à chaque seconde qui passait.

Pourtant, elle n'arrivait pas à bannir Yumie de ses pensées et, à mesure que les ombres s'allongeaient annonciatrices du soir, le malaise qui l'habitait la trouvait plus vulnérable.

- A quelle heure devons-nous rendre les clés ? s'enquit-elle alors qu'ils se promenaient sur la plage.

- Es-tu si pressée de rentrer ? demanda Naruto brusquement.

- Mais non ! répondit Sakura, peut-être un peu trop rapidement. Bien sûr que non, Naru. Tu sais tout ce que ce week-end a représenté pour moi.

- A représenté ? Tu parles comme si nous étions déjà partis. La maison est louée jusqu'à demain matin.

D'un seul mot,Sakura pouvait conjurer ses craintes. Rassemblant son courage, elle fixa la crête d'une vague jusqu'à ce qu'elle se brisât contre les rochers de la plage.

- Je suis désolée, Naru. Je ne peux m'empêcher de penser à elle.

- Dans ce cas, il vaut mieux rentrer, en effet. Viens Blanche-Neige.

Son sourire était empreint de tristesse. Pourquoi ne pouvait-elle oublier Yumie encore quelques heures ? De toute son âme, elle désirait se blottir dans ses bras et sentir contre sa joue le contact doux et chaud de son chandail ivoire. Referait-elle jamais l'amour avec Naruto Uzumaki ?

- Peut-être pouvons-nous rester un peu, si tu le souhaites, hasarda-t-elle d'une voix mal assurée.

- Non, coupa-t-il, pressant légèrement sa main. Il y aurait désormais trop de monde dans notre lit. Lorsque nous serons revenus à la maison et que tu découvriras que tout s'est bien passé pendant notre absence, alors nous organiserons notre prochain voyage. Nous reviendrons bientôt, Saku.

Il avait espéré qu'elle s'engagerait totalement dans leur nouvelle relation, sans y mettre la condition que Yumie accepte... Malgré son amour, Sakura en était encore incapable et pourtant, il ne semblait pas lui en tenir rigueur.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il, exhibant le déshabillé de soie rouge, tandis qu'il l'aidait à boucler sa valise.

- Mon déshabillé, répondit Sakura, rougissante. Je... je ne l'ai jamais porté.

Il étudia un instant le vêtement avec un regard approbateur.

- Apporte-le la prochaine fois, ordonna-t-il.

Elle aurait voulu être aussi convaincue que lui qu'il y aurait une prochaine fois. "" Oh, Yumie, je t'en supplie, fasse que je te retrouve heureuse ! ""

Le regard de Sakura embrassa la chambre, le grand lit sens dessus dessous et la salle de bains ou flottait le parfum de l'after-shave de Naruto. Elle fit quelques pas jusqu'au salon et regarda avec détresse le feu éteint dans la cheminée, les bols de soupe séchant sur l'évier de la kitchenette. Bientôt, des étrangers pénétreraient dans ces lieux ou elle avait passé les moments les plus heureux de son existence.

- C'est l'inconvénient de se fabriquer des souvenirs dans un endroit qui ne vous appartient pas. Tu aimerais apposer des scellés sur cette porte et que personne ne la franchisse plus jamais, n'est-ce pas ?

Sakura hocha tristement la tête. Naruto s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Ses lèvres étaient chargées de promesses lorsqu'il les posa délicatement sur les siennes et elle s'aggripa désespérément à lui.

- Tout ira bien, Saku, murmura-t-il, baisant son front, ses paupières, ses joues. Ce que nous ressentons l'un pour l'autre est trop fort pour s'évanouir maintenant. Notre amour est invincible.

- Oh Naru, je l'espère tellement.

S'abandonnant enfin au désir qui l'avait tenaillée toute la journée, elle se blottit contre lui, enfouissant son visage dans la chaleur de son chandail.

 

 

Sakura sentit sa gorge se nouer lorsque la Porshe ralentit et se gara enfin devant la maison de Naruto. Les arbres dissimulaient à peine la lumière qui filtrait par les grandes baies vitrées, comme des mains tendues vers elle. Avant même que Naruto n'ait coupé le contact, elle vit Yumie dévaler les marches du perron et quelque chose... Mon Dieu, quelque chose de blanc... un plâtre ! Yumie avait le bras dans le plâtre !

Sakura fut prise d'une sensation de vertige et, frénétiquement, se jeta sur la poignée de la portière. Naruto se précipita pour lui ouvrir et Sakura sauta hors de la voiture, courant à perdre haleine vers la petite silhouette qui se hâtait à sa rencontre.

- Maman ! Maman ! Te voilà enfin ! Je me suis cassé le bras ! C'est la faute de Takami ! criait Yumie, son discours entrecoupé de sanglots, comme si elle avait gardé ses larmes pour le retour de sa mère. Je t'avais dit de ne pas me laisser ici ! Je te l'avais dit !

Jetant les bras autour de son enfant, Sakura se sentit défaillir. Jamais Yumie n'avait autant souffert, jamais. Et maintenant, par sa faute, son petit bras, vigoureux, était cassé.

L'esprit de Sakura travaillait à la vitesse de l'éclair. Pourquoi Chizuko ne les avait-elle pas appelés ? Sakura imagina la salle d'urgence à l'hôpital, Yumie souffrant seule, sans sa mère pour la réconforter, l'aider à supporter la douleur. Mais pourquoi avait-elle accepté de le suivre ?

- Que s'est-il passé, Saku ? résonna la voix assurée et confiante de Naruto.

- Je... je ne sais pas.

De ses yeux emplis de larmes, elle chercha son visage dans l'obscurité.

- Rentrons, Saku. Je suis sûre qu'il y a une explication rationnelle à cet accident. Allons interroger Chizuko.

Instinctivement, Yumie se recroquevilla sur elle-même, se blottissant profondément dans les bras de sa mère.

- Non, maman ! Ramène-moi à la maison, je t'en supplie !

Immédiatement, Sakura réagit à la demande de protection de Yumie. Il fallait l'éloigner d'ici, la ramener à la sécurité de sa chambre, de son petit lit.

- Attends une minute, Saku. Je t'en prie, plaida Naruto.

- Il faut que je la ramène, Naru.

- Tu peux pas partir comme cela. Ce n'est pas juste.

- Juste ? Etait-ce juste de la laisser parmi des étrangers pour que nous puissions... commença Sakura, folle d'inquiétude.

- Oui, Saku. Tu parles sans réfléchir.

- C'est exactement ce que j'aurais dû faire, Naruto, réfléchir. Maintenant, regardons la situation en face, telle qu'elle est et non pas telle que nous aimerions qu'elle soit. Mets ma valise dans la voiture, je préfère partir avant de dire que ce soit que nous regretterions plus tard.

Elle se retourna vivement pour lui cacher ses larmes. Elle allait pleurer, mais pas maintenant, pas devant lui. Entourant de son bras les épaules de Yumie, elle se précipita jusqu'à la vieille Dodge.

Naruto revint avec sa valise au moment ou elle ouvrait la porte à Yumie et l'aidait à monter à l'intérieur avant de s'installer au volant.

- Saku, attends, dit soudain Naruto, lui saisissant le bras.

Sakura se dégagea, refusant d'entendre l'angoisse qui perçait dans la voix de Naruto. Une seule chose importait : mettre le plus de distance que possible entre Yumie et cet homme.

- Naruto, cela ne peut pas marcher. Nous nous sommes fait des illusions.

- Je ne peux pas croire que tu es sincère, Saku. Nous ne pouvons abandonner. Pas maintenant.

- Nous, peut-être, répliqua-t-elle, appuyant avec emphase sur chaque mot. Mais moi, je peux. Et c'est ce que je vais faire. Yumie passe avant tout, Naruto et il est maintenant évident que je ne peux vous rendre tous les deux heureux. Je ne mettrai plus jamais en danger le bonheur de Yumie. Elle a déjà trop souffert. Adieu, Naruto.

Elle claqua la portière et, d'une main tremblante, mit le contact. Faisant chauffer le moteur de la vieille Dodge, elle ignora un instant le tapotement insistant qui résonnait contre sa vitre, mais enfin, elle ouvrit la glace.

- Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle sèchement.

- Surtout, fais attention sur la route, Saku.

L'inquiétude qu'elle décela dans sa voix la déchira et sa gorge se serra.

- Merci, dit-elle doucement.

Remontant la vitre, elle alluma ses feux de position et démarra en trombe.

Laisser un commentaire ?