Amour ou loyauté

Chapitre 11 : Onzième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 15:39

Onzième chapitre

 

 

 

 

 

 

Lorsque, deux jours plus tard, Sakura vit Naruto pousser la porte de son magasin et se joindre aux derniers clients de la matinée, de stupeur, elle faillit lâcher ses ciseaux. Il la salua d'un signe de tête cordial et s'installa confortablement dans un fauteuil. Elle le dévisagea, incrédule.

- Que se passe-t-il, Sakura ? demanda l'homme grisonnant dont elle était en train de rafraîchir la coupe.

- Oh, pardon ! s'excusa-t-elle, les joues empourprées, se replongeant dans sa tâche.

Ses mains tremblaient et elle coupa plus qu'elle n'en avait eu l'intention les pattes de son client.

- J'ai décidé de raccourcir un peu vos pattes, Miruko, annonça-t-elle, l'air dégagé.

Sans attendre de réponse, elle égalisa l'autre côté.

- Ah bon ? Mais vous insistiez tant pour que je les laisse pousser !

- Eh bien j'avais tort, Miruko. Cela vous rajeunit. Rya va être contente.

Elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et surprit le regard amusé de Naruto.

- J'espère, dit Miruko, avec une moue dubitative. Comment me trouves-tu, Sori ? ajouta-t-il, se tournant vers son ami.

- Oh, fais-lui confiance, commenta Sori, levant un instant les yeux de la page sportive de la gazette de Sendai.

- Voilà, c'est fini, Miruko, dit soudain Sakura, époussetant ses cheveux sur le col de sa veste. Comment vont Toura et les enfants ? demanda-t-elle lorsque Sori prit la place de Miruko dans le fauteuil.

- En pleine forme, répondit-il, lissant sa moustache (** BEURK ^ ^ ) noire. A mon avis, Jouyo participera aux demi-finales de basket-ball cette année. Comment se porte Yumie ? J'ai entendu dire qu'elle s'était cassé le bras.

- Rien de grave. Elle est même assez fière de son plâtre, répondit Sakura, disposant une serviette autour du cou de son client.

Pourquoi avait-elle dit ceci ? Ses paroles allaient confirmer la mauvaise opinion de Naruto quant à sa fille.

- Les gosses sont drôles, n'est-ce pas ? Je me souviens que lorsque Jouyo s'est foulé le poignet il y a quelques années, Ayouro était si jaloux que j'ai hésité à lui casser un bras pour le consoler !

Si seulement ses problèmes avec Yumie étaient aussi simples ! Mais les enfants de Sori vivaient au sein d'une famille unie. Les petits conflits de ce genre pouvaient se résoudre facilement. Avec Yumie, chaque changement dans sa vie, surtout depuis la rencontre de sa mère avec Naruto, prenait des proportions gigantesques. Elle jeta un coup d'oeil vers lui, s'attendant à croiser une fois de plus son regard moqueur. Mais il était plongé dans un magazine. Elle décida de prendre son temps. Peut-être se fatiguerait-il d'attendre et renonçerait à se faire couper les cheveux. L'idée de subir le contact intime qu'impliquait ce travail affolait Sakura...

Avec un soin infini, elle s'attaqua aux cheveux de Sori, accomplissant son travail comme une oeuvre d'art, sculptant, peignant, effilant chaque mèche.

- Vous savez, Sakura, vous n'avez pas besoin de prendre autant soin de moi, dit Sori, mal à l'aise. Je ne sors pas ce soir.

- Oui, d'ou lui vient ce traitement de faveur ? se plaignit Miruko. Il me semble que mes cheveux nécessitent plus d'attention que les siens.

- Apparemment, ce n'est pas l'avis de Mme Haruno, se rengorgea Sori, fier de cette petite victoire contre son ami.

Leur conversation avait attiré l'attention de Naruto qui venait de poser son magazine de côté.

- Messieurs, messieurs ! Vous vous parlez comme deux ennemis ! les gronda Sakura.

Chaque minute qui passait la rapprochait de l'inévitable. Il était évident que Naruto n'avait aucune intention de partir. Il resterait là, attendant patiemment son tour. Qu'il aille au diable ! Il avait intérêt à bien se tenir s'il ne voulait pas porter de chapeau pendant plusieurs mois.

Son travail terminé, elle reposa ses ciseaux et son peigne. Sori et Miruko lui tendirent deux billets chiffonnés qu'elle glissa dans son tiroir-caisse, leur rendant la monnaie. Pas un autre client ne s'était présenté, et l'heure tardive laissait supposer que Naruto serait le dernier. Refermant la porte sur Sori et Miruko, elle se retourna et lui fit face.

- D'accord, Naruto. Nous savons tous les deux que tu n'es pas venu ici te faire couper les cheveux. Alors pourquoi ne dis-tu pas tout de suite ce qui t'amène ? J'ai beaucoup de travail et j'aimerais...

- Mais je veux me faire couper les cheveux, et avec autant de soin que l'homme qui vient de sortir.

Un sourire tendre et chaleureux illuminait le visage de Naruto et Sakura le dévisagea, confuse de la violence de ses propos. Il n'était pas jaloux. Cette idée mit un certain temps avant de cheminer jusqu'à son esprit et lorsqu'elle comprit la nature du sourire de Naruto, elle se sentit désarmée. Sasuke l'avait habituée à des scènes, à des accusations violentes, mais pas à ceci. Elle prit une longue inspiration.

- Il y a suffisamment de salons de coiffure dans les environs, Naruto. Alors pourquoi moi ? Pourquoi nous torturer ainsi tous les deux ?

Malgré sa décision de rester calme, elle sentit trembler ses lèvres en posant cette question. Car il s'agissait bien d'une torture, de le voir ainsi, sa mâchoire énergique fraîchement rasée, sa chemise de laine verte aux manches élégamment retroussées jusqu'au coude, révélant ses avant-bras.

- Mais je veux que ce soit toi, Saku.

Sa voix douce et persuasive pénétra jusqu'à elle tandis que le parfum si familier de son after-shave emplissait ses narines.

- Je suis resté éveillé des nuits entières à évoquer la chaleur de tes mains sur ma peau, à me demander si je sentirais à nouveau la fraîcheur de ton souffle sur mon visage lorsque tu te penchais vers moi. Je suis désespéré, Saku, et s'il fallait me faire couper les cheveux tous les jours pour être près de toi, je le ferais.

( ** Naruto à toujours les mots justes ^ ^ )

- Non, suffoqua-t-elle, son coeur battant à tout rompre.

- Je t'en prie, Saku.

Saisissant lentement une serviette, elle commença à l'enrouler autour du cou de Naruto.

- Tes mains tremblent, Saku. Je sais que je t'attire et c'est sur cela que je compte pour résoudre notre différend. Te souviens-tu de ce que nous faisions samedi dernier à la même heure ?

- Naruto, je t'en prie.

Elle lui tourna le dos, cherchant fébrilement ses instruments. Elle saisit convulsivement le peigne et le serra dans sa main jusqu'à avoir mal.

- Saku, pourquoi ne retournons-nous pas à l'île d'Okushiri ?

- Je ne peux pas, Naruto. Je ne suis pas libre de suivre le moindre de mes caprices. J'ai une fille.

- Veux-tu donc vivre seule jusqu'à ce qu'elle soit adulte ? Si elle l'est jamais !

Leurs regards se croisèrent dans le grand miroir et Sakura détourna les yeux la première.

- Je ne veux pas discuter de Yumie avec toi.

- D'accord.

- Comment veux-tu que je te coupe les cheveux ?

Par habitude, Sakura passa les doigts dans les cheveux blonds de Naruto, et soudain arrêta son geste. Elle l'avait senti frissonner.

- Comme tu veux, répondit-il, la voix assourdie par l'émotion.

Méthodiquement, elle commença par le sommet de sa tête, travaillant jusqu'à la nuque. Chaque minute faisait surgir en elle une cascade de souvenirs : la tête de Naruto contre sa poitrine après l'amour, le vent dans ses cheveux pendant leur promenade à bicyclette le long de chemins parsemés de feuilles d'automne, les reflets du feu dans sa chevelure tandis qu'ils se tenaient enlacés l'un contre l'autre, enveloppés dans le couvre-lit, vidant des boîtes de velouté d'asperges devant la cheminée en devisant gaiement.

Elle pinça les lèvres pour s'empêcher d'embrasser la peau sensible de sa nuque à la racine de ses cheveux. Enfin, elle dut lui faire face pour couper sa frange.

Ses yeux bleus scintillaient et elle tenta désespérément de se concentrer sur son travail et de ne pas se laisser troubler par la lueur de désir qu'elle lisait dans ses yeux, par la moue sensuelle qui flottait sur ses lèvres. Sa respiration s'accéléra lorsqu'elle réalisa que ses seins frôlaient le visage de Naruto. Se penchant pour égaliser sa frange, elle sentit son souffle à travers l'étoffe légère de sa blouse.

Soudain, elle entendit une plainte rauque jaillir de la gorge de Naruto et il jeta ses bras autour d'elle, enfouissant sa tête entre ses seins.

- Saku, Saku. J'ai besoin de toi. Je t'en prie, trouve une solution.

Elle s'abandonna contre lui, lâchant ses ciseaux et son peigne qui tombèrent sur le carrelage.

- Je ne peux pas, murmura-t-elle misérablement, sa joue appuyée contre sa chevelure soyeuse. Je ne peux sacrifier le bonheur de Yumie.

Doucement, elle le repoussa et se tint à distance respectueuse, impuissante, désespérée.

- Et mon bonheur à moi, Saku ? Et le tien ? Es-tu heureuse en me rejetant de la sorte ?

- Non, admit-elle, baissant les paupières.

- Je fais partie de toi, maintenant, Saku. Tu ne peux pas te débarrasser de moi aussi facilement. J'ai brûlé une partie de moi-même en toi, et tu vis maintenant sous ma peau.

- Non, non protesta-t-elle. Ce n'était qu'une aventure, Naru, et nous devons oublier.

- Le peux-tu ? demanda Naruto, saisissant ses épaules et la secouant légèrement. Peux-tu oublier ceci ?

Lentement, inexorablement, ses lèvres se rapprochèrent de celles de Sakura et prirent sa bouche, la projetant dans le passé, sur les chemins d'une passion si bien apprise dans une cabane de rondins de l'île d'Okushiri. Et les lèvres de Sakura se souvinrent et s'entrouvirent, comme dotées d'une volonté propre. Avec un soupir, elle s'abandonna.

- Je savais que tu n'avais pas oublié, Saku. Tout peut recommencer, maintenant.

Elle prit une profonde inspiration et lentement, reprit contact avec la réalité.

- Ce qui vient de se passer ne compte pas.

- Que dis-tu ? demanda-t-il, les yeux agrandis par l'étonnement.

- Le bonheur d'un enfant est en jeu.

Elle devait en finir, pour leur bien à tous.

- Je ne te demande pas de me comprendre, dit-elle avec conviction. Après tout, Yumie n'est pas ta fille.

- C'est vrai, dit-il avec colère. Mais j'ai aussi une fille et je sais reconnaître une peste gâtée et égoïste lorsque j'en croise une.

- Pardon ? siffla-t-elle, n'en croyant pas ses oreilles.-

 Gâtée ! Pourrie ! Tu lui fais croire que le monde entier tourne autour d'elle.

- Ai-je besoin de te rappeler que mon enfant, gâtée comme tu dis, s'est fait casser le bras par ta fille ? Elle est sans doute un peu trop choyée, mais la tienne est violente et incontrôlable !

Sous l'insulte, les traits de Naruto se durcirent.

- Qu'y a-t-il, Naruto ? Cela t'ennuie-t-il d'entendre critiquer la chair de ta chair ?

Elle écoutait la cruauté de ses mots avec effarement mais il lui semblait ne plus pouvoir s'arrêter.

- Yumie n'est peut-être pas parfaite, mais je te conseille de regarder les défauts de Takami en face avant de me dire comment élever ma fille !

- Saku, je regrette autant que toi ce qui s'est passé pour Yumie, dit-il, sa voix résonnant dans le salon désert.

- Vraiment ? persifla-t-elle, croisant les bras sur sa poitrine, pour réprimer le tremblement nerveux qui agitait son corps.

- Oui et je ne devrais pas te le dire, mais je suis sûr que tu ne connais pas tous les détails concernant cet accident.

- Tu accuses Yumie de mensonge, à présent ?

- Je savais que j'aurais dû me taire ! Mais lui as-tu au moins demandé ce qui s'est passé ? Je veux dire ce qui s'est vraiment passé ?

Sakura évoqua les réponses évasives de Yumie... son petit visage fermé chaque fois que sa mère l'avait questionnée à ce sujet, mais repoussa bien vite cette pensée.

- Je ne vois pas pourquoi je mettrais sa parole en doute. Cette expérience a été douloureuse pour elle, à la fois mentalement et physiquement. Pourquoi la lui ferais-je revivre ?

- D'accord ! dit-il, laissant exploser sa colère. Epargne Yumie ! Fais-la vivre dans un cocon chaud et étouffant et sacrifie-nous à ses chimères ! Sacrifie notre bonheur pour satisfaire les vélléités d'une fillette immature !

- Comment oses-tu...

- J'ose car je n'ai plus rien à perdre. J'ai passé beaucoup de temps à essayer de te convaincre que notre relation t'était salutaire, Saku et je le crois toujours. Mais je vais te dire autre chose. Traîner notre amour dans la boue finira par blesser Yumie, en dépit de ce que tu penses. Te débarrasser de moi pour la protéger la renforce dans sa conviction que tu es capable de tout pour elle. Te rends-tu compte ou cela va finir ? Tu ne peux vivre en quêtant sans cesse l'approbation de ta fille, Sakura. Tu va gâcher vos deux existences.

- Je crois que j'en ai supporté assez ! hurla Sakura, la voix méconnaissable. Tes cheveux sont coupés, Naruto Uzumaki, et tu as fini ton petit sermon sur la manière dont je dois vivre et élever ma fille. Tu sais ce que tu peux faire, maintenant ?

Son rire hystérique emplit la petite boutique.

- Tu peux aller te consoler avec tes cerfs-volants !

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