Aura du temps - T2 : Un lien particulier

Chapitre 13 : Chapitre 12 : Les trois portes.

7977 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:32

Chapitre 12 : Les trois portes.

 

Musique d'ambiance (à écouter en lisant) : « Magic Fantasy Music   Nature's Altar »

https://www.youtube.com/watch?v=i-7wcMqHFm0

(Copier coller le lien)

 

Shyn avait compris qu’elle allait être téléportée en voyant le mouvement de doigt de Morgane, et ferma les yeux en s’attendant à quelque chose d’horrible.

Mais quand elle les rouvrit, elle fut très perplexe en se rendant compte qu’elle se trouvait dans un petit village rempli de maisons colorées.

Mais quelque chose clochait. Tout avait l’air faux, à commencer par le ciel qui semblait peint sur un faux plafond, et la disposition trop parfaite des maisons alignées rendait le lieu très incongru.

La jeune femme fronça les sourcils et fit un pas pour tenter de comprendre où elle était.

— C’est quoi ce délire ? baragouina Shyn en regardant dans tous les sens, l’air hagard, avant de réaliser soudainement qu’elle ne portait plus, ni sa veste, ni son bonnet, ni son sac à dos.

— Elle m’a piqué mes affaires ! cria la jeune femme d’une voix outrée en regardant par terre.

Mais un rire s’éleva non loin d’elle dans son dos, attirant son attention.

Shyn se retourna et vit alors une petite fille la regarder en rigolant d’un air sinistre. Elle portait une robe blanche légère, ainsi qu’un chapeau blanc orné d’un nœud rose et des bottines orange aux pieds.

— Tu veux jouer avec moi ? fit la fillette d’une voix aiguë et joyeuse en relevant la tête pour plonger ses yeux violets dans ceux de la jeune femme.

Shyn fit une grimace en voyant le regard de la petite fille qui avait également de longs cheveux vert foncé. Cet enfant ressemblait beaucoup à Morgane, mais en version miniature.

« Elle s’est rajeunie ? Elle est si puissante que ça ? » se demanda Shyn pour elle-même en regardant la fillette du coin de l’œil, puis répondit d’une voix résolument calme :

— À quoi veux-tu jouer ?

La gamine rigola de nouveau en souriant.

— Je veux jouer à Chacripan. Si tu m’attrapes, tu gagnes ! fit la petite fille, avant de partir en courant et en rigolant.

La jeune femme prit quelques secondes à réagir, regardant le vide, et partit finalement à la suite de la fillette en enregistrant ce qu’elle venait de dire.

— Hé, attends !!! Et il est où Luyo ? Lui aussi il joue à Chacripan ???

 

De son côté, le Lucario s’avançait d’un pas hésitant vers la porte entr’ouverte. Il ne comprenait pas ce qu’il faisait là, ni comment il y était arrivé, mais de toute façon, à part les portes il n’y avait rien dans cette pièce et les deux autres semblaient résolument fermées.

Il ne sentait aucune énergie nulle part autour de lui, comme s’il se trouvait tout seul à plusieurs kilomètres, ce qui ne le rassurait pas du tout. Il se doutait bien que cette Morgane devait sûrement y être pour quelque chose et espérait juste que Shyn allait bien.

Le Pokémon poussa ensuite un soupir rauque et jeta un œil par l’entrebâillement de la porte du rejet, mais ne vit que du noir. Il fit une grimace, cela ne lui présageait rien de bon, surtout qu’il sentait maintenant très nettement une énergie étrange émanait de derrière la porte.

— Je n’aime pas ça... mais je crois que je n’ai pas vraiment le choix, marmonna Luyo d’une voix sombre, avant de pousser la porte et de rentrer dans l’obscurité.

 

La surprise du Pokémon continua de plus belle, quand une fois rentré dans la noirceur, la porte se referma derrière lui, le plongeant dans le noir complet. Mais le Lucario n’eut pas le temps de tenter de se demander ce qu’il se passait, que tout un décor apparut soudainement autour de lui.

Le Pokémon ouvrit alors des yeux ronds en tournant sur lui-même, l’air totalement halluciné, la bouche entr’ouverte.

Il se trouvait maintenant dehors, les pieds dans l’herbe, non loin d’un lac entouré de quelques arbres.

Luyo jeta un regard rapide autour de lui et remarqua alors un grand bâtiment en briques au toit pointu et penché au loin derrière lui. Le lieu avait un aspect assez sinistre de son point de vue.

La baptise semblait sombre et effritée par endroits, signe qu’elle ne devait pas être toute jeune, et quelques briques manquaient sur la devanture. La maison était entourée d’une haute clôture en fer rouillé, comme pour inciter les gens à ne pas rentrer, ou à ne pas en sortir, et des mauvaises herbes poussaient tout autour des barres de fer qui permettaient à la barrière de ne pas tomber.

Le Pokémon fronça les sourcils en faisant quelques pas vers le bâtiment, se demandant ce qu’il pouvait bien faire là et comment il y était arrivé. Mais des voix d’enfants venant du lac attirèrent soudainement son attention.

Il se retourna alors et fit quelques pas vers l’étendue d’eau où des enfants semblaient rire et s’adresser à quelqu’un de manière assez désagréable.

— Hé le monstre ! Tu comptes rester là encore longtemps ? fit une voix de jeune garçon, suivie par celle d’un autre :

— Ouais, la directrice a dit que l’on devait pas s’écarter de la clôture !

Le Lucario arriva vers eux et vit trois petits garçons d’environ six ou sept ans, tous habillés de la même tenue, short noir et tee-shirt blanc avec de longues chaussettes grises qui montaient jusqu’aux genoux.

Ils semblaient occupés à rigoler et à parler à un quatrième enfant, qui lui était assis au bord du lac devant eux et maintenait ses jambes collées contre sa poitrine avec ses bras. Il portait également un short noir, mais arborait en plus un haut de sweat gris dont la capuche était rabattue sur sa tête, dissimulant son visage enfoui dans ses bras.

Il tournait le dos aux autres enfants et ne semblait pas enclin à vouloir répondre à leurs provocations.

— Laissez, elle s’en fiche de toute façon. La seule chose qui l’intéresse c’est de jouer avec les Pokémon, elle s’en fiche des autres enfants normaux comme nous, rajouta le troisième enfant qui arborait une coupe blonde en pétard.

— Ouais t’as raison. Un monstre doit rester avec les monstres, hein !!! ria le premier garnement aux cheveux noirs mi-longs.

Les enfants rigolèrent ensuite joyeusement, se moquant ouvertement de la petite fille cachée sous la capuche, qui ne bougea pas d’un poil, restant proscrite dans sa position de protection sur elle-même.

Luyo fronça les sourcils et fit quelques pas vers eux, pensant attirer leur attention, mais aucun des enfants ne sembla le remarquer alors qu’il se positionnait devant eux.

Le Pokémon les regarda d’un air perplexe, suivant leurs regards qui semblaient passer à travers lui.

— Hé, tu pourrais nous regarder quand on te parle sale monstre ! cria le garçon aux cheveux noirs en regardant l’enfant proscrit à travers le Lucario qui ne semblait pas comprendre pourquoi ces enfants l’ignoraient aussi superbement.

— Il... Il ne me voit pas..., murmura finalement Luyo en réalisant enfin que si les enfants semblaient autant l’ignorer, c’était en vérité parce qu’ils ne le voyaient absolument pas.

Le Lucario regarda alors son corps d’un air perplexe et réalisa qu’il était à moitié transparent, comme un fantôme.

— Hé, tu l’as entendu !?! cria à son tour le deuxième gamin, Luyo semblant maintenant plus préoccupé de l’état de son corps que par ce qu’il se passait autour de lui.

— Laissez-moi tranquille..., fit soudainement la petite voix sourde et aiguë de la fillette.

Les oreilles du Pokémon se dressèrent alors sur sa tête en entendant la voix. Luyo délaissa finalement la contemplation de ses mains et se tourna vers l’enfant assis par terre, l’air très surpris.

— Cette voix.... ce n’est pas possible..., murmura-t-il en faisant un pas vers la petite fille encapuchonnée.

Mais le garnement aux cheveux noirs ne sembla pas apprécier la réponse de la fillette, et courut vers elle, passant à travers le Lucario qui s’arrêta brusquement en voyant l’enfant le traverser. Le garçon alla ensuite agripper la capuche de la petite fille et tira dessus violemment en ricanant, faisant tomber en arrière la fillette qui se mit à crier.

Le gamin recula après coup pour rejoindre ses copains, tandis que la petite fille, maintenant couchée sur le dos, tentait de se relever d’un air maladroit et gêné, comme un Chartor couché sur le dos.

Luyo fit un pas sur le côté pour éviter que le garnement ne le traverse de nouveau et posa son regard sur la fillette au sweat qui s’était relevée et regardait le trio d’un air intimidé et anxieux.

Elle avait perdu sa capuche en tombant, et le Pokémon ouvrit alors de grands yeux éberlués en reconnaissant le regard de la petite fille devant lui.

Cet enfant, qu’il avait pris au départ pour un garçon à cause de ses vêtements, avait de grands yeux bleu clair comme du cristal, et des cheveux mi-longs violet foncé, accompagnés d’une double paire d’ailes translucides sur la tête.

C’était Shyn. Enfin, Shyn version miniature. C’était Shyn comme elle était quand elle était enfant.

— ... Co... comment est-ce possible.... ? balbutia le Lucario en regardant la Shyn enfant rabattre sa capuche sur sa tête, avant d’aller se rasseoir un peu plus loin sur le bord du lac, tournant le dos aux garnements qui rigolaient en la pointant du doigt.

— Ouaaa, c’est ça le truc bizarre qu’elle a sur la tête ? fit l’un des gamins d’un air dégoutté.

— Oui c’est ces trucs. Des ailes qu’elle appelle ça, répondit son voisin d’une voix traînante.

— C’est flippant. Hé c’est vraiment attaché à sa tête ?

— Ouais, apparemment. Kev a essayé de lui enlever en tirant dessus une fois, mais ça a pas marché et le surveillant l’a punit.

— Ouais, et moi j’ai entendu qu’une fois elle a lancé un bureau sur un garçon qui avait donné un coup de pied à un Zigzaton !

— Ha ouais ? échangèrent les gamins joyeusement comme si Shyn était un phénomène de foire.

— Ouaiiis, avec ses pouvoirs flippants. T’as ces trucs et son pendentif qui se mettent à briller et après y se passe des trucs bizarres autour d’elle, c’est un monstre je te dis. Elle est encore plus flippante qu’un Pokémon !

— Hahaha ! C’est une mutante oui ! rigola le gamin aux cheveux noirs.

— Ouais ta raison, une mi-humaine, mi-Pokémon ! rajouta son voisin joyeusement.

Les gamins se mirent ensuite à rigoler à gorge déployée, se moquant totalement de la fillette.

Luyo grinça des dents devant la méchanceté manifeste des enfants et fit quelques pas de côté vers Shyn pour tenter de voir son visage. La petite fille avait le regard fixé sur le lac devant elle, mais de la colère était très nettement visible dans les traits de son visage.

Le Lucario tenta alors de capter son Aura pour être sûr qu’il s’agissait bien d’elle, mais réalisa alors brutalement quelque chose qu’il aurait dû remarquer bien plus tôt, dès que l’endroit était apparu.

Aucune énergie n’émanait de l’enfant, ni d’aucune chose autour de lui. Comme si tout ce qu’il voyait n’existait pas et qu’il se trouvait en vérité dans une pièce vide.

— Je ne ressens rien..., murmura le Pokémon d’une voix sombre en continuant de regarder Shyn. Mais il sembla soudainement avoir une illumination en observant la fillette.

— Mais... Cela voudrait-il dire que je serais...., commença-t-il en regardant autour de lui comme s’il cherchait un panneau “ Surprise ! ”.

— ... C’est... un souvenir ? ... Mais comment ? ... Serait-ce cette femme qui me fait voir ça ? reprit Luyo en tentant de comprendre ce qu’il voyait et pourquoi il le voyait.

Mais la voix traînante d’un des gamins le coupa dans sa réflexion.

— Hé, la mutante ? Tu crois vraiment qu’une famille va vouloir de toi ?

Son voisin ricana.

— Aucun adulte ne voudra adopter une fille aussi bizarre et qui a des pouvoirs aussi flippants !!!! fit-il d’une voix très méprisante.

Le Lucario leur jeta un regard profondément dégoutté alors que les enfants se mettaient de nouveau à rigoler, avant de se mettre à scander en cœur : “ Mutante !!! Mutante !!! Mutante !!! ”.

Luyo fit une grimace et reporta son attention sur Shyn, mais l’enfant arborait maintenant un air menaçant, semblant très en colère.

Le Pokémon ne pouvait sentir son Aura, mais il comprit très bien que s’il avait pu, il aurait sans aucun doute senti l’énergie noire qui entourait la fillette à ce moment-là.

Tout l’air autour d’elle sembla alors se mettre à vibrer, faisant légèrement trembler le sol et l’eau devant elle.

La petite fille se releva ensuite brutalement et retira sa capuche avant de se tourner vers les enfants.

Ses ailes brillaient légèrement, tout comme son pendentif qui était caché sous son sweat, mais d’où la lumière passait à travers le tissu.

Les trois gamins prirent soudainement peur devant l’Aura menaçante de la fillette, et poussèrent un cri quand une vague d’énergie les frappa et les envoya voler un peu plus loin. Ils se relevèrent rapidement après-coup, et décampèrent en criant sans demander leur reste.

Le Lucario les regarda s’éloigner et reporta ensuite son attention sur Shyn avant de lever les sourcils d’un air intrigué.

Les yeux de la petite fille brillaient eut aussi légèrement, mais redevinrent normal une fois que les enfants furent partis, tout comme ses ailes et son pendentif dont la lumière disparut totalement.

La fillette fixa quelques secondes la direction où les enfants étaient parties d’un air blessé, une larme coulant silencieusement sur sa joue.

Luyo prit un air triste en comprenant que Shyn les avait fait fuir avec ses pouvoirs, mais qu’elle avait surtout était blessée par leurs mots si durs à son encontre.

Le Lucario fit un pas vers elle tout en sachant qu’il ne la voyait pas, mais s’arrêta brutalement en entendant la voix d’enfant de Shyn résonner tout autour de lui alors que la fillette devant lui avait la bouche fermée.

— Pourquoi les humains sont-ils si méchants avec moi... Où est... ma place..., raisonna dans l’air la voix aiguë et meurtrie de la petite fille qui pleurait silencieusement, sa lèvre inférieure tremblant légèrement.

Le visage du Pokémon prit alors un air miséreux devant les paroles si douloureuses et l’expression si triste de la Shyn enfant.

— Shyn..., murmura le Lucario d’une voix plaintive en tendant son bras vers l’enfant.

Mais il n’eut pas le temps de tenter de l’atteindre, que le souvenir disparut tout d’un coup, aussi brutalement qu’il était apparu, et Luyo se retrouva en quelques secondes de nouveau dans la pièce carrée aux trois portes.

Une expression effarée au visage, le Pokémon regarda devant lui d’un air vide, puis fit retomber son bras.

La porte où il était entré l’instant d’avant était maintenant fermée, et le Lucario y jeta un coup d’œil, avant de réentendre le son d’une clé dans une serrure. L’air effaré, il tourna alors la tête vers la porte en face de celle du rejet qui venait de s’entrebâiller à son tour : « Maladie ».

 

De son côté, Shyn ne s’amusait pas vraiment plus, courant après la Morgane enfant en passant dans les maisons colorées pour tenter vainement d’attraper la fugueuse qui riait joyeusement.

Au bout de la troisième maison qu’elle traversa, la jeune femme comprit enfin pourquoi tout le lieu lui semblait depuis le début n’être que fictif. Elle n’était en vérité pas dans une vraie ville, mais dans une ville de poupée en plastique. Et elle en prit surtout conscience après être rentrée dans ce qu’elle pensait être une personne, qui perdit la tête avant de s’écrouler par terre.

Shyn fit une grimace devant le ridicule et l’esprit malsain qui fallait avoir pour faire ça, et se remit à courir après la fillette, qui profita de son manque d’attention pour lui lancer un ballon à la figure. Ballon que la jeune femme se prit de plein fouet, et tomba par terre de tout son long.

— Hi hi hi. Tu n’es pas très douée dit donc. Si tu ne m’attrapes pas, tu ne pourras pas retrouver ton ami, fit la petite fille joyeusement, avant de repartir en voyant que Shyn se relevait en grommelant.

— C’était vraiment bas ça..., grinça la jeune femme entre ses dents en reprenant sa course, évitant une assiette que Morgane lui lança en rigolant, puis sortit par la fenêtre en plastique.

Shyn la suivit, mais à peine fut-elle dehors que la petite fille se mit à lui lancer plusieurs ballons dessus, les faisant apparaître comme par magie devant elle.

La jeune femme fit une grimace, mais ne bougea pas, et repoussa un à un chaque ballon à coups d’Aurasphéres.

La fillette la regarda ensuite en souriant, cela avait l’air de beaucoup l’amuser.

— Essaye de m’attraper !!! fit-elle joyeusement, avant de se remettre à courir en plein milieu de la grande rue en plastique.

— C’est n’importe quoi..., souffla Shyn d’un air las en prenant sa suite.

 

 

Luyo réfléchit quelques secondes avant de pousser la nouvelle porte entr’ouverte. Il ne comprenait pas ce qu’il venait de voir, ni ce qu’il faisait là, mais il avait l’étrange impression qu’il n’était pas là par hasard.

— Pourquoi est-ce que je vois ça... Ce souvenir..., murmura le Lucario pour lui-même en regardant l’obscurité de la nouvelle pièce.

Il jeta un regard à l’écriteau de la porte : « Maladie » et fronça les sourcils, l’air confus.

Le souvenir qu’il venait de voir était de toute évidence relié à ce qu’il y avait d’écrit sur la porte, et ce nouvel écriteau lui donnait un goût amer dans la bouche.

Il jeta un rapide coup d’œil à la porte fermée derrière lui, avala sa salive en grimaçant et rentra dans la nouvelle pièce.

 

Comme pour la première pièce, la porte se referma derrière le Lucario et un nouvel endroit apparut tout autour. Luyo eut juste le temps de regarder ses bras translucides en ronchonnant avant de voir deux personnes apparaître devant lui.

Il s’agissait d’un homme en blouse blanche d’âge moyen au regard fatigué, et d’une femme avec la même blouse et des cheveux bruns attachés en chignon sauvage.

Le Pokémon se déplaça légèrement en regardant autour de lui. Cette fois, il se trouvait dans une pièce toute blanche de taille moyenne avec une grande fenêtre, et une machine électrique était posée dans un coin de la pièce.

Luyo fronça les sourcils en s’en approchant, elle lui rappelait vaguement une machine qu’il avait vue dans une salle de soins du centre Pokémon la dernière fois.

Mais son attention fut rapidement attirée par l’autre coin de la pièce alors que les deux adultes en blouses blanches se dirigeaient vers un lit où une troisième personne semblait y être couchée.

Le Lucario s’en approcha également en tentant de comprendre ce que disait l’homme qui venait de prendre une tablette en bois dans sa main et lisait une feuille de papier accrochée dessus.

— Tes constances ne sont pas bonnes... Tu n’as pas pris tes médicaments, n’est-ce pas ? demanda l’homme d’une voix douce en s’adressant à la personne dans le lit tandis que le Pokémon se décalait à côté de la femme pour voir qui était allongée.

Mais son cœur rata un battement quand il vit qui était dedans, et dans quel état, comprenant alors mieux l’écriteau de la porte.

Une adolescente d’une quinzaine d’années aux yeux bleu clair, avec des cheveux violet foncé et des ailes bleues derrière la tête, regardait l’homme au pied de son lit aux draps blancs d’un air vide et impassible, semblant se moquer de ce qu’il se passait autour d’elle.

Shyn était très pâle, semblant malade, et ses yeux étaient ornés de cernes prononcés. Plusieurs machines médicales étaient posées autour du lit et reliées à elle à différents endroits, comme à son cœur d’où plusieurs petits câbles étaient attachés, ainsi qu’une perfusion à son bras gauche.

Luyo ne pouvait pas le savoir, car il n’y était jamais allé, mais il se trouvait dans une chambre d’hôpital pour humain, et les deux personnes en vestes blanches en train de regarder Shyn d’un air triste étaient ses médecins.

La jeune fille ne répondit rien à la question de l’homme médecin, et se contenta de regarder le vide d’un œil vitreux, accompagné du rythme régulier des bips de son électrocardiogramme.

La femme médecin fit une grimace en regardant de côté, l’air embêté, pendant que le Lucario faisait quelques pas vers Shyn pour se rapprocher d’elle, fixant son visage fatigué.

Arrivé à côté d’elle, il jeta un regard à son bras perfusé d’où aucun tatouage n’était visible.

— Shyn...., murmura Luyo à voix basse d’un air atterré en comprenant qu’au vu de l’écriteau et de son état, Shyn devait être très malade dans ce souvenir.

La femme fit un pas vers la jeune fille.

— Shyn, tu sais que tu dois prendre ton traitement... Si tu ne le prends pas, ton cœur ne tiendra pas le coup et tu vas revenir ici, encore, et encore... Est-ce que c’est vraiment ce que tu veux ? demanda-t-elle d’une voix qui se voulait douce, mais semblait un peu autoritaire et grinçante.

— Qu’est-ce que vous en avez à faire de ce que je veux ? murmura l’adolescente d’un air fatigué sans la regarder.

— Nous essayons de t’aider Shyn. Mais ça ne marchera pas si tu ne les prends pas, fit le médecin à son tour.

— Vous me donnez des médicaments censés m’aider à aller mieux..., mais quand je les prends je fais des crises cardiaques..., répondit la jeune fille d’une voix un peu plus agressive en jetant un regard acide au médecin.

Luyo écarquilla légèrement les yeux.

« Des crises cardiaques ? Shyn n’a jamais parlé de ça… », pensa le Lucario en fronçant les sourcils, fixant le visage vide de l’adolescente.

La femme médecin souffla d’exaspération :

— Nous en avons déjà parlé, tu sais que nous essayons de trouver le bon dosage, mais ton problème et plus complexe que ce que nous connaissons, expliqua-t-elle d’une voix un peu agacée, à laquelle la jeune fille répondit par un regard blasé typique d’une adolescente.

Le Lucario regarda à tour de rôle les deux médecins et Shyn. La jeune fille ne semblait apparemment pas du tout encline à les écouter, affalée dans le lit sous les draps blancs à les regarder d’un air moue.

— Shyn, tu as..., tenta l’homme, mais l’adolescente le coupa d’une voix dure.

— Je sais ce que j’ai ! Vous me l’avez déjà répété cinquante fois... Une faible insuffisance cardiaque, entre coupées de phases de bradycardies. Et les médicaments sont censés stabiliser mon rythme, mais à cause d’eux parfois mon rythme s’accélère trop et me provoque des crises de tachycardie paroxystique, suivies d’un arrêt cardiaque au bout d’une minute..., énuméra la jeune fille d’une voix morne et fade, semblant dégoutté par ce qu’elle disait.

De nouveau, le Lucario ouvrit de grands yeux effarés. Shyn avait en effet fait mention de sa faiblesse cardiaque et de ses crises de tachycardies, mais avait de toute évidence omise de parler de la crise cardiaque qui lui arrivait ensuite.

Luyo entr’ouvrit la bouche de stupeur et tourna son attention vers le médecin qui poussa un souffle de fatigue, avant de se gratter la tête en répondant :

— Tu sais que nous faisons tout ce que nous pouvons pour tenter de pallier à ce problème. Mais si tu refuses de prendre tes médicaments, ton cœur va continuer de s’affaiblir, et tu vas ...

— Mourir ? la coupa Shyn d’un ton indifférent.

— ... Oui, répondit l’homme alors que Luyo écarquillait encore plus ses yeux effarés en retournant son regard vers Shyn.

— ... Je sais, murmura la jeune fille d’un air résigné comme si elle s’était faite à cette idée, ce qui n’échappa pas au Lucario qui continua de la fixer d’une expression totalement sidérée.

— Quoi ??? fit-il d’une voix forte. Mais personne ne pouvait l’entendre, et la femme médecin afficha un air apeuré avant de parler :

— Tu ... tu veux dire que tu essayes de te tuer ? demanda-t-elle.

Shyn tourna légèrement la tête vers elle, l’air vague.

— Non, répondit-elle simplement.

— Alors pourquoi ? réitéra la femme, un peu désemparée.

L’adolescente souffla d’exaspération.

— ... À chaque fois que je fais une crise... j’ai la sensation que je vais mourir... Et à chaque fois, je me pose la même question...

La jeune fille fit une pause en tournant un regard vide vers là où se trouvait Luyo, car le Pokémon se trouvait dans l’angle de la fenêtre qu’elle fixait.

— Pourquoi est-ce que je vis ? demanda-t-elle d’une voix légèrement triste comme si elle s’adressait au Lucario qui fixa ses yeux bleus en prenant un air abattu. Le regard normalement si pétillant de Shyn semblait dans ce souvenir si vide et pale, comme si elle n’avait plus le courage d’avancer et attendait juste la fin.

— Shyn... Tu n’as que quinze ans, tu as encore toute la vie devant toi. Ne baisse pas les bras à cause de ta maladie, fit le médecin d’une voix compatissante en sentant bien la tristesse de la jeune fille.

La concernée ne répondit rien, fixant la fenêtre à travers Luyo.

Le Lucario fit alors une moue triste en se rendant compte d’à quel point Shyn avait en réalité été affectée par sa maladie. Elle qui avait eu l’air si sereine quand elle lui en avait parlé, semblait en fait en avoir beaucoup souffert.

Le Pokémon tenta ensuite de poser sa main translucide sur celle de la jeune fille, mais sa main passa au travers de la sienne. Comme dans le souvenir d’avant, il ne ressentait rien dans ce souvenir, mais à ce moment-là il aurait au moins souhaité pouvoir sentir la main de Shyn.

— Je te promets que l’on va te trouver un traitement qui arrêtera ou calmera tes crises et te permettra de vivre une vie normale. Mais tu dois me promettre de prendre ton traitement, reprit l’homme médecin d’une voix un peu plus stricte face au silence de la jeune fille.

— Ce serait bien aussi que tu réduises un peu ta consommation de tabac. La directrice nous a dit que tu fumais un paquet par jour, ce n’est pas bon pour toi et encore moins pour ton cœur, surtout à ton âge ! renchérit la femme en fronçant légèrement les sourcils.

Mais Shyn ne lui prêta aucune attention, et continua de fixer la fenêtre d’un air éteint.

Les deux médecins se regardèrent ensuite, avant d’hocher la tête et de s’éloigner devant le silence fermé de la jeune fille qui semblait résignée à les ignorer.

Luyo resta au chevet de Shyn quelques secondes à regarder son visage jeune et fatigué, remarquant son pendentif en cristal posé à côté d’elle sur la table et ses ailes translucides reposant sur l’oreiller autour de sa tête.

Il se fit la remarque qu’elle semblait plus petite que maintenant quand il entendit des murmures venant du couloir.

Il se releva alors en fronçant les sourcils, et après un dernier regard à la jeune fille dans le lit, se dirigea vers le couloir où les deux médecins semblaient en pleine discussion, l’air gêné et angoissé.

— Quand comptez-vous lui dire ? demanda la femme d’une voix un peu tendue alors que Luyo arrivait à côté d’eux.

— J’attends les résultats du labo pour être sûr, mais au vu de l’évolution de la maladie et du fait qu’elle ne se soigne pas, j’ai peur que ça ne fasse que confirmer mes craintes…, répondit l’homme en grimaçant.

La femme médecin jeta un regard dans la chambre de Shyn, qui n’avait pas bougé et semblait être en train de s’endormir aux sons des machines.

— Elle est si jeune, pauvre enfant. Seulement quinze ans…, et si peu d’envie de se battre…, murmura la femme d’une voix triste.

— Au mieux, on peut compter une vingtaine d’années si elle prend son traitement et qu’on stabilise ses crises. Mais tôt ou tard…, il lui faudra un nouveau cœur, fit l’homme d’une voix grave en croisant les bras, l’air soucieux.

— Oui… Espérons juste qu’elle tienne jusque-là…, répondit la femme faiblement, avant de s’éloigner dans le couloir, suivie par le médecin.

Le Lucario les regarda partir sans bouger, affichant un air horrifié.

« Une vingtaine d’années ? », se répéta-t-il à lui-même en ouvrant des yeux catastrophés.

Shyn avait quinze ans dans ce souvenir, et le Lucario ignorait l’âge actuel de la jeune femme. Comment de temps lui restait-il ? Cela voulait-il dire que Shyn risquait de mourir prochainement ???

Luyo eut alors l’amère sensation que la jeune femme lui avait ouvertement menti pour sa maladie. Il était indéniable que ses problèmes au cœur étaient beaucoup plus graves que ce qu’elle avait dit, sans doute pour ne pas l’inquiéter.

Il fit ensuite rapidement demi-tour sur lui-même pour revenir vers le lit où était Shyn, mais le lit avait disparu, et le Pokémon eut à peine le temps de marmonner quelque chose, que toute la chambre disparut, et il se retrouva de nouveau dans la pièce carrée aux trois portes.

Le Lucario jeta un regard scandalisé à la porte « Maladie » qui était maintenant fermée, malgré ses tentatives pour essayer de l’ouvrir.

— Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je vois ça ? cria-t-il d’une voix colérique à l’intention de Morgane en parlant au plafond. Luyo était maintenant persuadé que la jeune femme s’amusait à lui montrer des souvenirs douloureux de Shyn.

Mais personne ne lui répondit, et le Pokémon se tourna machinalement vers la dernière porte, avant d’ouvrir des yeux inquiets.

La porte marquée « Douleur » avait rougi depuis la première fois qu’il l’avait regardée en arrivant, et était maintenant totalement rouge. Et pas n’importe quel rouge, le rouge carmin du sang.

Luyo afficha alors un air apeuré en reculant d’un pas. La porte s’était mise à trembler légèrement, et un liquide rouge pourpre en suintait maintenant, dégoulinant sur le sol. La porte était littéralement en train de saigner.

Mais le malaise que le Lucario sentait ne s’arrêta pas là, alors que des cris et des pleurs se mettaient à raisonner derrière la porte saignante.

Un enfant semblait pleurer et crier de façon indistincte, suivi de la voix d’une personne plus âgée qui criait d’une voix larmoyante. Le Pokémon ne comprenait pas ce que les voix disaient, mais les deux étaient féminines et semblaient avoir un timbre légèrement similaire, comme s’il s’agissait de deux personnes de la même famille, ou de la même personne à un âge différent.

— ... Que... qu’est-ce que c’est..., murmura Luyo d’un air anxieux en regardant la porte diabolique trembler sur ses gonds.

Mais la porte s’arrêta soudainement de trembler, et les cris cessèrent, suivis par un bruit de clé dans la serrure.

La porte s’entrebâilla alors légèrement devant le Lucario inquiet qui n’osait toujours pas bouger. Il faisait noir de l’autre côté, comme les deux autres, mais cette dernière porte donnait au Pokémon un sentiment de peur qu’il n’avait pas encore ressenti.

Luyo fit un pas hésitant vers la porte et tendit un bras tremblant vers la poignée rougie pour ouvrir un peu plus la porte. Il ne semblait pas avoir très envie d’y aller, mais se doutait qu’il n’avait pas trop le choix.

Le Pokémon poussa donc un souffle rauque, avant de faire un nouveau pas pour entrer dans la pièce, enjambant la flaque de sang à ses pieds.

Mais alors qu’il s’apprêtait à se voir enfermer une nouvelle fois dans la pièce sombre, tout disparut autour de lui, et son corps brilla très légèrement d’une lueur qu’il avait déjà vue quelques minutes avant.

Le Lucario ouvrit alors de grands yeux en comprenant ce qu’il se passait.

— Non, attendez !!! cria-t-il. Mais toute la pièce disparut subitement, ainsi que lui juste après...

 

— Je crois que j’ai gagné, non ? demanda Shyn d’un air victorieux.

La version miniature de Morgane se tenait dos à un mur, la jeune femme plantée devant elle avait la main posée sur son épaule.

Shyn avait couru après elle pendant plusieurs minutes, évitant différents objets qu’elle lui lançait, ou tombant lamentablement quand la petite fille s’amusait à la faire voler pour la projeter un peu plus loin.

La jeune femme avait tenté d’utiliser ses pouvoirs pour suivre la petite fille, mais son don de l’Aura semblait comme mit en pause dans cet endroit, seules ses Aurasphéres fonctionnaient par moments.

Mais elle avait quand même fini par réussir à coincer la fillette dans une allée aux murs blancs en plastique, lui bloquant le passage.

La petite Morgane lui jeta un regard amusé en relevant la tête pour regarder Shyn qui recula d’un pas en la fixant d’un air attentif, croisant les bras.

— Oui, tu as gagné, rigola l’enfant tranquillement.

— Tu vas me dire où tu as envoyé Luyo maintenant ? demanda la jeune femme d’une voix calme, mais ferme.

— Hi hi hi. Dans un endroit très intéressant..., ricana de plus belle la fillette.

Shyn fronça les sourcils.

— Le jeu est terminé, ramène-le..., murmura la jeune femme d’un ton plus bas.

La gamine rigola de nouveau, avant de se retransformer en la Morgane adulte qui fit un sourire amusé à Shyn en croissant elle aussi les bras.

— Dommage... lui, n’avait pas fini de jouer encore.., fit la jeune championne d’une voix mi-amusée, mi-sournoise.

Mais Shyn n’en tint pas compte et s’adressa à elle d’une voix plus dure en plissant légèrement les yeux.

— Tu as promis de le ramener !

— Oui, c’est vrai... Et... une promesse, et une promesse..., confirma Morgane, avant de claquer des doigts et de disparaître instantanément.

Shyn fronça les sourcils en regardant autour d’elle, semblant dubitative, mais s’aperçut alors que ses affaires étaient revenues en voyant les manches de sa veste.

La jeune femme réajusta son bonnet et regarda ses bras d’un air mitigé, mais fut coupée dans sa contemplation par l’intonation d’une voix masculine venant de la rue derrière elle.

Elle sortit rapidement de l’impasse et jeta un regard autour d’elle, avant de le poser sur l’auteur de la voix à quelques pas d’elle sur sa gauche.

Shyn fit alors un grand sourire soulagé en reconnaissant le Lucario qui lui tournait le dos et avait le bras tendu devant lui, l’air perdu, comme s’il se demandait ce qu’il se passait.

— Non... Je n’ai pas..., murmura-t-il pour lui-même en regardant autour de lui, comprenant qu’il venait de se faire téléporter de nouveau et n’avait de ce fait pas vu ce qu’il y avait derrière la dernière porte.

Mais la voix adulte de Shyn venant de derrière lui attira son attention, et il tourna la tête pour voir la jeune femme accourir vers lui, l’air ravi.

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Note Auteur :

Le retour rentre direct dans le vif du sujet avec Shyn, qui de toute évidence, n'a pas été téléporté au même endroit que Luyo.La jeune femme finit par se rendre compte que la "ville" où elle se trouve avec la Morgane enfant semble être fait en plastique, ce qui pourrait correspondre à la maquette de ville où Sacha et ses amis avaient été envoyés.Luyo, par contre, semble dans un endroit beaucoup plus sombre, et totalement démuni d'énergie humaine. Et après la vision d'une scène pour le moins... particulière... le Pokémon en conclut qu'il s'agit d'un souvenir en reconnaissant le visage de Shyn... enfant, avant d’enchaîner sur la porte la maladie.

Et comme le laissez suggérer la porte, c'est bien de la maladie de Shyn qu'il est question dans ce souvenir, et apparemment, la jeune femme ne semble pas avoir dit toute la vérité à ce sujet.Shyn aurait une maladie au cœur beaucoup plus complexe et dangereuse que ce qu'elle avait dit et serait potentiellement en danger à en croire les médecins.Et ce souvenir sera le dernier que le Lucario verra, car Shyn aillant attraper la Morgane enfant, le "jeu" se termine, et Luyo est retéléporter auprès de Shyn.Luyo ne semblait d'ailleurs pas très motivé par cette dernière porte, mais semble quand même assez embêté de ne pas en avoir vu son contenu.

Mais peut-être est-ce mieux ainsi...

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