La Princesse d'Axerik

Chapitre 7 : Vers Axerik

2417 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:20

Penelope déposa la feuille sur ses genoux et leva les yeux vers le professeur.

« C'est donc pour ça que nous partons pour Axerik ? »

Le professeur hocha la tête. C'était un nouveau mystère tombé de nulle part, et qui, comme plusieurs énigmes qu'il avait résolues auparavant, avait un côté chimérique.

« C'est drôle, remarqua Luke. Je n'avais jamais entendu parler de cette île avant aujourd'hui.

-Tu n'es pas le seul, Luke. »

Le jeune apprenti tourna le regard vers son mentor.

« Vous aussi, professeur ?

-Eh bien, Luke, je n'ai appris son existence qu'en lisant cette lettre. »

Luke regarda les deux jeunes filles. Elles firent un signe de la tête comme quoi elles non plus ne connaissaient pas cette île.

Axerik. Quel genre d'endroit cela pouvait bien être ?

« Ce ne doit pas être un endroit très fréquenté, remarqua Penelope. Pour preuve, vous avez dit que les bateaux qui s'y rendaient étaient assez rares, qu'il aurait fallu attendre plusieurs mois pour en trouver un autre si nous avions raté celui d'aujourd'hui.

-Justement, dit le professeur en croisant les bras. Je trouve ce détail-là justement très intrigant.

-Vraiment ? Pourquoi ? S'enquit Luke. »

À ce moment, le navire qu'ils avaient pris s'était déjà tellement éloigné de la côte qu'on ne pouvait plus voir la terre ferme. Autour d'eux, il n'y avait rien d'autre que la mer bleue éclairée par le soleil au zénith. Luke, Penelope, Flora et Layton étaient assis sur le pont, comme la plupart des passagers qui étaient sortis pour profiter du beau temps et de l'odeur fraîche de la mer.

« Eh bien, répondit le professeur. Vous ne trouvez pas que c'est une très belle coïncidence, que la lettre nous soit parvenue exactement le jour où un bateau quittait Londres pour Axerik ? Si elle était arrivée seulement cet après-midi, il aurait fallu attendre plusieurs mois pour nous y rendre.

-C'est vrai ! S'exclama Luke. Je n'y avais pas du tout pensé !

-Nous avons eu beaucoup de chance ! Rigola Flora. »

Ils disaient ça, mais au fond, aucune des quatre personnes n'était convaincue que c'était une simple coïncidence. C'était juste qu'ils ne voulaient pas commencer à s'embrouiller dès le début avec des mystères. Par expérience, ils savaient que les questions sans réponses ne manqueraient pas lorsqu'ils commenceraient l'enquête.

Luke se redressa sur sa chaise.

« Moi, ce que j'aimerais savoir le plus, c'est quel est l'événement qui a convaincu Clive de croire à cette légende si étrange.

-Quel que soit cet événement, répondit Flora, ça doit surement être quelque chose d'hors du commun ! »

Penelope regarda la lettre qui était toujours sur ses genoux.

« Il a dit : « je ne sais plus trop si je dois faire confiance à ce que je vois, ou à la logique. » Cela veut dire que c'est un événement illogique, j'imagine. »

Flora se leva.

« Quoi qu'il en soit, nous avons la chance de faire un voyage qui commence déjà très bien. C'est la première fois que je monte sur un bateau, n'est-ce pas merveilleux ? »

Et, un sourire éclatant au visage, elle courut jusqu'au bord du pont, s'appuyant sur la rambarde pour admirer les vagues qui frappaient contre la coque. Luke, à son tour la suivit. Même s'il était déjà monté sur un bateau, cela restait tout de même une expérience agréable.

Le professeur sourit en les regardant avant de tourner le regard vers Penelope qui n'avait pas bougé de sa place.

« Tu ne veux pas aller avec eux ? »

Penelope les regarda un instant puis croisa les bras.

« À quoi bon ? Je peux bien voir la mer d'ici. »

Hershel préféra ne pas répondre, laissant place à un silence que seul le son des vagues et celui du moteur du navire animaient. Il prit sa tasse de thé de la petite table devant eux en avala une gorgée avant de la reposer. Le vent du large faisait virevolter leurs cheveux dans tous les sens et Layton devait rajuster son chapeau de temps en temps pour être sûr qu'il ne tombe pas. Penelope, quant à elle, regardait le professeur d'un air pensif. Après de longues minutes de silence, elle se décida à parler.

« Professeur, j'ai quelque chose à vous montrer.

-Vraiment ? Quoi donc ? »

Penelope regarda Luke et Flora debout au loin, s'amusant et rigolant avec tant d'insouciance que c'en était énervant. Ils ne pourraient pas l'entendre, ni remarquer quoi que ce soit.

« La lettre de Clive et le départ de ce bateau ne sont pas les seules choses... intéressantes qui ont eu lieu aujourd'hui. »

Le regard du professeur montra un vif intérêt.

« Réellement ? »

Penelope ouvrit son sac et en sortit le journal que le passager lui avait donné au métro.

« Je crois que c'est la première fois qu'un journal parle de Folsense, dit-elle en le tendant au professeur. Je sais que ça n'a rien à voir avec l'affaire en cours, mais je voulais vous le montrer tout de même. »

Il prit le journal, et remarqua immédiatement la photo à la dernière page. Il lut rapidement l'article avant de relever la tête.

« Cet article est très réduit, remarqua-t-il.

-J'ai pensé la même chose. Il ne parle pas des kidnappings... ni de vous. Je crois que la police n'a pas communiqué toutes les informations aux journalistes. »

Layton semblait sceptique.

« Mais il y a tout de même un élément dont ils auraient dû parler, dit-il en fixant l'article.

-Lequel ?

-Nigel. Il a assisté le criminel dans son acte et a pris fuite. En temps normal, on aurait publié son nom et sa photo afin de pouvoir mieux le traquer. »

Penelope réfléchit un instant, avant de répondre.

« Peut-être qu'ils l'ont déjà attrapé.

-C'est possible, en effet. »

Layton avait répondu d'une voix distraite. Il n'arrêtait pas de regarder le journal, fronçant les sourcils comme s'il venait de remarquer quelque chose. Penelope constata ce changement d'état.

« Qu'y a-t-il professeur ? Avez-vous découvert quelque chose ?

-Non... non, répondit-il avec le même ton distrait. C'est juste... »

Ces yeux affichaient une certaine stupeur.

« Étrange... » Murmura-t-il à lui-même.

« Qu'est-ce qu'il y a d'étrange ? »

Son visage se décrispa et il reposa le journal.

« Non, cela n'a rien à voir. »

La jeune fille le regarda d'un air incrédule. Mais qu'est-ce qu'il avait bien pu découvrir ? Hershel remarqua sa réaction et décida de changer de sujet.

« Au fait, Penelope, il y a une question que je souhaite te poser. »

Non seulement il ne répond pas à mes questions, mais en plus je dois répondre aux siennes, songea-t-elle. Bon, on va voir.

« Allez-y, répondit-elle froidement.

-Ton attitude à Folsense reste difficile à expliquer. Voulais-tu, oui ou non, nous aider ?

-C'est-à-dire ?

-Tu nous as aidés car tu voulais voir l'assassin de ton grand-père attrapé et puni. Pourtant, tu nous as caché bien des choses. Il n'y a que deux probabilités, et aucune n'explique ton attitude. Soit tu voulais vraiment nous aider, mais alors pourquoi tu t'es montrée très prudente et nous a caché l'identité de l'assassin que tu connaissais depuis le début. Ou alors tu ne voulais pas nous aider, mais c'est impossible également car tu nous as tout de même guidés au palais et fournis pas mal d'indices. Alors dis-moi, que désirais-tu, réellement ? »

Penelope esquissa un sourire et se leva.

« Vous savez, vous avez raison. La mer doit sûrement être plus jolie vue de près. »

Et elle s'éloigna pour rejoindre Luke et Flora, laissant le professeur assis seul.

Il la regarda partir, puis retourna la tête vers la petite table, et reprit le journal.

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« Vraiment, cet endroit est splendide ! »

Il marchait au milieu des arbres, les mains derrière le dos, le regard fixé sur le ciel bleu. Et dire que son séjour en ces lieux était censé être une punition ! Il avait l'impression de vivre les plus belles journées de sa vie.

Au début, lorsque les jurés avaient prononcé leur verdict, Clive avait été prit d'une immense terreur. Lui, quitter la ville dans laquelle il avait vécu toute sa vie ? Et pour aller dans un endroit inconnu ? Une île portant un nom aussi bizarre qu'inquiétant ? Il aurait préféré passer toute cette période dans la pire prison d'Angleterre.

Mais maintenant, tout avait changé. Et Clive Dove pouvait le dire avec tout le bonheur qu'on puisse imaginer : il adorait cette île. Après six mois passés en ces lieux, il avait parfaitement réussi à s'intégrer. Il a pu apprendre la langue locale et même se faire des amis parmi les habitants. Il se demandait même s'il allait retourner à Londres une fois sa sentence expiée.

En cette belle matinée, justement, il se promenait dans une forêt qu'il avait découverte depuis peu. Il faisait si beau, et rien n'aurait pu profaner une journée pareille.

Mais alors qu'il se baladait en sifflotant, il fut surpris d'entendre un bruit de pas. Peu de gens venaient généralement en ces lieux, c'est pourquoi il fut curieux de savoir qui cela pouvait bien être.

Il se retourna pour voir un homme adulte, probablement dans la quarantaine, à quelques mètres de lui. Ce n'était pas un habitant de l'île, Clive en était sûr. Mais il n'avait pas non plus l'air d'un touriste avec sa tenue plutôt stricte. Un chercheur ou un journaliste, peut-être ?

Une chose était sûre : il était perdu. Il tenait une carte dans sa main droite et regardait partout autour de lui.

Clive s'avança vers lui. Il hésita quelques instants sur quoi dire. En quelle langue devait-il l'aborder ? Parlait-il anglais ?

Mais, heureusement, l'homme parla en premier, en anglais.

« Excusez-moi, monsieur.

-Oui ? Répondit Clive en essayant de situer son accent. Cet homme était anglais, il n'y avait aucun doute.

-Je viens d'arriver en ses lieux, et je suis un peu perdu. Pourrais-je vous demander de l'aide ?

-Naturellement. Où désirez-vous vous rendre ?

-Je suis passé par mon hôtel pour déposer mes affaires avant de sortir explorer l'endroit, expliqua l'étranger. Mais le nom de l'hôtel était écrit en une langue que je ne comprends pas, sans doute celle de l'île. Et dire que je n'ai même pas remarqué que la carte qu'on m'a donnée était avec cette même langue... »

Clive réfléchit quelques secondes avant de répondre.

« Autant que je sache, il n'y a qu'un seul hôtel à Axerik. Cette île n'est pas un endroit très touristique, voyez-vous.

-C'est pourtant un endroit très charmant.

-Je vous l'accorde, acquiesça Clive en souriant. Les gens ne savent pas ce qu'ils ratent. »

Et il commença à marcher faisant signe à l'homme perdu de le suivre. L'hôtel n'était pas très loin ; et quelque chose en cet Anglais avait piqué la curiosité de l'ancien journaliste.

C'est pour cela qu'à mi-chemin, il décida de lui poser la question.

« Vous dites que vous êtes venu ici aujourd'hui, n'est-ce pas ?

-Oui, en effet, répondit l'étranger. Le bateau que j'ai pris a quitté Londres hier, et n'est arrivé en ces lieux qu'aujourd'hui. »

Un bateau venu de Londres ? Songea Clive. Ça alors !

Et ils continuèrent leur marche en silence en direction de l'hôtel. Il fallait faire vite, car l'un des deux hommes avait une chose très importante à faire après cela. 

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