La Princesse d'Axerik

Chapitre 9 : Imprévu...

5121 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:30

« Trouvez la question que je veux vous poser, et répondez-y ! » Déclara Clive en empruntant un ton légèrement hautin comme pour imiter la princesse.

Une expression mêlant surprise et incrédulité se dessina aussitôt sur le visage du professeur, Luke, Flora et Penelope. Ils avaient espéré un mystère, une énigme, pas… ça !

« C’est une blague, pas vrai ? » Hasarda Luke.

Mais Clive secoua la tête.

« C’est ce qu’elle a dit à chaque personne ayant voulu obtenir le pouvoir d’Axerik.

-Alors le mystère, c’est de trouver où réside le mystère exactement ? Demanda Flora.

-On dirait bien… »

Deux secondes de silence.

« Mais ça n’a absolument aucun sens ! »

Le professeur Layton semblait très perdu dans ses pensées. Était-il d’accord avec la dernière remarque lancée par Luke ? Surement pas…

« Ceci n’a rien d’extraordinaire, expliqua-t-il. L’enjeu de cette question est énorme ; et il ne fallait pas s’attendre à une question simple ou directe. 

-Oui, mais il faudrait au moins une question à laquelle on puisse répondre, dit Luke, toujours aussi obstiné. 

-Il doit surement y avoir une solution. Il est beaucoup trop tôt pour en juger. »

Le premier mystère de cette histoire venait de faire face, et il était d’une nature complètement différente de tout ce que le professeur avait dû affronter auparavant. Cette fois-ci, il ne fallait pas trouver un assassin, expliquer un phénomène étrange ou empêcher une catastrophe d’avoir lieu.

Cette fois-ci, il fallait trouver le mystère et ensuite le résoudre. Tout simplement.

« Le professeur a raison, déclara Clive. Nous devrions essayer de demander une audience à la princesse et voir par nous-même. 

-C’est une bonne idée. Mais quand ?

-Pourquoi pas tout de suite ? »

La réponse du professeur ne tarda pas à venir. Après tout, la visite de l’île pouvait attendre.

Pour l’instant, il fallait aller voir la princesse d’Axerik, Fiona.

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« Nous devrions revenir à la salle du trône, d’autres personnes vont surement venir.

-Je sais, je sais… »

La demoiselle de compagnie restait surprise devant la façon dont la princesse fuyait les rencontres avec les personnes qui venaient la voir. Elle pouvait comprendre qu’elle soit fatiguée de répéter la même chose plusieurs fois, mais…

« Nous avons aujourd’hui des invités spéciaux, après tout. »

La princesse soupira.

« Et c’est justement à cause d’eux que je suis dans cet état. »

La demoiselle de compagnie s’arrêta et regarda la princesse.

« A-t-il dit quelque chose à leur sujet ?

-Oui…

-Et qu’a-t-il dit ?

-Si tout se passe comme prévu, tu ne devrais pas tarder à le savoir. 

-Eh bien, j’espère que tout ira comme prévu, alors. »

La princesse devança son accompagnatrice, puis, lui tournant le dos, elle répondit. Sa voix était différente, sinistre.

« Moi, je ne l’espère pas. »

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Le palais où résidait la princesse d’Axerik était magnifique. Situé au sommet d’une petite colline, il surplombait le reste de l’île et faisait penser aux palais qu’on ne voit que dans les contes de fées. Il ne fallait pas être un expert pour deviner qu’il était construit avec les matériaux les plus nobles et les plus chers. Son extérieur majestueux avait déjà ébloui le professeur et les autres.

« Ouah ! Quel palais ! S’exclama Luke.

-La princesse a beaucoup de chance de résider en un lieu pareil, approuva Flora.

-Et je suis certain que l’intérieur est encore meilleur », ajouta Clive.

Les deux adolescents se retournèrent vers lui.

« Pourquoi ? Tu n’y es jamais entré auparavant ?

-Non, tout ce que je vous ai dit, c’est ce que les autres m’ont raconté. »

Penelope déplaça à son tour le regard vers lui.

« Alors il se peut qu’ils aient simplement mal interprété ce que cette princesse leur a dit.

-Non, j’en doute. C’est le même récit qui se répète à chaque fois. Ils n’ont pas pu se tromper tous.

-Qui sait… »

Le professeur regardait encore le palais.

« Nous aurons bientôt l’occasion de le savoir. »

Luke regarda le professeur.  Ces derniers temps, il avait eu un comportement très étrange. Les autres n’avaient surement pas remarqué, mais Luke, lui, était sûr que quelque chose chez le professeur avait changé. Il semblait pensif, parlait très peu, et se tenait toujours en retrait.

Ce n’était pas la première fois que le professeur se comportait de la sorte. Mais d’habitude, cela arrivait vers la fin d’une enquête, lorsqu’ils se retrouvaient à deux doigts d’attraper le coupable. Là, il devenait de plus en plus taciturne, et Luke comprenait qu’il était en train de reconstituer les dernières pièces du puzzle. Généralement, cette situation ne durait jamais trop longtemps, et finissait toujours par la révélation de la pure et unique vérité.

Sauf que dans ce cas-là, c’était impossible. Quels indices le professeur avait-il pour trouver une solution ? Il ne savait même pas quel était le mystère à résoudre ! Mais alors, à quoi pouvait-il bien penser ?

Luke avait la sensation… que cette histoire n’allait pas ressembler à toutes celles qu’il avait suivies avec son mentor par le passé. Qu’elle n’allait pas suivre le même schéma qu’avaient suivi les autres : mystère, enquête, regroupement d’indices et résolution de ce mystère.

Mais à part ça, que pourrait-il se passer ? Y avait-il d’autres « schémas » possibles ?

Luke secoua la tête pour chasser ces pensées de sa tête. Après tout, qui était-il pour tirer de telles conclusions aussi tôt ?

C’est à ce moment seulement qu’il remarqua un homme en uniforme qui s’éloignait vers le palais.

« Tiens ! S’étonna-t-il. Qui est-ce ? 

-Où étais-tu ? Demanda Flora en fronçant les sourcils. Cet homme est l’un des gardes de la princesse ; nous venons de lui demander si nous pouvions la voir et il est parti demander la permission. »

En effet, Luke n’avait rien remarqué tant il était absorbé dans ses pensées. Heureusement qu’il n’avait pas raté quelque chose de très important.

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« Princesse, ils sont arrivés…»

Fiona, qui regardait par l’une des grandes fenêtres de la salle du trône, se retourna vers sa demoiselle de compagnie. L’expression sur son visage n’avait pas mille interprétations : c’était de la peur.

« … et le garde veut d’abord la permission de la princesse pour les faire entrer. »

La princesse regarda la jeune fille en face d’elle avec la même expression pendant un bon moment. Puis, les lèvres tremblantes, elle répondit.

« Tu sais déjà ce que tu dois leur dire. 

-Oui. »

Elle quitta la pièce pour aller délivrer aux gardes les consignes de la princesse, suivie par les regards de cette dernière. Lorsque la porte se referma, Fiona redirigea le regard vers la fenêtre et ferma les yeux. D’une voix brisée, elle murmura.

« Je suis désolée, professeur Layton. »

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Le garde revint bientôt. Il dit quelques mots à Clive d’une langue que les quatre autres anglais ne comprirent pas.

« Pourquoi est-ce qu’il parle à Clive ? Demanda Luke, confus.

-Mais où avais-tu la tête, franchement ? Répondit Flora. Clive nous a tout expliqué tout à l’heure. Presque personne ici ne parle anglais, alors il s’occupe de nous traduire ce que disent les autres, puisqu’il a appris la langue locale.

-Ah, oui ! C’est vrai que le guide avait mentionné cela. Il a dit que les habitants parlaient une langue que nous ne comprenons pas. J’espère que ça ne posera pas problème durant l’enquête. 

-Ça ne devrait pas poser problème, remarqua Flora. Tant que Clive est ici. »

Le garde termina de parler et Clive se retourna vers ses amis.

« Il dit que la princesse ne refuse de parler à personne, mais qu’elle a une petite condition. 

-Laquelle ?

-Elle ne peut pas recevoir plus d’une personne à la fois. Or, les visites sont bientôt finies pour aujourd’hui. En gros, pour aujourd’hui, seule une personne peut aller la voir. »

Ils gardèrent le silence un instant comme pour réfléchir à cette déclaration, mais Clive parla à nouveau.

« Professeur, allez voir la princesse. Je vais m’occuper d’eux pendant votre abscence. »

Le professeur hésita un instant.

« Je ne suis pas en mesure de parler à la princesse, vu que je ne comprend pas la langue parlée ici. 

-Ne vous inquiétez pas, rassura le jeune homme en souriant. La princesse Fiona parle très bien l’anglais. 

-Vraiment ? Bien, dans ce cas… »

Clive se retourna vers le garde et lui expliqua leur décision. Ce dernier fit signe au professeur de le suivre, et le professeur s’exécuta.

Ils avancèrent quelques pas, puis Layton s’arrêta. S’excusant (bien que le garde ne puisse pas le comprendre), il revint vers ses quatre amis et s’adressa précisément à l’un d’entre eux.

« Penelope, je dois te rendre quelque chose. »

Il ouvrit sa valise et en sortit le journal que Penelope lui avait montré lorsqu’ils étaient au bateau. Il le lui tendit.

«Vous pouvez le garder, répondit-elle, légèrement surprise par une action aussi soudaine. Ce journal ne me sert absolument à rien ; et si vous m’aviez donné le temps de préparer mes affaires, je ne l’aurais même pas ramené avec moi. »

Mais le professeur insista.

« Garde-le. »

Ne pouvant protester davantage, la jeune fille prit le journal et le rangea dans son sac. Le professeur les salua, et s’en alla.

Ils le regardèrent s’éloigner avec le garde, jusqu’à ce qu’ils aient franchi l’entrée du palais et que le garde ferma la porte. Là, Luke se retourna vers Lopy.

« C’est quoi, l’histoire de ce journal ?

-Rien de bien important. Juste un article sans utilité sur Folsense.

-Folsense ? S’étonna le jeune garçon.

-Ce n’est vraiment rien d’important. Je te le montrerai plus tard, si tu veux. »

Luke étira ses deux bras vers le haut.

« En tout cas, c’est vraiment dommage qu’elle ne nous ait pas laissés entrer. J’aurais adoré voir la princesse, moi aussi !

-Nous la verrons demain, déclara Clive. Bon, et si je vous faisais visiter l’île en attendant ? »

Luke et Flora acceptèrent avec beaucoup d’entrain. Penelope ne dit rien, mais Flora savait que si elle avait été contre, elle aurait clairement marqué son refus.

Clive décida de les emmener d’abord vers la forêt dans laquelle il se trouvait avant leur arrivée. Il commença alors à marcher leur demandant de le suivre.

« Tu sais, dit Luke avec enjouement. Je n’ai encore rien vu de cette île, mais je trouve déjà que c’est l’un des plus beaux endroits auxquels je suis parti ! J’adorerais vraiment envoyer une carte postale à mes parents pour leur en parler.

-C’est vraiment un endroit sublime, acquiesça Flora. »

Clive sourit.

« C’est vrai. C’est un si bel endroit que parfois, je me demande si c’est vraiment ce que je mérite… »

Puis il reprit d’une voix plus neutre.

« Mais je crains que tu ne puisses pas envoyer quoi que ce soit à tes parents, Luke. »

Le jeune garçon fut surpris.

« Pourquoi ? Il n’y a pas de poste, ici ?

-Si, si, il y en a une. Mais ça serait inutile d’envoyer ta carte postale d’ici, puisqu’elle rentrera avec toi à Londres où elle sera ensuite envoyée à tes parents. 

-Tu veux dire que… »

Clive leva le regard vers le ciel.

« Axerik est un très bel endroit, mais c’est également une île au milieu de nulle part, isolée du reste du monde. Le seul lien avec l’extérieur, c’est ce bateau dans lequel vous êtes venus. Alors il vaut mieux envoyer ta carte postale de Londres, directement.

-Le guide en avait parlé aussi, se rappela Flora. Tu as oublié, Luke ?

-J’étais un peu ailleurs… »

Ils venaient de revenir dans la rue principale. Il y avait plus de monde que dans la rue plutôt isolée qui menait au palais. Marchands, habitants et quelques touristes se baladaient un peu partout. Il n’y avait pas de voitures, mais quelques vélos et quelques charrettes. La plupart des gens marchaient cependant à pied.

« Tu es vraiment sur la lune aujourd’hui ! »

Au milieu de tous ces gens, il y avait un homme qui portait un costume traditionnel et qui se tenait sur une petite estrade, comme s’il s’apprêtait à présenter une sorte de spectacle. Une énorme foule était réunie ce qui étonna les enfants.

« Ce genre de spectacle est très populaire ici, expliqua Clive. C’est un peu comme les tours de magie.

-Vraiment ? Et si on allait voir ?

-Je ne préfère pas. Il y a tellement de monde, je n’aimerais pas que vous vous perdiez. »

Mais le spectacle semblait vraiment intéressant, surtout pour ces trois anglais qui n’avaient jamais vu quelque chose de pareil.

« Nous n’aurons qu’à faire attention ! » Lança Penelope en avançant. Luke et Flora n’hésitèrent pas à la suivre, et Clive dut abandonner…

Le spectacle fut, en effet, très intéressant. De plus en plus de personnes se réunissaient au fur et à mesure que le spectacle avançait. Il fallait s’y attendre, car non seulement il attirait toujours beaucoup de monde, mais en plus, ce jour-là, le bateau venu de Londres était rempli de touristes qui ne cherchaient que ça. Au final, toute la rue principale fut remplie de gens.

Et, comme Clive l’avait prédit, ce qui devait arriver arriva et nos quatre héros ne tardèrent pas à se perdre de vue au milieu de cette foule…

Se retrouvant chacun dans un lieu différent des autres, ils savaient qu’il leur était désormais impossible de se retrouver. De plus, Flora, Luke et Penelope ne pouvaient pas communiquer avec les habitants, et le spectacle n’était encore qu’à son début.

L’histoire commençait déjà très mal…

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Hershel Layton prit place sur l’un des bancs de la salle où il se trouvait. Il n’avait rien compris aux explications que lui avait données le garde, mais avait deviné par lui-même. Il y avait quelques personnes présentes dans la pièce ; et il en déduit alors que cela devait être une sorte de salle d’attente. Après tout, il n’était surement pas le seul à vouloir voir la princesse, et cela expliquerait pourquoi elle refusait de recevoir plus d’une personne à la fois : parce qu’il y avait déjà assez de monde comme ça.

La princesse d’Axerik. Elle était au centre du mystère qu’il allait devoir résoudre cette fois-ci. Hershel s’était posé plusieurs questions. Cette fille possédait-elle vraiment un pouvoir à transmettre ? Quel genre de miracle était-elle capable de réaliser ?

Il s’était posé plusieurs questions, mais là, il n’en posait plus. Et ce, pour une raison toute simple.

Il commençait à comprendre ce que cachait cette histoire.

Ce n’était pas habituel, pour lui, d’arriver à résoudre une affaire aussi rapidement, surtout une affaire compliquée. Mais cette fois-ci semblait… spéciale. C’était trop facile. C’était beaucoup trop facile.

Il ne lui manquait plus qu’une seule petite pièce pour arriver à la vérité. Et il avait la certitude qu’il allait la découvrir après son entretien avec Fiona. Il allait découvrir la vérité pure et entière, mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était qu’il se demandait s’il fallait vraiment trouver la vérité.

Il se rappela qu’à Folsence, il avait regretté d’avoir révélé le nom du coupable à cause des dégâts qui s’en ont suivis. Était-il en train de commettre la même erreur ?

C’était trop facile.

Portant la main à sa valise, il sortit son journal et se mit à écrire.

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Flora regarda encore une fois autour d’elle. Aucune trace de ses trois amis.

Elle ne savait pas où ils étaient, s’ils étaient perdus comme elle ou s’ils étaient ensemble. Elle avait pensé rester au même endroit jusqu’à ce que le spectacle finisse et qu’il y ait moins de monde pour qu’elle puisse les chercher, sauf que la représentation semblait s’éterniser, et qu’il y avait de plus en plus de monde.

C’est là qu’une idée lui passa par la tête.

Elle se rappelait à peu près de la route qu’ils avaient empruntée pour arriver jusque-là. Elle reviendrait simplement au palais et attendrait que le professeur finisse de parler à Fiona. Au moins, elle ne serait plus seule. Et les autres finiraient bien par les retrouver.

Cette option lui paraissait la plus sure et la meilleure à suivre.

Non sans une certaine difficulté, elle réussit à s’extraire de la foule, et reprit le chemin qui remontait jusqu’au palais.

Elle ne tarda pas à le retrouver, sauf qu’un petit problème se posait…

Trouver le palais était une chose. Trouver l’entrée en était une autre !

En effet, la construction était gigantesque. Et Flora s’était retrouvée d’un côté qu’elle ne connaissait pas du tout. Elle se sentit encore plus perdue dans cet endroit parfaitement inconnu où le professeur ne la retrouverait surement pas.

Elle ferma les yeux et essaya d’imaginer l’endroit dans sa tête. Elle comprit alors qu’elle devait se trouver à l’arrière du château et qu’il lui suffisait de marcher suivant les murs pour arriver à l’entrée principale.

Mais alors qu’elle marchait, elle entendit soudain un bruit. Celui d’une porte qui s’ouvre, puis des pas.

Flora remarqua alors que cela venait du palais. Il y avait en effet des fenêtres ouvertes qui permettaient d’entendre tout ce qui se passait à l’intérieur. Mais les rideaux tirés empêchaient de voir quoi que ce soit, par contre.

Je me demande vraiment à quoi sert cette pièce au rez-de-chaussée, songea la jeune Reinhold en s’approchant des fenêtres avec curiosité.

Elle entendit le bruit de la porte se refermant, encore deux pas, puis une personne parla. Cette personne, Flora n’eut aucune peine à la reconnaître.

C’était la voix du professeur !

« Bien le bonjour, Princesse Fiona. »

Les yeux de Flora s’écarquillèrent de surprise. Alors cette pièce était la salle du trône ! Et à cet instant même, elle était en train d’assister à l’entretien du professeur avec la princesse !

Et, par-dessus tout, elle avait eu la chance d’arriver au bon moment !

« Bonjour… professeur Layton », répondit une jeune fille qui, sans doute, était la princesse.

Comment connaît-elle le professeur ? Se demanda Flora. Mais elle décida de laisser son étonnement de côté pour pouvoir se concentrer sur le dialogue.

« Vous ne semblez pas bien surpris, dit la princesse.

-Disons… que je m’y attendais.

-Vraiment ? Eh bien, professeur, j’imagine que vous avez déjà deviné une bonne partie de la vérité.

-Je pense que… »

À cet instant, le professeur fut interrompu puisque la porte s’ouvrit à nouveau. Une autre voix féminine parla.

« Ah ! Je suis désolée de vous déranger, Princesse. Je reviendrai plus tard.

-Non, ça va, tu peux rester, dit Fiona. Professeur, je vous présente ma demoiselle de compagnie, Virginia.»

Il y eut un instant de silence, puis la princesse reprit.

« Vous disiez, professeur ?

-Je pense que… j’ai tout compris. »

Un autre silence prit place, rompu encore une fois par la princesse. Sauf que cette fois-ci, sa voix n’était plus aussi calme et posée. Elle semblait… impatiente.

« Puisque vous avez tout compris, alors il ne vous reste plus rien à faire ici. Partez ! 

-Pas avant que le coupable soit puni comme il le mérite.

-Professeur, pour l’amour de Dieu, partez ! »

Flora était choquée par la dernière réplique de Fiona. Elle l’avait lancée d’une voix suppliante, étouffée par des larmes.

« Vous-même ne savez pas toute la vérité, expliqua le professeur, toujours très calme.

-Vous non plus ! Hurla la princesse. Écoutez, en ce moment la vérité compte peu. Ne vous mesurez pas à lui… ne vous mesurez pas à Axerik !

-Axerik n’est…

-Partez ! »

Après un bref silence, Flora entendit les pas du professeur qui sortait de la pièce. À peine la porte fut-elle fermée, Fiona éclata en sanglots.

« Il a tout prédit, et c’est en train d’arriver, répétait-elle encore et encore. Il a tout prédit… et c’est en train d’arriver… »

Flora ne comprenait plus rien. Elle était divisée entre la curiosité de rester pour écouter ce qu’allait dire la princesse, et entre le désir d’aller retrouver le professeur pour lui demander de lui expliquer ce qu’il avait découvert.

Le second choix l’emporta et elle courut vers l’entrée du palais. Le détour était plutôt long, et elle était persuadée que le professeur serait déjà sorti lorsqu’elle arriverait. Pourtant, ayant atteint l’entrée, elle fut surprise de voir l’entrée du palais fermée, et pas de professeur en vue.

Soudain, elle remarqua Luke qui était debout non loin de l’entrée. Elle accourut vers lui.

« Tu es là ! S’exclama-t-elle d’une voix haletante tant elle avait couru.

-On dirait que nous avons tous les deux réfléchi de la même manière, nota le jeune garçon.

-Tous les trois ! »

Ils se retournèrent pour voir Penelope qui était debout non loin et qui avança vers eux.

« Et Clive, où est-il ? 

-J’imagine qu’il est encore en train de nous chercher en ville. »

Ils entendirent à cet instant un bruit de pas et se retournèrent pour voir Clive qui gravissait en courant le sentier menant au palais. Il semblait essoufflé.

« J’ai vu Luke venir par ici, dit-il d’une voix haletante. Je l’ai appelé mais il était trop loin pour m’entendre, alors je l’ai suivi. Dire que vous êtes tous là ! Vous allez bien ? »

Ils hochèrent la tête. Puis Flora, reprenant à peine son souffle, s’exclama :

« Vous ne devinerez jamais ce que j’ai entendu ! »

À cet instant, la porte du palais s’ouvrit et le garde de tout à l’heure sortit. Il semblait affolé, et courant vers eux, il se mit à dire quelque chose d’un ton choqué.

Les yeux de Clive s’écarquillèrent, et il lui répondit par le même ton. Les trois autres semblaient très confus, et demandèrent au jeune homme de leur expliquer.

« Suivez-moi », dit-il d’une voix tremblante.

Ils entrèrent en courant au palais. Et traversèrent le couloir principal, beaucoup trop préoccupés pour prêter attention à la taille ou à la décoration de ce dernier.

 

Puis soudain, ils s’arrêtèrent. Et le cri de Luke et Flora retentit dans tout le corridor.

Effondré au milieu d’une mare de sang, le corps du professeur Layton gisait par terre… sans vie.

« Il a été tué… » Souffla Clive d’une voix glacée.

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