La Princesse d'Axerik

Chapitre 14 : Les premières pistes.

5275 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:31

Le vent souffla. La fenêtre du salon claqua, réveillant Clive de sa stupeur.

« Ne vous mesurez pas… à Axerik ?

-C’est ce qu’elle a dit.»

Clive fronça les sourcils.

« Mais Axerik… enfin, même s’il a vraiment existé un jour… il ne peut pas être en vie ! »

Flora le savait.

« Pourtant la Princesse semblait convaincue de ce qu’elle disait », confirma-t-elle.

« Ça n’a pas de sens ! » S’exclama l’ancien journaliste. « Et puis pourquoi ? Pourquoi cet Axerik voudrait-il tuer le professeur ?

-Parce qu’il a tout découvert. C’est lorsque le professeur a dit à la Princesse Fiona qu’il a tout compris que celle-ci c’est mise dans tous ses états.

-Mais... la légende dit qu’Axerik cherchait quelqu’un qui pourrait résoudre le mystère de la Princesse pour lui léguer son pouvoir. Ça n’a aucun sens qu’il veuille tuer cette personne qui a enfin pu trouver la réponse après tant de temps. »

Il marquait un point.

« Peut-être qu’Axerik a menti. Peut-être qu’il voulait que son pouvoir reste le sien à jamais.

-Dans ce cas-là, pourquoi envoyer la Princesse ? »

Il marquait un second point.

La Princesse Fiona, ou la Princesse d’Axerik. Depuis le début, son nom ne cessait de revenir. Personne ne l’avait vue. Personne ne savait à quoi elle ressemblait. Tantôt elle semblait être la force suprême qui dirige l’île, tantôt elle semblait être une marionnette dirigée par quelqu’un.

« La Princesse semblait vraiment avoir peur de cet Axerik. Et lorsque le professeur a quitté la salle, elle n’a pas arrêté de répéter la même phrase : Il a tout prévu, et c’est en train d’arriver… »

La voix de Flora tremblait.

« Flora, nous devons absolument raconter cela à Luke et à Penelope. 

-Mais… Luke semble trop déprimé et je ne veux pas empirer les choses, et Lopy n’a même pas envie d’enquêter. »

Clive releva les manches de sa chemise et commença à ramasser les assiettes de la table.

« Oui, mais tu ne peux pas leur cacher une telle information. »

Flora leva le regard vers lui.

« Tu as sans doute raison. Mais dis-moi franchement, devons-nous enquêter sur ce mystère ? Je veux dire… en sommes-nous capables sans le professeur ? »

Clive hésita un instant. Capables ? Il avait des doutes.

« Tu veux la vérité », finit-il par parler. « Je trouve que c’est très risqué.

-Ah bon ? 

-Non, oublie. Ce n’est pas à moi de décider, de toute façon. Nous devons absolument aller voir Luke et Penelope pour en discuter avec eux. »

Que voulait-il dire par « risqué » ? Voulait-il dire que c’était dangereux de traquer un meurtrier ? Sans doute… sauf que l’histoire n’avait rien d’un meurtre ordinaire. Il y avait cette légende. Il y avait deux personnages enveloppés d’un tel mystère…

Axerik et Fiona.

« D’accord… » murmura la fille d’Augustus Reinhold.

« Bon alors, je vais juste laver ces plats et on y va », déclara Clive en portant les dernières assiettes.

« Je vais t’aider.

-Non, c’est inutile. Il n’y en a pas beaucoup. Va plutôt te reposer. Tu dois surement être fatiguée avec tous ces événements. »

Il se dirigea vers la cuisine, laissant la jeune fille seule dans la pièce principale. Clive vivait dans une très jolie maison, et semblait très heureux. Et comme il n’avait pas vraiment de famille en Angleterre, il n’avait plus aucune raison de regretter son pays.

Il semble tellement plus joyeux, maintenant, songea Flora. Même si la mort du professeur est venue tout troubler.

Elle déplaça le regard à travers la pièce. Axerik, Fiona. Si quelqu’un était apparu à l’instant lui proposant de lui révéler toute la vérité sur l’une de ces personnes, qui devrait-elle choisir ? Axerik était si mystérieux et semblait être derrière tout ce qui se passait. Mais en même temps, le personnage de Fiona semblait tellement plus concret.

Flora secoua la tête. Ce n’est pas comme si quelqu’un allait venir me faire une telle proposition.

À cet instant même, quelqu’un frappa à la porte de la maison.

Flora sursauta. Qui était-ce ? Luke ? Ou peut-être Lopy ? Peut-être tout les deux.

« Flora, s’il te plaît », appela Clive depuis la cuisine. « Tu peux aller ouvrir ? 

-j’y vais tout de suite. »

Elle se leva et avança vers l’entrée. Ouvrant la porte, elle se retrouva face à une personne qui n’était ni Luke, ni Penelope. Juste une jeune fille qu’elle ne connaissait pas. Une très jolie fille, d’ailleurs, à l’aube de ses vingt ans. Elle avait de jolis cheveux blonds coiffés en chignon, de grands yeux marron, un visage très beau. Elle portait une robe très élégante qui faisait penser à ces robes que portaient les héroïnes des légendes grecques autrefois, et qui mettait parfaitement en valeur sa posture droite et sa taille mince. Tout cela, associé aux magnifiques bijoux qu’elle portait, lui donnait l’air d’être une Princesse.

Si ces cheveux n’avaient pas été blonds, Flora aurait dit que c’était elle, la Princesse d’Axerik.

« Euh… bonjour », commença Flora, hésitante. « Qui êtes-vous ? »

Aussitôt ces mots prononcés, elle se rappela que les habitants de l’île ne comprenaient pas l’anglais.

« Ne bougez pas », dit-elle en agrémentant ses mots par des gestes pour se faire comprendre. « Je vais chercher Clive et je reviens. 

-Alors je suis bien chez Clive Dove ? »

 Flora se retourna vers elle, surprise.

« Vous me comprenez ? »

La jeune fille sourit.

« Ah ! Ah ! Cela surprend tout le monde que je parle anglais alors que je suis native d’Axerik. Je suis l’une des rares personnes sur cette île à parler les deux langues. »

À cet instant, Clive sortit de la cuisine et accourut vers l’entrée… 

« Flora, qui est-ce ? Ah ! »

Il s’arrêta en remarquant cette étrange inconnue. Prenant un air très sérieux, il fit la révérence et la salua très formellement.

« Bonjour, mademoiselle Virginia. »

Flora le regarda, surprise. Viriginia… Virginia… où avait-elle entendu ce nom ?

« Professeur, je vous présente ma demoiselle de compagnie, Virginia.» 

Les yeux de Flora s’écarquillèrent. Cette fille… c’était…

« C’est la demoiselle de compagnie de la Princesse », lui chuchota Clive. « Et elle est presque aussi importante que la Princesse elle-même. C’est comme un président et son ministre. 

-Ah ! »

Aussitôt, Flora s’inclina à son tour.

« Je suis ravie de faire cotre connaissance, mademoiselle Virginia. » Dit-elle maladroitement.

Virginia se mit à rire.

« Moi de même. Mais inutile d’être aussi formels, je ne suis pas la Princesse. En parlant de la Princesse, c’est elle qui m’a envoyée ici…»

Clive et Flora relevèrent le regard vers elle. Elle s’éloigna doucement pour révéler un objet qui se cachait derrière elle. Un objet qu’ils reconnurent immédiatement.

« C’est la valise du professeur ! »

Virginia la porta et la tendit à Clive qui la prit.

« La Princesse m’a dit que l’une des personnes qui accompagnaient cet homme qui a été tué au sein du palais vivait ici. Elle m’a demandé de lui emmener en personne les affaires de ce dernier, insistant que ce genre de tâche ne pouvait pas être confié à n’importe quel soldat. »

La valise du professeur ? Ils l’avaient complètement oubliée !

« Merci beaucoup.

-Toutes ses affaires sont là. La police n’a rien prit du tout », déclara la demoiselle de compagnie.

« Ils ont trouvé des indices ? » Demanda Flora, curieuse.

« Oh ! Je dis police, mais ce ne sont en fait que des gardes du palais royal. Il n’y a pas vraiment de police ici. Voyez-vous, Axerik est un endroit si calme et il n’y a pas beaucoup d’habitants. Les délits sont bien rares, les crimes quasiment inexistants. »

Pourquoi est-ce que cette île semble si parfaite ? Se demanda Flora.

« Bon, pardonnez-moi mais je dois rentrer au palais. La Princesse m’attend. Oh, j’oubliais presque. Toutes mes condoléances… bon, je dois…

-Attendez ! » L’arrêta Clive.

Elle se retourna.

« Qu’y a-t-il ?

-J’ai une requête pour vous.

-Je vous écoute. »

Clive jeta un regard vers Flora et lui fit discrètement signe de garder le silence.

« Moi et mes amis aimerions voir la Princesse.

-La Princesse ?

-Je sais qu’elle n’accueille pas beaucoup de monde, mais pourrait-elle nous faire une petite exception ? Juste pour le professeur… »

Virginia garda le silence, pensive. Flora déplaçait le regard entre elle et Clive. Alors oui, elle voulait bien sûr voir la Princesse, mais si elle s’attendait à ce que cela arrive aussi vite !

Bon, Virginia n’avait pas encore accepté.

« Venez demain matin au palais », proposa la jeune fille. « Je vais convaincre la Princesse de vous accorder une audience. 

-Merci beaucoup. »

Elle leur offrit un dernier sourire.

« Votre ami, le professeur… je ne l’ai vu que pendant à peine une minute, mais cela m’a suffi pour savoir que c’était quelqu’un de spécial. Je regrette vraiment qu’il ait dû partir si vite… puissiez-vous être heureux et… tâchez de ne pas répéter ses erreurs. »

Elle s’en alla. S’éloignant avec sa démarche élégante, la brise estivale jouant doucement avec les plis de sa robe.

« Elle est si impressionnante », murmura Flora.

« Si ce n’est qu’une demoiselle de compagnie », lui fit remarquer Clive. « Alors ça te donne une idée sur la Princesse elle-même. »

Flora ferma la porte, un air confus s’emparant d’elle.

« Allons-nous vraiment la croiser ? 

-Je l’espère bien. 

-Moi aussi… »

Le regard de Flora se porta sur la valise que Virginia avait ramenée. La fameuse valise que le professeur emportait partout avec lui. Son cœur se pinça, et elle avança doucement vers elle.

« Professeur… » Des larmes commençaient à se former dans les coins de ses yeux alors qu’elle tendait une main tremblante pour toucher la valise. 

Clive, remarquant son état, décida d’agir.

« Prenons cette valise et allons au bateau. Nous avons tant de choses à raconter à Luke et à Penelope. 

-Allons-y », répondit faiblement Flora.

~~~~~~~~~~~~~~~

Penelope était pâle comme un linge. Son regard restait fixé sur la table où le journal intime se trouvait avant qu’il ne disparaisse.

« Où est-il ? » Parvint-elle à articuler d’une voix glacée.

« On dirait bien qu’il a été volé », conclut Luke.

« Mildred Brice…

-Je ne vois pas d’autres possibilités. »

Ils n’avaient pas besoin de s’échanger d’explications. C’était plus qu’évident. Lorsque Luke était rentré dans la cabine, le livre était encore là. Désormais, il ne l’était plus. Entre-temps, la seule personne qui était entrée à part Luke et Penelope était Mildred Brice.

Penelope serra les deux poings, serra les dents, et jeta sur Luke un regard plus que furieux.

« Idiot ! » Hurla-t-elle ! « Si tu ne m’avais pas blessée, elle n’aurait eu aucune excuse pour s’approcher de mon bureau ! »

Luke se rendit compte qu’il lui avait donné deux coups de poing et l’avait même blessée alors qu’elle était innocente. Ceci ne semblait pas la déranger plus que ça. Mais lorsque ces blessures sont utilisées comme prétexte pour aller chercher une boîte de premiers secours et voler le livre de son grand-père, là, ça l’énervait au plus haut point.

Mais c’était hors de question qu’il s’excuse ! C’était de sa faute de lui faire peur et de le provoquer !

« Toi aussi ! Où avais-tu la tête ? Puisque ce livre est si précieux, alors pourquoi tu ne le surveilles pas ? »

Penelope s’approcha nerveusement de la table, fouillant à son tour les plus petits recoins. Naturellement, elle ne trouva rien.

« J’étais trop occupée à me défendre contre un gamin qui voulait se battre. Argh, bon sang ! Où est-il ? »

Luke croisa les bras.

« Nous venons de conclure qu’il a été volé par Mildred Brice. »

Elle se retourna vers lui.

« Je le sais ! Tais-toi ! »

Elle avait complètement perdu son sang-froid. Par expérience, Luke savait que les choses qui pouvaient déstabiliser cette fille étaient très rares. En fait, elle ne s’énervait que lorsqu’on s’attaquait à l’une des choses précieuses pour elle.

« Choses précieuses pour elle », cela voulait dire Claire, Bruno, le vieux livre gris et elle-même.

Luke n’avait pas envie de commencer une autre bagarre inutile. Il ne répondit donc pas, laissant la jeune fille se déplacer un peu partout dans la pièce, l’air paniqué.

« Je dois le retrouver… cette femme… quelle hypocrite ! Et dire que je me suis laissée faire… quelle idiote ! »

Elle se dirigea vers la porte.

« Je dois aller la voir ! Elle va le regretter ! »

Luke décida d’intervenir. Avançant à son tour vers la porte, il attrapa Penelope par le bras.

« Tu es stupide ou quoi ? Tu crois vraiment qu’elle va te le rendre ? 

-Je ne lui laisserais pas le choix. »

Luke frappa sa main libre contre son front.

« Tu es un cas désespéré, tu sais ? 

-Je ne suis pas d’humeur à rire.

-Allons, Penelope, même contre moi, tu n’as pas pu te défendre et j’allais t’étrangler. Moi, le « gamin » ! Alors tu crois vraiment pouvoir forcer une femme adulte à te rendre quelque chose qu’elle t’a pris. »

Elle se dégagea, non sans une certaine peine. Oui, elle détestait l’admettre, mais si elle avait perdu contre Luke, alors elle ne pourrait probablement jamais vaincre qui que ce soit dans une bagarre. Et ce ne seraient probablement pas les mots blessants qu’elle avait l’habitude d’employer qui allaient l’aider dans le domaine.

« C’est pas juste ! »

Remarquant qu’elle avait renoncé à l’idée, Luke n’insista plus. Il aborda plutôt le sujet qui l’intéressait.

« Tu as dit que tu participerais à l’enquête ?

-Oui…

-Comment peux-tu savoir que cette femme est liée au meurtre ? »

Penelope, toujours en colère, se retourna vers lui.

« Car je ne vois pas pourquoi on irait voler un vieux livre poussiéreux sans raison. En fait, ça ne me surprendrait pas d’apprendre que Mildred Brice est celle qui a tué le professeur ! »

Luke perdit son équilibre. Il dut s’appuyer contre la chaise.

« Carrément ! »

Penelope laissa échapper un soupir qui la calma un peu.

« Je m’explique. Lorsqu’elle est entrée, le pistolet était par terre, tu l’avais lâché. Elle l’a surement vu, pourtant elle n’a rien dit et a même cru ce que je lui ai raconté à propos des gamins et leurs jeux. Cette femme savait probablement pourquoi nous nous battions. Mieux encore, elle devait savoir que j’ai tenté de tuer Layton. »

Luke comprit.

« Cela veut dire qu’elle était sur les lieux du crime et qu’elle t’a vu !

-C’est surement ça », confirma Penelope. « Si elle nous avait simplement espionnés, elle aurait plutôt été choquée et serait allée prévenir tout le monde qu’il y avait une tueuse à bord du bateau. Puisqu’elle est entrée quand même, c’est qu’elle le savait déjà. »

Eh bien, une autre piste venait d’apparaître ! Une chose était sûre, ce n’étaient pas les suspects qui manquaient dans cette affaire…

« Et ce n’est pas la seule fois où elle a menti », ajouta Lopy.

« Ça, c’est vrai ! Par exemple, elle nous avait dit qu’elle était déjà venue à l’île. Mais si c’était le cas, elle ne m’aurait pas menacé d’appeler la police en me voyant t’attaquer.

-Elle aurait su qu’ici, la police est très inactive.

-Exactement ! Le fait qu’elle ne le sache pas prouve que c’est la première fois qu’elle met les pieds ici. »

Luke était si fier d’avoir pu faire une déduction digne de l’apprenti du professeur Layton.

« Et ce n’est pas tout », enchérit Lopy. « Elle a dit qu’elle était venue me remercier après avoir retrouvé Lily, sa nièce. Mais justement, elle était où, Lily, lorsque Mildred est venue ? Elle était si affolée d’avoir perdu sa nièce, et pourtant elle la laisse seule pour qu’elle se perde à nouveau et va remercier la personne qui l’a aidée à la chercher !

-Ça veut dire que Lily n’existait probablement pas ! » S’exclama Luke.

Décidément, Mildred Brice n’était pas une menteuse très habile. Ou alors, elle n’avait simplement pas besoin de l’être. Il lui fallait en fait juste gagner un peu de temps pour voler le journal intime.

Et Luke et Penelope venaient de comprendre, un peu trop tard, son manège. Elle était venue voir Penelope, inventant l’histoire de la nièce perdue pour la faire sortir de sa chambre et l’éloigner. Ensuite, elle irait s’infiltrer discrètement pour voler le livre tandis que Penelope chercherait Lily. Sauf qu’il y a eu un imprévu. Penelope a vu Luke qui montait à bord du bateau et a eu peur qu’il aille dans sa chambre et découvre l’arme. Elle arrêta donc de chercher pour revenir vite dans sa cabine avant que Mildred ne puisse s’y rendre. Le plan n’avait pas fonctionné.

Alors la femme a décidé de changer d’approche. Elle est allée voir Lopy, soit disons pour la remercier. Et, voyant ses blessures, s’est approchée du bureau pour chercher la prétendue trousse de secours. Elle a vite glissé le livre dans son sac alors que Luke et Penelope étaient encore distraits par leur dernier accrochage. Et puis ensuite elle a feint l’ignorance et s’est éclipsée en douce.

Ils avaient tout compris. C’était évident. Sauf qu’il était un peu trop tard.

« Cette femme est si… »

Ils n’étaient que des enfants. Ils ne pouvaient rien faire contre une voleuse, et peut-être même une meurtrière.

« Penelope, calmes-toi un peu. Nous devons trouver un plan. 

-C’est facile à dire ! 

-Réfléchis un peu. Pourquoi voudrait-elle voler ce livre ? »

Penelope trouvait la réponse évidente.

« Parce qu’elle savait que je voulais tuer Layton, elle a voulu enquêter sur moi.

-D’accord. Mais dans quel intérêt ? »

Penelope ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Elle n’en savait rien !

« Tu vois. La chose est moins simple que ç’en a l’air. »

Penelope soupira encore.

« Je te trouve moins stupide que d’habitude, aujourd’hui. »

Luke avait l’air très sérieux.

« C’est normal. Désormais, je ne peux plus compter que sur moi-même. »

Penelope revint s’assoir sur son lit, ne prenant même pas la peine d’entendre la réponse de Luke. Elle était encore sous le choc. Le livre de son grand-père… peu importe pourquoi il avait été volé, il fallait qu’elle le retrouve !

« Nous n’avons plus qu’une seule chose à faire. Nous devons enquêter sur la mort du professeur et ainsi arriver jusqu’à cette Mildred Brice et comprendre son rôle dans cette histoire. Alors, tu veux participer ? »

Penelope leva doucement la tête. Elle était fatiguée, si fatiguée par cette histoire.

« Ce n’est pas comme si j’avais le choix. »

Luke se rappela alors d’un détail très important.

« Tu sais pourquoi je suis venu ici si subitement ?

-Pourquoi ?

-À cause du journal. Le journal que le professeur t’a demandé de garder. Tu te rappelles ? »

Penelope prit un instant pour s’en souvenir.

« Ah, ça ! Pourquoi, c’est important ?

-Tu plaisantes ? Le professeur a insisté pour que tu le gardes. Il contient surement un indice crucial ! Je crois même que c’est pour ça que le professeur a été tué ! Parce qu’il a lu quelque chose de révélateur dans ce journal. Et j’ai même pensé que tu étais la prochaine victime, puisque tu l’as lu aussi. »

Penelope lui lança un regard lourd.

« Si je n’étais pas énervée, j’aurais éclaté de rire.

-Hein ? Pou… pourquoi ? »

Elle se leva et avança vers lui.

« C’est un journal, Luke, un journal ! Tu sais ce que ça veut dire ? Il y a des milliers de personnes qui l’ont lu à l’heure qu’il est. Si l’assassin devait tuer tous ceux qui l’ont lu, disons que ça ne sera pas très facile… »

Il n’y avait pas pensé.

« Enfin bref, je retire ce que j’ai dit. Tu es aussi stupide que d’habitude ! »

Luke se sentit vraiment offensé. Pourquoi devait-elle l’insulter même à des moments aussi délicats ?

« Pff… de toute façon, ce journal est important. Sinon, le professeur ne lui aurait pas donné autant d’importance.

-Maintenant que tu le dis, je me rappelle que la première fois que je le lui ai montré, à bord du bateau, il semblait très intrigué par le contenu…

-C’est un article sur l’affaire de Folsense, c’est ça ?

-Oui. Mais, franchement, je ne vois pas ce qu’il y a de si intéressant dans cet article. Il est vraiment banal. »

Luke décida qu’il était grand temps d’agir de façon pragmatique.

« Prenons ce journal et allons chez Clive. Nous avons tant de choses à lui raconter à lui et à Flora.

-Allons-y », répondit Penelope en prenant son sac.

~~~~~~~~~~~~~~~

C’était l’après-midi du jour de l’enterrement du professeur Layton. Luke et Penelope d’un côté, Flora et Clive de l’autre, allaient se retrouver pour parler des dernières nouveautés de l’affaire, et décider des prochaines étapes à suivre.

Ce qu’ils ignoraient, c’était que les choses venaient juste de commencer, et que bientôt, elles allaient commencer à se compliquer. Doucement, doucement, jusqu’à ce que ce soit vraiment le festival de l’anarchie.

La première affaire sans le professeur n’allait être une enquête facile pour apprendre à ses amis tout en douceur. La difficulté allait leur tomber dessus d’un coup, ne leur laissant pas le temps de s’habituer. Il fallait agir. Juste agir.

Clive et Flora pensaient à Axerik. Luke et Penelope à Mildred Brice. Chacun avait un suspect et des indices. Chacun avait une piste.

Luke se posait une question. Ce petit accrochage avec Penelope, cette histoire qu’elle venait de lui raconter, avait-il juste perdu son temps ? Puisqu’elle n’était pas coupable, cet entretien avait-il servi à quelque chose ?

Il avait l’impression que non. Mais une chose était certaine cependant.

Il avait la certitude que Penelope lui cachait encore quelque chose. Le professeur aurait surement deviné de quoi il s’agissait, mais Luke, lui, n’y arrivait pas.

 

Dans cette histoire, il y avait une personne. Une personne qui était la clé de tout. Bientôt, ils allaient la rencontrer et elle allait bouleverser tous leurs plans. Une personne dont personne n’ignorait l’importance, mais qui était encore plus importante que tout ce que tout le monde croyait.

La Princesse d’Axerik.

Bientôt, elle allait leur révéler une vérité très difficile.

« Puissiez-vous être heureux et… tâchez de ne pas répéter ses erreurs. »

Laisser un commentaire ?