La Princesse d'Axerik

Chapitre 24 : Allumez la lumière !

4797 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:09

« Lorsque les Aslantes se mêlent de l’histoire, ce n’est jamais bon signe. »

Luke posa la feuille devant lui. Il ferma les yeux et respira un fond.

Si cette feuille n’avait pas été une page du journal du professeur, il l’aurait sans doute froissée et jeté très violemment par terre. C’était simple : il ne voulait plus entendre parler de cette histoire.

C’était trop. D’abord, une île mystérieuse fondée par un savant qui posséderait la pierre philosophale, puis une Princesse qui fait des miracles et qui pose une énigme insoluble. S’ensuivit un meurtre, et pas des moindres, celui du professeur ! Une enquête avortée dès son début, une menace, un homme revenu de cinq mille ans dans le passé pour les tuer, une décision bizarre de la Princesse qui décide de les aider à la dernière minute. Une femme étrange qui déchire les pages du journal du professeur et qui vole le livre de Penelope mais qui veut tout de même les aider. Une demoiselle de compagnie bizarre qui lance un indice aussi ambigu. Penelope qui avoue avoir essayé de tuer le professeur. Claire qui réapparaît au moment où personne ne s’y attendait. Flora qui a écouté la discussion très singulière entre le professeur et la Princesse. Janice qui tient inexplicablement le rôle de Fiona. La suite de la légende. Le défi venu si soudainement arrivé. L’état de la Princesse. Le mystère indéchiffrable d’Axerik.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, il fallait que les Aslantes entrent en jeu aussi !

Luke haïssait cet endroit. Il lui faisait comprendre à quel point il était impuissant sans le professeur. Il voulait partir, revenir chez lui et redevenir un enfant. Il voulait que ses parents le protègent. Il voulait aller à l’école, jouer, lire des livres d’images. Il voulait que son plus grave souci soit son devoir qu’il doit remettre le lendemain et qu’il n’a pas encore fait.

Il voulait avoir la vie normale d’un enfant. Il ne voulait plus résoudre d’énigme, enquêter sur un meurtre, vivre ce choc profond à chaque nouvelle. Tout ceci était bien amusant lorsque le professeur était encore là, mais désormais, c’était tout à fait insupportable.

Lâchant un soupir, il serra les deux poings contre ses genoux et baissa la tête. Pourquoi Mildred leur avait-elle donné cette feuille ? Ce n’était pas comme si elle servirait à quelque chose. Ce n’était pas comme s’il allait parvenir à résoudre en une nuit un mystère dans lequel il avait carrément vécu durant une semaine. Ce n’est pas comme si cette feuille était l’indice crucial qui lui manquait pour reconstituer le puzzle.

Penelope n’était pas restée avec lui. Elle n’avait même pas cherché à discuter avec lui une théorie sur l’étrange comportement de Mildred. Elle lui avait donné la feuille et s’était retirée très rapidement. Mais ça, Luke pouvait le comprendre.

L’histoire de Claire n’arrivait pas au bon moment. Elle n’avait pas vraiment de rapport avec l’histoire d’Axerik, mais elle les avait tous plongés dans un état affreux. Encore pire que si elle n’était pas apparue si soudainement pour disparaitre quelques heures après. Et Penelope était celle que cette disparition affectait le plus.

Luke regarda cette feuille qui était devant lui. Si seulement, au lieu de ça, il avait eu le droit de parler une dernière fois au professeur !

Professeur, que dois-je faire ?

Luke glissa la main sous son oreiller. Il avait rangé le journal du professeur là lorsqu’on avait frappé à sa porte. Cette feuille étant une page du journal, n’était-il pas logique qu’elle aille rejoindre ses semblables ?

Au moment où Luke la glissait parmi les autres pages, un petit détail le frappa.

Pourquoi Mildred ne leur donnait elle que cette feuille ?

Plusieurs pages avaient été arrachées, les traces de papier déchiré le prouvaient. Et puis le début de cette page n’allait pas avec la fin de la seule page qu’ils possédaient. Cela voulait donc dire qu’il y en avait d’autres. D’autres qui étaient sans doute encore chez Mildred. Alors quitte à leur en donner une, pourquoi ne pas les donner toutes ?

C’était peut-être un piège.

Luke regarda à nouveau la feuille. Déjà, c’était bien l’écriture du professeur ; ce n’était donc pas un document falsifié. Mais mettre quelque chose hors contexte, c’était aussi une sorte de falsification, non ?

Luke se demandait si elle n’avait pas fait ça dans le but de les embrouiller. Mais pourquoi ? N’étaient-ils pas déjà assez confus comme ça ? Que chercher de plus ?

Luke en avait assez de cette histoire. Il ne voulait plus entendre le mot « Axerik » ni enquêter sur quoi que ce soit, et pourtant, il se retrouvait à décortiquer le comportement de Mildred Brice à la recherche d’indices !

Lorsqu’il se rendit compte de ce qu’il faisait, il glissa rapidement la feuille dans le journal et ferma celui-ci. Il n’allait pas chercher à comprendre davantage ; il savait qu’il allait échouer.

Il commençait à avoir des doutes concernant Mildred. Déjà, il commençait à croire qu’elle n’était pas forcément leur ennemie. Peut-être qu’elle était même leur alliée. Sinon, pourquoi cette feuille ? Et puis, cette voix, elle lui disait vraiment quelque chose, sans parler de son apparence qui, bien que déguisée, ne lui était pas si étrangère que ça. Il était presque certain de sa véritable identité, à présent. Pire, il était quasiment certain qu’elle ne faisait pas vraiment d’efforts pour le cacher.

Et c’était ça qui l’intriguait le plus. Car malgré tout, Mildred restait la seule et unique personne dans toute cette aventure dont il n’avait même pas une théorie concernant son rôle dans l’histoire.

Ennemie ? Alliée ? Entre les deux ? Témoin passif ?

Et voilà ! Il était encore en train d’y penser.

Luke rangea le journal dans la valise du professeur, et s’allongea sur son lit. Il allait essayer de dormir, même s’il était sûr qu’il n’y arriverait pas.

L’évocation des Aslantes lui avait rappelé un souvenir. Gaïa. Cette fille avec qui ils avaient vécu toute une aventure, avec qui ils avaient fait le tour du monde, n’était en fait qu’un golem fabriqué par les Aslantes. Oui, ce peuple avait une telle technologie qu’il pouvait créer cette sorte d’espèce qui ressemble tant à un véritable être vivant.

L’héritage des Aslantes avait deux façades. Une dangereuse, l’autre très utile. Ce jour-là, ils avaient arrêté la première et refusé de recevoir la seconde. Qu’était devenu l’héritage des Aslantes, après cela ? Il avait été perdu à jamais.

Sauf que là, il apparaissait à nouveau. Enfin, pas forcément l’héritage. Le professeur avait parlé des Aslantes eux-même. Mais comme les Aslantes étaient un peuple disparu, alors il s’agissait forcément de leur héritage.

Luke se retourna sur le côté gauche.

Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à combattre l’envie d’y penser ?

Le professeur savait que les Aslantes étaient mêlés à l’histoire, pourtant, il ne leur avait rien dit. Pourquoi ?

Les yeux de Luke s’écarquillèrent face une révélation qu’il eut soudainement.

Et si le professeur avait été tué pour cette raison ?

Et si le mystère d’Axerik avait une relation quelconque avec ce peuple. Après tout, celui-ci datait de cinq mille ans ; c’était possible.

Et dans ce cas-là, il aurait pu résoudre le mystère d’Axerik en commençant du fait que les Aslantes étaient liés à tout ça. Ceci lui donnait une certaine longueur d’avance sur eux qui ne le savaient pas.

Mais Luke abandonna cette théorie aussitôt qu’elle fut formulée. Comment le professeur aurait-il pu être au courant de la liaison d’Axerik avec les Aslantes ?

Arrête, Luke, arrête ! Tu vas te rendre fou sans aboutir à rien.

 

Cette nuit-là, Luke ne put dormir qu’à moitié. Chaque fois qu’il fermait les yeux, des flashbacks, des mots, des images qu’il avait vues dans cette aventure lui repassaient par la tête. Et même des images d’aventures passées.

Et tandis qu’une partie de son esprit fatigué ne cherchait que du repos, l’autre moitié n’arrêtait pas de se poser des questions, de réfléchir, de décortiquer, et de chercher une réponse à tout prix.

« Les habitants d'ici adorent les légendes et les histoires fantastiques, des plus étranges aux plus surnaturelles. Parmi toutes, c'est sans doute la légende concernant la fondation de l'île qui est la plus répandue. Bien sûr, je n'y ai jamais vraiment cru, jusqu'à ce que des événements viennent troubler mon incrédulité. »

« Et puis moi, quand même je voudrais me venger, je ne serais pas assez idiote pour punir des gens qui n'ont rien à voir avec l'histoire et laisser les principaux coupables. »

« Si nous avions raté le bateau d'aujourd'hui, il nous aurait fallu des mois pour en trouver un autre. »

Luke se tourna encore. Ces souvenirs dataient du jour de leur départ. Pourquoi revenir maintenant ?

« Eh bien, Luke, je n'ai appris son existence qu'en lisant cette lettre. »

« Eh bien, vous ne trouvez pas que c'est une très belle coïncidence, que la lettre nous soit parvenue exactement le jour où un bateau quittait Londres pour Axerik ? Si elle était arrivée seulement cet après-midi, il aurait fallu attendre plusieurs mois pour nous y rendre. »

 « Vous savez, j’ignorais complètement que vous alliez venir. J’ai juste par hasard croisé un voyageur qui m’a dit qu’un bateau venant de Londres venait d’arriver. »

Il devait être une heure du matin, peut-être plus. Luke ne pouvait plus rien faire, et pourtant, les images s’enchainaient. Tous ces moments où quelque chose l’avait dérangé, quelque chose qu’il avait vite choisi d’oublier, mais son subconscient le gardait soigneusement, et il était en train de l’exposer à nouveau.

Dans sa tête, il revoyait le moment de leur arrivée sur l’île. Le moment où ils ont été séparés du professeur. Le journal qu’il rendait à Penelope. Le meurtre. Le corps du professeur sur le sol du couloir, enveloppé d’une mare de sang.

« Il a été tué. »

« « Je trouverai l’assassin du professeur», « Je ne veux plus être une fille faible », « je ferai de mon mieux pour vous aider malgré ma situation ». Vous vous croyez dans un jeu ou quoi ? »

Penelope tenant son arme, la pointant sur lui. La terreur qu’il avait vécue ce jour-là.

« Parce que je suis fatiguée… et puis ça m’est égal. Que je sois la coupable ou pas… je ne m’en soucie plus… »

L’image de la même personne lui montrant ce qui s’était vraiment passé. Pointant le pistolet vers le vide, le gardant en l’air pendant un moment, puis le baissant lentement avec un air de surprise sur le visage.

« Tu n’as pas eu le courage de le tuer ?

-Oui… c’est ça… en fait, non. Ce n’est pas ça du tout… si je n’ai rien fait, c’est à cause de Flora. »

 

« Arrêtez ! » Murmura le jeune garçon en s’enfonçant sous la couverture. « Cette histoire est finie. Je ne veux plus de souvenirs ! Laissez-moi ! »

Mais ça ne s’arrêtait pas.

 

La rencontre avec Fiona. Le choc qu’il a ressenti en voyant Janice. Ses mots…

Le défi. L’échec. L’apparition de Claire…

« Tu ne sais pas tout ce qu’une mère serait capable de faire pour son enfant »

 « Le professeur a vu une chose que vous n’avez pas vue. »

 « Je ne sais pas exactement quelle sera l’issue de tout cela, mais je suis certain d’une chose : lorsque les Aslantes se mêlent de l’histoire, ce n’est jamais bon signe. »

Il suait. Et il essayait d’extraire sa tête de sous la couverture. Il voulait respirer.

« Je dédie cet opéra à la mémoire de ma fille Mélina. »

« C’est très généreux, mais nous n’avons pas besoin de cet héritage. »

« Notre folie et notre arrogance nous avaient ainsi poussés à créer une toute nouvelle race. »

 

Un peuple déchu. Une nouvelle race. Un héritage très puissant.

Une personne qui découvre cet héritage…

Une personne qui serait liée d’une certaine manière à la fois à Janice… et aux Aslantes.

Un savant fou. Une légende. Une Princesse.

Pourquoi Janice obéissait-elle ?

« Partez ! »

« Il a tout prévu, et c’est en train d’arriver. »

Luke avait chaud. Si chaud. Avait-il une fièvre ? Pourquoi avait-il autant de mal à respirer ?

« -Vraiment ? Eh bien, professeur, j’imagine que vous avez déjà deviné une bonne partie de la vérité.

-Je pense que… »

« … Vous disiez, professeur ?

-Je pense que… j’ai tout compris. »

Sa tête lui faisait mal. Il creusait, creusait. Il réfléchissait alors qu’il voulait dormir. Il se rappelait alors qu’il voulait oublier. Il se surmenait.

« Professeur, que dois-je faire ? » Répéta-t-il, cette fois-ci à voix haute.

Cette fois-ci, la réponse lui arriva sous forme d’une autre vision. Un autre flashback. Une phrase que son mentor répétait beaucoup. Cette phrase… elle devait être la phrase préférée du professeur, et pourtant, depuis la mort de ce dernier, Luke n’y avait pas pensé ne serait-ce qu’une fois.

 

« Toute énigme a une solution. »

 

La douleur disparut. Et Luke comprit une chose. Lorsque le professeur disait que toute énigme avait une solution, il ne mettait aucune exception. L’affaire actuelle était une énigme. Alors elle avait –elle devait avoir- une solution.

Peu importe si c’est difficile. Peu importe si notre vie est menacée. Peu importe si on perd des personnes proches. Cette vérité ne changera pas.

Toute énigme a une solution.

Et même si l’ennemi était Axerik. Et même si les Aslantes s’en mêlaient. Et même si on nous cachait des choses. Et même si on a peur. Et même si la fin approche.

Cette énigme a une solution.

 

À cet instant, Luke l’ignorait, mais il venait, et pour la première fois depuis le début de l’histoire, de réunir les deux éléments dont il avait besoin pour résoudre ce mystère. Il avait tous les indices nécessaires, et surtout, il avait ouvert son esprit à la possibilité, aussi faible soit-elle, que peut-être, peut-être, il pouvait trouver une réponse.

Il ne lui manquait plus rien du tout.

Et à cet instant… la magie s’opéra et Luke sursauta d’un coup, poussant sa couverture et se levant d’un bond.

Il avait tout compris.

Non. Il n’avait pas tout déduit en deux secondes. Il était encore loin de ce niveau. En fait, c’étaient ces petites pièces, ces petites théories qu’il avait passé une semaine à construire, tous ses sentiments, des plus agréables aux plus affreux, toutes ses petites choses qu’il avait rassemblées peu à peu, et qui s’éclaircissaient enfin dans son esprit.

 C’était comme s’il se trouvait dans une chambre où un objet se construit lentement, mais où la lumière était éteinte. Une fois la fabrication terminée, il n’y voyait toujours rien. Jusqu’à ce que, par un geste simple, quelqu’un allume la lumière.

Il lui aura fallu juste y croire.

Luke avait tout compris, tel un déclic qui arrive au moment le plus inattendu. Il se disait sans cesse qu’il n’était pas aussi intelligent que le professeur, mais il venait de se rendre compte d’une chose.

Ce n’était pas une question d’intelligence, mais de perspicacité, et surtout d’imagination.

Le voilà. Il avait non seulement compris comment s’était passé le meurtre, mais avait carrément résolu le mystère d’Axerik. C’était si facile, tout s’emboîtait parfaitement. Mais ils s’étaient si obstinés à voir l’affaire toujours sous le même angle qu’ils n’avaient rien remarqué.

Il était surpris. Ce n’était pas juste une théorie basée sur une supposition. Non, il avait ses preuves. Il était certain que c’était ainsi. Il ressentait la même chose que Flora lorsqu’elle a révélé le secret de Penelope.

La vérité était folle et insensée. Mais c’était la vérité.

Luke resta bouche bée pendant un moment, essayant de trouver une faille dans son raisonnement. Il n’y en avait aucune.

 

Luke Triton allait prouver aux autres et se prouver à lui-même qu’il pouvait prendre la relève du professeur. Pour la première fois de sa vie, il avait tout compris lui-même, sans que personne ne lui explique quoi que ce soit.

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Le jour n’était pas encore levé. Mildred dormait profondément dans sa cabine lorsqu’elle fut réveillée par des coups très brusques à la porte. Se levant doucement, elle passa une main dans ses cheveux en bataille et alla ouvrir la porte.

« Bonjour, Luke », dit-elle d’une voix mi-endormie.

Luke la regarda très calmement.

« Tu n’es même pas surpris de la grande révélation ? » S’offusqua-t-elle en remarquant qu’il n’était pas surpris de la voir sans son déguisement.

« Je savais que c’était vous. Vous n’êtes pas très douée pour le déguisement, Emmy.»

La jeune femme sourit et secoua la tête.

« Je n’ai jamais cherché à cacher quoi que ce soit !

-Comme si j’allais vous croire ! »

Elle lâcha un soupir.

« Tu n’as pas changé d’une miette, monsieur le second assistant ! » 

-Je ne suis pas ! Laissez tomber, il n’y a plus d’assistant ni d’apprenti, désormais. »

Le professeur était mort, après tout.

Emmy haussa un sourcil.

« Alors comme ça, tu aurais percé mon mystère ? » Dit-elle sur un ton de défi.

« Emmy, j’ai vraiment besoin de votre aide. »

Oui. S’il était venu la voir, ce n’était pas pour lui poser des questions ou pour lui demander des explications. Il voulait juste…

« Je crois que j’ai tout compris, mais je sais que je peux me tromper, alors je veux que vous me confirmiez que j’ai raison. »

L’ancienne assistante du professeur garda le silence un moment.

« Qui te dit que moi, je sais tout ? 

-Vous savez forcément tout ce qui se passe. Non seulement le professeur vous a révélé toutes ses idées, mais en plus, vous avez vous-même mené votre enquête ! »

Les yeux d’Emmy s’écarquillèrent.

« Vous êtes l’alliée du professeur depuis le début. Il comptait plus sur vous que sur moi, sur Flora ou Penelope. »

Elle sourit.

« Je vois que tu as déjà découvert beaucoup de choses… »

Puis, s’écartant du seuil de la porte, elle lui demanda d’entrer et de lui raconter toutes les conclusions auxquelles il était arrivé.

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« Et voilà comment ça c’est passé », déclara Luke en mettant fin à son récit.

Emmy l’observa pendant un instant.

« Franchement », finit-elle par dire. « Je suis vraiment bluffée. »

Luke la regarda d’un air interrogateur.

« Tu as plus grandi en une semaine que durant toute la période que je t’ai connu !

-C’est un compliment, ça ? »

Emmy haussa les épaules.

« Ça dépend. Cependant, ça se voit que tu as dû porter une lourde responsabilité à toi seul durant cette période. C’est généralement dans les moments difficiles qu’on devient plus fort. »

Un sourire taquin vint rejoindre son visage.

« Mais pas aussi fort que moi ! J’ai tout compris bien avant toi ! 

-Eh ! Mais ça ne compte pas ! Vous aviez l’aide du professeur ! »

Emmy se mit à rire. Même s’il avait grandi, Luke restait un enfant et ça l’amusait tant de le taquiner comme ça.

« Alors », dit-elle en reprenant un air sérieux. « Quelle est la prochaine étape ? 

-Il faut révéler la vérité à tout le monde. »

Luke semblait un peu nerveux. Trouver la vérité était une chose, la révéler devant tout le monde tout en gardant son calme et sa confiance en soi en était une autre.

« Euh… vous voudriez bien vous en occupez ?

-C’est hors de question !

-Pourquoi ? »

Emmy croisa les bras.

« C’est toi qui l’as trouvée, c’est à toi de la révéler.

-Mais, Emmy, vous aussi vous connaissiez la vérité.

-Oui. Mais moi, je n’avais aucunement l’intention de la divulguer. Ce n’est pas mon rôle. »

Luke soupira.

« Allez ! » L’encouragea la jeune femme. « Je sais que tu as passé des heures au bureau du professeur à pointer des objets du doigt et à hurler : « c’est vous ! » Tu peux bien le faire avec une vraie personne pour une fois ? »

Luke fut choqué et un peu gêné. Comment elle savait ça ?

« Alors ?

-Bon. J’essaierai. »

Et, se calmant un peu, il ajouta.

« Il est grand temps que tout le monde sache qui est le véritable coupable derrière ce qui s’est passé. »

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