Super Mario Bros Collection

Chapitre 8 : Journée compétitive - Partie 2

13543 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/09/2023 13:44

Et voici la seconde partie, tout aussi longue que la première mais plus forte en intensité.

La prochaine histoire sera beaucoup plus courte afin de rééquilibrer un peu. Je fais en sorte de varier mes histoires pour faire plaisir à tout le monde avec des sujets, des tailles et des registres différents.

Merci à ceux qui prendront le temps de lire mon travail.

Journée compétitive - Partie 2

Le lendemain matin, Solfège et Bowser Junior rejoignirent un immense hangar non loin de la porte Ouest du royaume. L’odeur forte de cambouis était la toute première chose qui les interpella alors qu’ils avançaient prudemment dans cet imposant hall où des caisses débordantes de pièces détachées étaient entreposées. Des plateformes faisant le tour de l’entrepôt géant permettaient aux singes mécaniciens de se déplacer sans contrainte et sans déranger la piste se remplissant au fur et à mesure du temps. Chacun était à son poste. La circulation se faisait grâce à des singes signaleurs qui utilisaient des sticks colorés pour guider les karts déjà prêts à se ranger sur le départ. Un casque sur leurs oreilles pour se préserver du raffut produit par tous ces moteurs dans un lieu mal insonorisé tel que celui-ci.

Des véhicules en cours de construction étaient suspendus au-dessus de leurs têtes par des câbles tirés par de grandes grues jaunes qui les déplaçaient d’un stand à l’autre de chaque côté du hangar. La conception se faisait sur des tableaux de bords interactifs des plus originaux puis des singes s’occupaient de chercher les pièces dans les caisses pour les apporter aux soudeurs qui se chargeaient de reproduire à l’identique les modèles soigneusement choisis. Et vint en dernier la couleuse réalisée au pistolet à peinture dans une zone à part pour éviter les inhalations toxiques de produits.

Tout un cheminement parfaitement réalisé dans un ordre précis qui laissa Solfège littéralement bouche-bée, fascinée par cette coordination sans égal qu’elle n’avait vu nulle part ailleurs. Tout était millimétré, orchestré pour ne perdre aucune précieuse seconde sur le planning chargé. Les karts et les motos défilaient devant eux pour attendre sur cette large piste le coup d’envoi tant attendu par les nombreux concurrents. Absorbée par son environnement, Solfège sursauta en arrière lorsqu’un singe passa devant elle d’une rapide excuse avec les bras chargés de pneus neufs qu’il emmena vers une alcôve où attendait son coéquipier. Apparemment nerveux car il regardait sans arrêt sa montre au poignet. Les mécaniciens grouillaient de partout, s’afféraient à leurs tâches respectives et le brouhaha produit par toutes ces voix réunies donnait presque le tournis ! C’était vivant, c’était surtout impressionnant. Elle ne savait même plus quelle direction prendre jusqu’à ce qu’elle ne se rende compte qu’il manquait quelqu’un à côté d’elle.

«Junior ?» Appela Solfège d’une touche d’angoisse à l’absence de la petite tortue. Il était pourtant là il y a à peine une seconde ! Comment avait-il pu disparaître de son champ de vision aussi vite ?

La réalisation qu’il n’était effectivement plus avec elle entraina son cœur à courir à une vitesse folle tandis que son regard inquiet scrutait chaque singe à la recherche du prince Koopa volatilisé. Pour se rendre compte qu’il n’était finalement qu’à quelques mètres d’elle en train de taper la discussion avec un mécanicien … Assis sur un pneu, le grand singe tournait sa clef pour resserrer des boulons sur une carcasse de kart pendant que Junior secouait une feuille dans les airs. Feuille qu’elle reconnue comme étant le croquis qu’ils avaient choisi pour être celui qu’ils utiliseraient pour modèle. Dans les grandes lignes. Posant les mains à ses hanches avec la tête penchée, Solfège leva un sourcil au Koopa qui réclamait l’attention du singe en insistant sur le fait qu’il voulait un kart exactement pareil. Plus précisément avec des réacteurs, un lance-bombe, des ailes de planeur, une tête de Bowser à l’avant, un lance-flamme et une herse portative … Rien que ça.

Solfège regarda le plafond haut d’une secousse ironique de sa tête. Il ne manquait pas de culot celui-là ! Une chose était sûre, il n’avait pas froid aux yeux car personne n’intimidait le petit bonhomme téméraire. Pas même les créatures plus grandes et plus imposantes que lui. Déplaçant une mèche de ses cheveux rouges derrière son oreille, la jeune femme tapota son autre main sur son vêtement pour y retirer la poussière invisible avant de prendre un pas décisif pour chercher la petite tornade du nom de Junior. Plus tôt ce matin-là, elle avait abandonné sa robe et sa couronne contre une combinaison orange et noire spécialement conçue pour l’évènement. Quelque chose qu’elle n’avait encore jamais porté de sa vie, mais qui était plutôt confortable elle devait bien le reconnaître. Ça lui changeait la vie !

«Je veux ce kart, pas un autre ! Il doit exactement être de cette forme avec les mêmes options de customisation. Je veux celui-là ! Non négociable. Et je le veux tout de suite ! Sinon-» Sur le point d’exprimer sa menace en incluant son père, Bowser Junior fût brusquement coupé par le mécanicien.

«Sinon quoi ?» S’exaspéra ce dernier en abandonnant sa tâche pour fusiller du regard le petit insolent qui le dérangeait en plein travail, pour un kart impossible à réaliser en plus ! Adoptant une posture plus intimidante, le singe plissa les yeux d’avertissement quand le Koopa avec son bandana leva le doigt pour reprendre la parole. Sauf qu’il fût interrompu.

In extremis.

«Junior ! Ne t’éloigne pas comme ça !» Accourut Solfège en l’attrapant par les épaules pour l’écarter du singe irrité. Toujours secouée par sa courte frayeur, la jeune femme examina la tortue pour être sûre qu’il n’avait rien. Même si ce n’était qu’une question de secondes d’inadvertance.

«C’est bon, je vais bien ...» Rechigna Junior d’une petite voix, le menton bas et les épaules affaissées de déception. Son croquis touchait le sol alors qu’il jouait avec son pied qu’il trouvait beaucoup plus intéressant tout à coup. Il n’aimait pas qu’on lui dise non ! Il détestait ça … Pourtant ce singe l’avait fait et sans aucune retenue ! Faisant la moue, il sentit tout à coup les doigts de sa mama sous son menton pour l’obliger à lever la tête puis à la regarder. Un sourire affectueux était dessiné à son doux visage.

«On l’aura notre kart, ne t’en fait pas. Mais il faut que tu comprennes que dans une course comme celle-là, il y a des règles, et on ne peut pas faire comme on veut. Certains accessoires ne pourront pas être fusionnés à notre véhicule, parce qu’ils … Sont dangereux. Inadaptés.» Hésita l’humaine qui cherchait ses mots. Agenouillée devant la tortue à la mine tombante, elle tenta de capter son regard fuyant ; «mais je suis sûre que nous aurons le meilleur kart malgré tout. J’ai confiance en toi pour nous faire quelque chose d’extraordinaire sans tous ces artifices.»

«On pourra au moins mettre un réacteur ?» Demanda soudainement Junior, ses petits yeux noirs brillant dans l’espoir qu’elle accepte. Serrant son croquis froissé contre sa poitrine, son museau s’étira dans un sourire excité lorsqu’elle commença à réfléchir à sa proposition en regardant en l’air d’un doigt à ses lèvres, sachant que cette expression voulait généralement dire oui.

«Mhm, et si nous allions voir ce qui est possible de faire ? Je crois bien que c’est à notre tour.» Indiqua Solfège en tournant le Koopa démoralisé vers les bornes qui servaient de conception de véhicules. L’une d’entre elles étant désormais disponible après qu’un singe participant valida sa commande.

Fonctionnant un peu comme les bornes d’un casino, trois fenêtres affichaient les parties ouvertes à la customisation. À gauche les parachutes et planeurs, au milieu la carrosserie puis à droite les roues. Les deux firent tourner les trois mécanismes accompagnés d’une mélodie amusante jusqu’à trouver le parfait équilibre entre la vitesse, l’accélération et la tenue de route. Faire en sorte que Junior soit satisfait n’était pas une mince affaire … Loin de là. Entre ses canons, ses pics et ses réacteurs, il était difficile de le convaincre de prendre ce qui était disponible pour cette course. Ils trouvèrent des compromis puis après avoir enfoncé le bouton pour valider leur customisation, ils observèrent le singe se trouvant aux manettes s’activer pour créer leur véhicule. Ils étaient tellement impatients de voir leur quad fini ! Sautillant à toutes ces pièces qui se rejoignaient pour former la carcasse, leurs yeux pétillèrent de bonheur lorsque le revêtement fut appliqué sur toute la partie centrale du quad. Orange, noir et vert, un rappel de leur couleur avec un tout nouveau logo représentant le visage de Junior avec sa houppette.

«Mortel !» S’extasia ce dernier d’un petit rire dément. Gloussant à ce rire atypique, Solfège entendit soudainement quelqu’un l’appeler dans son dos.

«Solfège !» S’écria cette voix qu’elle connaissait bien. 

«Princesse Peach ! Vous ici ?» Répondit-elle aussitôt quand elle se retourna vers l’humaine aux cheveux blonds et grands yeux bleus qui la saluait au loin. Déjà vêtue de sa combinaison de moto blanche et rose, elle avait attaché ses cheveux en arrière pour libérer son joli visage. Les deux jeunes femmes se rejoignirent rapidement au centre du hangar pour se prendre dans les bras dans une chaleureuse accolade. Peach profita de ce câlin pour aussi attacher les cheveux de la rousse dans une queue de cheval afin de libérer son visage pour une meilleure visibilité. D’une main à son épaule, elle exprima sa gratitude.

«Je suis si heureuse que tu sois l’une de mes concurrentes ! J’ai fait tout le voyage jusqu’au Royaume de la Jungle en me demandant avec qui je disputerai cette course et voilà que je te croise en train de faire ton propre véhicule ! Si ce n’est pas un coup du destin. C’est formidable !» S’enchanta la princesse tout en frappant dans ses mains gantées à la joie qui la consumait de voir Solfège parmi les participants.

«Plaisir partagé ! Je suis sûre que nous allons passer un incroyable moment.» Acquiesça l’humaine aux cheveux rouge d’un sourire qui ne cessait de grandir pour imiter celui de Peach.

«Mama et moi, on est là pour gagner ! Le reste, on s’en moque.» Bowser Jr fit soudainement connaître sa présence, le pouce pointé sur son torse d’une expression redoutable. La blonde se mit à rire.

«Toujours aussi vaillant à ce que je vois.» Remarqua-t-elle avec humour en posant sa main à sa hanche d’un regard admiratif au petit Koopa ne se laissant pas intimider malgré la difficulté de l’épreuve qui les attendait tous. Il n’avait pas peur, c’était certain ! Cette volonté de gagner était admirable. Sa mama et lui s’échangèrent un regard complice avant qu’une nouvelle voix criarde ne s’exprime joyeusement aux côtés de Mario et de Luigi.

«Solfège, eh oh ! Par ici !» Toad secoua vigoureusement sa main en l’air tandis que les frères moustachus se contentèrent de sourire aux deux jeunes femmes. Courant comme un dératé jusqu’à elles, le champignon parlant lâcha son sac dans un gros bruit sourd pour se mettre à danser.

«On est reparti pour une nouvelle aventure ! Tididou, dadidoudida ! Yeah, l’équipe de choc est dans la place !» Chanta Toad fou de joie tout en jetant ses doigts d’un côté à l’autre. Sa bonne humeur fit rire Peach et Solfège mais pas tant que ça Junior qui se contenta de grogner d’agacement. Le champignon se calma puis reprit après sa courte démonstration de chant.

«Salut Solfège, salut Bowser miniature. Comment ça va les copains ? Alors comme ça, vous faites équipe tous les deux ?» Questionna-t-il alors qu’il passait son regard de Solfège au Koopa de sa taille qui refusait catégoriquement de le regarder dans les yeux, les bras croisés.

«Nous allons faire équipe, oui. Les jeux, ça nous connait. Et nous sommes déterminés à remporter la victoire !» D’un hochement de tête ferme, la Reine des Koopas serra le poing pendant que Toad plongea dans un long monologue sur la stratégie qu’il avait mis en place toute la nuit précédente. Apparemment infatigable tant son excitation était forte. À côté de lui, Mario hocha les épaules suivit d’un soupir d’abattement.

«Et voilà que ça recommence … On a eu le droit à ça toute la matinée. Il ne s’arrête jamais. Je sens que ma tête va exploser !» Gémit-il en posant ses mains à sa tête, les yeux plissés et les dents serrées à la douleur lancinante dans ses tempes. Toad était son ami proche, mais il ne s’arrêtait jamais de parler ! Et ce dès les premières lueurs matinales. Luigi se gratta l’arrière de la tête d’une grimace gênée avant de finalement prendre la parole après quelques hésitations, Toad poursuivant ses babillages incessants sans jamais se rendre compte que personne ne l’écoutait.

«Et vous, quels sont vos coéquipiers ? Moi je n’ai pas eu le droit de choisir le mien et … Je dois dire que je suis un petit peu inquiet.» Il rit nerveusement en regardant la Princesse Peach à qui il esquissa un sourire maladroit. Bien évidemment il savait que personne n’avait eu le droit de choisir, mais il aurait vraiment voulu disputer cette course avec son frère pour montrer ce dont ils étaient capables de faire ensemble.

«Luigi et moi, nous formerons la meilleure équipe ! Une fois sur la piste, nous serons imbattables.» Encouragea Peach qui serra le poing de détermination pour tenter de motiver son coéquipier en manque cruel de confiance.

«Je fais équipe avec le gros macaque.» Répliqua sereinement Mario, utilisant le surnom affectif de son ami de longue date Donkey Kong.

«Nous faisons équipe.» Solfège attira un Junior étrangement silencieux contre son flanc.

«Et moi-» Prenant une profonde inspiration, Toad ouvrit la bouche pour donner le nom de son coéquipier cependant un cri l’empêcha de finir.

«C’est quoi cet engin de mes deux ! Ça ressemble à rien ce truc-là. C’est quoi ces roues miniatures ?! Et où est le moteur ? Même les limaces sont plus rapides que cette chose d’une laideur sans nom !» Rouspéta un deuxième Toad à la voix grave se trouvant à proximité d’un étrange véhicule ressemblant curieusement à une poussette. Une poussette sportive … Les poings à ses hanches, sa veste noire à piques, ses bijoux dorés et ses chaussures crantés changeaient de l’apparence habituelle des autres Toads beaucoup plus souriant.

«Coucou frangin ! Je suis là ! Ne t’inquiète pas j’arrive tout de suite.» Appela joyeusement Toad d’une grande secousse de sa main à son frère faisant le tour de leur véhicule qui n’était à priori pas à son goût. Voilà qui était plutôt étonnant … Toutefois aux regards perplexes des humains, il se pencha vers eux pour un peu plus de discrétion, la main à côté de sa bouche ; «on dirait que Tyty n’est pas très content. Je devrais vite aller le voir avant le début de la course. À plus les gars !»

«Euh …» Hésita Peach lorsque Toad se retourna puis qu’il courut rapidement en direction de son frère grincheux.

«Huston, je crois que nous avons un problème. Au moins il s’est donné de la peine, le pauvre ...» Commenta Mario alors qu’il observait le Toad metalleux renfrogné qui dévisageait le véhicule original, son regard s’attardant un instant à la cicatrice sur son chapeau. Une irritation qui devint plus évidente au moment où son frère l’atteignit pour demander ce qui le mettait autant en colère.

«Il a l’air … Charmant.» Confuse, la princesse en combinaison rose et blanche haussa les épaules avant de jeter un coup d’œil incertain à Solfège. Elle aimait tous ses Toads qu’elle considérait comme ses enfants mais celui-là avait une apparence bien particulière qui lui rappelait quelqu’un qu’elle haïssait avec passion … Et ce quelqu’un était justement marié avec son amie silencieuse. Elle fit un petit bruit de dégoût à l’image.

Était-elle supposément censée dire quelque chose ? Solfège savait qui était Terry le Terrible, mais reconsidérant le fait qu’il était aux ordres de Bowser, elle n’était pas prête à souffler sa couverture. Et encore moins à se prendre les remontrances de son mari s’il venait à l’apprendre. Car s’il était là, c’était sans doute pour une bonne raison, pas vrai ? Etant le plus fidèle des espions de Bowser ainsi que son premier informateur, Solfège se doutait qu’il y avait une raison à sa présence et que s’il avait été invité à cette compétition c’était qu’il avait de bons contacts avec le Royaume de la Jungle. Non, elle n’était pas prête à trahir qui que ce soit. Même si elle respectait la princesse, elle préférait lui mentir plutôt que d’aller à l’encontre de son époux. Du moment que Terry ne faisait de mal à personne, elle n’en voyait tout simplement pas l’utilité.

Peut-être était-il là juste pour s’amuser finalement ?

«Tu me fous la honte !»

«Mais Tyty, je pensais que ça te ferait plaisir de conduire une réplique de notre poussette ! Souviens-toi, quand on était petits. Tu adorais les longues balades ! Avec ta petite totote trop mignonne.»

«Par pitié, dis-moi qu’il y a un siège éjectable intégré …»

«Bah pourquoi il y en aurait un ?»

«Je vais exploser …»

Ou peut-être pas.

Les quatre humains se mirent à rire à cette discussion très animée entre les deux Toads un peu plus loin. Il était clair qu’ils ne s’entendaient pas très bien … Néanmoins ils saluaient les efforts de Toad qui cherchait juste à faire plaisir à son frère d’une nature beaucoup plus solitaire et sérieuse que ses semblables. De quoi déstabiliser Peach inhabituée à ce genre de personnalité forte. Mais n’étant pas là pour faire des investigations ni pour porter un jugement, ils rejoignirent la piste après que le commentateur appela les participants à rejoindre leur véhicule pour le départ. Dernière ligne droite, le suspense était à son apogée. Solfège courut après Bowser Jr entre les karts et autres motos pour atteindre leur magnifique quad "de la mort qui tue" selon les mots du Koopa à gauche de la porte principale. Un panneau digital faisait le décompte des minutes restantes.

La plupart des véhicules étaient utilisés par des singes, mais il y avait également un Maskass avec une autre créature violette inconnue, une petite étoile blanche avec une jeune femme aux cheveux bruns en combinaison jaune ainsi que ses amis déjà en place.

Peach et Luigi sur une moto rose, Mario et Donkey Kong sur un large kart rouge et vert puis Toad et Terry dans leur adorable poussette aux vives couleurs bleu, rouge et or. Junior s’installa rapidement sur le siège arrière du quad sans même essayer de négocier pour prendre le volant, prenant ainsi Solfège de court. Une minute, c’était elle qui devait conduire cet engin ?! La réalisation la frappa comme une tonne de briques. Les yeux écarquillés, la jeune femme regarda entre les pédales puis Bowser Jr qui lui faisait signe de s’assoir sur le siège avant avec sa main. Toutefois elle recula de quelques pas après que la peur s’empara de son cœur battant la chamade, n’ayant encore jamais conduit de véhicules auparavant. Elle n’avait jamais pris le volant de sa vie ! Elle ne connaissait pas ce genre de véhicules ni les techniques de conduite. Et s’ils faisaient un accident ? Si elle perdait le contrôle ? Au fur et à mesure de sa remise en question, Bowser Junior perdit patience jusqu’au moment où il s’exclama pour attirer l’attention de Solfège.

«Tu peux le faire ! Souviens-toi de mes leçons de conduite avec les vaisseaux clown, eh bah là c’est exactement pareil. Sauf qu’au lieu des hélices, tu as quatre roues. Occupe-toi de rester sur la piste, moi, je m’occupe du reste !» Dévoila-t-il après avoir sorti des lunettes d’aviateur de nulle part pour les placer sur ses petits yeux noirs d’un sourire espiègle.

«D’accord, tu as raison. C’est facile ! Je sais conduire. Je sais conduire … J’ai appris à conduire.» Répéta Solfège d’une profonde inhalation pour calmer ses nerfs.

Attrapant le guidon d’une main tremblante mais ferme, elle chevaucha la selle du quad pour s’installer correctement sur les pédales. Sentant aussitôt la vibration de l’excitation la parcourir. Ça y est, ils étaient en piste. Cependant nerveuse, elle passa quelques coups d’œil de gauche à droite pour regarder les autres concurrents attendant impatiemment l’ouverture du hangar. La plupart des singes les regardait en chuchotant entre eux et en les dévisageant, surtout le jeune Koopa auteur de leurs inquiétudes. Elle pouvait sentir tous ces regards désapprobateurs sur eux, mais elle ne se laissa pas déstabiliser pour autant car ils étaient là pour participer et surtout s’amuser. Pour montrer qu’ils étaient tout à fait capables de jouer sans faire de grabuge ! Les sourcils froncés à toutes ces messes basses autour d’eux, elle tourna le rétroviseur pour regarder Junior assis dans le siège arrière qui ne prêtait absolument aucune attention aux autres participants indiscrets. Trop occupé à checker son canon banane et l’unique réacteur qu’il avait eu droit d’installer.

Il était temps de détruire tous ces préjugés.

Le bip à la fin du temps imparti retentit dans le hall puis la gigantesque porte coulissa pour dévoiler le reste de la piste jusqu’à la ligne de départ se situant plusieurs mètres devant eux. Les moteurs se mirent à rugir alors que les vingt véhicules à l’arrêt s’avancèrent au pas dans un raffut impressionnant en direction de la ligne. Après seulement quelques petits zigzags et un calage magistral, Solfège réussi à comprendre le fonctionnement du quad pour avancer aux côtés de Mario et de Donkey Kong. Peach et Luigi de l’autre côté. Nerveuse, elle resserra ses doigts autour du guidon après un souffle moite qui embruma la visière de son casque mais ne l’empêcha pas de garder le bon rythme entre les deux autres véhicules à la même vitesse. Ce n’était qu’une histoire d’adaptation, comme le lui avait dit Junior tout à l’heure. Heureusement qu’il lui avait donné des cours de vol en vaisseau clown ! Maintenant elle en voyait l’utilité.

«Coucou papounet ! Regarde-moi, je suis là ! Bisous ! Je vais tout faire pour te rendre fier !» Hurla Donkey Kong derrière Mario après avoir repéré son papa dans les gradins impériaux. Assis en hauteur accompagné de ses plus valeureux guerriers, Cranky Kong sirotait son cocktail favori en usant de son pied droit comme d’une main. Affalé dans son siège coloré où il profitait du courant d’air d’un éventail feuille de bananier, il baissa les yeux sur son fils qui lui faisait de grands signes en contre bas.

«Ha ha ha, quel gros bébé !» Se moqua allégrement Junior au singe se donnant en spectacle. Sur de grands piliers en bois se trouvaient des écrans plats qui filmaient en direct l’avancement de la course et de ses participants, se voyant à travers l’un d’eux ce qui lui vola un petit sourire prétentieux.

Il était une star !

«C’est à moi que tu parles, avorton ? N’oublie pas que je t’ai à l’œil. Et que je vais pas te lâcher d’une semelle !» Rappela Donkey Kong tout en plaçant deux doigts devant ses yeux avant de les diriger vers le Koopa derrière Solfège.

«Fais gaffe de ne pas perdre ta tétine sur la route.» L’insolent Bowser Jr en rajouta une couche, ravi de pouvoir embêter l’icône du Royaume de la Jungle facilement irritable. Bingo !

«C’était nul. T’es un gros nul !» Répéta Donkey Kong après une courte réflexion. Devant lui, Mario soupira avant de murmurer quelque chose d’inintelligible qui ressemblait à ; «et c’est reparti pour un tour».

«Singe qui pue.» Vint l’insulte suivante.

«Tête à claque !» Le grand singe ne se laissa pas intimider par un enfant.

«Espèce de …» Toutefois la voix de Junior s’éteignit lorsqu’il attrapa le regard d’avertissement de Solfège via le rétroviseur droit du quad, le forçant à changer la fin de sa phrase au dernier moment ; «patate !»

«Pwah ! Patate toi-même ! Tu gagneras jamais cette course ! C’est un truc de gentil ça. En plus tu es haut comme trois pommes, tu fais trop pitié.» Désormais amusé, Donkey Kong s’installa mieux dans son siège arrière pour faire danser ses pectoraux en guise de victoire quand les joues de Bowser Junior devinrent rouges de colère.

«Je vais le dire à papa ! Comme ça il t’écrasera toi et tes copains schlingueurs ! Il n’existe pas plus fort que lui dans tout l’univers tout entier et même plus ! Tu ne lui arrives pas à la cheville !» Se défendit-il, furieux.

«Attends, tu parles bien du paternel à qui j’ai flanqué une bonne correction la dernière fois ? Lui ?» Gloussa DK au souvenir de ce combat mémorable qui lui avait laissé une jolie cicatrice à l’épaule. D’un sourire enjôleur, il croisa les bras derrière sa tête mais se tût au moment où l’humaine aux cheveux de lave parla.

«Ça suffit les garçons ! S’il vous plaît. Tout ça ne mène à rien. Cette course est pour tout le monde, alors apprenons à nous entendre et soyons avant tout fairplay.» Solfège devança le grand singe à cravate avant qu’il ne dise quelque chose d’autre qui pourrait blesser le prince Koopa déjà bien touché dans l’orgueil. Il ne manquerait plus qu’il ne fasse une scène juste parce qu’il n’avait pas eu le dernier mot et ce n’était vraiment pas quelque chose dont elle aimerait y faire face aujourd’hui.

«Elle a raison. Nous sommes là pour nous amuser !» Soutint Peach de l’autre côté, Luigi tenant fermement la selle d’une main et sa casquette de l’autre.

«D’accord, d’accord, je m’excuse si j’ai dépassé les bornes. Alors sans rancune p’tit ?» Proposa Donkey Kong tout en se penchant vers la tortue boudeuse à l’arrière du quad. À son manque de réaction, il fit la vague avec ses monosourcils pour tenter de le faire rire.

«Humpf ! Même pas en rêve.» Refusa platement Junior. Les bras croisés et les lèvres pincées, il ignora le macaque qui cherchait à faire une trêve avec lui pour plutôt mettre son bandana menaçant sur son museau.

«Bah alors, pourquoi vous boudez les amis ? C’est l’aventure ! Il faut se détendre.» S’égaya un certain Toad quand il rattrapa la petite troupe sur le côté gauche de la piste. Au volant de sa poussette qui n’avait pas fait que des heureux, il zigzagua sans se préoccuper de Terry qui essayait de ne pas basculer hors de son siège à chaque coup de volant brusque de son frère.

«Moi j’ai peur de rien.» Déclara ce dernier sans émotions.

«Hey ! Mais c’est mon slogan ça !» S’écria Toad scandalisé d’un autre coup de volant qui avait failli les faire rentrer dans le kart de Mario.

«Wow ! Mama mia !» Le bonhomme moustachu reprit rapidement le contrôle de son véhicule avant qu’un accident en chaine ne se produise juste avant le départ. C’était moins une … Les mains arrachant presque son volant de peur, il jeta un regard alarmé aux deux Toads qui étaient de vrais dangers sur la route.

«Mario ?» S’inquiéta son frère qui s’était couvert les yeux derrière sa main gantée pour ne pas voir le désastre.

«Toujours vivant !» Répondit Toad à la place de son meilleur ami en salopette sous le choc. Cependant Peach décida d’intervenir avant de franchir la ligne de départ pour faire une dernière annonce.

«En avant toute ! Pour la plus grande course de l’année ! Et que les meilleurs gagnent !» S’écria-t-elle d’un poing en l’air et d’un grand sourire pour motiver tout le monde, son bandana rose flottant au vent. Elle entendit vaguement Luigi lui demander de garder les deux mains sur le guidon avant de mettre les gaz pour atteindre cette ligne survolée par un Lakitu dans son nuage blanc faisant office d’arbitre. C’était d’ailleurs l’un des seuls Koopa autorisé lors de cet événement.

3, 2, 1 … GO !

Tous les véhicules filèrent à toute allure au top départ. Dans les tribunes, les spectateurs hurlèrent d’euphorie à ce début de course qui promettait d’être inoubliable. Lancés à plein régime, les motos filèrent entre les karts et autres engins originaux aux couleurs amusantes sur une piste qui faisait d’abord le tour complet du village avant de disparaître dans la végétation dense de la jungle. Suivis de près par le Lakitu, celui-ci filmait la progression des participants là où les caméras fixes ne pouvaient pas capturer les moments croustillants au public. Le vacarme produit par tous ces moteurs était assourdissant, une délicieuse mélodie aux oreilles de ceux qui vénéraient les courses comme celle-là. Notamment Cranky Kong qui avait volontairement décidé de ne pas participer car il s’autoproclamait déjà comme étant le meilleur pilote de tous les temps. Un titre que personne n’osait disputer ! Pas même son propre fils.

«J’ai hâte de voir comment vont se débrouiller les deux. Ils ont une nouvelle réputation à défendre. J’espère que je ne vais pas être déçu, j’ai horreur d’être déçu !» Grogna Cranky Kong d’un soupir nonchalant en faisant bien évidemment référence à Solfège et Bowser Junior. Il ne parlait à personne en particulier, mais ses interrogations se multipliaient au fil du temps qui passait sans que rien de fâcheux ne se produise. Leur épreuve n’était toujours pas terminée en revanche, pour le moment, c’était un véritable sans faute !

«Impressionnant. Tout semble se dérouler correctement. Pas de débordements ni de visite surprise. S’en est presque décevant …» Passant son pied dans sa barbe blanche, le vieux singe regarda avec ennui les écrans plats où les visages des concurrents étaient affichés individuellement dans de petites cases. Il s’arrêta plus particulièrement sur le duo Solfège/Junior.

«Qu’ils me montrent de quoi ils sont capables.» Pensif, il se mit à imiter le sourire contagieux de la jeune femme à l’écran sans même s’en rendre compte.

De quoi ils étaient capables pour détruire cette mauvaise réputation forgée par un Bowser assoiffé de pouvoir. À quel point ils étaient déterminés à faire évoluer les opinions sur la race des Koopas jusque-là mal aimée à cause d’une guerre de territoire rondement menée par un tyran. Il les avait observés en secret hier soir. Il avait vu cette complicité entre eux, à quel point ils étaient soudés et à quel point Solfège influençait le jeune Bowser Jr avec sa bienveillance naturelle. La confiance du Royaume de la Jungle était en jeu sur cette piste, beaucoup de poids reposait sur ses épaules. Elle le savait, alors c’était le moment de se donner à fond pour montrer à tous ce qu’il avait vu. Un changement. Le singe barbu leva les yeux au-dessus de ses lunettes pour regarder le chronomètre qui défilait lentement, presque avec paresse, pendant que les engins bruyants se disputaient les premières places en contre-bas.

Ils étaient sur le point de gagner son respect.

De son côté, Solfège tentait tant bien que mal de se frayer un chemin parmi les dizaines de véhicules qui lui bloquaient la route. La piste étant majoritairement faite d’un mélange de poussières et de terre, des nuages se formaient à chaque passage ce qui rendait difficile la visibilité. Or, elle parvint quand même à dépasser les quatre singes pour foncer en direction de la jeune femme en combinaison jaune. Le petit Luma blanc dans son dos la prévint de son arrivée imminente pour lui permettre de changer la rotation de ses pneus puis d’emprunter le chemin sur le mur du temple dans l’espoir de les distancer. Dans son dos, Solfège sentit Junior lui taper l’épaule pour lui demander de les suivre car il avait une idée. D’après son ton, cette idée l’excitait beaucoup. C’était presque inquiétant … Néanmoins elle lui obéit sans discuter, surprise de voir que ses roues changeaient de sens pour pouvoir suivre la courbe du mur de pierres.

«CANON BANANES ! PIOU PIOU PIOU !» Hurla le Koopa après avoir tourné son gros canon chéri pour tirer au-dessus de Solfège sur la piste à la verticale. Ils n’avaient pas le droit de jeter autre chose de toute façon, mais c’était très amusant quand même !

«Bouuuuuuuuuuuuuuuuuuh !» Ridiculisa le Luma quand les bananes furent esquivées par sa coéquipière très adroite sur une moto. Tirant sa paupière du bas pour se moquer, l’étoile tournoya avant de récupérer sa propre banane puis de la balancer directement sur le visage de Junior.

«Ouch !» Surpris par cette réplique, Bowser Jr faillit trébucher de son siège s’il n’avait pas empoigné son canon à l’aide de sa queue. Les joues se gonflant de frustration, il jeta la peau de banane sur le côté. Ce qui déstabilisa le kart qui voulait les doubler par la gauche.

«Bwah ha ha ha ! T’as vu ça ? Hein, t’as vu ça ? En plein dans le mille !» S’enchanta aussitôt ce dernier qui tapota ses fesses dans la provocation.

«Un coup de Maître !» Félicita Solfège d’un petit rire après avoir fait un check avec lui par-dessus son épaule.

À travers la jungle, c’était une tout autre épreuve pour les participants novices livrés à eux-mêmes. Les singes et les habitués connaissaient cette zone, mais ce n’était pas le cas de Mario, Luigi, Solfège et Bowser Junior découvrant pour la toute première fois cette piste escarpée. Entre les arbres, les rochers et autres obstacles, ils roulaient totalement à l’aveugle. Obligés de suivre ceux qui avaient déjà participé à une course dans le passé pour ne pas se faire avoir par le terrain. Des tonneaux avec les initiales de Donkey Kong étaient placés à des endroits stratégiques pour forcer les coureurs à utiliser des passages beaucoup plus serrés, et donc impossible à emprunter à deux. Ceux qui rentraient malencontreusement en contact avec l’un de ces fameux tonneaux perdaient leur vitesse en plus de se prendre une pluie de vieilles peaux de bananes. Répugnant ... Mais avantageux !

Solfège et Junior passèrent rapidement entre deux véhicules pour ensuite s’engouffrer sur une piste reculée où la végétation bloquait la lumière du soleil, les contraignant à se diriger rien qu’à la lumière de leurs phares. Il n’y avait pas plus stressant comme situation ! De devoir se guider à l’instinct sur une piste inconnue au beau milieu d’une jungle capricieuse. Penchée sur son épaule, la petite tortue aux aguets indiquait à Solfège quelle trajectoire prendre pour tenter de rejoindre la piste principale quelque part sur la droite. Ils pouvaient entendre les véhicules et les cris de ce côté-ci. Roulant sur des lianes, des troncs d’arbres renversés puis des tas de feuilles mortes, les deux réalisèrent un dérapage maîtrisé pour gagner un super boost de vitesse afin de leur permettre de rejoindre les autres.

«Par ici le raccourci ! Mwahahahaha ! Et bim, à nous les places supplémentaires !» S’extasia Junior quand il remarqua qu’ils avaient, grâce à l’emprunt de ce chemin, réussi à rattraper cinq places. Désormais ils côtoyaient Mario et Donkey Kong.

«Bah alors, pas trop la trouille ? Qu’est-ce que vous faites ici ? Les nuls c’est derrière normalement !» Charia le singe occupé à jeter des bananes dans le sillage du kart conduit par le moustachu concentré.

«Que veux-tu, personne ne nous résiste !» Répondit Solfège d’un sourire amusé, ce qui amena le Koopa à se manifester.

«Si vous voulez gagner, il va d’abord falloir vous débarrasser de moi ! Dommage, zéro chance !» Ricana grossièrement Junior tout en rechargeant son imposant canon à bananes en même temps. Il ne lui restait plus beaucoup de munitions, mais il comptait bien s’en servir sur Mario et Donkey Kong pour leur flanquer une bonne râclée. Pour l’honneur de son père !

«Ça, ça m’étonnerait !» Voulant à tout prix gagner, Mario fronça les sourcils d’un sourire déterminé quand il appuya sur l’accélérateur pour mettre de la distance avec le duo sauf qu’à ce moment précis, un hurlement plutôt aigu retentit derrière eux.

«STOP ! Moins vite, moins vite ! J’ai la tête qui tourne ! je vais vomir ! Tu roules comme un taré !» S’égosilla Terry lorsqu’il sentit son arrière-train se décoller du siège de la poussette à moteur. S’agrippant de toutes ses forces à tout ce qu’il pouvait trouver, il serra les dents lorsque son frère détesté réalisa plusieurs dérapages plus ou moins contrôlés entre les arbres, les tonneaux et autres véhicules sans se soucier un seul instant de faire un carambolage. Ils rentrèrent violemment en contact avec un kart qui se retrouva propulsé de l’autre côté de la route avant de rouler sur des racines puis de contourner Bowser Jr et Solfège.

«Whouhouuuu c’est trop géniaaaaal !» Toad était complètement extatique au volant de sa poussette adorée. Inarrêtable ! Les yeux pétillants de bonheur avec un sourire démesurément grand, il changea aléatoirement de trajectoire pour essayer d’acquérir de nouveaux boosts.

«Derrière toi … Devant toi !» Ricana-t-il lorsqu’il dépassa sans effort Mario et Donkey Kong tous les deux bouches béates par cette accélération fulgurante totalement improvisée. Et tout ça dans une poussette ridicule ! C’était quoi l’astuce ?! Ils n’en revenaient pas.

«Vous entendez ça ? C'est le bruit de la défaite ! Allez à plus Mario ! On se reverra à la ligne d’arrivée.» Se moqua Toad qui les distançait de plus en plus pour bientôt se retrouver aux côtés de la Princesse Peach et de Luigi actuellement en quatrième position.

Le point commun entre Luigi et Terry ? Ils étaient tous les deux morts de trouille.

«Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais ...» Admit Mario assez fort pour se faire entendre dans ce vacarme. Il pensait vraiment que le kart qu’il avait choisi avec DK allait être le meilleur et le plus puissant de tous ! Il était donc un peu déçu d’avoir été doublé par une simple poussette. Toutefois au rire de Solfège, il tourna la tête vers elle pour lui sourire timidement.

«Moi non plus ! Mais c’est tellement amusant. Allez, on peut le faire ! L’important c’est de participer.» S’exclama-t-elle avec enthousiasme, de quoi réchauffer le cœur du moustachu en salopette.

«Et surtout de gagner contre cette grosse banane parlante.» Ajouta rapidement Junior d’un ton paresseux, masquant son sourire victorieux derrière son bandana à la réaction de ladite banane poilue.

«Quoi ? Où ça ?» Immédiatement, Donkey Kong se retourna pour chercher du regard où était cette fameuse grosse banane. Il ne savait pas que les bananes pouvaient conduire !

«C’est toi la banane qui va perdre !» Bowser Junior ricana à la tête du grand singe en cravate qui ne pensait qu’à satisfaire son appétit. Encore un point qu’ils avaient en commun.

«La course n’est pas terminée ! Je n’ai pas encore utilisé ma botte secrète.» Chantonna ce dernier après avoir trituré son réacteur de secours en forme de fusée d’un haussement ironique de ses sourcils ; «rien n’est perdu. On va leur montrer de quels boulons notre kart se chauffe !»

«Hein ?» Inquiet de la signification de cette expression, Mario arqua un sourcil.

«T’auras aucune chance face à MON réacteur !» Bowser Jr se redressa vite sur son siège pour imiter le grand singe dans la préparation du réacteur utilisable qu’une seule fois pendant la course et seulement cinq secondes. La houppette flottante au vent, il plissa les yeux derrière ses lunettes d’aviateur tandis qu’il appuyait rapidement sur une série de boutons pour activer son réacteur en même temps que le kart voisin.

«À fond les gamelles !» Rigola Donkey Kong après avoir enfoncé son poing sur le bouton rouge principal.

Pendant ce temps-là, quelque part entre les collines verdoyantes en dehors des remparts du Royaume de la Jungle, une ombre se dessinait parmi les arbres. Une ombre menaçante très célèbre. Tenant une paire de jumelles devant ses yeux plissés, le Roi des Koopas observait avec attention la course qui se déroulait en contre-bas sur une piste à n’en plus finir. Son regard suivait chacun des mouvements d’un véhicule bien spécifique depuis le top départ. Il tapota sa griffe sur ses jumelles d’impatience quand le duo disparût de sa vue pour réapparaitre plus loin sur la piste après être sorti de la jungle. Ils venaient tout juste de franchir la ligne d’arrivée pour débuter le second tour toujours aux côtés de Mario et de Donkey Kong, sixième et septième respectivement. Son fils Junior avait permis à Solfège de récupérer deux autres précieuses places grâce à son réacteur mais malheureusement, son rival avait eu la même idée … À croire qu’il passait le plus clair de son temps à copier les idées de génie de son fils ! Rien qu’un tricheur en manque d’imagination.

Ruminant son agacement, le Koopa géant fronça les sourcils lorsqu’il vit Donkey Kong réaliser un check avec Junior avant de s’apercevoir que sa femme rigolait avec ce crétin en salopette. Son sang ne fit qu’un tour. Elle rigolait avec son plus grand rival ?! Zoomant afin d’être sûr de ce qu’il venait de voir, un grognement guttural s’échappa de lui quand il eut la confirmation que ses yeux ne lui jouaient pas de mauvais tour. Cette image le hanta aussitôt tandis qu’une pression énorme se forma dans son plastron. Quelque chose se propagea rapidement dans son ventre jusqu’à atteindre ses joues qui devinrent soudainement beaucoup plus chaudes sous la tension, sa peau écailleuse frissonnant à la brise qui souffla entre les collines. Il chauffait, et elle était froide ! Les cheveux au vent, la grande tortue en ébullition s’attarda encore un peu sur les deux véhicules côte à côte comme pour se convaincre qu’il hallucinait.

C’était la goutte de trop.

«Tu viens de signer ton arrêt de mort Mario.» Grogna Bowser entre ses dents, ses yeux rougeoyants de colère fixés sur la silhouette du moustachu riant innocemment avec son épouse. Il ne pouvait pas s’en empêcher, il fallait que ce sale nabot à casquette chemine avec toutes les jolies filles qu’il croisait ! Et plus particulièrement celle dont il était fou amoureux, comme s’il le faisait exprès.

«Il semblerait que vous soyez en colère.» Constata tranquillement Kamek derrière lui.

«Et ça t’étonnes ?!» Rugit-il à son visage, sa réaction brutale lui faisant presque perdre ses propres jumelles d’un petit cri aigu effrayé. Recroquevillé sur lui-même, le magicien sentait ses jambes flageller alors qu’il couvrait spontanément sa tête avec ses jumelles au cas où son Maître déciderait d’évacuer sa colère dévastatrice sur lui.

«Mais Sir, ils sont en train de gagner, n’est-ce pas une bonne chose ?» Remarqua Kamek d’une petite voix craintive après avoir redressé ses lunettes pour regarder la tortue fâchée pour une raison qui lui échappait. N’était-il pas content de leur parcours ? Mais il l’ignora, bien trop absorbé par son rival potentiellement dangereux pour ses plans.

«Ça ne va pas se passer comme ça.» Furieux et surtout jaloux, Bowser resserra brusquement sa prise sur ses jumelles jusqu’à entendre un petit craquement avant de se tourner vers son fidèle général ailé.

«Lâchez les Koopalings ! Tout le monde en piste et ramenez-moi cette coupe !» Ordonna-t-il à ce dernier d’une griffe tendue vers la piste plus bas. Les vibrations violentes de sa profonde voix donnèrent un frisson de peur au Magikoopa à ses côtés qui se mit à ricaner d’excitation. Mario ne devait en aucun cas remporter la coupe ! Il allait s’en assurer personnellement.

«Lâchez les Koopalings !» Répéta le Koopa à la carapace bleue en faisant signe à ses gardes de se mettre rapidement en action pour ne pas ajouter plus d’huile sur le feu. Ils avaient hâte de faire entendre leur mécontentement après des heures à rester discrets ! Et aussi de récupérer la coupe, accessoirement.

«Yee-Haw ! C’est parti !» S’exclama Ludwig dans son petit accent tout en jetant son poing en avant quand il entama à la hâte la descente avec ses coéquipiers. Prêts à combattre.

«À nous de jouer !» Morton réalisa un drift impressionnant entre les rochers jusqu’à atterrir sur la piste derrière des singes surpris. Horrifiés de les voir, ils firent de grands écarts jusqu’à complètement sortir de la piste pour s’écraser dans les arbres voisins, permettant aux Koopalings de se frayer un chemin beaucoup plus facilement.

Ludwig avec Larry, Morton et Wendy puis Roy en trio avec Lemmy et Iggy sur le plus gros véhicule de la bande. Argentés et noirs avec de grands pics parcourant l’entièreté de la carrosserie, leurs karts effrayants ne passait pas du tout inaperçus tant bien chez le public que chez les participants abasourdis. Les caméras étaient dorénavant toutes focalisées sur eux. Impossible de ne pas voir l’emblème de Bowser porté fièrement à l’avant tandis qu’ils bousculaient tout le monde hors de leur chemin pour récupérer toutes les places qu’ils avaient en retard. La première étant leur seul objectif. Iggy en profitait pour utiliser son canon à carapaces pour viser chaque concurrent qu’ils dépassaient d’un rire fou pendant que Lemmy sortait des bombes qu’il jetait au hasard sur la piste. Rapidement, le chaos s’installa. Entre les explosions, les accrochages et les coups-bas, bientôt leur présence se fit connaître chez ceux se trouvant tout à l’avant du cortège jusque-là épargné.

«Oh oh, papa est de la partie. Vas-y, t’arrête pas surtout ! Fonce ! Concentre-toi sur la route.» Motiva Junior en attrapant les épaules de Solfège pour qu’elle ne se retourne pas. Anxieux, il jeta un coup d’œil aux Koopalings qui se rapprochaient dangereusement de leur position en écartant tous ceux sur leur chemin. Il grogna ; «pas question ! Elle est à moi cette coupe !»

Aussitôt dit, il tourna son canon à bananes dans leur direction pour tenter de déstabiliser leur trajectoire. Morton et Wendy d’un côté puis Ludwig et Larry de l’autre, les quatre riaient diaboliquement alors qu’ils esquivaient plutôt aisément toutes ces bananes jetées sur la piste. Se moquant de Bowser Junior de plusieurs ricanements niais, l’un d’eux voulu balancer une carapace rouge mais au même moment Peach leur fonça dedans d’un petit cri de guerre. Morton et Wendy firent plusieurs tours sur eux-mêmes pour finalement tomber dans un petit ravin, les mettant définitivement hors compétition. Une fois dans le passage du temple Kong, la princesse se dépêcha de rejoindre Solfège pour leur demander si tout allait bien mais elle fût prise en grippe par le trio diabolique Roy, Lemmy et Iggy. Leur jetant un regard noir à tour de rôle, elle emprunta vite le chemin sur le mur dans l’espoir de les éloigner.

«Oh non, non non non ! Ils vont nous faire faire un accident ! Ne me touchez pas !» Paniqua Luigi à l’approche du kart maléfique ayant pris la même route qu’eux. Les trois désormais collés à la moto à pleine vitesse, il ferma les yeux tout en jetant ses mains au hasard vers Iggy pour le repousser quand il essaya de le faire tomber de la selle.

Si la situation n’était pas aussi dramatique, cette scène serait plutôt comique à regarder.

«Solfège ! Regarde, nous y sommes presque !» S’écria Junior de soulagement lorsqu’il vit la ligne d’arrivée à quelques mètres à peine de leur position, et ils étaient premiers ! Peach et Luigi deuxième puis ensuite le trio de Koopalings cherchant juste à leur mettre des bâtons dans les roues. Sans jeu de mot.

«Hey attention !» Alerta Donkey Kong dès l’instant où Mario et lui les rattrapa pour voir que Larry était sur le point de balancer une bombe sur eux.

Malheureusement, ils arrivèrent trop tard car la bombe fût projetée dans les airs pour exploser juste devant le quad de Solfège et de Bowser Jr incapables de l’esquiver à temps. Le souffle de l’explosion les firent perdre le contrôle du véhicule qui réalisa plusieurs zigzags incontrôlables avant que Solfège ne réussisse à l’arrêter complètement sur le bas-côté de la route. C’était moins une ... Les mains moites et la respiration erratique, elle tourna ses yeux écarquillés vers le petit Koopa pour s’assurer qu’il allait bien après cet arrêt d’urgence. Junior avait la tête qui tournait mais mise à part ça, il allait bien. Témoins de tout ça, Mario et Donkey Kong s’arrêtèrent à quelques mètres de là puis descendirent précipitamment de leur kart pour aller s’assurer que les deux n’avaient rien de cassé. Heureusement, cette bombe n’avait fait aucun blessé cependant son explosion avait propagé le feu aux alentours … Détruisant les arbres et la pancarte ligne d’arrivée pour finalement atteindre le cabanon le plus proche.

C’était une terrible réaction en chaine qui fit rapidement réagir Donkey Kong qui alla chercher de l’eau dans le ruisseau le plus proche pour éteindre les flammes. Il ne fallait surtout pas qu’elles se propagent jusqu’au village ! Sinon, il risquerait de disparaître dans un immense brasier incontrôlable. Hors de question ! Mario se dépêcha d’éloigner Solfège et Junior juste avant que le véhicule ne s’embrase à son tour pour finir par faire une grande explosion sous les visages abattus des participants contraints de s’arrêter. Bloquant définitivement la route pour finir la course.

«La compétition est officiellement annulée ! Je répète, la compétition est annulée. Le duo gagnant est disqualifié.» Annonça le Lakitu sur son nuage en secouant sa main devant son visage à toute cette fumée.

«Quoi ?! Mais c’est pas juste !» Se plaignirent Larry et Ludwig de l’autre côté de la ligne d’arrivée. Ils avaient pourtant franchi la ligne avant les autres ! Ils étaient par conséquent les grands gagnants. Toutefois ils se recroquevillèrent sur eux-mêmes quand une foule en colère de plus en plus dense se forma autour d’eux.

«Tricheries !»

«Bouuuuuuuuuuuuh !»

«C’est un scandale !»

«Vous n’avez pas honte ?»

«Chassez-les de notre cité !»

«Ils n’ont pas leur place ici !»

Peach et Luigi descendirent de leur moto pour rejoindre les autres entourés de singes indignés demandant leur exclusion. Ce n’était pas bon signe du tout ... Les poings levés pour réclamer justice, la tension était à son comble alors que Donkey Kong et Mario faisaient tout leur nécessaire pour éteindre les flammes avant qu’elles ne se répandent dans la jungle. La princesse faisait de son mieux pour faire entendre raison aux villageois en tentant de les repousser or ils étaient tous entêtés, scandalisés. Prenant instinctivement Junior dans ses bras pour le protéger, Solfège regarda tous ces visages en colère où elle pouvait y voir du dégoût et de la déception. Elle commençait à avoir peur d’eux mais heureusement, Cranky Kong décida d’intervenir pile à ce moment-là. Juste avant que la situation ne dégénère complètement. Transporté dans son palanquin coloré, le vieux Roi singe descendit lentement à l’aide d’un garde pour calmer la population en effervescence.

«Calmez-vous, allez du calme ! Ça suffit maintenant. La compétition a été annulée ça ne sert à rien de s’énerver.» Irrité par ce mouvement de foule, Cranky Kong leva sa canne pour se faire entendre par son peuple sourd d’oreille. Certains discutèrent, d’autres râlèrent mais la majorité s’éparpilla de déception. Ce n’était encore jamais arrivé que leur Roi prenne la décision de tout annuler ! Une première que personne ici n’approuvait.

«Je suis sincèrement désolée … Nous avons échoué.» Renifla tristement Solfège agenouillée sur le sol poussiéreux avec le Koopa tenu précieusement dans ses bras. La mine tombante et aux bords des larmes, la jeune femme n’osait regarder le Roi dans les yeux par peur d’y trouver la même chose que les habitants. Un mélange de haine et de rancœur. Cet échec lui pesait lourdement sur la conscience, alors qu’elle fût sa surprise lorsque Cranky Kong s’exprima d’une touche d’admiration dans sa voix.

«Non, vous avez réussi. Enfin d’une certaine manière.» Il hocha calmement la tête d’un sourire pensif tout en joignant ses mains sur sa canne dorée. Il attendit que l’humaine lève les yeux d’incrédulité pour poursuivre sur le même ton.

«D’habitude je ne félicite que mon fils, mais votre coopération était remarquable. Ce lien qui vous uni est fort. Il vous a permis d’arriver en première place sans aucune tricherie comme on aurait pu s’y attendre d’un certain Koopa connu pour sa mauvaise foi.» D’un coup d’œil insistant à la tortue face cachée, il revint ensuite à Solfège pour voir que son visage s’illuminait peu à peu. Il redressa ses lunettes sur son nez ; «à vous deux, vous avez réussi à démontrer qu’une réputation ne détermine pas qui on est et ni ce que nous sommes. Je vous félicite pour ce parcours. Même si le destin sous forme de brute sans cervelle a décidé d’intervenir au pire moment possible …»

Tandis qu’il disait cette phrase d’une secousse navrée de sa tête, il sentit subitement la terre se mettre à trembler sous les pas lourds de celui qu’il s’attendait à rencontrer. Le grand Koopa à épines s’avançait sur la piste entre les Koopalings pleurnichant qu’ils étaient victimes d’injustice après l’annulation de la course à la toute dernière seconde. Si proche de la victoire … Pointant du doigt Cranky Kong et les autres, Larry et Ludwig les accusaient d’avoir tous trichés pour les empêcher d’atteindre la coupe après s’être donné autant de mal pour y parvenir. En incluant les bombes interdites et les canons à carapaces bien sûr. Cependant le Roi Koopa n’avait d’yeux que pour Mario qui s’activait aux côtés de Donkey Kong pour éteindre l’incendie créé par ses Koopalings. Il les félicitera plus tard pour ça, il avait d’abord deux trois choses à régler ainsi qu’une coupe à récupérer. Les mains à ses hanches d’un grognement de désapprobation, l’immense Koopa fusilla du regard Cranky Kong qui ne se laissa pas du tout intimider par son regard fielleux.

«Cette coupe est à moi ! Nous l’avons gagnée, elle nous revient de droit. Donnez-là-moi si vous ne voulez pas dormir à la belle étoile ce soir.» Bowser réclama son dû d’un petit sourire provocateur, ce qui fit rire les Koopalings dans son dos.

«Mais dites-moi, de quel droit parlez-vous ? Oh, celui de quitter mon royaume peut-être ?» S’interrogea Cranky Kong en faisant mine de réfléchir d’une main dans sa barbe. Bowser se mit à rire sombrement en retour.

«Sans surprise, une résistance. Malheureusement je ne suis pas quelqu’un de patient alors donnez-la-moi si vous ne voulez pas le regretter ! Ensuite, je repartirai. C’est aussi simple que ça.» Il tenta de négocier tout en limant deux de ses griffes d’un sourcil rouge levé, le petit sourire persistant au coin du museau.

«Une petite minute. Vous vous pointez comme ça dans une compétition officielle sans aucune invitation ? C’est franchement pas poli. Ensuite vous pensez vraiment que je vais vous donner cette coupe faite en or massif par les plus grands artisans du pays après ce que vous avez fait ?! Après tout ce cirque ? Auriez-vous par hasard perdu l’esprit en cours de route ?» S’indigna Cranky Kong en le regardant de haut en bas d’un air ahuri, pas certain d’avoir correctement entendu ce qu’il exigeait. Néanmoins il ne laissa pas Bowser en placer une car lui aussi avait deux mots à lui dire.

«Vous n’êtes même pas capable de tenir un jour sans semer la zizanie ! C’est pour ça que vous n’êtes jamais invité. Personne ne vous fait confiance. Partout où vous allez vous faites régner le désordre et le chaos.» Déplora le Roi tandis qu’il levait le bras pour montrer le feu et la fumée bientôt maitrisés par ses gardes expérimentés. Oui, ils avaient l’habitude des débordements quotidiens avec les crashs de karts mais jamais durant un évènement d’envergure où la rigueur était de mise.

«Deux jours !» Bowser insista sur les mots de deux griffes levées.

«Rah mais on s’en moque ! Vous êtes tellement obsédé par le pouvoir et le contrôle que vous n’avez même pas remarqué le bonheur de votre épouse et de votre fils ! À quel point c’était important pour eux de participer aujourd’hui pour prouver leur valeur.» Poursuivit le Roi singe d’un ton exaspéré tout en montrant du doigt Solfège et Junior quelques mètres plus loin.

Le regard rougeoyant de Bowser se déporta quelques instants sur le duo en question qu’il n’avait même pas remarqué parmi ce désastre. Solfège tenait un Junior pleurant à chaudes larmes contre elle en passant sa main sur sa houppette dans l’espoir de le réconforter. Avant qu’il ne remplisse entièrement ses lunettes d’aviateur. Son visage était triste, concerné, toute la joie avait été drainée alors qu’elle cherchait un moyen de calmer la détresse émotionnelle de son fils dévasté d’avoir perdu. Leur quad à l’abandon après avoir explosé sur le bas-côté se moquant d’eux et de ce qu’ils avaient presque réussi à accomplir ensemble. Cette image d’eux assis dans la poussière entourée de fumée changea radicalement la vision de Bowser sur le problème et sur ses propres émotions contradictoires se bousculant en lui comme s’il était sur des montagnes russes. Ses yeux devinrent ronds à la soudaine tristesse qu’il ressentit … À cette pression douloureuse dans son plastron face à ce désespoir, à cet échec dont il avait été la principale cause.

Tout ça était de sa faute, il avait été aveuglé par sa colère et sa jalousie absurde à cause de son rival. Encore. Et le pire, ils avaient failli se faire blesser à cause de sa stupide quête de vengeance ! Son égoïsme avait eu raison de lui au lieu de leur faire confiance pour ramener la coupe à la maison ... Au lieu de les soutenir pour qu’ils réussissent, sa fierté aurait été d’autant plus grande. La boulette. Les épaules s’affaissantes à cette prise de conscience qui chassa son amertume, il baissa honteusement les yeux au sol à la recherche d’une solution pour réparer son erreur pendant que le vieux singe l’observait avec satisfaction. Puis comme tout à l’heure, il ne permit pas au grand Koopa odieux d’en placer une car il n’avait toujours pas fini de vider son sac maintenant qu’il en avait enfin l’occasion.

«C’est honteux ! Même mon fils fait moins de caprices que vous. Vous rendez-vous compte ?! Vous ne vous souciez que de votre propre petite personne et de ce que vous, vous ressentez. Le reste, vous vous en fichez. Votre égocentrisme surpasse de loin votre raison ! Enfin, si raison il y a. Il finira par vous porter préjudice, croyez-moi. Un jour viendra où tous vos mauvais actes entraîneront des conséquences. Ça vous pend au nez mon gros !» Fustigea-t-il. Secouant son index au visage peiné du Roi des Koopas, Cranky Kong remonta ses lunettes du bout des doigts pour ensuite fusiller du regard celui qui s’était permis d’intervenir dans cette compétition. Bowser serra les poings d’un souffle bruyant à la colère qui revint de plein fouet.

Il venait de se prendre les remontrances d’un vieux singe dément … À quoi bon de toute façon. Il ne réparait jamais rien, il cassait !

«Petit insolent … Je n’ai pas de morale à recevoir d’un vieux croulant ni de personne d’autre ! Est-ce clair ?! JE SUIS le Roi Bowser ! Vous m’avez cruellement manqué de respect ! Je pourrais tous vous détruire jusqu’aux derniers pour ce manque de considération ! Faire sonner mon moment de gloire par ce chaos qui vous effraie tant. Détruire votre ridicule petit royaume et vous remettre en cage pour un prochain sacrifice. Un dernier spectacle pour les singes farceurs que vous êtes ... Pendant un banquet où j’inviterai toutes les plus grandes crapules à festoyer en mon honneur.» Alors qu’il exprimait sa rage, il se mit à imaginer un scénario idéal d’un sourire rêveur, la main effleurant les airs.

«Oh oui, en voilà une idée. Je raserai chaque centimètre de ce village paradisiaque pour étendre mon territoire jusqu’aux frontières de l’océan. J’utiliserai votre trône pour me couper les ongles de pieds ! Je transformerai ce palais minable en garderie pour stocker mes bébés plantes piranhas qui deviendront vos pires cauchemars ! Et cette fois-ci, il n’y aura personne pour vous sauver la peau. Je m’en assurerais !» Gronda bassement Bowser qui termina sa phrase par un vil sourire, son regard s’assombrissant quand le singe ankylosé leva les sourcils d’incrédulité pour avoir choisi volontairement ou non le mot paradisiaque. Ce qui était plutôt bizarre pour de l’intimidation …

«Vous osez profaner des menaces dans mon propre royaume ?!» Se stupéfia-t-il.

«Ça y ressemble.» Bowser hocha doucement la tête sans perdre son expression menaçante, sauf que son sourire disparu à la réponse du vieux Roi à priori pas impressionné.

«Eh bien je vous conseille de ne pas essayer ! Certes, vous aviez réussi à nous devancer sur cette route arc-en-ciel l’autre fois, mais j’ai pris des mesures. Vous êtes beaucoup trop prévisible !» Déclara-t-il d’un ton las au moment où ses soldats entourèrent Bowser et les Koopalings fauteurs de troubles pour les empêcher de fuir. Il s’était douté que cette course allait se finir ainsi, et il se sentait horriblement déçu d’avoir eu raison. C’était vraiment dommage d’en arriver là … Après tous les efforts de Solfège et de Junior pour changer la perception des singes sur les Koopas. Il soupira de défaite tout en se frottant les yeux.

«Conformément aux règles de la compétition, je vous ordonne de quitter les lieux. Vous êtes bannis du Royaume de la Jungle et exclus des prochains évènements !» Annonça-t-il d’un claquement de doigts pour activer ses soldats. Ils descendirent leur puissante massue vers Bowser et les Koopalings se serrant les uns les autres de crainte afin de les forcer à coopérer sans devoir user de la force. Cranky Kong soupira encore puis jeta sa main en direction de la sortie ; «allez, du balai maintenant. Escortez-les jusqu’aux portes que je ne les vois plus.»

«Koopalings, Solfège, Junior, repli !» Dicta fermement Bowser piqué dans l’égo cependant incapable de rivaliser avec tous ces soldats lourdement armés. Il n’était pas venu ici pour déclencher une guerre, mais ça ne saurait tarder ! Les tensions étant presque palpables entre leurs deux peuples. Un jour, il reviendra avec une plus grande armée pour effacer ce petit sourire du visage de Cranky Kong !

Oui, un jour quand il aura une puissance militaire supérieure à la sienne il fera moins le malin avec lui.

Solfège continua d’épauler le petit Koopa reniflant pendant qu’elle regardait avec inquiétude l’escorte reconduire son époux furieux vers la sortie du Royaume de la Jungle. Elle n’avait pas manqué son regard douloureux, et encore moins ses mots derrière lesquels se cachaient un véritable mal-être. Était-elle donc la seule à le voir ? À voir ce qui se cachait dans cette carapace de dur ? Qu’il ne demandait qu’à avoir sa chance de prouver qu’il s’était amélioré tout en démontrant qu’il était tout à fait capable de participer à des jeux sans semer le trouble … Bowser avait toujours eu du mal à s’exprimer, à faire comprendre ses émotions, et bien souvent cette incapacité se transformait en frustration voir même en violence verbale ou physique. C’était tellement dommage qu’il n’arrivait pas à maitriser cette colère qui lui faisait bien plus de mal que de bien, avant de faire du mal aux autres.

Solfège restait persuadée qu’il ne le faisait pas exprès, qu’il ne savait juste pas comment s’y prendre avec cette réputation qui lui collait depuis sa naissance. Elle le connaissait mieux que quiconque désormais et il n’était pas celui qu’il prétendait être. Du moins pas toujours. Pourtant elle faisait de son mieux pour l’aider à détruire cette image mais si personne ne faisait jamais d’efforts, alors cette boucle sans fin ne serait jamais détruite et les mauvais jugements perdureront. Encore fallait-il commencer par la confiance ! Ce qui n’était pas son fort non plus. Tout était si compliqué, délicat. Peinée par la tournure des évènements, la jeune femme resserra ses bras autour de Junior tandis qu’elle suivait tristement du regard l’ombre du Roi Koopa abattu mais restant digne.

Plus tard le soir, après que tout le monde était rentré dans la sécurité du château flottant, Bowser resta enfermé dans sa pièce secrète plus si secrète que ça. À se morfondre sur ce qui s’était passé. À se demander pourquoi tout le monde le détestait alors qu’il aurait juste voulu s’amuser avec les autres. Quelque chose qu’il n’oserait jamais admettre au risque de mettre sa précieuse réputation de grosse brute en péril ! Toutefois il le souhaitait vraiment. Oui il aurait participé à cette compétition pour gagner la coupe coûte que coûte, mais il l’aurait fait avec plaisir et dans les règles de l’art comme le voulait si chèrement le Roi singe. Il avait même passé un savon à ses Koopalings pour avoir mis Solfège et Junior en danger ! Mais personne ne lui laissait jamais sa chance. Frustré, il balança la seule coupe qu’il avait sur le côté d’un grognement. Une coupe en bronze qu’il avait une fois gagnée lorsqu’il était petit quand Kamek lui avait fait faire un concours du plus moche bébé de tous les temps. Et il était tout de même arrivé troisième ! Une fierté.

Assis dans son fauteuil velouteux vert, le Koopa démoralisé plissa les yeux à la porte quand il entendit quatre petits coups sur le bois. Hésitant d’abord à chasser celui qui voulait le déranger en pleine déprime, il finit par inviter la personne à entrer dans sa pièce fétiche. La porte s’ouvrit d’un grincement puis deux petites frimousses passèrent leurs têtes à l’intérieur pour voir que Bowser faisait face à son armoire de trophées comportant pleins d’objets de tout genre. Allant des cadres photos à des trucs inutiles comme des mouchoirs ou des crayons qui avaient une véritable valeur sentimentale pour le propriétaire de cette collection personnelle. Certaines des photos étaient des images de Solfège et de Junior prises à des moments joyeux, puis d’autres étaient des représentations de lui bébé aux côtés de Kamek et des autres Magikoopas.

Toujours enfermé dans sa cage pour apporter de la lumière à la pièce, le petit Luma jaune dépourvu de parole tournoyait tranquillement à l’approche de l’humaine en robe rouge comme s’il était heureux de la revoir. La jeune femme lui fit rapidement signe de se taire d’un doigt sur ses lèvres, car son époux n’était pas censé savoir qu’elle était déjà venue ici par le passé ! D’ailleurs, il faudrait qu’elle trouve de bons arguments pour libérer ce pauvre Luma enfermé dans cette pièce sombre depuis des lustres … L’une de ses priorités depuis qu’elle était devenue Reine. Le saluant discrètement d’une vague de sa main, elle se dépêcha de rejoindre Bowser Junior qui gardait ses mains cachées derrière son dos d’un petit sourire réjoui quand son père lui haussa un sourcil intrigué. Tous les deux côtes à côtes devant un Bowser perplexe, ils comptèrent ensemble jusqu’à trois avant de dévoiler d’un petit "tada !" ce qu’il cachait.

Il s’agissait d’un origami de couleur jaune, ses plis formant une coupe en or. Depuis leur retour dans le château de Bowser, ils avaient travaillé d’arrache-pied pour lui faire quelque chose pour lui remonter le moral après cette défaite. Et Solfège avait eu l’idée de l’origami ! Une idée qui avait instantanément plu à Junior qui s’était rapidement mit au travail.

«Félicitations ! Tu as gagné la coupe du meilleur papa de tous les temps !» S’exclama Bowser Jr d’un sourire radieux lorsque son père récupéra la petite coupe faite en papier colorié par ses soins. Un peu nerveux que son cadeau ne lui plaise pas ou qu’il le trouve ridicule, il se tordit nerveusement les griffes en attendant une réaction.

«Je sais que ça ne vaut pas une vraie coupe en or … Et que tu voulais gagner cette course par tous les moyens, mais on voulait te fabriquer quelque chose pour te remonter le moral. Parce que pour nous, tu es le vrai vainqueur.» Admit doucement la petite tortue au museau tombant, inquiet par le silence de son paternel. Il détestait voir son papa aussi triste autant que Solfège, alors c’était tout naturellement qu’ils lui avaient fabriqué cette coupe malgré leur déception de ne pas avoir fini la compétition.

Car au final, le plus important était de participer.

Solfège sourit doucement à Junior en posant sa main sur sa carapace verte pour lui apporter son soutien. Elle était vraiment fière de lui et de son comportement plus qu’exemplaire ces deux derniers jours. Elle savait à quel point la reconnaissance de son père était importante pour lui, en dépit de son propre bonheur. Jetant un coup d’œil en direction de Bowser lorsque celui-ci ne dit toujours rien, elle suivit sa main griffue du regard quand il se pencha pour récupérer sa coupe en origami qu’il tint précieusement au centre de sa paume. Quelques secondes passèrent dans un silence tendu où il se contenta de regarder l’objet. Puis tout à coup, le grand Roi cruel et machiavélique attrapa les deux pour les emprisonner dans ses grands bras forts dans un câlin étouffant. Tout sourire, leurs éclats de rires remplissaient rapidement la pièce où se morfondait plus tôt Bowser désormais heureux et comblé. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais pour lui, c’était le plus beau cadeau du monde.

Une coupe décernée par son fils et sa femme, ça n’avait pas de valeur !

Après quelques rires supplémentaires et câlins affectueux échangés, Solfège et Junior laissèrent le Roi se changer les idées avec son tout nouveau trophée pour aller voir Koopa Cuistot afin de faire un plat digne de cette victoire. Bowser attendit qu’ils quittent la pièce pour se lever de son fauteuil puis délicatement placer sa coupe en papier sur l’étagère du haut, entre deux cadres photos. L’un de son fils, et l’autre de la jeune femme souriant sciemment le jour de leur mariage. Passant avec tendresse une griffe sur le bord du cadre à ce merveilleux souvenir du plus beau jour de sa vie, après l’arrivée de Junior bien sûr, un sourire évasif étira les coins de son museau jusqu’à ce qu’il n’entende un autre coup à sa porte qui le sortit de sa rêverie. Cette fois-ci plus franc. Décidemment !

«Quoi encore ?» S’agaça-t-il d’une voix ébranlée par la piqure familière des larmes. Il n’était pas du tout sentimental ! C’était la poussière sur les bibelots. Embarrassé par son état, il se racla la gorge pour se tourner vers celui qui venait encore le déranger en pleine réflexion solitaire. Quelle fût sa surprise de voir Terry à l’embrasure de la porte.

«Pssst !» Appela le Toad en noir tout en regardant de gauche à droite avant d’entrer sans permission en claquant la porte avec son pied. Une fois certain qu’ils étaient bien seuls, le petit champignon qui idolâtrait Bowser sortit quelque chose de sous son blouson noir. C’était la coupe banane.

«Regardez ce que je rapporte pour mon Maître adoré ! Ha ha, ces gros nazes ne se sont rendu compte de rien ! Au fait, bravo pour la diversion, c’était du grand art. Ils n’ont rien vus venir. Le plus difficile a été de tromper la vigilance du pot de colle qui me sert de frère …» Rouspéta Terry d’un soupir excédé au souvenir de cet éprouvant tour de passe-passe. Il n’y avait pas à dire, il était le meilleur au jeu de la tromperie ! Il s’épatait lui-même. Avant de tendre la coupe, il l’embua pour polir sa surface avec sa manche.

«Alors ? C’est qui le meilleur pickpocket de tous les temps ? Hein, qui ?» Se glorifia-t-il d’un sourire présomptueux quand son supérieur récupéra la grande coupe d’une expression émerveillée.

«Mwahahahaha ! Oui, elle est à moi ! Je l’ai enfin en ma possession …» Ravi, Bowser admira son reflet dans l’or de la coupe qui ne pesait pas si lourd que ça, bizarrement. Riant diaboliquement avec Terry, il se tut lorsqu’il la plaça dans son armoire en veillant à la poser derrière l’origami, pas devant. Car la coupe faite maison était quand même plus précieuse à ses yeux qu’une simple coupe en métal rare. Une remarque que Terry se garda de relever.

Puis les deux recommencèrent à glousser à ce vilain tour qui marqua la fin de cette journée chaotique, le sentiment d’avoir remporté la plus belle des victoires.

Fin

Et voilà, j’espère que ces péripéties dans le Royaume de la Jungle vous ont plus ! Il y aura peut-être un jour une autre OS sur Mario Kart, mais pas dans l’immédiat car j’ai d’autres projets qui mériteraient de voir le jour. En tout cas, j’adore ce jeu !

L’OC Terry le Terrible appartient à ODemonKillO.

À bientôt, VP

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