Petite Etincelle

Chapitre 4

6427 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/05/2022 21:21

Juste pour vous aider -> le CPU c'est le cerveau chez les Transformers.

CHAPITRE 4

POV Starwind

L'alarme s'était déclenchée il y a quelques breems.

Tous les bots du camp des réfugiés couraient et hurlaient de terreur, cherchant désespérément un moyen de s'enfuir avant que tout n'explose autour de nous dans un immense brasier mortel. Les soldats se rassemblaient actuellement au centre de la base souterraine et des mots tels que "attaque" et "urgence" pouvaient être entendus dans leurs voix alarmées. Mon Spark me faisait mal, terriblement mal. Il fallait à tout prix que je quitte cet endroit au plus vite avant qu'il ne soit trop tard ... Car la vie devait absolument être préservée du mal qui rongeait ce monde, comme nous l'avait si bien dit Optimus le cycle où il était officiellement devenu Prime. Mais ce n'était pas le bon moment pour réfléchir à ses paroles remplies de sagesse, car il y avait bien plus urgent à faire.

Je sortis hâtivement de ma chambre en regardant de gauche à droite avant de me précipiter dans les couloirs tout en ignorant du mieux que je le pouvais le petit tiraillement constant dans mon lien. Ce n'était pas du tout le moment ! On devait sortir le plus vite possible d'ici, c'était mon unique objectif au groon actuel. Prenant mon courage à deux mains, je marchai calmement dans le couloir dorénavant complètement vide, les lumières vacillant au-dessus de ma tête et mes optiques regardant frénétiquement dans tous les sens pour repérer tout mouvement suspect. A la moindre menace, je devrais courir aussi vite que mes jambes me le permettaient donc il fallait que je reste vigilante en permanence.

Beaucoup trop calme. Me disais-je d'un déglutissement nerveux. Il n'y avait que des sons d'explosions qui retentissaient à la surface, faisant trembler le sol à mes pedes dans de violents spasmes à chacune d’entre elles.

Puis en bifurquant dans un autre couloir un peu plus sombre que le précédent, j'entendis à travers une grille d'aération des voix que je reconnues comme étant celles de Prowl et de Blaster. Que faisaient-ils encore ici ?! Ils devaient impérativement rejoindre les autres au centre de la base, là où ils seraient le plus en sécurité ! Le plafond au-dessus de nos têtes menaçait de céder à tout instant sous le poids des explosions qui ne voulaient plus s'arrêter à la surface, affaiblissant toujours plus les fondations de cette base, à mon plus grand désarroi. Terriblement anxieuse, je me posai rapidement contre le mur afin de pouvoir écouter la conversation des deux mechas à l'intérieur de la salle de contrôle, esquissant une grimace lorsque Blaster hurla.

«Il faut évacuer le plus vite possible ! Les Decepticons ne vont plus tarder à pénétrer dans la base !» S'écria ce dernier furieux. Prowl répondit ensuite d'une voix calme.

«Non, nous ne pouvons pas sortir sans se faire massacrer. Les deux voies d'évacuation sont sûrement surveillées par nos ennemis, ils veulent nous cueillir les uns après les autres. Il faut récupérer le plus de soldats et bots volontaires pour défendre le périmètre. Nous devons tenir bon jusqu'à l'arrivée des renforts.» Dit-il en faisant une courte pause avant de poursuivre tout aussi sereinement qu'auparavant ; «rassemble tout le monde dans la salle principale pour minimiser les pertes et trouve des volontaires. Cette base a été étudiée pour résister à ce genre de menace, nous y sommes en sécurité pour le moment.»

Blaster répondit d'un oui rapide avant d'ouvrir la porte puis de boulonner dans les couloirs en direction de la salle principale comme le lui avait suggéré Prowl à l'instant. Leur ton alarmé m'avait vraiment fait froid dans le dos ... Comme quoi, ce n'était pas juste une simple attaque de représailles de la part des Decepticons mais bel et bien quelque chose de plus grave. De plus conséquent, d'après les bruits terrifiants. Toujours affalée contre le mur du couloir, je regardai avec des optiques larges la fuite du bot rouge avant de m'avancer dans la salle de contrôle qui demeurait toujours ouverte après son passage, dévoilant le mecha que je cherchai depuis plus d’un breem maintenant.

«Prowl ?» Ma voix tremblait et des larmes d'energon se remplissaient dans mes optiques bleues.

L'Autobot noir et blanc se tenait dos à moi, devant une immense vitre qui donnait sur l'entièreté de la salle principale de cette base souterraine. Soi-disant le lieu le plus sûr qui existait sur cette planète ... Mais pour combien de temps désormais ? Il semblait complètement perdu dans ses pensées alors qu'il contemplait les bots ci-dessous se rassemblant dans la panique jusqu'au moment où il entendit ma voix, petite et frêle. Ses ailes accrochées à ses larges épaules se contractèrent, et doucement, il se tourna pour me faire face tout en arborant une expression surprise. Ses optiques étaient grandes, elles reflétaient un semblant d'incertitude avant qu'Il ne pousse un profond soupir puis n'ouvre en grand ses bras pour m'inviter à le rejoindre.

Pas besoin de me le dire deux fois. Je traversai la pièce en deux grandes enjambées pour aussitôt me plonger dans ses bras accueillants dans une douce accolade. Mon audio gauche posée contre son châssis comportant quelques rayures, je fermai les optiques tandis que je resserrai instinctivement mes bras autour de lui. J'avais tant besoin de contact ... D'être rassurée que tout cela n'était qu'un horrible cauchemar éveillé, qu'il me dise que j'avais des hallucinations liées à la fatigue et que j'avais juste besoin de faire un check-up chez First Aid pour que tout redevienne normal. Mais malheureusement, ce n'était pas le cas. Sa main droite vint se poser à l'arrière de mon casque pendant qu'il me berçait gentiment contre la chaleur de son étincelle pulsant à un rythme régulier, cherchant à me réconforter du mieux qu'il le pouvait en ce contexte des plus inquiétants.

«Starwind ...» Souffla-t-il après un long moment dans cette position, conscient que ce moment pourrait être le dernier. Mes larmes d'energon coulaient maintenant à flots le long de mes plaques de joues et venaient éclabousser l'armure noire et blanche ci-dessous. Prowl caressa mon audio avant d'ouvrir la bouche une seconde fois.

«Je suppose que tu as tout entendu ?» Me demanda-t-il doucement même s'il connaissait d'ores et déjà la réponse à cette question. Cependant mon petit hochement de tête était nécessaire pour qu'il puisse continuer.

«Ecoute-moi bien. Rien ne vous arrivera, je t'en fais la promesse. Mais il faut que tu restes cachée dans ta chambre et que tu attendes que je vienne te chercher. Tu m'as compris ? C'est très important.» Sa voix était sévère mais douce alors qu'il me libérait de son étreinte pour me regarder droit dans les optiques, cherchant de la compréhension dans mon regard humide.

«Je t'en prie, viens avec moi ! Je ne veux pas qu'il t’arrive malheur ...» Me lamentai-je tout en attrapant son bras pour le tirer avec moi vers la sortie, sauf qu'il ne fit aucun mouvement pour me suivre.

«Je ne peux pas ... Les autres comptent sur mon aide. Nous avons besoin de tous les soldats pour repousser la menace qui sévit au-dessus de nous. Ne t’inquiète pas, ça va aller. Je te retrouverai plus tard comme promis.» Rassura-t-il tout en retirant délicatement son bras de mon emprise d'un sourire triste que je connaissais trop bien.

Lui-même n'en savait rien de l'issue de cette attaque.

Néanmoins il avait le don de me rassurer en toute circonstance, et cette fois-ci ne faisait pas exception malgré la situation à priori catastrophique. Alors d'un mouvement lent, je relevai mes optiques inquiètes vers son visage soucieux avant de tranquillement hocher la tête, les larmes disparaissant peu à peu de mes joues. Prowl me sourit encore une fois puis d'une dernière tape amicale à mon épaule, il prit du recul pour se retourner vers le large bureau afin de minutieusement vérifier toutes les caméras de surveillance disponibles à la surface, se remettant ainsi au travail. Je fis de même, toutefois avant de sortir de la pièce pour aller me réfugier dans ma chambre comme il me l'avait demandé, malgré mes doutes, je me retournai à nouveau vers le mecha noir et blanc. Surpris de voir que je n'étais toujours pas partie, ses crêtes optiques se levèrent d'incrédulité.

«Oui, Starwind ?» Il croisa poliment les mains devant lui en attendant ma requête. Je jouai nerveusement avec mes doigts avant de lui répondre précipitamment sous la pression.

«Je ... rien.» Chuchotai-je finalement après avoir perdu tout courage de lui dire ce qui me pesait sur le Spark.

Embarrassée, je secouai rapidement la tête tandis que je m'éclipsai à la hâte de la salle de contrôle pour rejoindre mes quartiers personnels se trouvant à quelques couloirs plus loin. Je me sentais tellement ridicule ... Et lâche aussi. Si cette maudite timidité ne sévissait pas autant à chaque fois qu'il fallait que j'exprime mes sentiments, peut-être que les choses auraient été différentes et à bien des égards ! Mon embarras se transformant bientôt en de l'agacement face à tous ces défauts pénibles qui s’ajoutait à ma liste, je rouvris la porte de ma chambre pour m'installer au bord de ma couchette d'un faible soupir. Les bruits et les tremblements avaient cessés depuis quelques breems, alors je décidai de m'allonger un peu pour faire une courte stase le temps que Prowl ne vienne.

Tandis que je fixai pensivement le plafond gris au-dessus de moi, le bout de mes doigts se mirent à inconsciemment caresser mon châssis, juste au-dessus de la chambre à étincelant. Je chérissais les rares moments que je partageai avec Prowl car c'était toujours un bot très occupé qui aimait faire régner l'ordre dans ce camp caché sous la ville de Trypican à l'abri des regards. Le plus grand et le plus solide de tous, d’après les rumeurs. Pas beaucoup l’appréciait, mais il s'agissait avant tout de mon meilleur ami en qui je vouai une totale confiance, donc c'était tout naturellement que je respectai chacun de ses choix de vie et chacune de ses convictions, aussi folles soient-elles. Même si c'était difficile pour moi par moment d'en comprendre leurs sens ... Surtout lorsqu'il s'agissait de sécurité.

Mes optiques devinrent vite lourdes puis ce fût avec une dernière pensée pour Primus que je rentrai enfin en stase, ma main droite reposant sur le haut de mon châssis bleu.

Primus, faites qu'il rentre en toute sécurité.

{==10 cycles Stellaire avant==}

POV Starwind

«Cybertroniens, Cybertroniennes, une rébellion du nom de Decepticon vient d'émerger sous le commandement de Megatron. Nous avons construit cette base souterraine afin de mettre en sécurité les citoyens de Trypican ou en d'autres termes, vous. Vous serez sous notre entière responsabilité le temps de résoudre ce petit problème d'entente. Soyez rassurés, avec moi vous serez en toute sécurité durant la totalité de votre séjour.»

Je regardai avec un grand intérêt le robot qui s'adressait directement à nous, habitants de Trypican, rassemblés au centre même de cette base souterraine flambant neuve. Ce dernier, plutôt bavard il fallait bien l'admettre, était de couleur blanche avec quelques parties de son armure robuste peintes dans un rouge profond, notamment ses épaules et ses tibias. Sa taille était plutôt impressionnante, du moins comparée à la mienne bien plus petite que la moyenne des fembots. Dans son dos, il portait deux grandes lames tranchantes comme des rasoirs qu'il cachait précieusement entre deux longues ailes touchant presque le sol à ses pedes tout aussi larges pour soutenir son poids conséquent.

Mhm, un bot aérien. Remarquai-je à moi-même, les optiques plissées dans la concentration.

Il avait également une voix profonde qui rebondissait sur les murs de métal tout autour de nous dans un écho sinistre, nous rappelant cruellement que dorénavant nous vivrons sous terre à plusieurs centaines de mètres en dessous de la surface pour un différend diplomatique s'étant transformé en rébellion. Au moins pour un temps, du moins c'était ce qu'assurait ce bot étranger ... Ce mecha portant la désignation de Blades, si j'avais bien suivi son discours ennuyeux depuis le début, nous observait tous avec dédain, son châssis blanc gonflé d'une fierté à peine dissimulée. Je n'aimais pas ce regard, j'avais l'impression qu'il nous prenait de haut et qu'il nous considérait comme des fardeaux, des imbéciles sans aucune compétence. Peut-être que son désir avait été de rejoindre le champ de bataille plutôt que de surveiller des civils ici-bas ? Une chose que je pourrai éventuellement comprendre s'il arrêterait une bonne fois pour toute de nous regarder de la sorte !

Je n'aime pas ça ... Je grimaçai tout en passant mon poids d'une jambe à l'autre tout en jouant avec mes doigts, mal-à-l'aise.

Décidant de ne plus me consacrer au discours de ce robot prétentieux pour apaiser mon angoisse stagnante dans mon Spark, je passai mes optiques sur le reste de l'équipe chargée de nous protéger jusqu'à nouvel ordre. Il y avait quatre autres robots devant nous ou devrai-je dire, nos "protecteurs" qui avaient tous l'air très à l'écoute de leur sergent-chef avec une certaine admiration dans leurs optiques bleues. Tous sauf un, cependant j'ignorai sa désignation pour le moment car il n'avait pas encore été présenté par Blades trop occupé à se faire des éloges sur ses capacités en tant que leader. Mais dans tous les cas, je me devais d'être exemplaire et rester attentive à mon nouveau chef qui se décida enfin à présenter ses camarades qui le seconderont durant notre séjour prolongé.

«Maintenant, je vous présente mes coéquipiers. First Aid, notre médecin, Kup notre plus ancien guerrier, Blaster qui s'occupe des communications et Prowl, notre tacticien.» Pour chaque bot annoncé, Blades les pointaient du doigt.

First Aid était un grand robot rouge et blanc tout comme Blades à la différence que ce dernier avait des parties grises sur son cadre plutôt agréable à regarder, je devais bien l'admettre. Mais lui, au lieu d'avoir une lourde armure et un air menaçant comme son homologue, était plutôt sinueux et portait une croix rouge significative sur son épaule gauche. Kup, lui, était tout simplement immense. C'était un mecha assez âgé intégralement vert qui portait deux gros canons à plasma sur ses avant-bras, un casque rond, des cuisses énormes et un châssis imposant aux courbes carrées. Il n'y avait aucun doute que son véhicule devait être une incroyable machine de guerre ! Il semblait d'ailleurs un peu rouillé au niveau des jointures et du dos, mais son sourire sympathique et sa dégaine de vieux soldat me rassurait beaucoup.

Blaster, quant à lui, avait une taille moyenne et ses vives couleurs se résumant à de l'orange de plusieurs nuances différentes lui donnait un aspect dynamique. Sur ses genoux se trouvaient des roues tandis que sur ses pedes, uniquement des demi-roues qui formaient deux grands appuis pour soutenir son poids. Tout comme les trois précédents mechas que j'avais discrètement observé depuis la foule, il gardait ses bras croisés sur son châssis puis nous regardait sans réelles émotions dans ses optiques un peu plus claires que la normale. Néanmoins il m'inspirait toujours plus confiance que Blades malgré cet air autoritaire qui se dégageait de lui. Même si j’étais intimement convaincue qu’il ne s’agissait en réalité que d’une facette.

Le dernier des soldats, c'était Prowl, le bot qui avait attiré mon attention un breem plus tôt lors du discours du chef arrogant. Lui avait du noir ainsi que du blanc en guise de peinture de carrosserie. Dans son dos se trouvaient deux grandes portes ailes toutes deux traversées par une bande blanche, sur son front se dessinait deux crêtes rouges pointues et des missiles étaient sagement assis sur ses épaules en attendant un prochain conflit. Une étoile argentée figurait en plein milieu de son châssis bombé, lui donnant un certain style qui me plaisait plutôt bien. Contrairement à ses congénères, il était le plus maigre de la bande mais j'étais persuadée que ses compétences se concentraient surtout sur sa grande intelligence en tant que tacticien renommé. Pendant un court instant, lors de mon examen minutieux, nos optiques bleues se rencontrèrent et étrangement je ne pus détourner le regard de ce bot intriguant.

Jusqu'à ce que Blades ne tousse dans son poing avant de s'avancer vers nous.

«Bon, maintenant que les présentations sont faites, je laisse Prowl vous faire part du règlement de la base. Bonne chance !» Déclara-t-il d'une touche de compassion tout en se frottant l'arrière de la tête dans la gêne. Il nous salua brièvement puis se retourna aussitôt pour disparaître derrière une lourde porte rapidement suivit par les trois autres soldats, tout autant désireux de quitter les lieux.

Mais pourquoi ?

Je n'allais pas tarder à le savoir à mes dépens ... Prowl acquiesça poliment à son supérieur tandis qu'il se tournait pleinement vers nous après avoir croisé les bras derrière son dos, une expression intransigeante se dessinant peu à peu sur son visage gris clair. Jetant quelques coups d'optiques à droite à gauche, il gonfla subitement le châssis avant de commencer à énoncer les fameuses règles de la base souterraine. Ce fût à l'instant précis où il ouvrit la bouche que je compris que cette liste allait être longue ... Très, très longue.

«Les règles ici sont très simples. Je les ai mises en place moi-même. Règle numéro 1 : aucun bot ne doit sortir sans autorisation. Règle numéro 2 : aucun bot ne doit sortir de ses quartiers privés après le couvre-feu. Règle numéro 3 : aucun bot ne doit entrer dans la salle de contrôle sans permission. Règle numéro 4 : aucun retardataire ne sera autorisé à l'entraînement. Règle numéro-» Et il poursuivit dans cette direction pendant les deux prochains groons.

Deux groons, c'était horriblement long avec ce ton monotone des plus ennuyeux ... Croyez-moi. Mais le pire dans tout cela, c'était qu'il n'avait toujours pas fini ! Certains robots autour de moi s'étaient carrément couchés au sol et vacillaient au bord de la stase alors que d'autres s'étaient adossés contre les murs du fond pour ne pas tomber de fatigue ou de découragement, au choix. D'ailleurs, il ne restait pratiquement plus personne à l'écoute de Prowl dans la salle après l'énonciation de la règle numéro cent dix-huit, un miracle d'après moi car la plupart de ces règles n'avaient ni queue ni tête ... C’était insensé comme règlement. Qui se souciait réellement de savoir qui était le dernier bot à avoir utilisé la brosse de douche ?

Ils avaient tous abandonnés le combat, sauf moi. La seule toujours debout au milieu du hall d'entrée, essayant du mieux que je le pouvais de rester concentrer pour ne pas succomber à la stase d'urgence pourtant si invitante. N'y avait-il donc aucune fin, à ce discours des plus assommants ? Se rendait-il au moins compte de l'effet qu'il avait sur les robots lorsqu’il parlait avec ce ton soporifère ? C'était pour cette raison-là que les autres soldats de la base s'étaient lâchement enfuis après avoir donné la parole à Prowl ! Ils savaient parfaitement ce qui allait se produire avec le tacticien maussade et ce que ce dernier allait nous infliger pendant tout ce temps ... Vilain. Toutefois une part de moi éprouvait de la compassion pour ce pauvre mecha qui s'était énormément appliqué pour rédiger toutes ces règles qui avaient tout de même leur importance, ou qui auront leur importance dans le futur, je n'en doutai pas un seul instant.

«Règle numéro 426 : on ne lubrifie personne publiquement.» Récita solennellement Prowl d'un sourire satisfait. Mais au manque de bruits dans la salle, il s'arrêta pour toiser sévèrement les robots en stase éparpillés un peu partout sur le sol et contre les murs voisins.

Le mecha noir et blanc secoua la tête de frustration avant qu'il ne pose enfin les optiques sur moi, la seule encore debout après ce déluge de règles. Il me contempla quelques instants de haut en bas avant de lever une crête optique de surprise puis de croiser ses bras sur son châssis impeccable, sans doute impressionné par ma ténacité. Pour ma part, je me tenais raide sur mes jambes tremblantes et luttai désespérément contre la stase d'urgence en ignorant tous les messages d'alertes qui flashaient dans mon CPU épuisé, me battant de toutes mes dernières forces pour ne pas céder à la tentation. Prowl quelques mètres plus loin me fit un petit sourire triste tandis qu'il se raclait le vocaliser pour annoncer la chose suivante haut et fort afin que tout le monde puisse l'entendre.

«Ahem. Maintenant je vous invite à rejoindre vos quartiers. Merci pour votre écoute !» S'écria-t-il d'une pointe de sarcasme alors que sa voix autoritaire pénétrait dans tous les audios en grève.

Et il n'avait pas besoin de le répéter une deuxième fois ! Je gloussai presque d'amusement lorsque je vis les autres se lever précipitamment sur leurs pedes pour courir à grande vitesse dans le couloir menant tout droit aux quartiers personnels, loin de Prowl avant que celui-ci ne remette une couche d'instructions pour les achever définitivement. J’étais certaine que la plupart craignait qu'il s'agissait juste d'un leurre pour ravoir leur attention ! Ce qui expliquerait toute cette frénésie plutôt comique à regarder. Amusée mais complètement éreintée, j'étirai lentement mes engrenages un à un puis décida ensuite de rejoindre mes quartiers pour une bonne recharge amplement méritée avant d'aller me réapprovisionner.

Ce séjour allait être bien long ...

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Suite à un long cycle de repos dans mes tous nouveaux quartiers au quatrième sous-sol, il était temps pour moi de refaire le plein d'énergie. Le petit sigle réservoir vide clignotant dans ma vision périphérique devenait frénétique tandis que les pourcentages d'energon continuait de chuter dangereusement, jusqu'à avoisiner les vingt pour cent. Je jouai vraiment avec le feu ... Encore quelques pourcentages en moins et c'était garanti que je ne pourrais même plus me déplacer ! Grimaçante à ce scénario plus embarrassant que catastrophique, je me levai de ma couchette en étirant mes bras au-dessus de ma tête pour décoincer les engrenages de mon dos. Même ce simple mouvement était un véritable défi avec si peu de réserve.

Oui, un peu d'energon frais ne serait décidément pas de refus. Je déambulai donc lentement vers la salle de réapprovisionnement d'un pas léger, appréciant les derniers instants de solitude avant de rejoindre la bruyante civilisation agglutinée au même endroit pour la même raison qui me poussait à sortir de mes quartiers un peu dans l'urgence. Cependant lorsque j'ouvris les grandes portes, je ne m'attendais pas à être accueillie par autant de bots dispersés à différentes tables. Ils discutaient tous vivement entre eux, riaient aux éclats, pas le moins du monde dérangés par le chahut que produisaient toutes ces voix réunies. Je baissai automatiquement les optiques au sol car je ne voulais surtout pas devenir le centre de l'attention pendant que je me dirigeai tranquillement vers le distributeur du fond en ignorant du mieux que je le pouvais les mechas me fixant qui murmuraient à voix basse.

Mes pedes paraissaient soudainement plus lourds alors qu'ils résonnaient un peu trop bruyamment sur le sol en métal à mon goût. Être l'une des seules debout dans une immense salle remplie d'inconnus me terrifiai ... Chaque mouvement était une terrible épreuve pour moi. Quand j'atteignis enfin ce fichu distributeur de cubes qui m'avait semblé inatteignable quelques instants auparavant, je laissai un petit soupir de soulagement sortir de ma bouche tandis que je serrai mes poings à mes côtés pour contenir mes tremblements de nervosité. Après quelques nano-kliks à compter dans ma tête pour me calmer, je me servis enfin un cube d'energon pour ensuite rejoindre une table vide loin des optiques curieuses.

Je pris place à la chaise dans le coin le plus éloigné après quoi, je commençai à siroter mon délicieux cube qui allait remplir mon réservoir et supprimer l'alerte gênante dans ma vision. Ce n'était pas trop tôt ! Incroyablement soulagée, mes pensées diverses commencèrent à envahir mon CPU pendant que mes optiques balayaient tranquillement la salle du regard d'un sourire absent. Evidemment, ces pensées se dirigèrent automatiquement sur un mecha bleu et rouge que je n'avais pas croisée depuis quelques temps, bien trop longtemps pour ne pas me soucier.

Ultra Magnus avait longuement insisté pour que je vienne me réfugier ici par peur de me voir blessée aux mains des Decepticons si je restais à la surface, proposition que j'avais acceptée à condition qu'il revienne sain et sauf. Bien entendu, c'était une promesse impossible à tenir quand l'avenir se montrait si incertain, mais je voulais qu'il sache que je l'attendrais ici-bas le temps qu'il faudra. Il était parti avec les autres membres de la garde d'Élite de Trypican pour patrouiller dans la ville et repousser les rebellions qui explosaient un peu partout dans les quartiers désormais désertés par sécurité. J'ignorais s'il allait bien, car cela faisait au moins un deca cycle que je ne l'avais plus revue depuis notre dernière conversation sous le ciel étoilé de Cybertron pour me convaincre de me mettre à l'abri ... Et il n'y avait rien de pire que cette ignorance, cette impuissance.

Il me manquait terriblement.

Les rires forts qui remplissaient subitement mes audios me sortirent de mes pensées pour me focaliser sur le bruit environnant. Clignant des optiques de perplexité, je tournai la tête en direction des sons pour être témoin d'une scène plutôt comique à une table de quatre robots. Un mecha et trois fembots. Ces dernières tournaient comme des charognards autour du pauvre robot de couleur noir dans le but d'avoir toute son attention, ce qui semblait grandement agacer le mecha qui tentait de les chasser d'un revers de sa main pour pouvoir se délecter tranquillement de son energon. Visiblement pas intéressé par elles alors qu'elles gloussaient comme des abruties en essayant de s'assoir sur la table ou encore sur ses genoux ...

Stupides parasites. Je secouai la tête d'irritation.

En parallèle, le mecha noir leva ses optiques au plafond d'exaspération puis tenta de retirer les mains qui traînaient sans son consentement sur son impressionnante carrosserie luisante aux néons bleus de la salle. Le pauvre ! Peut-être qu'il avait déjà un ou une Sparkmate ? Je riais doucement à la scène avant de replonger dans mon cube maintenant vide entre mes mains. Zut, je ressentais encore et toujours une certaine fatigue dans mon protoforme, alors je décidai de rechercher un autre cube d'energon pour remplir mon réservoir jusqu'à sa limite. Au moins, je ne serai plus obligée de venir ici avant un certain temps ! C'était un énorme point positif.

Après réflexion pour trouver du courage, je me levai calmement pour me diriger vers le distributeur au centre de la salle de ravitaillement, le plus proche de ma position évidemment. Je m'apprêtai à me resservir un cube lorsque je ressentis tout à coup une présence envahissante à mes côtés, me donnant un violent frisson qui traversa l'intégralité de mon protoforme en état d'alerte. Les optiques écarquillées de surprise et de nervosité, j'étais tout simplement dans l'incapacité de m'éloigner du robot qui me collait volontairement. Soudain, une main se positionna sur le distributeur en face de moi juste à côté de ma tête. N'ayant désormais plus le choix étant donné que j'étais coincée entre un châssis et la machine, je me retournai pour plonger mon regard craintif dans une paire d'optiques jaune qui contenait une touche de malice.

Le mecha de la table de tout à l'heure !

«Bonjour, petite. Je t'ai vu me regarder avant, et je voulais savoir si tu voulais nous rejoindre ?» S'expliqua-t-il brièvement en faisant signe à la table en question où les trois fembots espiègles siégeaient. Elles me fixaient toutes et ricanaient bêtement.

Hors de question, je n'allais pas me donner en spectacle pour leur bon plaisir ! J'avais très bien compris ce qu'ils voulaient faire et je n'allais certainement pas leur laisser l'opportunité de me rabaisser, ni de se moquer de moi comme si de rien était. J'étais peut-être timide, mais pas stupide non plus. Plissant d'abord mes optiques aux fembots méprisables pour qu'elles se taisent, je revins ensuite au visage souriant du mecha pour lui lancer un regard des plus meurtriers, à la fois exaspérée et à la fois intimidée par cet individu qui cachait presque la totalité de la lumière avec son imposant cadre sombre. Usant de la pointe de mes pedes pour me mettre à peu près à sa hauteur, je fronçai les crêtes optiques avant de m'exprimer.

«Non, merci !» Lui dis-je d'un ton sec après avoir repoussé son bras pour me libérer et rejoindre ma table au fond de la salle.

Toutefois j'eu à peine le temps de faire quelques pas avant qu'on ne m'agrippe fermement l'épaule pour me forcer à faire volte-face. Le mecha avait l'air furieux par mon rejet ... Ses optiques jaunes s'éclaircissant de colère tandis qu'il me confrontait, levant soudainement son poing droit en l'air pour me faire regretter mes paroles qu'il jugeait sans doute trop odieuses. Par peur d'être frappée, je levai instinctivement mes bras au-dessus de ma tête pour couvrir mon visage ainsi que mes optiques fragiles, ne voulant pas me retrouver à l'infirmerie parce qu'il fallait faire de grosses réparations. Le Spark pulsant la chamade, j’attendis le coup en revanche celui-ci ne vint jamais, à ma plus grande surprise.

A la place, je pouvais entendre un faible gémissement provenir du mecha me surplombant, alors je rouvris lentement mes optiques pour voir quelque chose de complétement inattendue. Dire que j’étais surprise serait un euphémisme ! Le poing qui était destiné à mon visage se trouvait à quelques centimètres de mes optiques stupéfiées, immobile mais tremblant à cause d'une main qui avait arrêté sa trajectoire. Une main raccordée à un bras fait de plaques de métal noire et blanche très familières …

«Règle numéro 349 ?» Demanda joyeusement Prowl qui tenait sans trop de difficultés le bras du robot furax d'avoir été interpelé.

Le bot en question grogna profondément de colère avant de serrer les dentas puis de me fusiller du regard, ignorant le tacticien pour le moment. Alors Prowl se pencha à sa hauteur afin de lui hausser une crête optique et de brutalement retourner son bras jusqu'à entendre un petit craquement suivit d'un cri de douleur. Il semblerait qu’il attendait toujours une réponse à sa question sérieuse. Toisant nonchalamment le mecha qui avait voulu me brutaliser pour un simple refus, il continua de tenir son bras dans un angle douloureux sans jamais montrer de signe de faiblesse. C'était à peine s'il mettait de la force dans sa poigne ! Il positionna tranquillement son autre main en poing contre sa hanche pendant qu'il écoutait attentivement les gémissements du bot irrespectueux, voulant absolument entendre cette fameuse règle trois cent quarante-neuf de sa bouche.

«Ne jamais s'attaquer à plus faible que soit !» M'exclamai-je haut et fort sans y réfléchir à deux fois avant de plaquer mes mains sur ma bouche, horrifiée. Oups ?

Prowl quant à lui, tourna la tête dans ma direction puis relâcha sèchement sa prise sur l'individu aux mauvaises intentions pour qu'il puisse reculer et tenir son pauvre bras contre son châssis sous les moqueries des autres pour avoir été aussi facilement malmené. Bien fait pour lui, j'espère que cela lui servira de bonne leçon ! Néanmoins, je ne pouvais pas afficher ma satisfaction car le regard autoritaire de l'Autobot noir et blanc m'intimidait ... Me terrifiait presque. Il avait eu l'air surpris de ma réponse, mais cette surprise s'était très rapidement transformée en ce rictus habituel implacable qu’il aimait tant afficher en public.

«Vous, quelle est votre désignation ?» Me demanda-t-il en croisant ses bras.

«S-Starwind.» Balbutiai-je nerveusement, faisant de mon mieux pour le regarder dans les optiques. Une tâche s’avérant plus compliquée que prévue.

«Eh bien Starwind, vous avez parfaitement raison !» Félicita-t-il ensuite d'un léger rebond, les coins de sa bouche se prolongeant en un sourire conquis.

Wow, c'était étrange de le voir sourire. Je dirai même effrayant ! Mais il était bienveillant.

Médusée par ce compliment des plus inattendus, ma bouche s'ouvrait et se refermait béatement tandis que je cherchai quelque chose à dire en retour, sauf que rien ne vint. Partagée entre la fierté et la réserve, ce fût la timidité qui l'emporta, comme toujours. Je me contentai donc d'hausser les épaules puis de regarder le sol à mes pedes, esquissant un petit sourire quand Prowl me cligna de l'optique. Ce mecha m'inspirait plus de confiance que n'importe qui ici ! Surtout après son acte héroïque quand personne d'autre dans la salle n'avait voulu me porter secours alors que j'avais été sur le point de me faire frapper ... Vive le courage et l'entraide. J’étais très souvent malmenée par ce genre de bots parce que je paraissais si faible, mais il n’en était rien ! J’étais juste effrayée par le monde.

Prowl se racla subitement le vocaliser lorsqu'il se retourna vers le mecha essayant de s'éclipser discrètement derrière la machine pour éviter un nouveau conflit avec son persécuteur. Au contact visuel avec ce dernier grimaçant, il perdit immédiatement son sourire aimable pour le troquer contre son air intransigeant qui désemparerait même le plus coriace des soldats. Il pointa d'abord son index vers lui puis ensuite sur le cube que j'avais malencontreusement renversé au sol durant l'altercation, et ainsi de suite jusqu'à ce que le mecha ne comprenne son message silencieux du ramassage de cube. Mais ne voulant cependant plus intervenir dans cette histoire, je m'éloignai des deux robots pour rejoindre la sécurité de mes quartiers et reprendre mes esprits, seule.

«Starwind ! Attendez !»

Au son de mon nom, je me retournai machinalement pour voir qu'il s'agissait de Prowl qui courait en trombe dans ma direction. Y avait-il un problème ? L'Autobot ayant pour but de faire régner l'ordre au sein de cette colonie se pencha sur ses genoux une fois qu'il arriva à ma hauteur pour récupérer son énergie dépensée à courir aussi vite sur une courte distance. Manquait-il d'endurance ? Me questionnai-je, intriguée, alors qu'il se redressait d'un grand sourire qui réchauffa mes plaques de joue. Je n'avais pas l'habitude de recevoir ce genre de sourire d'inconnu, surtout pas après une bagarre où j'en étais la cause.

«Starwind, je viens de constater que vous avez une excellente mémoire ! Personne jusqu'ici n'avait réussi à retenir mes règles, c'est un miracle ! Donc je voulais savoir si vous voudriez bien m'aider à trier tous mes datapads ? C'est un travail récompensé ! Vous aurez des privilèges en échange de votre aide précieuse.» S'essouffla-t-il d'un doigt levé en l'air, vraisemblablement émerveillé par ma compétence de mémorisation.

«Vous aider ?» Répétai-je bêtement, éberluée par une telle proposition. Moi ? Jamais personne n'avait eu besoin de moi ! Même lorsque je travaillai à la maternusine, j'étais toujours dans mon coin à vaquer à mes occupations sans que l'on se soucie de moi. Mon expression abasourdie fit disparaître le grand sourire de Prowl et je pouvais voir, derrière la visière qu'il avait glissée sur ses optiques, qu'il évitait mon regard.

Bon, je devais admettre que son regard suppliant et son air de bot abattu ne me laissait pas du tout indifférente. Loin de là. Peut-être était-ce de la timidité, peut-être le fait que je n'avais aucun ami ici qui m'aida à accepter sa proposition mais une chose était sûre, j'avais envie d'essayer quelque chose de nouveau. Et pourquoi pas avec lui ? Remarquant que ses ailes tombaient de déception dans son dos parce que je mettais trop de temps à répondre, et qu'il prenait surement mon silence pour un non, je m'avançai pour qu'il lève ses optiques remplies d'espoir vers moi.

«Très bien, j'accepte !» Affirmai-je d'une voix assurée alors qu'un sourire timide se dessinait sur mon visage lorsqu'il soupira théâtralement, apparemment soulagé.

«Merveilleux ! Maintenant suivez-moi, je vais vous montrer comment faire. Vous verrez c'est très simple, il suffit de-» Et c'était repartit pour un tour ... Prowl se lança dans un nouveau monologue pendant qu'il me conduisait jusqu'à son bureau, heureux d'avoir trouvé quelqu'un pour l'aider dans sa tâche fastidieuse. Alors je me contentai de le suivre et de le regarder radoter sans vraiment comprendre ce qu'il me disait, tout simplement contente de pouvoir passer du temps avec quelqu'un qui ne me jugeait pas.

Mais jamais je n'aurais pu croire que ce mecha-là, allait devenir mon meilleur ami.

A suivre ...


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