Petite Etincelle

Chapitre 5

11118 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/05/2022 21:22

CHAPITRE 5

{==2 Deca cycles plus tard==}

POV Normal

Le temps et l'ennui se faisaient ressentir dans l’ensemble de la base souterraine. Il n’y avait rien de vraiment spécial qui se produisait, rien d’intéressant non plus, et un long quotidien monotone s’était finalement instauré au fil des cycles qui passaient loin de la lumière du soleil. Etonnamment, malgré la population de la base la paix et l’ordre étaient respectés, cependant les robots ne rêvaient plus que d’une chose, c’était de pouvoir sortir pour retrouver leur belle ville de Trypican. Déjà deux deca cycles enfermés sans en connaître les véritables raisons de cette décision précipitée. Pourquoi fallait-il qu’un conflit se déclenche maintenant ? Pourquoi toutes ces choses négatives se manifestaient si soudainement ? Personne ne demandait jamais l’avis des civils, pourtant c’était eux qui se retrouvaient toujours en première ligne, les fameuses victimes collatérales.

Autobots comme Decepticons.

De son côté, Starwind alla aider Prowl tous les cycles depuis son agression dans la salle de ravitaillement. Pour elle, c'était une façon de le remercier car il le méritait plus que tout après ce qu’il avait fait pour lui venir en aide face à cette brute sans CPU. Qui aurait pu penser que le froid et distant tacticien n’était en fait qu’un mecha très solitaire à la recherche d’un peu de compagnie ? Constamment seul dans son bureau exigu à trier de vieilles archives sans jamais recevoir aucune visite des autres dirigeants de la base. Des cycles horriblement longs et moroses … Qui pouvaient nuire à sa santé mentale et grandement affecter son comportement en société. C’était peut-être difficile à croire pour certains mais avec le temps, ils étaient devenus les meilleurs amis du monde. Une amitié qui avait pris vie suite à une petite altercation et qui se renforçait cycle après cycle dans les locaux des archives.

Et plus Starwind passait du temps avec le robot noir et blanc, moins elle pensait à Ultra Magnus, le bot depuis longtemps disparu des radars.

«Hey, Prowl ! Tu viens à l’entraînement, tout-à-l‘heure ? J’aimerais renforcer mon endurance et ajuster mon esquive.» S'exprima joyeusement Starwind qui semblait très excitée à l’idée de rejoindre la salle d’entraînement avec son ami, ses petites ailettes se redressant dans son dos pour exprimer sa joie.

Pas loin du milieu du cycle, la fembot bleu ciel était actuellement dans le bureau de Prowl et triait une liasse de datapads qui dataient d'un petit moment déjà. Des archives sur les grands Primes originels ainsi que sur la contribution des Anciens pour améliorer le quotidien des Cybertroniens, rien de vraiment important selon elle. Car le passé était le passé et il ne devait pas affecter le présent. Seulement le façonner et guider dans les choix de chacun. Fronçant les crêtes optiques à ces vieilleries redondantes, elle passa sa main sur le dessus de l’un d’eux puis toussa lorsqu’une fine pellicule de poussière métallique s’envola devant ses optiques bleues écarquillées. De l’autre côté du bureau, Prowl la regarda avec une touche d’amusement avant d’hausser les épaules avec nonchalance.

«Pourquoi devrais-je aller avec toi à un entraînement, si je suis un tacticien censé être derrière un bureau et les caméras de surveillance ?» Lui répondit-il alors qu’il levait confusément les bras avec un petit sourire absurde qui ornait son visage gris. Il se baissa ensuite pour ramasser un datapad qui s’était malencontreusement retrouvé au sol.

Les ailettes de Starwind s’affaissèrent légèrement de déception à cette réplique plutôt prévisible avant qu'elle n’ait une tout autre idée derrière la tête. Il ne voulait pas sortir de son trou à scraplets ? Très bien ! Elle utilisera une autre méthode pour le convaincre. D’un petit sourire espiègle jouant à ses lèvres, la fembot avec un objectif précis se leva doucement de son siège pour contourner son bureau et rejoindre celui du mecha qui lui tournait actuellement le dos, trop occupé à ranger ses précieux datapads pour prendre conscience du danger. L’Autobot noir et blanc marmonnait quelque chose d’incompréhensible tandis qu’il recourbait son index sous son menton dans la réflexion, ses optiques plissées au datapad dans sa main gauche qui ne voulait plus s’allumer. Était-il brisé ?

«Prowwwwwl ?» Appela Starwind d'une voix insupportable tout en clignant rapidement des optiques, les mains innocemment croisées devant elle.

«Hummm ?» Répondit uniformément Prowl sans détourner le regard.

La fembot turbulente se dirigea vers le tacticien absorbé par son datapad tout en se déhanchant ridiculement à chacun de ses pas, d’une humeur décontractée pour une fois. Arrivée derrière le robot préoccupé par la remise en marche de l’archive, elle leva malicieusement une crête optique lorsqu’il se décida enfin à lui faire face pour afficher une expression similaire à la sienne. Mélangée à du dédain … Beaucoup de dédain. Le bot un peu plus grand croisa les bras sur son châssis brillant avant de se redresser en attendant le prochain mouvement de son amie, son regard la trahissant avant même qu’elle ne passe à l’action. Malgré sa petite et frêle taille, il sentait le danger imminent. Starwind allait l’attaquer d’un nano-klik à l’autre, son instinct et ses portes ailes lui disaient de se méfier avec le regard insolent qu’elle lui lançait dans l’unique but de l‘intimider. Ou du moins, la petite fembot essayait de l’intimider parce que sa tête ne dépassait même pas son torse.

Soudainement, d’un cri perçant et aigu des plus insupportables, Starwind lui bondit dessus puis enroula aussitôt ses jambes et ses mains autour de son armure noire et blanche impeccable dans une forte étreinte. Mais malheureusement pour elle, Prowl avait senti le coup venir ... Alors au moment où elle s'enroula autour de lui pour tenter de l’immobiliser et le conduire à une chute, ses propres mains agrippèrent ses bras pour faire levier. Elle eut à peine le temps de dire ouf qu’elle se retrouva dans son étau avant d’être jetée sans douceur sur son épaule comme un vulgaire sac de cubes, la tête pendante vers le sol deux mètres plus bas. Un peu déboussolée par la rapidité de ses gestes, elle finit par se débattre de la poigne de l’Autobot très fier de sa prise. Son sourire ragaillardi s’élargit d’autant plus lorsqu’elle s’’écria avec férocité.

«PROWL ! Tu me mets à terre, tout de suite !» Hurla Starwind de frustration. Prowl quant à lui rigolait de sa situation embarrassante, s’amusant même à la faire rebondir sur son épaule pour l’énerver davantage.

Un succès.

Echauffée par son échec cuisant et assez honteux avouons-le, elle claqua violemment ses plaques du dos avec ses mains mais cela n’obligea pas le mecha têtu à la relâcher, bien au contraire, ses vaines tentatives le faisait même rire car sa force était des moindres contrairement à la sienne. Jusqu’au moment où elle attrapa l’une de ses portes ailes. Il n’y avait rien de plus sensible que les ailettes chez un robot ! Bingo, la tendance allait s’inverser. Prowl se raidit immédiatement puis cessa tout mouvement quand il sentit les mains de Starwind agripper son aile droite, les optiques larges de surprise et sur le point de gémir d’irritation. De toute évidence, elle n’était pas prête de lâcher prise maintenant qu’il était à sa merci ! Petite futée … Alors pour se débarrasser de cette gêne occasionnée, il attrapa les épaules de la fembot pour ensuite la faire basculer directement sur le sol devant ses pedes.

Starwind glapit de douleur lorsque son arrière-train toucha durement le métal, les dentas serrées pendant qu’elle foudroyait Prowl du regard qui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de se moquer d’elle en la pointant grossièrement du doigt. C’était injuste ! Il était plus grand et plus fort qu’elle ! Elle n’avait aucune chance contre un robot de sa carrure ... Et encore moins contre un mecha qui avait suivi de nombreux entraînements pour devenir soldat. Exaspérée mais aussi déçue de ne pas avoir réussi à déstabiliser le tacticien constamment aux aguets, elle se redressa lentement à une position assise alors que son ami continuait de ricaner bêtement. Visiblement, il trouvait que sa faiblesse était drôle … Au moins quelque chose qui le faisait rire, c’était déjà ça de gagné. Toutefois au regard désapprobateur de la fembot, Prowl cessa de glousser pour retrouver un semblant de sérieux.

«Starwind … Tu devrais pourtant savoir que je suis plus intelligent que toi ! Cependant je dois dire que ton enthousiasme est à souligner.» Soupira-t-il pour la taquiner en portant ses mains à ses hanches après lui avoir fait un petit clignement d’optique amusé. A même le sol, Starwind continua de le toiser sévèrement avant qu’elle aussi ne rejoigne son rire à vocaliser déployé. Franchement … Elle était vraiment ridicule ! Ils continuèrent de rire ainsi jusqu’à l’entrée inopinée de l’Autobot rouge Blaster.

«Prowl ! Euh ... Je dérange ?» Demanda-t-il à la hâte, incrédule face aux deux robots qui riaient ensemble. Depuis quand le tacticien savait rire ?

«Non Blaster. Tu ne nous dérange pas. Dis-moi ce que je peux faire pour toi ?» Répliqua le mecha noir et blanc après avoir aidé Starwind à se relever sur ses pedes. Se frottant les mains, il retrouva rapidement son professionnalisme tandis qu’il se tournait vers son interlocuteur désemparé par cette scène en attente de connaître le motif de sa visite inattendue.

Blaster joua nerveusement avec ses doigts puis prit plusieurs pas dans la pièce sans rompre le contact visuel avec Prowl, pas le moins du monde amusé par la situation compromettante. Son expression du visage était grave et ne présageait rien de bon.

«La garde d’Élite est sur le point de rentrer de mission.»

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Starwind était aux premières loges.

Au milieu d’une foule dense de robots aussi nerveux qu’impatients, elle attendait avec anxiété l'apparition d’Ultra Magnus et de son équipe derrière les lourdes portes blindées de la base, celles qui menaient tout droit à l’extérieur. Un monde qui était désormais étranger pour eux. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu … Si longtemps. Et pour être tout à fait honnête, elle n’était même plus sûre du nombre de deca cycles qui s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’elle avait posé les optiques sur lui. A la fois agitée et impatiente de revoir ce visage familier, Starwind leva timidement son regard en direction du bureau de Prowl qui se situait à un point un peu plus haut du hall d’entrée principale.

Le mecha noir et blanc en question se trouvait devant l’immense baie vitrée qui donnait un aperçu des portes et de l’entrée, sa visière jaune tournée vers l’attroupement de robots ici-bas. Ses bras croisés derrière son dos, elle pouvait voir qu’il restait parfaitement immobile devant la vitre pendant qu’il contemplait tout ce monde agglutiné au même endroit pour accueillir les héros du cycle. Pendant un bref instant, leurs regards se croisèrent, puis quelque chose chatouilla le Spark de Starwind mais cette sensation étrangère disparue instantanément lorsque du mouvement sur sa gauche attira toute son attention. Quatre grands robots se précipitaient vers les portes pour enclencher le mécanisme manuel et ainsi les ouvrir suite au signal sonore qui retentit derrière le métal doublement blindé.

«Écartez-vous !» Aboya un bot vert tout en tirant de toutes ses forces sur le verrou avec l’aide des trois autres soldats.

Serrant les dentas d’appréhension, le Spark pulsant de plus en plus vite au rythme de l’ouverture des portes, Starwind s'avança de quelques pas pour avoir une meilleure visibilité étant donné que sa petite taille n’était pas le meilleur des atouts. Elle s’excusa poliment lorsqu’elle bouscula un mecha avant de diriger ses optiques inquiètes sur les membres de la garde d’Élite qui pénétraient chacun à leur tour dans la base souterraine, leur mine tombante et le regard fuyant. Il y avait un peu de tout dans cette équipe, allant du triple-changeur au plus petit robot fait pour la vitesse et l’esquive. Il y avait même des fembots ! Deux précisément et elles portaient quelques cicatrices sur leur cadre plus ou moins profondes. En revanche, alors que les guerriers se dispersaient dans le hall, Starwind remarqua avec horreur qu’Ultra Magnus manquait à l’appel. Le grand Autobot bleu et rouge charismatique n’était nulle part en vue.

La petite fembot bleue sentit son Spark se serrer douloureusement à l'idée d'avoir perdu Ultra Magnus durant une mission de reconnaissance. Cela ne pouvait pas être possible ... Elle refusait d’y croire un seul instant. Mais c’était hélas des choses inévitables en temps de guerre, toutefois elle ne pouvait s’y résoudre à penser qu’elle avait perdu ce valeureux guerrier, fort et aimable dans cette nouvelle guerre de pouvoir opposant deux factions qui n’en formaient qu’une seule à l’origine. Accablée par sa perte, les larmes d'energon lui montèrent rapidement aux optiques tandis que son vocaliser devint étroit. Ses espoirs étaient anéantis jusqu’à ce qu’elle n’entende un gémissement résonner dans la noirceur du tunnel menant à la surface, puis que six paires d’optiques bleues s’avancèrent vers la lumière accueillante de la base. La tristesse fût rapidement chassée par le soulagement au moment où elle vit un flash de bleu et de rouge. Serait-ce possible ?

Oui, c’était bien Ultra Magnus.

L’imposant mecha était épaulé par deux autres robots au gabarit similaire au sien pour pouvoir soutenir son poids alors qu’ils l’aidaient à se trainer jusque dans le hall où le silence s’était automatiquement instauré à leur apparition. Plus personne n’y croyait, et pourtant ils étaient là ! Meurtris, mais bel et bien en vie. L’un des deux soutiens était un médecin, d’après la croix rouge sur son épaule droite. L’ancienne belle armure d’Ultra Magnus était complètement cabossée et carbonisée, même trouée par des balles à certains endroits comme ses épaules ou encore son châssis ravagé par les rayures. Le visage tuméfié, l’une de ses audios lui manquait également et de multiples blessures le recouvraient de la tête aux pedes, de longs sillons d’energon descendant jusque sur le sol en de petites gouttelettes bleues. Ils avaient été sauvagement attaqués, ce qui expliquait les expressions sinistres sur les visages des autres membres de la garde d’Élite.

Starwind se précipita pour venir en aide à Ultra Magnus et l’emmener de toute urgence à l'infirmerie, ses optiques préoccupées dans les siennes épuisées. Apparemment, il avait utilisé ses dernières forces pour venir jusqu’ici. Sur le point de tomber dans une stase d’urgence à cause de la perte d’energon et de la douleur, il attrapa l’épaule de la fembot pour ensuite l’entraîner dans une étreinte désespérée d’un soupir de soulagement. Les optiques fermées, il la serra contre lui, remerciant silencieusement Primus d’avoir eu la chance de la revoir même s’il s’agissait de la toute dernière fois qu’il posait son regard sur elle. Alors qu’il s’écroulait à ses genoux d’un gémissement peiné, il entendit vaguement des voix lui dire qu’il était désormais entre de bonnes mains cependant une seule retenait son attention.

Celle de Starwind lui disant qu’il était à la maison.

{==2 Orns plus tard==}

POV Starwind

Sparkmate. J’étais officiellement Sparkmate avec Ultra Magnus.

Cela faisait pratiquement deux orns qu'il était revenu de mission et qu’il avait subi de grosses réparations sur son protoforme. Il avait été salement amoché par le traquenard tendu par les Decepticons dans la ville déserte ci-dessus, allant jusqu’à refuser de parler à qui que ce soit de cet échec qui lui pesait énormément sur la conscience depuis lors. Il avait fallu du temps et faire preuve de patience jusqu’à ce qu’il ne libère sa parole pour apaiser mes interrogations silencieuses. Ce cycle-là à la surface de Cybertron, l’unité d’Ultra Magnus chargé de sécuriser le périmètre avait subi de lourdes pertes, tous en proie à la violence instinctive des Decepticons une fois tombés dans leur piège. C’était atroce, je pouvais sentir toute sa douleur et sa culpabilité dans chacun de ses mots pour me décrire ce cycle funeste. Mais pour lui, il s’agissait surtout d’une défaite personnelle, quelque chose qui n’aurait jamais dû se produire sous son commandement.

Durant ces nombreux groons passés à ses côtés à l’infirmerie sans jamais voir l’extérieur, la traction dans mon Spark vers le sien s’était de plus en plus faite ressentir, attirant naturellement certaines questions sur le sujet de la part de First Aid. Etions-nous des Sparkmates potentiels ? Pour ce dernier, c’était devenu une évidence quand pour nous ce n’était qu’une coïncidence. Une coïncidence … Primus faisait bien les choses. Cette traction toujours plus forte au point où elle en devenait douloureusement réelle, Ultra Magnus et moi en sommes venus à la conclusion que oui, nous étions des Sparkmates potentiels comme l’avait suggéré le médecin de la base lors d’une discussion. Nos âmes étaient faites pour s’unir, pour ne former plus qu’une.

Souriant à moi-même à l’association de ce tendre souvenir à notre magnifique liaison, je me dirigeai d’un pas léger vers le bureau de Prowl pour lui donner un coup de main avec les datapads, mes pensées s’égarant vers un certain robot bleu et rouge. Comme la plupart du temps maintenant. Ultra Magnus était actuellement à l’entraînement avec les nouvelles recrues pour les former à une prochaine mission de reconnaissance, je pouvais le sentir s’énerver dans notre lien récemment établi. Oui, un lien duquel s’écoulaient absolument toutes nos émotions ! Des Sparkmates partageaient tout, même les sentiments négatifs lorsque l’un d’eux était exaspéré par exemple … A vrai dire, Ultra Magnus n’était pas quelqu’un de patient de nature et si les règles n’étaient pas respectées à la lettre, il lui arrivait de frôler l’agressivité pour montrer son autorité. Mais malgré sa rigidité, je l’aimais tel qu’il était.

C’était une sensation si particulière, si agréablement douce … D’être lié à quelqu’un et de tout partager avec le robot élu de votre Spark. Même la douleur, pour le meilleur et pour le pire. C’était d’ailleurs quelque chose à laquelle je devais encore m’habituer car durant certaines de ses sessions d’entrainements, il arrivait qu’Ultra Magnus se blesse contre un autre Autobot, et cette douleur se répercutait dans le lien en dépit de ses efforts pour l’amoindrir en refermant le lien au minimum lorsque cela se produisait. Juste une question d’habitude je supposais, néanmoins c’était des moments qui pouvaient se montrer éprouvants et engendrer de la confusion. Quelque part, j’appréhendais de voir mon Sparkmate revenir à la surface où il pourrait subir une nouvelle attaque qui se résultera à de nouvelles blessures, la peur de sentir sa détresse mais de ne rien pouvoir faire pour lui venir en aide.

Ce sentiment d’impuissance était le pire de tous …

Levant les optiques au plafond de la base d’un soupir audible, je gémis doucement lorsqu’une sensation de malaise envahi tout à coup mon châssis. Perplexe, je posai mes doigts au-dessus des plaques de métal bleues constituant mon torse d’un froncement de crêtes optiques, la sensation désagréable persistant sur le côté gauche. Cela ne venait pas d’Ultra Magnus car le Spark des robots se trouvaient au milieu, pas sur le côté. Avais-je un problème de circulation ? Pour le moins confuse et d’une certaine manière inquiète que j’avais un problème mécanique, je massai mon châssis au-dessus du point douloureux avant de remarquer que je me trouvais en fait devant le bureau de Prowl car ce dernier venait d’apparaître à la porte avec un regard inquiet.

«Starwind ? Que t’arrive-t-il ? Tu as une douleur ?» Me demanda-t-il alors qu’il se penchait vers moi, le souci gravé sur son visage.

«Ce n’est rien … J-je vais bien …» Balbutiai-je d’instinct sauf que la douleur devint subitement aigue, m’obligeant à ouvrir la bouche de surprise et à me cambrer vers l’avant. Evidemment, cela ne passa pas inaperçu à Ultra Magnus étant donné que nous étions intimement liés et son inquiétude à mon égard ne tarda pas à se faire ressentir.

«A l’évidence ça ne va pas ! Il faut que tu ailles voir First Aid ! Tu as peut-être quelque chose de grave … Ce n’est pas à prendre à la légère.» Réprimanda aussitôt Prowl qui posa sa main sur mon dos tandis que je me redressai d’un rictus, la main au-dessus de mon Spark pulsant la chamade.

.:Starwind, que se passe-t-il ?:. Retentit ensuite la voix alarmée d'Ultra Magnus dans notre communication privée.

.:Rien. Sûrement un problème d'energon. Je me dirige vers First Aid pour un bilan:. Lui répondis-je d'un ton calme même si intérieurement j’étais très tendue, peut-être trop même.

Prenant un souffle peiné pour ralentir mes évents fonctionnant désormais à plein régime pour me refroidir, je me tournai vers Prowl pour poliment lui demander s’il voulait bien m’excuser le temps que j’aille voir le médecin de la base, sachant pertinemment qu’il allait pardonner mon absence. Après tout ce n’était qu’un vieux réflexe, quelque chose que j’avais développé au fil du temps à cause de ma timidité, la peur constante de décevoir ou d’embêter avec mes problèmes. Mais quel mauvais réflexe … Evidemment, Prowl me jeta un regard ahuri avant d’encercler son bras avec le mien pour me conduire dans le couloir menant à l’infirmerie sans un mot. Je ne l’avais jamais vu aussi grave, aussi soucieux pour ma santé … Je me sentais estimée et aimée par mon meilleur ami toujours présent dans les bons comme les pires moments.

Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il faisait pour moi.

Une fois arrivés à l’infirmerie de la base qui se trouvait dans les sous-sols, à mon grand regret, First Aid m’installa sur une immense couchette médicale reliée à un ordinateur mobile se trouvant sur ma gauche. Cette pièce était relativement spacieuse et très propre toutefois la couleur blanche et cette odeur stérile ne me mettaient pas du tout à l’aise malgré les gros efforts du médecin spécialiste. Manifestement, il n’attendait personne pour ce cycle. Désormais allongée sur cette dernière d’une petite touche de nervosité se traduisant par mon silence, j’observai calmement Prowl se positionner à ma gauche à côté de l’ordinateur avant qu’il ne croise ses bras derrière son dos comme à son habitude, son regard absent se perdant sur les couchettes vides voisines. Sacré Prowl … Il était rapidement distrait dès qu’il faisait face à une situation qui échappait à son contrôle.

«Donc, si j'ai bien compris, vous avez une douleur au niveau du Spark ?» Questionna soudainement First Aid tout en fouillant dans l’un de ses placards latéraux. Il marmonna une petite malédiction lorsque l’un de ses ustensiles lui tomba sur la tête.

Je fronçai doucement les crêtes optiques d'agacement à la lenteur d’esprit du seul médecin de la base souterraine, avant de me réprimander pour cette pensée incommode. Ce n’était pas correct ! Je devrais m’estimer heureuse que nous ayons un médecin à notre disposition en permanence et qu’il ait accepté de me recevoir dans son infirmerie ! Cependant la peur mélangée à l’inquiétude avait dépassé mon train de pensées, ce qui engendra de la culpabilité pour l’avoir rabaissé alors qu’il faisait de son mieux pour me venir en aide. Même si tantôt, je lui avais expliqué en détail que mon étrange douleur ressemblant plus à de la gêne se trouvait du côté gauche et non pas dans mon Spark même …

«Eh bien non, c'est plutôt comme une gêne et ça se trouve à côté de mon Spark plus exactement ...» Répétai-je en pointant mon index à l’endroit exact sur mon châssis, mes optiques méfiantes sur le bot dos à moi qui récupérait des outils. A mes côtés, Prowl posa sa main sur mon épaule pour me rassurer, ayant sans doute perçu ma détresse d’être incomprise. Puis je senti également des émotions positives de la part d’Ultra Magnus dans notre lien pour apaiser mes craintes. Le pauvre avait l’air plus effrayé que je ne l’étais.

«Ah oui … Très juste.» First Aid se gratta le haut du casque de confusion pendant qu’il récupérait un laser avec son autre main. Désormais équipé, le mecha blanc et rouge se dirigea vers la couchette pour disperser ses outils sur la petite table sur le côté avant d’attraper la seringue remplie d’un liquide rosâtre que j’épiai avec une certaine appréhension. Voyant mon regard suspect, il s’expliqua ; «je vais vous injecter une substance qui dilatera vos câbles et qui vous permettra de vous détendre pendant l’auscultation. Ça ne fait pas mal, mais comme c’est plutôt une intervention délicate, je préfère que vous soyez à l’aise.»

«D’accord.» Dis-je d’un raclement de vocaliser nerveux alors qu’il enfonçait l’aiguille dans le câble de mon avant-bras. Il avait raison. Toutes interventions concernant le châssis étaient indubitablement délicates car le Spark était la partie la plus précieuse et fragile que nous ayons, et d’ouvrir nos plaques à quelqu’un d’autre que notre Sparkmate représentait souvent beaucoup de stress.

Même s’il s’agissait d’un médecin expert en mécanique. N’est-ce pas ?

«Bon, Starwind, détendez-vous sur la couchette afin que je puisse voir ce qui se passe dans votre châssis. Mhm ?» Me demanda gentiment First Aid tout en louchant sur son laser.

D’abord hésitante, je finis par me détendre comme il me le demandait en posant mes optiques bleues craintives sur le néon au-dessus de moi. Attrapant les bords de la couchette dans une poigne serrée, j’attendis non sans une pointe d’anxiété le début de l’auscultation qui démarra par l’ouverture de mon châssis. Instinctivement, je fermai mes optiques tandis que le laser séparait l’attache verrouillant l’accès à mon Spark qui s’emballait, menaçait presque de s’échapper de mon torse. Le médecin expérimenté procédait méthodiquement et avec soin. La tête penchée sur le côté, je vis néanmoins le regard sceptique qui ornait le visage de ce dernier attelé à sa tâche qui était en train d’ouvrir mon châssis en deux pour chercher la cause de mon soudain mal-être, sentant ses doigts s’infiltrer derrière mes plaques de métal.

Je croisai ensuite le regard nerveux de Prowl. Le robot noir et blanc tapait rythmiquement du pede sur le sol de l’infirmerie, ses optiques soucieuses suivant chacun des faits et gestes de First Aid à la recherche de la moindre erreur médicale. C’était étonnant de voir l’importance qu’accordait le médecin à ses outils, leur donnant à chaque fois une étreinte affectueuse dès qu’il changeait d’accessoire sur la table. D’un petit reniflement amusé à cette image attendrissante, je me raidis subitement sur la couchette lorsque le robot atteignit la fameuse zone sensible dans mon châssis. Il remarqua mon soudain malaise, alors il abandonna ses fouilles pour plutôt récupérer son scanner qu’il passa sur l’intégralité de mon corps afin d’avoir un plan holographique de mon mécanisme en détails. A l’approche de la lumière rouge du scanner sur mon châssis, ce dernier se mit à clignoter frénétiquement avant de virer dans un beau bleu lumineux sous les optiques abasourdies de First Aid.

«Ce n’est quand même pas ce que je crois …» Marmonna-t-il tout bas alors qu’il se retournait pour regarder les informations récoltées sur l’écran de son ordinateur qui affichait de nombreuses courbes.

Que voulait-il dire par-là ? Soumise à une grande quantité de stress à cause du manque d’explication, Prowl se rapprocha donc de ma couchette pour me rassurer avec sa présence bienveillante tout en gardant sa main posée sur mon épaule. Il n’avait prononcé aucun mot depuis notre venue dans l’infirmerie, mais je pouvais toutefois détecter son impatience. Le mecha plissait suspicieusement ses optiques à First Aid lorsque ce dernier continua de marmonner des mots incompréhensibles pendant qu’il déchiffrait les résultats de l’analyse sans même faire attention à nous, plongé dans son diagnostic. Je m’apprêtai à ouvrir la bouche pour exiger de nous dire ce qui n’allait pas, mais le médecin laissa soudainement sortir un petit soupir de surprise de son vocaliser. Prowl se raidit à mes côtés.

«Par Primus ! C'est impossible !» S’écria le médecin, ahuri.

«Mais dites-moi ce qui ne va pas à la fin !» Je me retins de jurer au dernier moment par ce suspense inutile, des larmes menaçants de se former dans mes optiques horrifiées. Je fus encore plus bouleversée quand First Aid se retourna finalement vers nous avec un large sourire aux lèvres et les bras croisés derrière son dos, l’air très fier de sa découverte. Il se balançait d’avant en arrière comme un jeune étincelant surexcité ayant reçu un cadeau, sauf que cet air ravi n’avait pas du tout l’effet escompté sur moi.

Jusqu’à ses prochaines paroles qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire.

«Starwind ! Vous portez un étincelant !» S’exclama-t-il joyeusement tout en frappant dans ses mains. Il avait beaucoup de mal à retenir son excitation de pouvoir s’occuper d’une fembot qui portait, une première depuis … Eh bien depuis le début de la guerre.

Un petit hoquet de surprise s’échappa de ma bouche malgré-moi. Je voulais dire quelque chose, n’importe quoi, mais j’en étais tout simplement incapable. Je portais ? J’allais devenir créatrice, moi ? C’était très difficile à croire et pourtant la preuve se trouvait juste sous mes optiques, à cet écran d’ordinateur. Car en effet, un petit point lumineux pulsait à gauche de mon Spark, le rythme régulier d’une nouvelle étincelle de vie dans ma chambre à étincelant. Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt … J’avais la réponse évidemment. Avec les rebellions et les nombreuses attaques Decepticons sur la ville, l’idée de porter une Bénédiction de Primus ne m’avais même pas effleurée l’esprit parce qu’il fallait être en parfaite harmonie avec son Sparkmate pour pouvoir espérer créer la vie de cette manière. Avec une période sombre comme celle-ci, c’était quasiment impossible ! Cela relevait du fantasme ! Les optiques écarquillées de surprise à cette nouvelle des plus inattendues, un grand fracas me tira subitement de mes pensées brumeuses.

Prowl venait de s’effondrer dans un tas sur le sol à côté de ma couchette avec ses optiques fermées.

«Prowl !» Hurlai-je de peur pour mon ami désormais inconscient. Je descendis rapidement de la couchette pour tenter de le sortir de sa stase forcée en lui secouant les épaules, l’appelant encore et encore dans l’espoir qu’il revienne enfin à lui.

First Aid se dirigea vers moi puis me poussa doucement hors de son chemin pour avoir un meilleur aperçu de Prowl étendu sur le sol de son infirmerie impeccable. D’une crête optique levée, il libéra un petit gloussement avant de s’agenouiller à côté du robot noir et blanc pour examiner son trouble lié à une surchauffe de ses systèmes après une ascension émotionnelle incontrôlable. En d’autres termes, lorsque son CPU n'arrivait pas à traiter une information, il tombait momentanément en panne pour soulager la pression dans ses circuits … Un peu comme une stase forcée de dernier recours. Il m’avait déjà parlé de ce trouble mais jamais je n’avais eu droit d’y faire face, et honnêtement j’étais désemparée.

Toujours sous le choc par cette nouvelle, je me redressai lentement d’une main sur mon casque, les optiques perdues dans le vide pendant que j’assimilai l’information. Mon Spark pulsait à un rythme effréné, mes mains tremblaient. Je n’arrivais tout simplement pas à y croire. Comment était-ce arrivé ? Non, comment était-ce possible … La plupart des étincelants venaient du Allspark ou de la maternusine où je travaillais avant, mais seulement certains rares cas naissaient de deux créateurs. De deux Sparkmates. C’était presque devenu un mythe cette histoire de Bénédiction de Primus car plus personne n’avait vu de mecha ou de fembot porter un étincelant depuis le début des hostilités. Depuis le début des bombardements sur Trypican et la fermeture des maternusines. Les quelques fembots qui résidaient dans la base étaient toutes liées à une exception près, mais aucune n’avait un étincelant à charge. Et c’était la même histoire du côté des mechas trop occupés à devenir des soldats pour penser à la sauvegarde de notre race.

Peut-être que dans les centres spécialisés, il restait des étincelants … Un maigre espoir.

Puis tout coup, je fus submergée d’un horrible sentiment de peur. Et maintenant ? Qu’étais-je censé dire à Ultra Magnus ? Sera-t-il furieux ? Ou au contraire, sera-t-il heureux ? Que dira-t-il avec la guerre qui faisait rage dehors ? Et ses responsabilités ? Evidemment que ce n’était pas le bon moment, que nous n’étions pas prêts à subvenir à ses besoins pendant cette triste période, mais les Bénédictions de Primus ne se décidaient jamais. Elles arrivaient, un point final. Me conformant dans l’idée qu’il prendrait la nouvelle avec joie, je croisai mes bras protecteurs autour de mon châssis avant de ressentir le regard insistant de First Aid. Ce dernier semblait déceler mon combat intérieur alors avec la plus grande des délicatesses, il se dirigea vers moi pour prendre mes mains dans les siennes. Il me donna un doux sourire tout en tapotant amicalement le dessus de ma main, ses optiques bleues brillantes de sympathie.

«Starwind, écoutez-moi attentivement. C’est très important. Personne sauf nous et votre Sparkmate ne devront être au courant par mesure de sécurité. D'accord ? C’est une question de vie ou de mort. Vous portez l’une des rares Bénédictions en temps de guerre, alors choisissez bien vos alliés et vos amis. La vie doit être préservée à tout prix.» Me confia-t-il à voix basse, son expression devenant très sérieuse tandis qu’il attendait de moi une confirmation. Lorsque j’acquiesçai silencieusement, Il me relâcha puis se retourna vers Prowl qui était encore sur le sol dans un enchevêtrement de membres pour s’occuper de lui.

Malgré tout le sentiment de peur persistait dans mon Spark, sauf que maintenant un autre sentiment beaucoup plus tendre venait de faire son apparition pour chasser mes idées noires.

Amour.

Je souris lentement avant de sortir de l’infirmerie, laissant mon ami aux soins du médecin spécialiste.

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Une fois à l’abri dans mes quartiers personnels, je commençai immédiatement à tourner en rond, à faire les cents pedes au milieu de ma chambre pendant pas moins de deux groons. Un geste répété qui me permettait de rester rationnelle lorsque la peur s’en prenait à mes circuits. Une multitude de questions me taraudant l’esprit, une revenait sans cesse dans une boucle infinie. Comment lui annoncer la nouvelle ? Nous étions en conflit avec les Decepticons, il était hors de question de lui infliger cette responsabilité de plus ! Il avait déjà suffisamment de travail avec son unité pour s’occuper d’une nouvelle vie qui demandera sans doute beaucoup d’attention. La désillusion était violente. Et quelque part cette situation était injuste, pour tout le monde. Aussi bien pour Ultra Magnus que pour moi ou encore mon petit étincelant innocent qui prenait lentement forme dans la sécurité de mon châssis.

Complètement mortifiée à l’ouverture fracassante de la porte de nos quartiers, j’implorai mon Sparkmate du regard lorsque son imposante carrure se dessina à l’embrasure. D’un léger sursaut, je positionnai ma main au-dessus de mon Spark tandis qu’Ultra Magnus pénétrait dans la pièce en jetant quelques coups d’optiques à droite et à gauche pour s’assurer que nous étions bien seuls. Il semblait être au bord de l’hystérie, probablement épuisé après avoir couru toute la distance pour me rejoindre dès l’instant où j’avais pris contact avec lui pour lui dire que nous avions besoin d’avoir une discussion. Un florilège d’émotions contradictoires s’écoulant dans notre lien mate, je levai timidement mes optiques pour croiser les siennes perturbées avant qu’il ne prenne plusieurs grandes enjambées pour fermer l’écart entre nous.

Posant une grande main à l’arrière de ma tête, il s’agenouilla puis me plaqua désespérément contre son grand châssis dans une douce étreinte, ressentant toutes ses craintes et ses nombreuses interrogations qui le malmenaient. Je me sentais coupable de lui faire ressentir toutes ces choses … J’étais à l’origine de son incompréhension. Mais encore une fois, comment étais-je censé lui annoncer cela ? J’étais terrorisée à l’idée d’un potentiel rejet, terrorisée de voir de la colère ou de la déception se former dans son regard habituellement doux. Quoique sévère. Cette chaleureuse accolade dura quelques kliks de plus avant qu’il ne me tienne à bout de bras pour me regarder dans les optiques, l’appréhension suintant dans son ton grave.

«Starwind ! J’ai reçu ton message, mais tu ne répondais plus à mes sollicitations. Alors dis-moi, que se passe-t-il ?! Je ressentais ta peur ! Qu’est-ce qu’il ne va pas ?» Interrogea-t-il, presque avec empressement tandis qu’il secouait doucement mes épaules.

Ses magnifiques optiques bleues affichaient de l’incrédulité, quelque chose qui engendra encore plus de culpabilité dans mon Spark déjà bien douloureux avec cette lourde responsabilité qui reposait sur moi. Je n’avais pas le droit de lui imposer ça … Incapable de l’affronter, je regardais donc anxieusement le sol pendant quelques nano-kliks avant de finalement reprendre mon courage à deux mains pour diriger mes optiques tristes vers son visage perplexe. Je jouai inconsciemment avec mes doigts, comme à mon habitude lors de période stressante, puis j’ouvris lentement la bouche après plusieurs encouragements de mon Sparkmate via le lien qui nous unissait si étroitement. Il n’y avait qu’une seule façon de lui dire la vérité.

«Je porte un étincelant.»

Ultra Magnus se raidit, comme pétrifié par mes aveux. Demeurant complètement immobile face à moi, le grand mecha bleu et rouge infaillible était soudainement devenu très vulnérable. Son expression affichait du choc, ses crêtes optiques étaient levées et sa bouche s’ouvrait béatement avant de se refermer, à une perte totale de mot. D’innombrables émotions noyèrent notre lien comme la peur, les doutes, l’échec, l’angoisse … Rien de positif à cette annonce qui pourtant devait nous apporter du bonheur. Ce qui aurait certainement été le cas dans d’autres circonstances et peut-être dans une autre vie ou la guerre ne divisait pas notre peuple. Ou la mort ne nous côtoyait pas de si près à chaque instant. Comment lui en vouloir après tout … Cependant je ne pouvais me résoudre à accepter ce rejet car mon instinct égoïste voulait protéger ce petit espoir que peut-être tout n’était pas perdu.

Que nous avions encore une chance.

«S’il te plaît … S’il te plaît ! Ne me demande pas de m’en débarrasser … C’est peut-être un signe du destin ! Il y a peut-être encore de l’espoir et des cycles meilleurs en perspectives. Une Bénédiction comme celle-là ne se reproduira pas deux fois dans une vie. Je t’en prie, essaye d’y croire …» Lui plaidai-je en joignant les mains devant moi, des larmes de désespoir obstruant bientôt ma vision. Ma voix s’éteignait, tout comme mes espérances face à ce regard intransigeant.

Mais contre toute attente, Ultra Magnus me tira à nouveau contre lui dans une étreinte amoureuse après avoir perdu toutes traces de sévérité sur son visage arborant le choc. D’un bras autour de mon dos, il m’enlaça puis posa son menton sur mon épaule d’un sourire que j’aperçu seulement du coin de mes optiques. C’était si rare de voir un sourire sur son visage si sérieux … De quoi réchauffer mon Spark et chasser mes plus grandes inquiétudes au sujet de l’avenir. Notre avenir à tous les trois. Caressant du bout des doigts mes petites ailettes, le grand robot silencieux me baigna de sentiments tel que l’amour véritable, la sincérité, le bonheur ou encore l’épanouissement, la peur et l’incertitude plus qu’un écho lointain. Je me sentis instantanément soulagée lorsque la pression me libéra enfin de son emprise, ce qui entraîna un déluge de larmes alors que je resserrai mes bras autour de mon Sparkmate compréhensif.

Car il était connu qu’Ultra Magnus n'aimait pas les responsabilités trop grandes à porter. Mais avec ce petit étincelant en programmation, il était temps d'apprendre à y faire face.

Nos deux Sparks pulsant à un rythme similaire, je profitai de ce contact rare pendant qu’Ultra Magnus m’apaisait en continuant de partager des émotions positives dans le lien jusqu’à l’arrêt complet de mes larmes. Tout comme moi, il était effrayé. Nous étions tous les deux terrifiés à l’idée de devenir créateurs en ces temps si sombres. Enfermés dans une base souterraine sous la ville de Trypican, sans la moindre idée de quand nous aurons à nouveau la possibilité de voir les soleils de notre glorieuse planète, dans l’incertitude absolue. Un monde hostile et peu accueillant où les nouvelles vies n’étaient plus notre plus grande préoccupation.

«Nous allons y arriver, ensemble.» Me murmura-t-il à l’audio, les sentiments agréables continuant de se déverser dans mon Spark.

Oui, ensemble.

{==1 cycle Stellaire et six Deca cycles plus tard==}

Cette douleur …

Par Primus, c’était comme si mon châssis allait fondre d'un kliks à l'autre ! Ce n'était pas normal. Pas du tout même.

Mes hurlements d’agonie pouvaient être perçus à des kilomètres à la ronde et je ne serais pas étonnée que ceux se trouvant à la surface les entendaient également. J’étais dans les quartiers de Prowl lorsque la douleur était devenue insupportable, lancinante au niveau de mon châssis. Cela avait débuté par un petit point douloureux non loin de mon Spark, jusque-là rien de vraiment alarmant étant donné qu’il s’agissait de symptômes récurrents lorsqu’un robot portait un étincelant d’après le médecin de la base. Puis soudainement, alors que j’avais une pile de datapads en main, cet endolorissement généralisé se précisa sur le côté gauche où se trouvait la chambre à étincelant. Et cela avait été si brutal, si inattendue même que mes jambes avaient cédés sous mon poids pour me retrouver sur le sol d’un cri de surprise.

A présent balayée par des vagues sans fin de douleur atroce que je ne saurais décrire avec des mots, j’avais été conduite en urgence dans l’infirmerie de First Aid après que Prowl m’y amena. Sa réactivité avait été impressionnante et exemplaire ... Dès l’instant où il me vit sur le sol de son bureau en me tenant le châssis, il n’avait pas perdu une astroseconde pour réagir, gardant toute maîtrise sur son CPU pour m’apporter le soutien dont j’avais besoin. Prowl avait vraiment tout fait en son pouvoir pour me rassurer et me dire que tout se passera bien une fois dans les mains expertes de notre médecin, masquant sa détresse derrière des sourires et son habileté à cacher ses émotions. Cependant ma stupidité n’égalait mon inconscience. J’aurais dû aller chez First Aid dès les premiers symptômes et ne pas me résoudre à penser que toute cette gêne ressentie était tout à fait normale à la fin de la croissance de l’étincelant.

Oui, ô combien j’aurais dû …

Ne pouvant même plus me tenir sur mes pedes, je me laissai donc entraîner par le tacticien pressé de rejoindre l’infirmerie. Je serrai ses pauvres doigts alors que sa voix réconfortante pénétrait dans mon audio gauche, me concentrant uniquement sur cette dernière pour ne pas me laisser emporter par ma terreur. Cette peur de l’inconnue était la pire sensation au monde. Qu’allait-il se passer maintenant ? Etait-ce un bon ou un mauvais signe ? La poche dans laquelle grandissait l’étincelant n’avait pas été perforée car mon armure ne présentait aucun signe de liquide étranger, ce qui voulais par conséquent dire qu’il n’était pas encore à terme. Alors pourquoi cette douleur ? Que représentait-elle ?

Un nombre incalculable de questions se posaient dans mon esprit au fur et à mesure que nous avancions difficilement dans les couloirs par chance complètement désertés à ce moment du cycle. Rapidement rejoins par mon Sparkmate affolé de me voir dans cet état après avoir ressenti ma souffrance dans le lien, il me souleva dans ses bras pour aller plus vite et libérer le mecha noir et blanc de son fardeau. Je n’avais jamais vu ce regard sur le visage d’Ultra Magnus … Il semblait perdu, complètement déboussolé tandis qu’il fondait dans le grand couloir avec Prowl sur ses traces, hurlant des choses que je comprenais à peine. Je vacillai, je n’entendais plus aucune de leurs paroles néanmoins je pouvais dire qu’elles n’étaient pas de bon augure d’après l’expression inquiète de mon Sparkmate. De le voir ainsi … Perdant tous ses moyens et son assurance ne me rassurait aucunement.

Ce n'est pas normal ! Me répétai-je encore et encore même si cela ne changeait strictement rien à la situation. Je fermai hermétiquement les optiques d’une grimace éprouvante, mes doigts se resserrant autour du bras d’Ultra Magnus, la peur au Spark.

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POV Normal

First Aid était comme dans un état second. Il ne comprenait juste pas ce qui s’affichait sur son scanner.

Excédé, le robot blanc et rouge frappa furieusement sur son clavier d’ordinateur, refusant catégoriquement d’affronter la vérité en face. Mais c’était hélas inéluctable ... Crachant une rapide malédiction à l’écran devant lui, le médecin finit par se retourner vers le couple inquiet qui attendait anxieusement les résultats des tests effectués. Comment était-il censé leur annoncer quelque chose comme ça … Et briser tous leurs espoirs. Malheureusement, ce genre de moment embarrassant faisait partie de son travail et il devait se montrer professionnel en toute circonstance malgré ce qu’il ressentait au fond. Le tacticien était également présent dans la salle, se tenant sagement contre le mur du fond non loin de la couchette occupée par la petite fembot bleu clair épaulée par son Sparkmate au gabarit immense.

Starwind se tordait de douleur sur la couchette pendant qu’Ultra Magnus lui tenait la main dans les siennes tout en la rassurant du mieux qu’il le pouvait, se battant intérieurement pour ne pas céder à sa propre panique. Ne rien laisser transparaître, c’était son objectif premier. Mais comment rester de marbre lorsque votre Sparkmate éprouvait un véritable supplice juste sous vos optiques ? C’était si difficile de rester digne, de se contenter d’assister impuissamment à la souffrance ... De ne pouvoir lui venir en aide d’une quelconque manière afin de soulager son Spark de toute cette détresse. Grimaçant au lien inondé d’émotions négatives, Ultra Magnus resserra ses mains autour de celle tremblante de Starwind lorsque le médecin contourna la couchette avec de grandes pinces pour commencer l’extraction du petit étincelant.

«Ça ne sera pas agréable … Mais il faut faire vite.» Marmonna ce dernier qui gardait ses optiques posées sur ses outils sur la table. A son approche silencieuse, le grand mecha bleu et rouge toisa sévèrement le médecin se faisant plutôt discret depuis qu’il avait déchiffré les résultats de l’analyse. A ce moment précis, quelque chose en lui se brisa. Peut-être était-ce les remords qui le rongeaient, sa santé mentale, ou peut-être que les cris de sa compagne étaient l’élément déclencheur, mais il ne pouvait plus le supporter.

Il fallait que cela cesse.

«Que se passe-t-il, ici ?! Je veux des réponses !» Somma Ultra Magnus après avoir épinglé le pauvre First Aid contre le mur le plus proche, ses optiques blanches de fureur dans celles apeurées du médecin tremblant sous sa poigne.

«E-elle perd v-votre étincelant. I-il faut le s-sortir le plus vite possible avant que tous les deux ne s-succombent !» Bégaya ce dernier effrayé, les mains autour du poignet qui le tenait fermement contre le mur derrière lui. Cependant au regard confus que lui lança son agresseur, il développa.

«Le s-stress de votre compagne a fait réagir son protoforme contre le corps étranger, e-et donc d’une certaine manière, il le rejette ! Alors maintenant, laissez-moi faire mon travail si vous ne voulez pas les perdre tous les deux !» Grogna First Aid qui, d’une clé de bras, se dégagea de l’emprise du mecha pour retourner à la couchette où un travail pénible l’attendait.

Derrière lui, Ultra Magnus se contenta de regarder fixement le mur d’un air absent. Qu’avait-il fait ? Le stress de sa Sparkmate était de sa faute ... Tout était de sa faute. Il avait été beaucoup trop absent ces derniers deca cycles alors que Starwind avait le plus besoin de lui et de sa présence, pour le bon développement de son étincelant qui était peut-être condamné maintenant parce qu’il avait manqué à son devoir de protecteur. Toutes ses patrouilles dans la ville de Trypican, ses entraînements répétitifs avec ses soldats et cette mauvaise manie qu’il avait de faire passer son travail avant sa famille … Au lieu de constamment la laisser toute seule avec Prowl, il aurait mieux fait de rester auprès d’elle durant tout le processus de développement de l’étincelant. Son étincelant qui était désormais entre la vie et la mort. Une affluence de remords se bouscula dans son Spark car désormais à ses optiques, il était le pire Sparkmate et le pire créateur de cette planète mais aussi un terrible lâche …

First Aid prépara une seringue remplie d'un liquide rose pâle puis l'injecta aussitôt dans le câble du cou de Starwind afin de la calmer et d’atténuer ses douleurs spasmodiques. N’ayant pas le temps d’éteindre ses capteurs sensoriels, il avait besoin qu’elle reste parfaitement tranquille pour les prochaines étapes de l’extirpation. La fembot gémissante grinça des dentas avant que son corps tout entier ne se détende enfin le long de la couchette, relâchant sa prise sur les bords de cette dernière d’un petit soupir d’épuisement. Durant son agonie, elle avait attrapé le regard inquiet du tacticien dans le coin de la pièce qui se contentait de la regarder sans rien dire, un visage assombri par la pénombre qui ne lui inspirait pas confiance du tout. Toutefois incapable de dire quelque chose tant elle était lessivée par cette épreuve physique, elle se tourna donc vers le médecin lorsqu’il prit la parole.

«Starwind, concentrez-vous sur ma voix et écoutez-moi s’il vous plaît. Vous devez absolument ouvrir vos plaques de torse pour que je puisse accéder à la chambre à étincelant se trouvant à quelques centimètres de votre Spark. Je vais être honnête avec vous, ce ne sera pas agréable. Alors faite-le maintenant.» Lui dit-il d’un soupçon de nervosité dans sa voix, une main se posant sur son épaule pour qu’elle reste attentive.

Starwind hocha la tête car elle avait senti l’urgence dans le ton du médecin qui faisait de son mieux pour rester calme, allant jusqu’à arborer un petit sourire encourageant quand elle ouvrit enfin son châssis en deux. First Aid s’attela immédiatement à la tâche. Posant un écarteur pour empêcher la fermeture automatique des plaques, il récupéra ses grandes pinces pour commencer l’extraction de l’étincelant toujours dans la poche à energon intact. Il s’agissait d’un travail minutieux et extrêmement complexe, parce qu’il fallait le réaliser rapidement pour minimiser un maximum la perte d’énergie chez la fembot qui transférerait une partie de cette dernière vers le petit étincelant incapable de vivre par lui-même à cet âge-là. Leurs deux Sparks étant connectés grâce à cette poche protectrice,  si l’un d’eux venait à mourir, l’autre pourrait tout aussi bien succomber.

Or, d’après ses calculs, cet étincelant sera beaucoup trop prématuré pour espérer avoir une chance de survie.

Atteignant enfin la poche cachée derrière de gros câbles d’alimentation dans la cale, First Aid enfonça délicatement les pinces dans le châssis de Starwind pour l’agripper puis le sortir à la lumière des néons. Il libéra le liquide bleuâtre sur le sol pour soigneusement récupérer le minuscule protoforme argenté dans ses mains, coupant ainsi la distribution d’énergie entre la créatrice et l’étincelant. Sur la couchette, Starwind haleta de soulagement pendant que First Aid déposait le petit robot inerte sur sa table de travail pour entamer une réanimation avec des pulsations électromagnétiques à faible fréquence. Les cris de la fembot n’étant plus qu’un lointain souvenir, il massa désespérément le petit châssis de l’étincelant pour tenter de redémarrer son Spark. Mais malheureusement c’était sans aucun effet. Ses paramètres vitaux étaient mauvais, trop mauvais ... Il n’avait aucune réaction à ses stimulus.

Ultra Magnus se redirigea vers Starwind lorsque le travail du médecin sur elle était terminé pour amoureusement caresser son casque d’un regard adouci. S’assurant que sa Sparkmate allait bien, il jeta ensuite un coup d’optique vers First Aid dos à eux en diagonal de sa position, pour rapidement comprendre que ses efforts pour réanimer son étincelant furent vain. Les épaules s’affaissantes de défaite et des larmes d’injustice naissantes, le robot blanc et rouge se retourna vers le couple avec un regard d’excuse, le petit protoforme immobile entre ses mains trempées de liquide. S’il y avait bien une chose que First Aid haïssait plus que tout dans son métier, c’était lorsqu’il échouait. Il secoua la tête, ses optiques tristes sur le petit corps mou de l’étincelant qu’il plaça doucement dans les bras massifs de son créateur en état de choc.

«Je suis désolé … J’ai fait ce que j’ai pu.» S’excusa First Aid d’un petit haussement d’épaules, la mine tombante au regard vide d’Ultra Magnus.

Les épaules larges du grand mecha se contractèrent. Son regard indéchiffrable fixait intensément le petit visage de son étincelant complètement apathique alors qu’il était censé voir la jolie couleur bleue typique de ses optiques. Pas ce silence angoissant … Il avait vu assez de morts comme ça au cours de sa vie. L’étincelant inactif niché contre son châssis, Ultra Magnus poussa un rugissement de rage avant de fracasser son poing dans le mur pour y laisser une brèche dans le métal. C’était injuste. Aucun créateur ne devrait à avoir à affronter cette horrible réalité, surtout pas en temps de guerre où la vie était sacrée et tellement rare. Non, c’était trop affligeant pour pouvoir le supporter.

A l’écoute de la douleur de son mate, Starwind restait parfaitement immobile sur la couchette, ses optiques ternes et démunies d’émotions absorbées par le néant. Le châssis toujours grand ouvert, elle n’y prêtait aucune attention tandis qu’elle se redressait en position assise sans jamais quitter le vide du regard. La phrase du médecin désolé tournait en boucle dans son esprit obscurci, comme une moquerie incessante de ce qu’elle venait de perdre après tant de temps à attendre sa venue. Tant de soins … D’anticipation pour accueillir l’une des rares Bénédictions de Primus. Des concessions et des interrogations pour lui apporter un monde meilleur loin de la peur et de la désolation. Les audios sifflants et la vision trouble, la fembot vit l’expression dévastée de Prowl du coin de l’optique cependant seuls les pulsations lentes de son Spark comptaient à ce moment-là pour garder la tête froide.

Ultra Magnus offrit la possibilité à Starwind de voir leur petit étincelant mort-né en le déposant délicatement dans le creux de ses bras, ce qui déclencha une série de lamentations qu’elle ne voulait pas retenir au fond d’elle. C’était trop difficile … S’accrochant désespérément au petit protoforme argenté, elle l’enlaça puis posa sa tête contre la sienne tout en se balançant d’avant en arrière sur la couchette, donnant un spectacle des plus accablants aux autres robots présents. Rien ni personne ne pourra jamais les soulager de leur perte. Ultra Magnus posa sa main dans le dos de Starwind alors qu’il retenait ses propres larmes de tomber, n’étant absolument pas habitué à extérioriser ses émotions et encore moins en public. Néanmoins cette douleur était trop insupportable … Et finalement son chagrin se transforma en une colère noire lorsque le médecin s’avança pour reprendre l’étincelant dans les bras de sa créatrice inconsolable.

Mauvaise idée.

Dès l’instant où le bot bicolore enroula ses doigts autour du petit corps mou, il fût soudainement confronté à une paire d’optiques blanches de colère comme un peu plus tôt avant l’intervention. Quelque peu prit de court par cette réaction instinctive, First Aid s’éloigna de la couchette puis leva nerveusement les mains quand le mecha furax qui n’avait plus tous ses esprits leva son pistolet dans sa direction d’un regard noir à glacer l’energon. Ses optiques s’élargirent de terreur, son Spark se mit à pulser frénétiquement derrière les plaques de son châssis. Mais, que faisait-il ?! Effrayé par le changement brutal d’Ultra Magnus, le médecin prit plusieurs pas en arrière jusqu’à se cogner contre l’une de ses tables mobiles qui déversa la plupart de ses outils sur le sol dans un vacarme assourdissant.

«Je vais te tuer !» Vociféra le robot bleu et rouge entre ses dentas serrées de haine.

«Q-quoi ?! N-non ! Attendez ! J’ai fait ce qu’il fallait, je vous le jure ! Mais il était trop en avance !» Se justifia hâtivement First Aid d’une petite secousse de sa tête alors que le chef d’unité contournait la table pour le menacer avec son arme. Ce n’était pas de sa faute ! Il ne voulait pas mourir !

«Ultra Magnus, stop ! Ne faites pas ça ! Vous êtes en colère, et c’est tout à fait légitime car en ce moment même, vous en voulez au monde entier. C’est injuste et ignoble ce qui vous arrive. Mais tuer un innocent n’apaisera pas votre douleur … Croyez-moi.» S’interposa rapidement Prowl en se positionnant entre les deux bots en conflit, une main dressée vers Ultra Magnus et l’autre vers le médecin pétrifié.

Starwind serra instinctivement l'étincelant contre son châssis quand elle ressentit les vives émotions de son Sparkmate dans leur lien, cherchant à réconforter sa création même si elle n’était plus en vie. Les optiques fermées, la fembot tenta d’ignorer les cris dans l’infirmerie sous tension en se concentrant uniquement sur les pulsations de son Spark anéanti par la douleur. Sa douce lumière bleutée se reflétait sur le protoforme dans ses bras. Elle se sentait vide de l’intérieur … Incomplète sans son étincelant. Son pouce frottant l’arrière de sa petite tête, elle finit par ouvrir la bouche pour sommer aux mechas de la fermer et de la laisser tranquille quand elle crut avoir senti du mouvement. C’était presque imperceptible, toutefois son instinct lui certifiait qu’elle ne l’avait pas imaginé et en baissant son regard débordant d’espoir vers l’étincelant dans ses bras, elle fût accueillie par de minuscules optiques bleues épuisées.

«Primus ! Il est vivant !» S’exclama-t-elle de stupeur, ses optiques rondes de choc sur le jeune protoforme en vie dans ses bras.

C’était un miracle.

Ultra Magnus se retourna brusquement vers sa Sparkmate pour assister à une scène des plus extraordinaires. En effet, le petit étincelant remuait dans les bras de sa créatrice puis poussait même de petites plaintes mécaniques, une sublime mélodie aux audios des bots abasourdis. Cependant très petit et faible, le jeune robot s’accrochait résolument au châssis de sa créatrice alors que cette dernière était littéralement sans voix, n’arrivant toujours pas à y croire qu’il était vivant. Ultra Magnus se souviendra toute sa vie du regard de sa Sparkmate à cet instant-là et du sentiment de libération qu’ils ressentirent tous les deux, face à ce petit visage chiffonné. Extrêmement soulagé et reconnaissant pour cette chance, le mecha bleu et rouge abandonna son intimidation pour rejoindre sa petite famille maintenant au complet d’un sourire qu’il n’avait encore jamais esquissé auparavant.

Pour First Aid, c’était presque surréaliste.

C’était quelque chose qu’il était tout bonnement incapable d’expliquer. Serait-ce le destin ? Un coup de pouce de Primus ? L’amour inconditionnel de deux créateurs en harmonie ? Une erreur médicale ? En tout cas, il était bien content de cette finalité car un peu plus et il se retrouvait avec un énorme trou à la place du Spark ! Réconforté mais encore sous l’emprise de l’adrénaline, le médecin se laissa lentement glisser jusqu’au sol pour étendre ses longues jambes devant lui, le regard perdu sur les Sparkmates accueillant chaleureusement leur nouveau petit étincelant miraculé. Et dire que cette alternative lui paraissait hautement improbable quelques instants plus tôt ! Comme quoi, il venait d’avoir la preuve vivante que tant qu’il y avait de l’espoir, la vie pouvait perdurer.

Prowl sourit doucement à la petite famille recomposée après cette épreuve traumatique puis décida de quitter l’infirmerie pour rejoindre la tranquillité de ses quartiers, laissant seuls les deux Sparkmates qui avaient maintenant besoin d’intimité pour la synchronisation.

Il était moins une !

A suivre …

Pfiou, c’était intense comme chapitre. Vraiment, ils ont eu énormément de chance mais c’est peut-être grâce à une intervention divine ? Qui sait, peut-être que Primus est derrière tout ça.

VP


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