Petite Etincelle

Chapitre 6

12163 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/05/2022 10:50

Attention, chapitre difficile !

CHAPITRE 6

POV Starwind

Mon alarme interne s’activa. Je fus d’abord surprise mais ensuite, je sortis tranquillement de ma stase après avoir passé environ un bon groon dans mes quartiers personnels à l’abri des regards. Mon corps avait réclamé un peu de repos suite au travail intensif avec Prowl, au centre de commande. Des cycles solaires entiers à trier des piles immenses de datapads dans un silence quasiment absolu. J'étirai doucement mes engrenages un par un en appréciant le craquement que chacun produisait avec le petit effort, les optiques encore à moitié fermées. C’était un véritable sentiment libérateur après être resté autant de temps dans une même position sur ma couchette ! J’avais l’impression d’avoir rechargé pendant une éternité …

En tendant ensuite l’audio en direction de la porte, je ne perçus absolument aucun bruit, rien dans les couloirs de la base qui signalait la présence d’un robot qui passait par là. Tout demeurait silencieux pour une fois. Alors, n’ayant aucune obligation pour le moment, je pris la décision de rester allongée encore un petit moment sur ma couchette afin de cogiter, mes doigts croisés sur mon châssis et mes optiques bleues scrutant pensivement le plafond métallique de la pièce rectangulaire. Ces quartiers étant dépourvus de toute décoration personnelle, ils dégageaient quelque chose d’attristant, en plus de ressembler à une cellule de prison lugubre. Heureusement que mes pensées étaient toutes focalisées sur mon lien, sinon l’ambiance maussade de cette pièce m’aurait complètement ruiné l’humeur.

Tendrement, je laissai un petit sourire étirer ma bouche tandis que mes doigts reposaient juste au-dessus de la cale à étincelant, à gauche de mon Spark pulsant tranquillement dans mon châssis blindé. Je pouvais le sentir, là, dans mon lien qui nous unissait étroitement … La petite étincelle de vie fragile. Ma précieuse création reposait dans cet espace confiné et sécurisé spécialement conçu pour l’accueillir, à proximité de la douce chaleur rassurante qu’émanait mon Spark. Parfaitement immobile et droite, j’étendis lentement mes doigts au-dessus d’une plaque de mon armure afin d’être le plus proche possible de mon étincelant encore en stase profonde en cette fin de cycle. C’était à peine si je pouvais la ressentir à cause de l’épaisseur du métal qui constituait mon châssis ! Mais je savais qu’elle était juste ici, sous mes doigts, protégée du monde extérieur et aimé.

Rassurée par les réponses positives de mon étincelant dans le lien créateur, je me réinstallai confortablement sur ma couchette puis fermai à nouveau les optiques dans le but de rêvasser encore un peu plus avant de reprendre mes responsabilités. D’un soupir bienheureux, je commençai à imaginer comment serait notre vie en dehors de ces murs de métal gris et froids. Loin de cette guerre sans fin, plus proche que jamais auparavant des soleils étincelants réchauffant les bâtiments laissés à l’abandon depuis bien trop longtemps maintenant. Comment serait notre vie à tous les trois une fois de retour à la surface de Trypican … Oh oui, j’avais beaucoup d’imagination. Ce fût alors que de nouvelles pensées, bien moins joyeuses, se précipitèrent involontairement dans mon esprit désormais tourmenté par ces dernières.

Mon sourire heureux s’effaça progressivement pour être remplacé par un froncement de crêtes optiques soucieux, le Spark douloureusement compressé.

Flashback

«Je t'en supplie, tu n'es pas obligé d'y aller ! Je n'aime pas ça … Et s'il t'arrivait malheur ? Tu n’as aucune garantie de revenir en un seul morceau ! Je ne veux pas te perdre ! Pas encore une fois !» M’écriai-je dans la panique, les larmes d’energon aux coins de mes optiques bleues horrifiées. Face à mon Sparkmate d’apparence insensible, je serrai les poings alors que je poursuivrais dans ce même ton affolé ; «pense à ton étincelant, pense à nous ! Souviens-toi de la dernière fois où tu t’es rendu à la surface ! Dans quel état tu as été ramené, par Primus !»

Ma peur se déferlait sans fin dans notre lien mate, mais Ultra Magnus continuait de me regarder avec cette même conviction dans ses optiques que j’avais appris à haïr au fil du temps. Il pouvait se montrer si têtu lorsqu’il s’agissait de son devoir envers notre faction ! Préférant mettre son travail devant ses responsabilités familiales. Cependant il était vital qu’il se rende compte du danger que cette nouvelle mission représentait pour moi et notre étincelant. Pour nous tous. J’avais envie de fondre en larmes de désespoir devant ce regard impénétrable que je connaissais que trop bien … Et malgré toutes mes plaidoiries, mes émotions et mes regards horrifiés, je savais d’ores et déjà que ce débat était perdu d’avance, pourtant je ne pouvais m’y résoudre à abandonner de lui faire entendre raison.

Nos vies étaient en jeu.

«Pourquoi Optimus t’enverrait toi, nouveau créateur, en zone de guerre ! Ce n’est pas logique, et tu le sais aussi bien que moi … Réfléchis !» Insistai-je d’une lamentation, les bras tombant à mes côtés lorsqu’Ultra Magnus fronça les crêtes optiques d’une légère grimace.

«Parce que je suis devenu le nouveau chef de la garde d’Élite et qu’Optimus Prime en personne compte sur moi pour mettre un terme à toutes ces querelles ! Qui d’autre pourrait mener à bien cette mission ? Je n’avais pas le choix, Starwind !» Riposta mon Sparkmate avec colère ou agacement, je n’en étais plus certaine à ce stade-là. Les sentiments négatifs se bousculaient dans notre lien inondé par nos diverses émotions, pour la plupart incompatibles.

«Tu avais parfaitement le choix ! Tu n’étais pas obligé d’accepter cette promotion alors que tu venais tout juste de devenir créateur ! Tu risques de tous nous condamner avec cette folie des grandeurs !» Fulminai-je aussitôt en retour, m’empêchant de justesse de sortir une injure. Je ne voulais pas dire de choses blessantes, mais ma colère me faisait cruellement défaut et bientôt je ne pourrais plus lutter contre elle …

Exaspéré au plus haut niveau par mes tentatives de le faire changer d’avis, Ultra Magnus laissa échapper un cri de colère tout en levant les bras d’une secousse désespérée de sa tête. Il bouillonnait, je pouvais le sentir dans notre lien dorénavant devenu douloureux à supporter … Je clignais rapidement des optiques au moment où il frappa son grand pede dans une boîte en métal à l’entrée de nos quartiers fort heureusement insonorisés de l’intérieur car je n’avais aucune envie que d’autres participe à cette dispute. Il positionna ensuite son pouce et son index sur ses optiques fatiguées, l’autre main posée à sa taille, cherchant un moyen efficace de calmer la cadence de ses évents en surchauffes depuis ce début d’altercation. Je ne voulais pas l’énerver à ce point, je voulais juste qu’il comprenne la gravité de sa décision qui aurait dû être prise à deux, avec mon consentement. Une décision que je classifiais de totalement irresponsable.

La garde d’Élite avait soi-disant reçu un signal de détresse provenant de la ville de Kaon où de potentiels Autobots et civils Decepticons attendaient d’être secourus après un énième bombardement dans cette zone durement touchée. Optimus Prime aurait donc prit la décision d’envoyer le vaisseau Vangelis avec une armada de valeureux guerriers Autobots à bord pour chercher les survivants des dernières frappes aériennes. Un choix qui n’avait pas dû être facile à prendre pour le grand commandant pacifiste, je le concevais parfaitement, néanmoins je ne comprenais pas son choix d’équipage. Ultra Magnus ne pouvait pas se permettre de disparaître lors de cette mission périlleuse avec une Sparkmate et un très jeune étincelant qui comptaient sur son soutien et sa protection en permanence. Sans parler du lien indispensable à la survie de notre petite création miracle.

Et à la mienne, bien évidemment.

«Ecoute, j’ai un très mauvais pressentiment … Si c’était un piège ? Et s’il t’arrivait malheur ? Que nous arrivera-t-il, d’après toi ?» Répétai-je inlassablement d’une petite voix, la frustration remplacée par la peur écrasante de le perdre.

Car oui, j’avais un horrible mauvais pressentiment au sujet de ce sauvetage. Je sentais que quelque chose ne tournait pas rond … Que peut-être il s’agissait d’un traquenard dans l’espoir de prendre Optimus Prime au piège. Ou pire. Et de surcroît, je trouvais ça très étrange que le Prime demande à un mecha créateur de prendre autant de risques alors que d’autres auraient pu prendre la relève pour cette opération délicate. Mais comment s’assurer de toujours prendre les bonnes décisions en temps de guerre … Comment être certain de ne pas faire d’erreur monumentale, de ne pas condamner des innocents à une mort inévitable. De ne tout simplement pas se tromper sur son intuition. Je ne voudrais pour rien au monde prendre la place d’un dirigeant car leur fardeau devait être insupportable à gérer au quotidien, surtout dans de tels dilemmes où il était tout bonnement impossible de prévoir à l’avance ce qui allait arriver. Je n’osais imaginer ce que perdre des vies, des batailles ou du terrain sous un commandement procurait comme sentiment.

Mais faire confiance ou non, telle était la question …

Mon corps tout entier tremblait alors que le grand mecha bleu et rouge se retournait enfin vers moi d’un regard d’excuse pour sa perte de contrôle. Ou pour son choix d’être à la tête de cet équipage, je l’ignorais à vrai dire comme il n’était pas facile à déchiffrer. Mes petites ailettes redressées dans mon dos à cause de mon état alarmé, je continuai de regarder fixement mon Sparkmate qui me décevait grandement jusqu’à ce que ce dernier ne se dirige vers moi pour me prendre dans ses bras. Une tentative de réconfort que je déclinai aussitôt en me tournant rapidement vers le mur, les bras croisés sur mon châssis. Je refusais de lui laisser croire que je m’étais résolue à accepter l’inacceptable.

Ultra Magnus poussa un autre petit soupir de découragement avant que je n’entende ses pas lourds se diriger maintenant vers le compartiment servant de couchette de recharge à notre étincelant. Discrètement, je jetai un petit coup d’optique dans sa direction, mes lèvres pincées d’énervement. Avec toute cette agitation et ses échanges échauffées je n’avais même pas entendu les pleurnichements de notre étincelant … Qui avec le temps, s’était enroulé sur lui-même par manque d’attention. Mais quel genre de créatrice étais-je ? Me réprimandai-je tandis que l’imposant robot se courbait au-dessus de la petite couchette pour récupérer l’étincelant pleurnichant dans ses bras massifs dans l’intention de lui apporter du réconfort. Une étrange image que de voir un minuscule protoforme si doucement manipulé par un robot qui faisait pas moins de trente fois sa taille.

Instantanément, un timide mais sincère sourire se dessina sur le visage métallique d’Ultra Magnus qui installait confortablement notre étincelant au creux de son coude dans le but d’apaiser ses peurs. Inondant le lien créateur de sentiments d’amour et de protection, je m’approchai lentement d’eux pendant que mon Sparkmate dévoué rassurait le jeune Cybertronien. J’adorais cette tendre image, je l’enregistrai afin de toujours l’avoir auprès de moi, pour que je puisse la regarder lorsque je me retrouverai seule … Histoire de pouvoir me remémorer cette complicité rare dans les moments difficiles qui s’annonçaient. Ultra Magnus me certifiait toujours qu’il n’était pas fait pour ce rôle de créateur et qu’il ne savait jamais comment s’y prendre avec les jeunes, qu’il ne sera jamais aimé par notre création, mais il se trompait lourdement.

Je le voyais, à travers ses optiques, qu’il était fait pour endosser ce rôle très important. Chaque cycle qui passait, chaque groon passé à ses côtés, je constatai cette écrasante vérité. Ma petite moue s’effaça pour laisser apparaître un sourire semblable à celui du robot en adoration devant son étincelant, n’ayant d’optiques que pour elle désormais. Peut-être sera-t-elle le dénouement final de ce dilemme ? J’osais espérer que oui, malgré mes craintes persistantes qu’Ultra Magnus choisisse d’honorer son engagement au détriment de sa famille. Je ne pu me retenir de soupirer à cette possibilité. Passant mon regard de mon étincelant à mon Sparkmate souriant, je posai doucement ma main sur son avant-bras afin qu’il dirige ses optiques dans les miennes soucieuses. Je voulais qu’il me parle, qu’il me rassure. Je voulais qu’il entende toutes mes peurs et mes doutes, pas seulement via notre lien mate, il fallait que je les partage.

«Ultra Magnus ... S’il te plaît. Ecoute-là. Ressens sa peur, toutes ses émotions. Elle a besoin de toi comme j’ai besoin de toi ici, dans la base souterraine. Auprès de nous, nous serrions en sécurité ensemble. Je sais à quel point remplir ton devoir est important à tes optiques, mais elle a besoin de son créateur pour grandir et devenir forte, pour survivre dans ce monde qui est le nôtre. Tes obligations peuvent attendre, Optimus Prime peut trouver quelqu’un d’autre pour remplir le rôle de commandant du vaisseau-» Tentai-je encore une fois, toutefois la réaction d’Ultra Magnus me coupa brusquement dans ma phrase.

«Des innocents attendent d’être secourus ! Pourquoi tu refuses de comprendre ? J’ai aidé à cartographier la ville de Kaon, je suis le seul à connaître l’emplacement exact des bunkers Decepticons. Je ne peux pas abandonner mes soldats au front ! Et je refuse de laisser mourir l’un des miens, nous avons déjà tant perdu dans cette fichue guerre qui ne connaîtra jamais de fin si nous ne prenons pas de décisions ! Il est temps d’agir pour le bien de notre avenir. Qu’importe le coût.» Déclara-t-il d’une froideur qui glaça mon Spark. Je l’observai remettre notre étincelant sur sa couchette puis refermer la vitre de protection au-dessus avant de renchérir craintivement.

«Et notre étincelant ?» Questionnai-je au moment où il se redressa. Son corps tout entier se raidit puis il me fusilla du regard alors qu’il me répondait vivement d’un ton que je ne pourrais pas oublier.

«Elle n’a jamais été prévue ! Les étincelants ne sont pas censés venir au monde en temps de guerre, Starwind ! Ils ne peuvent pas survivre sur cette planète tant qu’il y aura des bombes et un ennemi commun à combattre ! Ouvre les optiques, c’est tout simplement du suicide ! Nous n’aurions jamais dû …» Sa voix s’éteignit subitement tandis qu’il recommençait à se frotter les optiques avec ses doigts, une habitude qu’il avait prit lorsqu’il était sujet au stress ou qu’il ne savait pas comment s’exprimer. Il reprit avec un grognement suivit d’une secousse de sa tête.

«Ce n’était pas une bonne idée. Tout ceci, c’était une erreur. Une Bénédiction de Primus alors que la surface ne ressemble plus à rien … Que tout n’est que désolation et poussières … C’est donc ça, l’avenir que tu veux pour elle ?! Un amas fumant de métal où se mêlent rouille et décombres ? Dehors, des Autobots sont en danger et attendent du renfort. Chaque nano-klik compte, c’est ça, la réalité.» Insista-t-il, l’index pointé vers le sol pour appuyer ses mots tranchants comme des lames.

Je ne l’avais jamais vu aussi impitoyable.

J’étais à une perte totale de mot, incapable d’exprimer quoi que ce soit après ce qu’il venait de balancer à mon visage sans aucun signe de remord. Juste … Cette froideur que je ne reconnaissais pas. Interloquée mais surtout abasourdie, ma bouche s’ouvrit cependant aucun son n’en sorti. Je n’arrivais pas à croire que c’était mon Sparkmate qui venait de dire toutes ces choses … C’était inconcevable, inimaginable et immoral. J’étais tellement sidérée que je ne ressentais absolument plus rien, rien que le néant dans notre liaison où affluaient habituellement toutes sortes d’émotions partagées. Ultra Magnus avait perdu l’espoir que Cybertron retrouve un cycle prochain sa gloire d’antan. Il avait perdu son optimisme et sa foi, se raccrochant aux quelques missions de reconnaissance pour ne pas sombrer dans le désespoir total.

Mais ce n’était qu’un reflet de la réalité.

«Notre planète survivra comme elle a toujours survécu au fil du temps. Elle renaitra de ses cendres, et ce cycle-là tu repenseras à cette conversation … A quel point tu te trompais.» Rétorquai-je d’une voix déçue mais mesurée après quelques kliks maintenus dans le silence. Mon visage figé dans la colère, une seule larme roula sur ma joue alors que l’expression du mecha bleu et rouge s’adoucissait enfin.

«Starwind, je …» Commença-t-il d’une voix remplie de regrets, mais je secouai rapidement la tête quand il leva sa main vers moi, m’éloignant de lui d’un regard de dégoût.

«Je ne te retiens pas. Je ne voudrais surtout pas que ton fardeau t’empêche d’accomplir ton travail.» Ecœurée, je repris plusieurs pas en arrière lorsqu’il tenta à nouveau une approche amicale, épiant sa main tendue d’une lueur de mépris. S’en était tout simplement de trop.

La main d’Ultra Magnus retomba tristement à ses côtés puis il baissa les optiques au sol, probablement honteux de l’issue catastrophique de cette dispute. Parfois, les mots étaient plus ravageurs que les coups et malheureusement la plupart du temps ils laissaient de profondes marques. Paressant en pleine réflexion durant un court instant, il finit par se diriger vers la porte sans un dernier regard à notre étincelant gémissant dans sa couchette. Cependant il s’arrêta net au moment où il l’ouvrit. Je pouvais entendre ses évents vrombissants, ressentir sa profonde tristesse dans notre lien même après l’avoir fermé au minimum, ne souhaitant plus aucune communication pour le moment avec ce dernier. Toujours maintenu dans un silence maladroit, le bot devant moi tourna légèrement la tête sur la droite avant de dire la chose suivante avec peine.

«Vous serez toujours ma plus grande fierté.» Puis il ferma la porte dans son sillage.

«Imbécile !» Je rugissai en jetant des datapads et autres objets à portée de main contre la porte. Complètement hors de moi, j’hurlai tout en retournant la pièce sans dessus dessous, incapable de me calmer tant ma colère était grande.

J’avais envie de lui courir après pour le sermonner, lui dire à quel point il se trompait sur toute la ligne et qu’il commettait une terrible erreur ! Je ne saurais l’expliquer, mais je savais au plus profond de moi que j’avais raison et c’était en partie à cause de cette certitude que je lui en voulais autant de ne pas me croire. De ne pas me faire confiance. Désormais rien de plus qu’une épave émotionnelle, je me laissai lentement glisser contre le mur le plus proche puis étendit mes pedes dans les datapads éparpillés devant moi, l’un d’eux ayant l’écran brisé après ma crise. Il s’agissait d’une photo de nous trois. Notre famille venait de se déchirer comme cette photo prise juste après l’arrivée de notre étincelant. L’erreur … Ce mot allait me hanter le restant de ma vie.

Mon visage entièrement humide de larmes, j’enterrai ma tête dans mes bras posés sur mes genoux repliés contre mon châssis. Je ne pouvais plus les retenir, j’avais bien trop mal. Il fallait que ça sorte, il fallait que je me débarrasse de toute cette colère refoulée au risque d’en souffrir très longtemps et de la répercuter sur les autres. Je ne voulais pas que cela arrive. Tandis que je m’apitoyai sur mon sort, je finis par entendre un gémissement mécanique provenant de la petite couchette à ma gauche. Ce son eut pour effet de me sortir de mon hystérie pour que mon instinct de créatrice reprenne enfin le dessus sur mon désarroi. C’était un véritable déchirement ce que je ressentais … La sensation d’être complètement incomprise par ma moitié qui n’en faisait qu’à sa tête, de perdre un être cher. Peut-être pour toujours. Atteignant mon étincelant terrifié par mes cris, je le déposai tendrement contre mon châssis après avoir repris ma position initiale contre le mur pour le bercer.

Mes pleurs cessèrent lentement alors que je serrai le petit protoforme contre moi, faisant ronronner mon moteur car je savais que celui-ci avait un effet apaisant sur elle. Elle ne méritait pas tout ça et rien n’était plus incertain maintenant. Ses petits doigts s’enroulaient autour de mes plaques de châssis comme si sa vie en dépendait, sa tête posée au-dessus de ma vitre et ses optiques rondes se fermant au fur et à mesure que ses gazouillis s’affaiblissaient. Elle était si petite et si fragile … Et elle avait tant besoin de son deuxième créateur auprès d’elle. Souriant tristement à moi-même, je fus très surprise lorsqu’une communication privée s’ouvrit puis que la voix d’Ultra Magnus pénétra dans mes audios.

.:Sweetspark, je t’aime:. Sa voix sonnait mélancolique, mais je ne pris pas la peine de répondre.

Il voulait partir ? Alors ainsi soit-il.

Je me débrouillerais seule.

Fin flashback

Il ne restait de ces souvenirs plus qu’un goût amer en bouche. Le Spark douloureusement serré dans mon châssis, je m’éloignai rapidement de ces déchirantes pensées lorsque je ressentis tout à coup comme une secousse. Légère, presque imperceptible, mais j’étais certaine d’en avoir ressentie une. Tandis que je regardai la grille d’aération au-dessus de ma tête avec une touche d’incertitude, un petit gazouillis familier provenant du fin fond de la cale à étincelant me tira instantanément de ma confusion. Mes lèvres se retroussèrent dans un sourire puis j’ouvris mon châssis pour récupérer ma création désormais parfaitement consciente de son environnement.

«Ne t’inquiète pas, je suis là. J’ai sans doute halluciné, ça arrive.» Rassurai-je d’un petit rire plus à moi-même qu’à mon étincelant.

A peine plus grand que mes mains, je déposai le protoforme argenté sur mes genoux une fois assise au bord de l’immense couchette vide. Le petit robot me regarda avec étonnement alors qu’il s’accrochait résolument à mes plaques de torse pour ne pas risquer de basculer en arrière, malgré mes mains qui le tenait précieusement pour empêcher tout accident fâcheux. Elle avait l'air si gentille et innocente avec ses grandes optiques constamment émerveillées par le monde qui l’entourait … Ses petites ailettes semblables aux miennes accrochées à son dos ainsi que sa jolie couleur argentée me rappelait mon propre cadre. Oui, à la naissance tous les étincelants sans exception arboraient des nuances argentées avant la toute première peinture. Mais il arrivait aussi que certaines plaques de métal constituant leur armure finale changent d’eux-mêmes de couleur pour ressembler à leur créateur au fil du temps.

Mon sourire toujours aussi grand, je levai ma main pour affectueusement caresser l’audio droit de l’étincelant qui ressemblait tellement à ceux d'Ultra Magnus. Cela engendra une douleur sourde au Spark que j’étais incapable de chasser. Malgré notre dispute deux cycles en arrière, je ne pouvais m’y résoudre à lui en vouloir plus longtemps … Je l’aimais beaucoup trop pour continuer à nourrir le sentiment de haine qui m’avait animée ces deux cycles passés. Il avait ses défauts évidemment, mais tout le monde en possédait et il fallait vraiment être stupide pour s’arrêter à ça. L’amour était plus fort que la haine, c’était certain. Quelque peu chamboulée à cause de ces souvenirs encore trop frais dans mon CPU, mes optiques embrumées se rivèrent automatiquement vers l’étincelant que je tenais contre moi pour me réconforter. La petite chose cherchait à atteindre mon visage avec ses doigts miniatures, laissant s’échapper quelques babillages de curiosité par-ci par-là.

«Nous ne t’avons même pas encore donné de nom …» Déclarai-je pensivement d’un petit reniflement mi amusé, mi attristé. Il était vrai qu’après sa venue, Ultra Magnus et moi étions constamment sollicités par nos deux emplois respectifs et que les moments à trois se faisaient extrêmement rares. Je me sentais coupable. Notre petite Bénédiction de Primus ne portait aucune désignation, c’était honteux ! Il fallait remédier à cela.

«Que penses-tu de-» Cependant ma voix se coupa brusquement lorsqu’une nouvelle secousse, cette fois plus forte, fit trembler toute la pièce et les bibelots sur les étagères.

Mon Spark fit une violente embardée. Mon sourire disparût tandis que je levai mes optiques au plafond où de petites particules de poussières venaient de tomber. De plus en plus anxieuse que cela pourrait être un signe d’une nouvelle tentative d’intrusion des Decepticons, je rangeai soigneusement mon étincelant bruyant dans ma cale puis me leva en direction de la porte. Quelque chose se passait à la surface, il fallait que j’aille voir Prowl pour l’avertir de ces étranges secousses si personne d’autre ne l’avait encore remarqué dans la base. Je priais Primus pour que ces tremblements proviennent des bâtisseurs en plein travail sur les structures et non pas d’une attaque ... Mais pile au moment où je posai ma main sur l’écran tactile pour déverrouiller la porte, un bruit d’explosion retentit à l’étage supérieur, me faisant tituber en arrière d’un souffle de terreur. Le mur devant moi venait de se fissurer juste sous mes optiques.

«Non …» Murmurai-je d’effroi aux hurlements dans les couloirs.

Evacuation ! Evacuation !

Je devais impérativement rejoindre Prowl ! Lui saura quoi faire comme la dernière fois. Aussi furtivement que possible, je traversai les longs couloirs où se bousculaient des bots en action. L’alarme incendie hurlant dans mes audios, je poursuivais mon chemin à la hâte jusqu’à la salle centrale de la base où devait se trouver le tacticien. D’une main protectrice au-dessus de la chambre à étincelant au moment où d’autres explosions retentirent, je levai automatiquement mon autre bras au-dessus de ma tête d’un glapissement de peur. Les vives lumières rouges clignotaient avec acharnement tandis que l’écho sourd des explosions retentissaient, me glaçait l’energon dans les câbles d’alimentation. Pas de temps à perdre ! Je me redressai puis boulonnai rapidement jusqu’aux portes automatiques où je pouvais carrément ressentir la chaleur des déflagrations se trouvant juste derrière.

Et en effet, à l’ouverture de ces dernières, je fus confrontée à un immense brasier et à une armée de robots qui ne portait pas du tout le même insigne que nous.

Horreur ! Des Decepticons partout !

C’était terrible, un véritable bain d’energon. La plupart des Autobots avaient d’ores et déjà prit le branle-bas de combat notamment Kup, Blades et bien entendu mon cher ami Prowl. Ils se battaient férocement, usant de leur volonté de fer à défaire notre ennemi pour les repousser les uns après les autres. Les armes s’entrechoquaient violemment, les tirs et projectiles ricochaient sur les murs, les corps des victimes s’entassaient sur le sol … Absorbée par cette scène chaotique, je n’avais pas entendu le bot qui s’était glissé derrière moi pour me frapper violemment avec son coude, me faisant trébucher au sol d’un cri de douleur. Un peu sonnée par l’impact, je me glissai vers des conteneurs de ravitaillement entreposés au fond de la salle principale, mon agresseur ayant changé de cible lorsque d’autres renforts se précipitèrent dans la pièce.

Tous ces hurlements de rage et d’agonie me faisaient tourner le CPU … Je gémissais de douleur tout en mettant mes mains sur mes audios pour tenter d’amoindrir ces bruits insupportables, le réservoir se révoltant à chaque lamentation. Dos à l’une des caisses, je pouvais sentir que du liquide s’échappait d’une blessure à mon épaule. La collision avec le robot avait vraiment été fort et maintenant de l'energon tombait de cette blessure jusque sur le sol en de petites gouttelettes bleuâtres. La douleur était vive, mais ce n’était pas du tout ma priorité au groon actuel. La peur de mon étincelant se faisait ressentir dans le lien créateur, ce qui me redonna un élan de courage pour nous sortir d’ici et en un seul morceau de préférence.

Allez, courage Starwind ! Je sais que tu en est capable ! Il y a forcément une issue … Me motivai-je intérieurement, les dentas serrées.

Chassant ma propre terreur de mes circuits, je me relevai lentement sur mes pedes avant de boulonner le plus vite possible vers la porte qui venait de s’ouvrir pour laisser apparaître d’autres soldats Autobots. C’était l’occasion ou jamais ! Mais alors que j’étais à mi-chemin, je remarquai que Prowl avait changé de cible pour s’attaquer à un robot de près de deux fois sa taille. Inquiète pour la sécurité de mon ami, je vis tout à coup que ce dernier avait d’étranges petites capsules dans ses mains qu’il balança ensuite au visage du Decepticon menaçant. Ces capsules, au contact du métal, éclatèrent puis libérèrent ensuite un liquide jaunâtre chimique qui faisait fondre n’importe quel matériel. Et plus particulièrement le métal qui nous composait. L’immense mecha violet se mit à rugir de douleur tandis que son visage fondait sous les optiques satisfaites de l’Autobot fier du résultat. Le connaissant, probablement qu’il était à l’origine de cette invention mortelle ou que sa tactique de combat était à la hauteur de ses espérances.

Pendant que je me ruais en direction des portes ouvertes, mon regard se bloqua un instant sur un grand Decepticon noir, blanc avec des touches de violet et des griffes acérées qui prenait un malin plaisir à démembrer ses pauvres victimes. Un frisson me parcourut l’échine car son design ressemblait étrangement à celui du tacticien … N’avaient-ils donc aucune pitié ?! Ne connaissaient-ils pas la compassion ? Pourquoi étaient-ils si différents de nous ? Des questions qui ne trouvaient pas de réponses, car je ne comprenais pas les Decepticons ni les motivations qui les animaient. Mais nous étions si différents, et cette différence se ressentait dans la violence. Je me baissai aussi vite que possible pour éviter un tir avant de m’insérer dans le sombre couloir sans un regard en arrière, le rire machiavélique du grand Decepticon me suivant sinistrement. Pendant que je m’éloignais de la zone de combat, une idée me parvint subitement à l’esprit. Changement de cap !

«Tu peux le faire ! Je sais que tu peux !» Chuchotai-je en prenant un autre couloir beaucoup plus étroit qui menait directement au centre de commande à l’étage supérieur. Mon cadre tout entier tremblait.

Comme espéré, la pièce avait complétement été ignorée par les Decepticons et donc je pouvais me précipiter sans encombre vers le tableau de bord pour tenter de prendre contact avec l’extérieur. Il nous fallait du renfort et vite ! J’ignorais combien de temps encore nos défenses allaient tenir … Sans doute peu de temps car le nombre de Decepticons dépassait largement nos forces. Mais comment par Primus avaient-ils fait pour nous envahir aussi rapidement tout en détournant nos défenses ?! Pas de temps pour les questions, il fallait agir vite. Un peu perdue devant cet immense ordinateur où de nombreux points lumineux clignotaient, je tentai désespérément de me souvenir comment Prowl l’utilisait pour entrer en contact avec les autres bases dissimulées sous la ville et aux alentours. Je tapotais nerveusement mon doigt contre mon casque dans la réflexion, les optiques larges de nervosité. Si seulement le lien Sparkmate n’avait pas été réduit au silence ! J’aurais pu communiquer avec Ultra Magnus pour le prévenir …

«Voyons, voyons …» Appuyant au hasard sur des touches, je me raclai le vocaliser devant le micro désormais allumé.

«Alerte, alerte, la base souterraine numéro douze de Trypican est attaquée ! Je répète, la base souterraine numéro douze de Trypican est attaquée ! Nos défenses tombent beaucoup trop vite ! Ils sont trop nombreux ! Envoyez du renfort, je vous en supplie !»

Cependant dans ma panique, je n’entendis pas la porte s’ouvrir dans mon dos.

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POV Normal

Dans le Vangelis en direction de Kaon, à quelques kilomètres de la capitale ennemie, Ultra Magnus regardait pensivement le paysage de Cybertron qui défilait devant lui à une allure constante. L’air absent ou plutôt absorbé par ses pensées, le Spark lourd de remords qui ne semblaient plus vouloir le laisser en paix depuis son départ précipité, le mecha s’interrogeait. L’un des deux soleils se couchait et baignait la belle et imposante ville de Kaon dans un spectacle de couleur époustouflant où se mêlaient l’or, l’orange et l’argent. Les grands édifices atypiques se dessinaient tranquillement au loin à l’horizon, les soldats fins prêts à venir au secours des habitants en permanence en danger sous les bombes alliées.

Toutefois les pensées du grand commandant songeur étaient ailleurs. Bien loin d’ici. Sa Starwind n'avait pas répondue à sa dernière communication privée et depuis lors, il n’avait reçu aucune nouvelle d’elle ou de son étincelant. Le regard de déception dans ses optiques avait été la toute dernière image qu’il avait de la fembot en colère … Et ce regard hantait son âme. Il reflétait ce qu’il avait toujours essayé de cacher au plus profond de lui, derrière une carapace bien solide qu’il s’était forgé au fil des cycles stellaires afin de devenir le soldat aguerri de maintenant. La peur de l’échec. Oh que oui, il regrettait chacune de ses paroles amères, chacun de ses actes déplacés. Il donnerait n’importe quoi pour partager ce magnifique coucher de soleils avec elle et son étincelant, absolument tout pour la voir sourire à nouveau et ressentir son amour dans leur lien devenu si froid et vide … Ultra Magnus amena ses doigts à son visage puis se frotta les optiques de lassitude.

Un mal pour un bien. Il devait mener cette mission au succès et tant qu’elles étaient en sécurité dans la base souterraine, cela lui suffisait amplement pour poursuivre sur cette voie. Plus vite ils arrivaient à Kaon, plus vite ils pourront rentrer.

«Monsieur, Monsieur ! Nous avons reçu un appel d'urgence de la base !» S’exclama soudainement un bot de couleur brune aux commandes du vaisseau.

Tous les Autobots éparpillés dans chaque coin du vaisseau arrêtèrent instantanément leurs discussions animées puis terrifiés par cette annonce inhabituelle, ils se précipitèrent autour des ordinateurs centraux pour écouter le fameux message de détresse. L’angoisse et l’impatience se lisaient dans leurs optiques écarquillés tandis qu’Ultra Magnus restait à l’avant du vaisseau où se trouvait l’immense vitre panoramique. Le commandant d’aspect détendu ne prononça aucun mot cependant malgré ses efforts, sa nervosité se reflétait dans son regard rude. Le soldat assis au bureau activa aussitôt les hauts parleurs sans attendre l’autorisation de son supérieur pour diffuser le message d’alerte dans l’ensemble du vaisseau plongé dans un silence de mort.

«Alerte, alerte, la base souterraine numéro douze de Trypican est attaquée ! Je répète, la base souterraine numéro douze de Trypican est attaquée ! Nos défenses tombent beaucoup trop vite ! Ils sont trop nombreux ! Envoyez du renfort, je vous en supplie !»

«Starwind !» Murmura d’effroi Ultra Magnus qui se précipita sans attendre vers le clavier. Il poussa les bots chuchotant entre eux hors de son passage puis activa le micro pour établir la communication avec sa Sparkmate affolée.

«Bien reçu. Ici le Vangelis, répond-moi, Starwind ! Que se passe-t-il ?! Où sont Blades et Prowl ?» Hurla-t-il désespérément, son regard inquiet sur le point vert clignotant à l’écran. Une balise de détresse. S’ensuit alors un long moment silencieux avant qu’une voix féminine ne se manifeste à nouveau, grinçante et alarmée.

«Ultra Magnus ! Les Decepticons, ils nous attaquent ! Ils sont trop nombreux pour les repousser, ils-ils … Nos soldats s’affaiblissent ! Je ne sais pas combien de temps nous pourrons encore tenir, la porte centrale a cédé ! Les étages inférieurs sont devenus inaccessibles à cause des incendies …» S’essouffla la petite fembot au micro, peinant à retenir ses larmes de terreur et à maîtriser sa voix.

Dans le vaisseau, de nombreux murmures s’élevèrent.

«C'est impossible, ils ne tiendront jamais autant de temps.»

«Comment ont-ils réussi à percer nos défenses ?!»

«Quelqu’un dans l’enceinte a dû donner la position ! Un espion !»

«Il faut prévenir le Prime et faire demi-tour ! On ne peut pas les abandonner.»

«Starwind, écoute-moi bien, cache-toi tout de suite ! Tu m’entends ?! Mettez-vous en sécurité, toi et les autres survivants. Nous venons vous chercher !» Ordonna Ultra Magnus en regardant autour de lui dans une pure frénésie que très peu avait eu l’occasion de voir en des vorns de loyaux services. Sa compagne et son étincelant étaient en danger de mort, il fallait qu’il réagisse immédiatement !

«Nous devons y retourner ! Combien de temps jusqu'à Trypican à pleine puissance ?!» Exigea finalement le commandant après quelques instants de réflexions tout en pointant son index vers la balise à l’écran. Le robot navigateur s'avança nerveusement puis se racla le vocaliser pour prendre la parole, jouant avec ses doigts pendant que les autres le fixait dans l’attente d’une réponse.

«Deux cycles solaires, Monsieur …» Répondit-il dans un gémissement désolé.

Deux cycles solaires, Monsieur … Ces mots résonnaient à travers l’âme du grand robot bleu et rouge telle une malédiction.

«Ultra Magnus ! C'était un piège ! Tout ça était prévu depuis le début !» Starwind hurla dans les haut-parleurs, créant ainsi un vent d’effroi chez les soldats à l’écoute. Un piège ? Que voulait-elle dire par-là ? Se posaient-ils tous la question. Ultra Magnus s'approcha de l'ordinateur pour supplier une nouvelle fois d’une voix tremblante qu’il ne contrôlait désormais plus du tout, à son grand regret.

«Starwind, je t'en supplie, cache-toi quelque part ... Je viens te chercher, je te le promets.» Dit-il lentement, ses optiques bleues affligées rivées sur ce point clignotant à l’écran qui établissait la connexion. Abasourdi par toutes ces informations, il chercha la chaleur accueillante de leur lien Sparkmate mais n’y trouva que désespoir et terreur, un reflet de ses propres émotions entassées dans son Spark devenu frénétique. Ne demandant qu’à se libérer sous cette pression insoutenable.

«Ecoutez-moi ! Vous êtes aussi en danger ! Vous devez absolu-ARGH» Un cri de douleur assourdissant suivit d'un violent fracas s’échappa ensuite des haut-parleurs du vaisseau avant que des interférences ne remplacent la douce voix de la fembot.

«Starwind ? Starwind ! Réponds-moi ! Qu’est-ce qui se passe ?! Starwind !» Appela d’urgence Ultra Magnus qui fracassa son poing sur le clavier, les épaules tremblantes de colère et incapable d’apaiser la peur qui s’écoulait en lui. Il appela désespérément sa Sparkmate via le lien mate mais il ne reçut aucune réponse positive, rien que le silence … Paradoxalement assourdissant.

«Hum ... Commandant ?» D’un ton hésitant, un bot de l’autre côté du tableau de bord pointa son index en direction de la vitre, les optiques écarquillées d’horreur.

Ultra Magnus dirigea son regard stupéfait vers le panorama pour se rendre compte qu’un objet volant non identifié s’approchait dangereusement de leur position. A une allure inquiétante. L’intégralité de l’équipage à bord commença à paniquer lorsqu’ils comprirent qu’il s’agissait en réalité d’un missile téléguidé en provenance de Kaon. Médusé, l’Autobot en tête de la mission se redressa puis s’approcha calmement de la vitre pour regarder ce missile volant à toute vitesse vers leur vaisseau déjà en mouvement pour tenter de l’esquiver, la pointe noire aiguisée droit sur lui. Le Spark croupissant sous le poids des regrets, Ultra Magnus croisa les bras derrière son dos pendant qu’il fixait ce missile avec passivité, sachant pertinemment qu’ils n’arriveront jamais à éviter l’impact imminent. Leur défaite était hélas inéluctable avec ce genre d’armement à la pointe de la technologie. Un traquenard … Tout ceci avait été orchestré depuis le début.

J’ai un très mauvais pressentiment … Si c’était un piège ?

Ultra Magnus ... S’il te plaît.

Ressens sa peur, toutes ses émotions. Elle a besoin de toi comme j’ai besoin de toi ici.

Nous serions en sécurité ensemble …

Tu avais parfaitement le choix !

Les mots de sa tendre aimée faisaient écho dans ses audios, comme une punition de ne pas l’avoir écoutée … De ne pas lui avoir fait confiance quand elle cherchait simplement à le prévenir que tout ceci était l’erreur. Pas son étincelant ni sa liaison, mais ses foutues missions suicides. Fermant un instant les optiques pour se concentrer uniquement sur le lien mate, le grand commandant culpabilisant envoya une série d’émotions à Starwind dans l’espoir de renouer la liaison et de pouvoir ressentir une dernière fois son amour inconditionnel. Il s’était comporté comme un idiot mais aussi un lâche fuyant ses responsabilités … Il se haïssait. Mais il était trop tard, et tout était de sa faute. Aveuglé par la soif de gloire et de reconnaissance, il avait conduit son équipage droit dans un piège, droit sur une désactivation certaine.

«ALERTE IMPACT DANS ; 20, 19, 18 ...»

Rouvrant ses optiques humides de larmes, Ultra Magnus repensa à son bel étincelant qu’il ne verra jamais grandir … A sa compagne qui allait peut-être aussi mourir, et tout ça à cause de lui. A cause de son aveuglement et de ses peurs insensées. La panique générale autour de lui cessa bientôt tandis que les robots acceptaient finalement leur sort impossible à déjouer par manque d’armes équivalentes. Le vaisseau n’était même pas équipé de missiles à tête chercheuse … Rien qui puisse intercepter la fusée ou même rivaliser. Les Autobots se rassemblèrent donc tous à l'avant du navire aux côtés de leur commandant dévasté mais restant digne, chacun priant en silence pour être accueillis en héros dans le Allspark.

Ultra Magnus implora Primus pour sa clémence pour qu’il épargne sa famille, surtout son étincelant qui était bien trop jeune et fragile pour subir la perte d’un créateur. La coupure de son lien sera un véritable déchirement pour Starwind et la petite, quelque chose de traumatisant et dans la plupart des cas meurtrier. Son Spark criant à l’agonie, il continua de maintenir le lien mate ouvert et d’envoyer des vagues d’amour à travers ce dernier en priant pour que Starwind les reçoives rien qu’une dernière fois. Il ne voulait pas mourir sur une dispute stupide qui n’aurait jamais dû avoir lieu … Qui aurait pu être éviter. Il n’était pas prêt à mourir, pas aussi bêtement et encore moins avec tous ces regrets qui le suivront jusque dans la tombe ! Hagard et les audios sifflants, le mecha impressionnant par sa taille écouta attentivement la voix féminine du vaisseau poursuivre le décompte des nano-kliks avant l’impact.

«9, 8, 7, 6, ...»

«Jusqu’à ce que tous ne font qu'un !» Cria l’un des robots dans une vaine tentative de remonter le moral des troupes avant la déconnection.

Ultra Magnus murmura un léger «pardonne-moi de t’avoir menti.» inaudible avant de déconnecter ses optiques et d’attendre l’explosion, enfin prêt à rejoindre le Allspark.

«2, 1 ...»

BOOOOM

{== 1 Breem avant==}

POV Normal

«Vous êtes en danger ! Vous devez absolu-ARGH !» Starwind n'eut pas le temps de finir car elle fût violemment projetée en arrière dans l’un des bureaux. Sa tête tournait et ses optiques clignotaient à la suite de l’impact contre le métal, complètement désorientée après cette agression surprise. Elle gémit doucement puis s'essuya la bouche avec le dos de sa main ce qui laissa une longue traînée d'energon sur sa joue ainsi que sur ses doigts. Son CPU rencontrait des difficultés pour recalibrer son système toutefois après quelques nano-kliks de plus, ses optiques furieuses se posèrent sur son agresseur d’aspect familier.

Le robot noir et blanc qui avait des similitudes avec Prowl … Starwind grogna, les optiques plissées.

«Alors comme ça, on envoie un appel de détresse sans nous prévenir ? Que c'est lâche …» Déclara ce dernier avec nonchalance, un petit rictus apparaissant sur son visage balafré. Les optiques rouges luisantes d’une cruauté sans nom, il leva son bras droit et tendit ses quatre griffes vers la fembot avant de fracasser son autre poing sur le clavier. Détruisant immédiatement la communication ouverte.

D’un petit grognement de satisfaction aux étincelles du clavier, le Decepticon noir et blanc s'avança vers Starwind pour lui prendre le visage entre ses doigts griffus. L’obligeant à le regarder droit dans les optiques, il passa lentement son pouce sur la blessure à sa joue. Il ressentait toute sa peur qui émanait de son maigre cadre cependant son regard était des plus enragés, quelque chose qu’il ne voyait pas souvent chez ses proies. Il devait reconnaître que cette fembot avait du cran ! Il aimait ce qu’il voyait. Agenouillé, le mecha pensif arpenta longuement le visage de Starwind tout en ignorant la façon dont elle le fusillait du regard. Il resserra subitement sa poigne autour d’elle avant de la soulever afin qu’elle soit plus proche de son visage, à quelques centimètres à peine de ses optiques écarlates brillant de sadisme. Le visage de la fembot se chiffonna à l’odeur atroce d’energon frais que dégageait l’armure de son tortionnaire.

«Tu es une jolie Autobot, je devrais te garder comme animal de compagnie ...» Lui ronronna-t-il tandis qu’un sourire prédateur étirait sa bouche. Néanmoins il ne s’attendait pas à recevoir un violent coup de genou dans le réservoir.

Starwind réussit aussitôt à libérer son visage de son emprise puis dégaina l’une de ses lames de bras quand ses pedes touchèrent à nouveau le sol pour tenter une attaque. Avec un cri de rage, elle balança son bras armé dans le côté gauche du Decepticon ce qui coupa le métal et sectionna les câbles d’alimentation d’un coup sec. Rugissant de douleur et de surprise, le mecha tomba à la renverse pendant que Starwind se relevait pour échapper à son agresseur direction la porte de sortie qui, par chance, avait été laissée grande ouverte. Elle esquiva de peu les griffes tranchantes du robot noir et blanc dans sa course alors qu’il tentait désespérément de mettre la main sur elle, échouant lamentablement à cause de sa blessure d’où s’écoulait son précieux carburant.

«Reviens là, petite garce ! Tu ne m’échapperas pas, tu entends ?! Je te traquerais et je te tuerais !» Fulmina ce dernier sur le sol, les dentas serrées et les optiques furieuses sur la fembot en fuite.

Horrifiée par ces paroles suintantes d’une haine farouche, Starwind se rua dans le couloir en feu sans jamais se retourner. Elle craignait que si elle le faisait, le Decepticon la rattraperait … Posant sa main par précaution au-dessus de la cale à étincelant où des gémissements se faisaient entendre, elle se sentit vite perplexe lorsque le lien mate se rouvrit soudainement et qu’une pluie d’émotions se déversèrent à l’intérieur. Tous venant d’Ultra Magnus. Quelque peu chamboulée par tout cet amour mélangé à des regrets, elle fronça les crêtes optiques avant de placer sa main au-dessus de son Spark puis de ressentir une violente douleur indescriptible. C’était atroce ! Et si soudain qu’elle chancela à ses pedes pour se retrouver affalée contre le mur le plus proche. Epouvantée par cette douleur incroyable, elle laissa s’échapper un hurlement d’agonie, ses ventilations tournant à plein régime pour refroidir ses systèmes tous en surtension.

La vision brouillée, presque aveuglée par la lumière devenue trop vive, Starwind pensait qu’elle allait carrément perdre connaissance tant c’était affligeant et brutal, l’impression que son Spark se fendait en deux dans son châssis. De toute sa vie elle n’avait jamais ressenti une pareille douleur ni même confusion car son CPU n’arrivait même pas à établir de logique à ce qui lui arrivait. Pourtant, alors qu’elle reposait tout son poids contre le mur et se battait pour rester consciente, Starwind savait ce qui venait de lui arriver. Elle l’avait senti mourir … Son lien mate avec Ultra Magnus venait d’être détruit. Disparu. Pour toujours. Il avait échoué. Etouffant un bruyant sanglot qui la ravagea tout de suite après cette douloureuse révélation, la fembot trouva la force de se redresser pour boiter jusqu’au sas menant aux capsules de sauvetage.

A l’intérieur de son châssis, les pleurs de son petit étincelant lui parvenaient aux audios. Il avait lui aussi subit la déchirure brutale du lien avec son créateur, quelque chose d’inimaginable à son jeune âge. Désormais, il n’avait plus qu’un seul support de vie et c’était celui qui déterminera sa survie en ce monde. La souffrance physique était une chose, mais la souffrance morale en était une toute autre … Il n’y avait absolument rien de comparable. Rien qui pourrait la soulager de cette douleur. Laissant courir librement ses larmes d’energon sur ses joues grises, Starwind tituba difficilement vers le panneau de commande pour le déverrouiller avec précipitation, la sensation d’être suivie en permanence. Mais à présent plus qu'une seule chose comptait pour elle, sortir d'ici et survivre au risque de voir mourir son précieux petit étincelant.

Il était hors de question d’abandonner son combat ! Elle se battrait jusqu’à la mort s’il le fallait.

La fembot bleue agonisante entendit tout à coup des bruits de pas venir en trombe dans sa direction, alors elle s’empressa de rentrer dans le sas qu’elle referma immédiatement derrière elle, la fumée l’enveloppant jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus voir de l’autre côté. L’empreinte de sa main pleine d’energon frais fût laissée sur la vitre tandis qu’elle s’installait à la vitesse de la lumière sur le siège où elle s’attacha fermement, prête pour le décollage imminent. Elle grinça des dentas lorsqu’une explosion secoua violemment la capsule, les fondations de la base de plus en plus fragiles au-dessus de sa tête. Appuyant sur divers boutons sur la console de commande à sa droite, Starwind activa l’expulsion automatique au moment où elle vit des optiques rouges derrière la buée de la vitre du sas d’entrée.

«Conduite automatique activée.» Une voix Cybertronienne s’exprima.

D’un soupir de soulagement, Starwind s'installa mieux dans son siège pour pouvoir examiner ses quelques blessures. Elle grimaça en voyant l'état déplorable de son épaule puis posa sa main sur les câbles endommagés pour tenter de ralentir l’écoulement continu de l’energon. Le liquide bleuté s’écoulait d’entre ses doigts pour ensuite s’infiltrer entre les plaques de son armure ci-dessous jusque sur le siège. Un morceau de son armure manquait à la suite de le la collision du Decepticon dans la salle principale, ne l’ayant pas tout de suite remarqué car elle avait bien trop été occupée à chercher une échappatoire. Elle vérifia également son CPU qui lui indiquait que son réservoir à energon était à seulement 31%, à peine suffisant pour une autonomie de deux groons. Epuisée et dans un état lamentable, la fembot souffla avant de lever les optiques vers le seul hublot de la capsule qui donnait un aperçut de la base vue du ciel.

Tout baignait dans un immense brasier … Des véhicules aériens fendaient les cieux et se bagarraient avec d’autres Cybertroniens dotés d’ailes au-dessus des nombreux incendies. Des explosions retentissaient, faisant trembler les plaques de sa maigre protection à chaque nouvelle détonation. Les Decepticons réduisaient en cendres cette base qui avait été sa maison et celle de nombreux autres Autobots durant plusieurs longs vorns, anéantissant ainsi tout un espoir collectif de retrouver la paix. Combien de victime seront recensés dans ce massacre historique … Une hécatombe parmi tant d’autres, déplora Starwind complètement dévastée.

Grimaçant à la douleur intense au centre même de son châssis, la fembot déversa plus de larmes alors que son Spark mourrait peu à peu. Elle avait perdu Ultra Magnus … Elle n’arrivait toujours pas à y croire et pourtant la douleur était bien réelle. Trop réelle. Elle ne pourra pas sauver sa création, elle le sentait au plus profond d’elle-même qu’elle ne fera pas parti des rares survivants d’une déchirure de lien mate. Qu’elle ne ferait pas exception. A cette insoutenable constatation, plus de larmes glissèrent sur ses joues rapidement suivit par des lamentations qu’elle couvrit derrière sa main, inconsolable. Son étincelant allait périr tout comme la plupart de ses amis ici-bas … Sa vie toute entière avait basculé en un instant et elle ne pouvait absolument rien faire face à son destin tragique qui se dessinait au fil des kliks. Ni à celui qui allait sceller le sort de sa création pour de bon.

«Pardonne-moi, j’ai essayé. Mais je ne suis pas assez forte …» Regretta-t-elle tristement.

Condamnée, Starwind se concentra sur la vibration rassurante du petit Spark de son étincelant agité, le rassurant du mieux qu’elle le pouvait tout en profitant des derniers moments à ses côtés.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

«Alerte, impact dans ; 3, 2, 1 ...»

Il y eu une énorme secousse quand la capsule percuta brutalement le sol poussiéreux de Cybertron. La porte de l’engin de sauvetage cylindrique s’ouvrit lentement et Starwind, au bord de la stase d’urgence, sortit sur le sol métallique en rampant. La capsule avait malheureusement pris un tir dans le flanc droit pour venir s’écraser à quelques kilomètres de la base proche d’un lac d’acide. Se traînant misérablement sur la berge, la violence de la collision avait aggravé son état déjà bien préoccupant. Ses jambes ne répondaient plus après avoir été écrasées par le siège qui s’était replié lors de l’impact, manquant de peu de les sectionner si la console de commande ne s’était pas interposée entre les deux.

Laissant derrière elle une importante traînée d’energon, son CPU affichait de nombreux messages d’erreur qui obstruaient bientôt l’intégralité de sa vision. Son réservoir était presque entièrement vide, le temps allait lui manquer … Son étincelant pleurnichait tranquillement dans la cale à gauche de son Spark affaibli cependant Starwind n'avait même plus la force de lui répondre d’une quelconque manière. A bout de force, elle enfonça ses doigts dans les résidus de métal afin de sortir de la zone à découvert dans laquelle elle se trouvait actuellement, un trafic aérien ennemi important à cet endroit-là. Elle devait absolument entrer dans une stase d'urgence et refermer ses blessures avant qu’il ne soit trop tard.

Energon à 8%

{== 1 groon plus tard==}

POV Normal

Deux robots, un massif l'autre frêle, regardaient avec satisfaction l'effondrement de ce que l'on appelait autrefois Trypican. La glorieuse capitale de Cybertron.

Dans leurs optiques rougeoyantes se reflétaient un mélange de joie et de fierté, conquis par cette victoire qui allait réécrire l’histoire de leur planète. Et l’histoire de la rébellion des Decepticons qui prenait enfin un tournant décisif en abattant pour de bon cette ville si symbolique aux optiques des Autobots. Personne ne s’y était attendu, pas même le grand et puissant Optimus Prime désormais obligé de se replier avec ses troupes s’il ne voulait pas connaître une extinction de masse. Leur attaque étant un véritable succès, les Decepticons fêtaient cet évènement alors que la base souterraine principale s’engouffrait dans des tourbillons de flammes et de décombres, formant ainsi d’importantes crevasses où résonnaient les derniers hurlements des Autobots prit au piège. Bientôt plus qu’un lointain souvenir, comme le leur avait promis leur leader charismatique.

Dans le ciel sombre partiellement éclairé par deux lunes volaient des Cybertroniens aux optiques rouges criant d’euphorie à ce qu’ils venaient d’accomplir sous les ordres de leur chef tyrannique mais vénéré Megatron. Tandis que d’autres empruntaient la voie pédestre pour regagner leur propre base sur une autre partie de Cybertron constamment plongé dans la pénombre, la ville de Kaon, là où toutes les opérations étaient coordonnées. Certains envisageaient de rester sur les décombres incandescents de la ville toute la nuit pour profiter de cette victoire avant le lever des soleils, repoussant au maximum ce doux goût que laissait ce sentiment de réussite inégalable. Car oui, ils avaient vaincu les Autobots cette nuit-là et ils n’étaient pas prêts de l’oublier de sitôt.

Sur un monticule de métal non loin de là, les deux robots qui admiraient la vue depuis un long breem se rapprochèrent d'un lieu de crash d'une capsule de sauvetage. Ils marchèrent calmement en direction de cette dernière pour constater les dégâts et éventuellement retrouver les corps des robots qui avaient essayé de s’échapper. Seulement, ils ne trouvèrent rien d’autres que des débris mais également des traces d’energon sur le sol qui menaient tout droit vers une tour d’observation effondrée à quelques mètres à peine du point de collision. Les deux Decepticons se regardèrent un instant puis suivirent ces fameuses traces presque sèches qui menèrent à un tas de métal inerte de couleur bleue … Le plus petit des deux s’éclaffa de surprise tout en pointant ses griffes vers le corps immobile à quelques pas de là, les optiques grandes ouvertes.

«Unicron tout-puissant ! Une fembot !» Stupéfait par cette découverte, le petit robot se dirigea vers la fembot en question pour vérifier son état. Elle semblait inconsciente … Au bord de la déconnexion. Ses ailettes brillaient aux rayons des lunes, de l’energon se répandait sur sa jolie carrosserie bleue et argent qui avait sans doute été abimée à cause du crash.

«Tiens tiens tiens … Mais je la reconnais. C'est la petite garce !» Grogna sèchement l’autre Decepticon quatre fois plus grand tandis qu’il épiait le corps immobile avec dégoût.

Sur le sol aux pedes du petit robot inquiet, les optiques de la fembot clignotaient entre la vie et la mort, toutefois elle se mit à bouger lorsqu’elle entendit la voix rugueuse du mecha noir et blanc. Tournant légèrement la tête pour regarder ses ravisseurs, son visage refléta de la peur quand elle posa les optiques sur le plus costaud des deux. Ses doigts posés à côté de son casque se contractèrent, essayant de communiquer avec eux mais elle échoua lamentablement faute de manquer de force. A la place, un croassement douloureux sorti de son vocaliser pendant qu’elle suppliait du regard le Decepticon menaçant à deux doigts de l’abattre, son canon devenant rougeoyant à son bras droit. Elle n’était plus qu’une épave … Un fantôme de ce qu’elle était autrefois.

«Maître ?» Marmonna le minicon qui se tordait nerveusement les doigts tout en passant son regard de la fembot mourante à son Maître impitoyable.

Qu'allait-il faire ?

Il eut cependant rapidement sa réponse lorsqu’il pointa son canon vers la fembot puis qu’il l’acheva d’un tir bien précis dans la tête sans une once d’hésitation. Le coup de feu retentit sinistrement autour d’eux, le cadre de l’Autobot se détendant complètement sur le métal froid tandis que le sourire du mecha s’agrandissait de plaisir, dévoilant ainsi une rangée de dentas aiguisées comme des rasoirs. Heureux d’avoir finalement réussi à mettre la main sur sa petite proie fûtée, le Decepticon se mit à ricaner bruyamment jusqu’à ce qu’il n’aperçoive un véhicule aérien familier voler droit dans leur direction. Craquant ses engrenages et son cou d’agacement, le bot commença à rouspéter alors que le minicon à ses pedes sautillait d’une jambe à l’autre tout en pointant son index sur le Decepticon dans les airs. Il manqua de peu de se faire frapper par son Maître en rogne s’il n’avait pas bondi sur le côté …

«Starscream en approche !» S'écria ce dernier juste avant de se cacher derrière les jambes du robot noir et blanc jurant tout bas, tremblant de peur.

Starscream entama une descente en piqué puis se transforma à la dernière minute pour se poser gracieusement sur le sol devant les deux Decepticons présents sur les lieux, une crête optique levée pendant qu’il examinait la scène d’une optique critique. La bouche se tordant dans un rictus, il croisa les bras dans son dos alors qu’il marchait autour du corps sans vie de l’Autobot, son expression malicieuse se transformant en de la rage quand il aperçut la grande flaque d’energon autour de la tête de la fembot. N’était-il pas capable de contrôler sa soif d’energon cet idiot sans CPU ?! Rien qu’une seule fois dans sa misérable vie ? Hors de lui, le Decepticon argent se dirigea vers son subordonné aussi intelligent qu’une clé à molette pour le blâmer pour son acte de barbarie.

Enfin, d’un point de vue de Decepticon.

«Barricade ! Pauvre idiot ! Nous aurions pu l’utiliser pour la procréation et les recherches ! Nous sommes en manque de fembots viables et toi tu te permets d’en abattre ?! Qui t’as autorisé à commettre ce crime ? Elles sont précieuses !» Hurla-t-il d’une voix qui partait dans les aigus, ses ailes raides de colère dans son dos tout en désignant la fembot sur le sol avec un trou dans la tête. Il épingla ensuite le grand robot contre une plaque de métal avant de lever son poing pour le frapper néanmoins il s’arrêta dans son mouvement quand il crut entendre un petit gazouillis.

Le Seeker se retourna brusquement vers le corps inerte de la fembot face contre terre avec de larges optiques, certain que le bruit subtil venait d’elle. Était-elle toujours en vie ? Confus mais intrigué, le mecha argenté au corps sinueux s’approcha avec précaution jusqu’à ce qu’il n’entende un autre gazouillis plaintif provenant bel et bien de la fembot déconnectée. La tête penchée sur le côté de curiosité, Starscream regarda Barricade retourner la fembot sans douceur avant de lui arracher le châssis pour avoir accès à la chambre scellée d’où semblait sortir les petits bruits. Il n’aura fallu que d’un coup de griffe pour couper les liens du châssis et l’ouvrir à l’air libre pour dévoiler un petit corps mécanique en boule au fond de la cale à étincelant. Incrédule face à cette découverte insolite en temps de guerre, l’avion de chasse observa le petit Cybertronien insignifiant dans la grande main de Barricade, l’étudiant d’un air ahuri sous les optiques perplexes du minicon.

«Un étincelant ? Comment c’est possible ?» Se questionna le mini robot d’un doigt retroussé sous son menton. Il sursauta lorsque son Maître ingrat ricana.

«Un avorton qui ne survivra pas longtemps sans sa créatrice. Regarde-le ! Même pas assez fort pour se tenir debout tout seul ! Juste bon pour la décharge.» Déclara sans conviction le mecha noir et blanc d’un claquement de sa langue, l’étincelant pendant mollement la tête en bas. Son pede tenu entre les griffes de Barricade tel un vieux déchet sans valeur, le petit robot commença à gémir de peur avant de se mettre à sangloter tout en cherchant désespérément le lien créateur devenu silencieux.

«Laissez-moi l'achever !» Dit-il ensuite d’un sourire fourbe alors qu’il basculait la tête de l’étincelant entre deux de ses griffes. Sa prise se resserra progressivement jusqu’à ce que son casque ne commence à craquer sous la pression puis que la douleur explosa autour de ses optiques. En un instant, les gémissements se transformèrent en hurlement assourdissant tandis qu’il se débattait pour sortir de l’emprise douloureuse sur sa tête.

«Lâche-le ! Sombre crétin !» Cria Starscream, indigné.

Le bot noir et blanc regarda simplement son supérieur hiérarchique d’un air ennuyé avant de lever les optiques au ciel et de libérer le rejeton d’un grognement mécontent. Il voulait juste s’amuser un peu pour une fois qu’il en avait l’occasion ... Barricade croisa les bras sur son châssis quand l’étincelant toucha le sol à ses pedes d’un rebond, brisant son optique droite dans le processus. La pauvre petite chose laissa sortir un hurlement aigu puis se recroquevilla tout en recherchant un lien créateur pour pouvoir soutenir son étincelle de vie en grande souffrance. Mais il n’y avait rien, absolument aucune réponse positive à ses appels désespérés … Il allait mourir s’il ne trouvait aucun remplaçant dans l’immédiat. Sa tête lui faisait horriblement mal et maintenant son optique était en feu ! Il gémit à cette douleur insupportable pendant que les voix menaçantes autour de lui reprenaient de plus belle.

Le minicon assistant impuissant à cette scène grimaça de dégoût, n’étant pas vraiment friand de cette cruauté sans limite que faisait preuve son Maître. Comment pouvaient-ils jouer avec une vie ? Parfois, ce genre de situation le remplissait de honte de faire partie de cette fratrie ... Mais en réalité il n’avait jamais vraiment eu le choix. Il leva ses optiques colériques sur Starscream lorsque le robot en question secoua dédaigneusement la tête aux excuses pitoyables de Barricade puis qu’il poussa la fembot avec son pede pour la jeter dans le lac. Ensuite, il se pencha pour récupérer l'étincelant contre lui avant de se diriger calmement vers une immense crevasse très profonde qu'avait créée la base en s'effondrant quelques breems plus tôt. Lançant d’abord un regard incertain vers les deux autres Decepticons derrière lui, il revint ensuite à l’étincelant qu’il maintenait dans ses longs bras, une étrange pression dans son Spark à l’apparence désastreuse de ce dernier.

Sa bonne optique rivée vers son visage brillait de terreur et de douleur, laissant sortir quelques petits cris mécaniques de temps à autre comme s’il appelait pour ses créateurs. Soudainement, l’une de ses petites mains tremblantes attrapa la griffe de Starscream dans une poigne serrée et il ressentit à nouveau cette étrange traction inexplicable dans son Spark … Comme un appel à l’aide. Le petit cherchait à se synchroniser avec son étincelle ? Tss, vraiment répugnant, considéra le Seeker tout en levant les optiques au ciel. Même pas la peine d’essayer de l’adoucir avec ce visage ! Il était devenu insensible à toutes ces choses.

Avec un dernier regard de méprit, Starscream balança le protoforme dans le trou sombre.

«Adieu, jeune Autobot.» Déclara-t-il sereinement avant de laisser un vil sourire apparaître à l’étincelant qui disparaissait dans la noirceur infinie. Tout était parfait ! Son plan avait fonctionné à merveille et bientôt Cybertron tout entier sera sous l’emprise des Decepticons.

D’un rire machiavélique, le Decepticon argent ailé se retransforma en avion de chasse puis reparti aussitôt dans les cieux sans un dernier regard en arrière. Fier du résultat de cette rencontre fortuite, Barricade gloussa avant d’entamer sa propre transformation en véhicule, ouvrant la portière passager pour son minicon toujours au bord du gouffre. Le robot de petite taille se penchait vers le précipice pour tenter de voir l’étincelant au fond, mais il n’entendait plus rien. Pas un son ni une lumière. Ressentant rapidement de la pitié à son égard, il déglutit tandis que son Maître perdait patience dans son dos, le forçant à faire demi-tour et à lui obéir s’il ne voulait pas connaître les ravages de sa colère. Il n’avait aucune envie de se prendre une raclée même s’il trouvait tout cela vraiment barbare et immoral … Car ce n’était qu’un étincelant, après tout.

Traînant ses pedes jusqu’au véhicule à l’arrêt, le minicon jeta un dernier regard désolé en direction du trou avant de grimper sur le siège, ignorant la voix rauque de son Maître qui le traitait de parasite inutile et faible.

Le ciel se déchira et une pluie acide se mit à tomber.

A suivre …

Primus tout puissant, ce chapitre était vraiment horrible à écrire/réécrire. Cette histoire est vraiment ancienne et déjà à l’époque j’étais sordide. Pauvre étincelant … Mais ce n’est que le commencement !

VP


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