Petite Etincelle

Chapitre 26

10207 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/08/2022 11:08

CHAPITRE 26

Moonlight patientait tranquillement à une table dans la salle de ravitaillement. Les bras croisés et affalée contre le dossier de sa chaise, elle fixait le couloir face à elle sans jamais sourciller, deux cubes d’energon vides devant elle. La salle étant bientôt entièrement inoccupée, elle attendait que le dernier robot présent ne parte à son tour. Elle n’avait plus du tout la notion du temps depuis qu’elle avait été amenée de force dans cette base cependant elle était observatrice, une très bonne observatrice même. Et généralement les robots se rassemblaient dans la salle de ravitaillement à des moments bien précis de la journée, soit le midi soit le soir, ce qui pouvait donc la laisser supposer que le cycle avait à peine débuté car elle n’avait croisé que deux Decepticons jusqu’à maintenant.

Une simple déduction qui pourrait très bien s’avérer fausse, mais elle n’avait aucun autre moyen de se repérer dans le temps pour le moment autre que de faire attention aux moindres petits détails. Car pour envoyer un message à l’extérieur et être plus ou moins sûre de sa réception, il fallait viser les groons où les Autobots étaient susceptibles d’être le plus actifs. Ce qui signifiait qu’elle devait à tout prix éviter la nuit, quand la plupart rechargeait paisiblement dans leurs appartements. Elle n’aura qu’une seule chance pour contacter l’extérieur, alors il était impératif qu’elle ne se trompe pas dans ses calculs pour maximiser ses chances de réussites. Une chance sur deux ... Moonlight posa ses optiques sur le Decepticon pour l’épier quand ce dernier se leva de sa chaise pour rejoindre la sortie, n’accordant aucun regard à la fembot bleu ciel assise à la table voisine alors qu’il disparaissait calmement dans le couloir. Désormais seule dans la pièce, elle se leva d’un bond pour prendre le même chemin vers la sortie puis partir dans la direction opposée.

Pas de témoins.

Le bruit de ses pas feutrés en rythme avec son Spark, elle longea soigneusement le mur lorsqu’elle croisa un groupe de Véhicons en sens inverse. Les optiques baissées pour éviter d’attirer l’attention sur elle, Moonlight attendit que le groupe s’éloigne pour reprendre son exploration des lieux le plus discrètement possible. Elle n’avait encore jamais eu l’occasion de se balader seule dans la base souterraine, et encore moins dans cette partie qui lui était par conséquent totalement inconnue. Elle remarqua que les couloirs se ressemblaient tous, se répétaient sans cesse tandis qu’elle s’enfonçait dans une section beaucoup moins peuplée que le reste de la base, voir même désertée. Evidemment, à cette profondeur il n’y avait aucune fenêtre pour se repérer ni même des nuisances sonores venant de l’extérieur. Tout était excessivement calme …

«Trouver ce qu’ils manigancent … Aller Moon, tu peux le faire.» Chuchota-t-elle pour se motiver pendant qu’elle descendait dans les étages inférieurs sous la demande de Zéphyr. Que trouvera-t-elle en bas ? Rien de vraiment rassurant si l’espionne de Jazz n’avait même pas le droit d’y accéder !

Arrivée devant un monte-charge détérioré, elle pressa le bouton à sa droite pour activer l’élévateur. Le bruit du mécanisme était inquiétant alors que la plateforme immense remontait jusqu’à elle, augmentant ainsi drastiquement son stress une fois arrivée à sa hauteur. Il n’avait pas l’air très solide … Agitée, elle passa un rapide petit coup d’optiques derrière son épaule histoire d’être certaine que personne ne la suivait ni même ne l’avait repérée car elle n’avait aucune idée si elle était autorisée à aller jusqu’ici. A priori oui, sinon Soundwave aurait d’ores et déjà intervenu grâce à ses nombreuses caméras de surveillance postées un peu partout. Redressant son châssis pour se redonner du courage, la fembot en exploration s’engouffra dans le monte-charge puis appuya sur un bouton au hasard pour descendre. Les étages défilaient un à un dans un grincement mécanique, les néons violets se reflétant sur son visage argent durant sa descente interminable jusqu’aux entrailles de Cybertron.

Ou presque.

Une fois la destination aléatoire atteinte, les doubles portes s’ouvrirent pour dévoiler un entrepôt gigantesque où étaient stockés un nombre incalculable d’armes et de cargaisons de ravitaillement. Moonlight prit un pas méfiant en avant, ses optiques écarquillées de surprise scannant les éléments autour d’elle, sur le qui-vive si jamais il y avait un Decepticon dans les parages qui pourrait éventuellement la repérer. C’était relativement sombre ici et également très humide et froid, des conduits d’aération recrachant une fumée blanchâtre un peu partout dans l’entrepôt. Les optiques plissées à cette pénombre omniprésente, elle se glissa silencieusement entre les nombreuses caisses entreposées sur ce qui semblerait être un quai d’une longueur hallucinante. Il y avait également des chariots remplis de cristaux d’energon stockés sur sa droite, derrière d’imposantes armoires scellées par un cadenas informatique.

«Primus, qu’est-ce que c’est que cet endroit …» Frémit Moonlight alors qu’elle s’enfonçait un peu plus loin dans l’entrepôt intriguant tout en croisant les bras quand un frisson se glissa dans son dos.

Les Decepticons entreposaient tout un tas de choses ici, en allant des banales caisses de cube d’energon aux armes de guerre les plus mortelles. De lourds contenants étaient suspendus au-dessus de sa tête par une solide lanière et se balançaient doucement au gré des courants d’air qui passaient dans l’entrepôt interminable. Sur sa gauche à environ une vingtaine de mètres plus loin se dressaient d’immenses grilles robustes pouvant contenir des prisonniers ou encore les créatures les plus dangereuses que Cybertron ait jamais portées. Piquée par une soudaine curiosité, Moonlight se dirigea vers la cellule la plus grande face à elle, les optiques plissées à cette dernière. Mais au fur et à mesure qu’elle s’en approchait, elle pouvait ressentir de petites vibrations dans ses pedes, irrégulières mais bien présentes. Puis un grognement profond retentit tout à coup dans l’entrepôt, arrêtant net Moonlight dans ses pas pour lever les bras à ses côtés pendant qu’elle écoutait ce terrible son se reproduire une seconde fois.

Ce grognement … Elle l’avait déjà entendu lors du premier combat d’arène contre les mutants.

Effrayée mais intriguée, elle reprit un pas en avant en direction de la grille pour découvrir l’origine de ces étranges bruits qui résonnaient de temps à autre jusqu’aux étages supérieurs de la base. Parfois même jusque dans sa propre cellule. La noirceur l’empêchait de voir la chose qui se trouvait derrière les barreaux, toutefois elle était pratiquement sûre qu’il s’agissait d’une créature énorme à cause de l’intensité des vibrations de ses grognements. Ou plutôt ce qui ressemblait à des sons plaintifs, maintenant qu’elle était à proximité de la grille rouillée et donc en mesure de faire cette constatation. S’assurant toujours que personne ne l’avait repérée d’un regard en arrière, Moonlight s’accroupit devant la cage énorme puis tenta de discerner les formes en dépit de l’obscurité. Jusqu’à ce qu’elle ne comprenne enfin à quoi elle avait affaire.

Un sentiment de terreur se propagea immédiatement dans son protoforme tandis que son Spark fit une violente embardée, tombant presque en arrière de stupeur quand la lumière naturelle de ses optiques illumina la tête de la créature mythique. Une tête allongée immense, des crocs saillants, une armure épaisse argentée, de longs audios et deux cornes violettes se dressant parmi des extensions jaunes semblables à des câbles ... Elle n’en n’avait jamais vue auparavant, car il s’agissait de créatures disparues depuis des vorns maintenant ! Enfin, c’était ce qu’elle pensait jusqu’à ce cycle avec toutes ces histoires que les vétérans avaient racontées au sujet de leur extinction massive. Mais ce Predacon avait une particularité. A la place d’avoir de puissantes ailes pour le propulser dans les airs, il possédait quatre appendices mobiles aussi épais que les câbles qui pendouillaient un peu partout dans le laboratoire de Shockwave. Des sortes de longs bras mécaniques plus exactement.

Pour le moins choquée par sa découverte, la peur s’atténua peu à peu dans son Spark au moment où le Predacon émit un autre petit grognement s’apparentant plutôt à une lamentation, n’ayant même pas remarqué la présence de la fembot derrière la grille. Allongée de tout son long contre les barreaux, ses optiques demeuraient hermétiquement fermées. Il était conscient mais visiblement dans une grande douleur, peut-être même drogué par les Decepticons pour qu’il ne se débatte pas ni n’essaye de s’enfuir de sa prison de fer d’une quelconque façon. Sinon, pourquoi serait-il aussi calme ? Aussi … Léthargique ? Ces créatures étaient pourtant bien connues pour leur dangerosité et leur supériorité, de nombreux récits contant cette agressivité hors du commun qu’ils pouvaient faire preuve. De ces anciens Rois majestueux qui peuplaient la surface de Cybertron à une époque bien lointaine avant même que les factions ne se forment !

Un sourire triste s’esquissa sur le visage de Moonlight alors qu’elle tendait prudemment sa main gauche pour effleurer la carrosserie argent de la bête apathique du bout des doigts. Au contact de sa main, le Predacon protesta doucement. Les vibrations engendrées par son grognement traversèrent tout le bras de la fembot jusqu’à résonner au centre même de son châssis, élargissant ainsi son sourire mélancolique à la scène affligeante. Une telle créature symbolique ne devrait jamais se retrouver dans cet état-là … Réduite à obéir à des mechas assoiffés de pouvoir et prêts à tout pour l’obtenir, même à infliger des souffrances s’il le fallait. La main à plat sur la large plaque de métal constituant son cou, Moonlight caressa tendrement la bête qui ronronnait sous son toucher, manifestement sous le charme.

«Comment peut-on faire une chose pareille … A une créature aussi noble.» Se demanda-t-elle tout en s’asseyant devant la grille pour ramener ses genoux contre son châssis, le menton posé sur son bras replié.

Elle resta quelques instants de plus dans cette position à caresser le Predacon endormi jusqu’à ce qu’elle ne remarque la présence d’un levier à droite de la grille. Il s’agissait du mécanisme pour déverrouiller la cellule géante … Et si elle libérait la créature dans l’entrepôt ? Elle pourrait semer l’anarchie. Détruire les cargaisons de ravitaillement et les nombreux chariots de cristaux d’energon proprement entreposés pour créer une panique générale dans la base ! Et potentiellement avoir un moyen de fuir d’ici sans que personne ne s’en aperçoive ... Oui, elle pourrait tout aussi bien libérer le Predacon de ses chaines, mais en l’utilisant égoïstement à son avantage elle le condamnerait aussi à se faire tuer sans le moindre doute et jamais elle ne pourrait vivre avec ça sur la conscience. C’était juste une très mauvaise idée qu’elle n’était pas prête à exploiter tant qu’il lui restait de la lucidité.

Alors elle détourna aussitôt les optiques de ce levier pour s’intéresser aux énormes chaines autour du cou de la créature qui la maintenait immobile. Elles étaient imposantes et lourdes. Elle ne voyait pas grand-chose du reste de son corps mise à part une partie de son dos, de sa tête et ses étranges tentacules noires, néanmoins elle imaginait bien que ses pattes étaient aussi immobilisées pour l’empêcher de se révolter contre ses ravisseurs. Il y avait quelques marques de brûlures présentes sur les plaques de son dos, cela ressemblait beaucoup à des marques d’électrocution. Etait-ce donc ainsi qu’ils la contrôlaient ? Comme elle ? De la barbarie, voilà ce que c’était. Son Spark pulsa de rage quand ses doigts passèrent sur une profonde entaille se trouvant sur son épaule carré de couleur verte, un autre signe de maltraitance parmi tant d’autres. Perdue dans son inspection, Moonlight sursauta puis retira subitement sa main du Predacon amorphe lorsqu’elle entendit un bruissement dans la cage d’à côté.

«Hé … Qu’est-ce que tu fabriques ici ? Tu ne devrais pas être là … C’est dangereux dans le coin.» Croassa péniblement une voix qu’elle reconnut comme étant celle du robot de couleur brun. Il était encore de ce monde ! C’était à peine si elle arrivait à y croire après le violent coup qu’il s’était pris.

«Primus tout puissant, vous êtes encore en vie !» S’exclama-t-elle de stupéfaction tout en se précipitant vers la plus petite cellule pour voir que le mecha en piteux état était affalé entre le mur et la grille. Mais à la vue de ses blessures ouvertes, son sourire ravi disparût pour laisser place à de l’inquiétude.

«Vous êtes dans un triste état … V-vous avez besoin d’aide ! Il faut que je vous trouve un cube d’energon !» Constata-t-elle nerveusement tout en se retournant pour chercher ce dont il avait besoin d’urgence, toutefois la voix du mecha affaibli l’en empêcha.

«Non attends, Moonlight … Ce n’est pas la peine. Je suis foutu de toute façon. Il ne me reste plus beaucoup de temps avant de rejoindre le Allspark. Alors écoute-moi s’il te plaît …» Supplia le robot qui fût prit d’une violente quinte de toux. Il retira ensuite sa main qui faisait compresse sur sa blessure à son côté abimé pour la poser sur les barreaux devant la fembot à l’écoute, laissant quelques gouttes d’energon sur son passage.

«Tu ne dois jamais faire confiance aux Decepticons ! Tout ça, c’est une mascarade. Ils savent que tu es ici … C’est peut-être même ce qu’ils voulaient. Mais surtout, ne crois jamais aucune parole de Megatron … Il cherche à te manipuler, pour détruire Optimus Prime de toutes les façons possibles. Tout ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir … C’est sa seule motivation. La seule. Et il tuera tous ceux qui se mettront en travers de sa route pour l’obtenir. Et toi …» Difficilement, il pointa Moonlight avec son index ; «il veut t’utiliser pour atteindre son but de vengeance. Il ne veut pas seulement lui retirer son titre, il veut l’anéantir.»

Les optiques dirigées au sol, Moonlight releva son regard vers l’Autobot mourant, un air lugubre traversant son visage lisse. Il ne lui apprenait rien de vraiment nouveau, cependant il y avait quelque chose dans sa voix qui sortait de l’ordinaire … Quelque chose qu’elle ne saurait décrire mais qui ressemblait à de la culpabilité. De lourds remords. Pourquoi lui disait-il tout ça ? Interpelée par ce ton coupable, la fembot s’approcha de la grille pour le regarder droit dans les optiques, un pincement au Spark lorsqu’il gémit de douleur puis qu’il replaça sa main sur sa blessure qui continuait de déverser de l’energon sur le reste de son armure cabossée. Il lui inspirait beaucoup de pitié car il semblait énormément souffrir, aussi bien physiquement que moralement.

«Comment connaissiez-vous mon nom ? Je ne l’ai jamais dit à personne.» Lui demanda-t-elle avec fermeté, sauf que ce n’était pas une question mais plutôt une accusation. Elle plissa les optiques lorsque l’Autobot tremblant se mit à sourire avec nostalgie.

«J’ai connu ton créateur … J’étais dans la garde d’Elite avec lui autrefois. Tu lui ressemble tellement … Je le reconnais, en travers toi. Tu as la même volonté de se battre, la même petite étincelle dans ton regard. Ton Spark est aussi vaillant que le sien. Tu te préoccupes des autres avant ton propre bien-être … Tu cherches l’équilibre et la justice. Et tu caches ta peur derrière ce regard inflexible.» Il se mit à rire tout en indiquant les optiques de Moonlight, ce qui engendra une nouvelle série de toux et quelques crachas d’energon. Après quoi, ce sourire s’effaça lentement de son visage quand il poursuivit avec regrets.

«Mais je l’ai trahi. Je les ai tous trahis … Optimus l’ignorais, il n’en savait rien ! Il ne l’aurait jamais envoyé au front s’il avait su … Il faut que tu me croies ! Ce n’était pas de sa faute ! Tout ça n’est qu’un terrible malentendu !» S’empressa-t-il de partager avec son interlocutrice perplexe par ses aveux en attrapant subitement sa main dans la sienne pour qu’elle se rapproche de la grille comme pour lui murmurer un secret, ses optiques épouvantées dans les siennes abasourdies.

Moonlight s’apprêta à dire quelque chose pour tenter de comprendre ce qu’il voulait dire par là mais au même moment, les portes du monte-charge s’ouvrirent puis une voix s’éleva dans l’entrepôt géant. L’Autobot brun ordonna immédiatement à la fembot de se cacher avant que quelqu’un ne la remarque, la peur luisant dans ses optiques bleues alors qu’elle se précipitait derrière les caisses les plus proches dans la panique. Juste à temps avant que le Decepticon ne s’approche des cages pour les inspecter avec un autre robot trois fois plus grand que lui. Il était moins une … Le manque de luminosité l’empêchait de voir correctement les deux inconnus, mais elle pouvait néanmoins voir l’apparence de celui qui lui tournait actuellement le dos.

De couleurs dominantes violette et noire, il était grand et terriblement effrayant, surtout sous cet angle. Une double rangée de chenilles de tank formait ses épaules mastoc tandis qu’un énorme canon à fusion sur son bras droit venait compléter son design de robot démolisseur. Deux autres canons étaient soigneusement rangés dans son dos, juste derrière ses omoplates rectangulaires où d’autres plaques plus épaisses venaient compléter son armure. Monstrueusement imposant et incroyablement intimidant, chacun de ses pas faisaient vibrer les caisses autour de Moonlight alors qu’il se dirigeait vers la cellule contenant le Predacon enchaîné. Par précaution, elle couvrit sa bouche avec ses mains tout en s’éloignant le plus possible contre la caisse dans son dos pour pouvoir se recroqueviller, les ailettes aplaties derrière elle et les évents fonctionnant au minimum pour ne pas alerter de sa présence indésirable.

«Il est clair qu’elle n’est pas encore opérationnelle. Mais d’ici un ou deux cycles, tout au plus, elle devrait être prête pour la grande représentation. Pour le moment, nous la gardons sous sédatif, nous ne voudrions pas risquer une rébellion !» Expliqua le plus petit Decepticon qui paraissait tout maigrelet à côté de la machine de guerre ambulante.

«Elle le sera. Et lui ? Pourquoi est-il enfermé ici à se vider de son energon ? Est-ce un châtiment ?» Interrogea ce dernier d’une voix baryton tout en tournant sa tête vers la deuxième grille à sa droite, ce qui permit à Moonlight d’avoir un aperçu de son visage.

Il portait un masque de l’insigne Decepticon.

«Oh lui ? C’est rien du tout. Un cobaye de Shockwave qui ne nous est plus d’aucune utilité. Il n’en a plus pour très longtemps de toute façon !» Ricana nerveusement l’autre robot d’un petit haussement d’épaules penaud, faisant à peine attention à l’Autobot agonisant dans sa cage.

A peine il eut le temps de finir sa phrase que le canon du mecha violet se braqua sur le châssis du bot mourant pour l’achever d’un coup de blaster. Le bruit sourd de l’intonation effraya la fembot qui tressaillit violemment contre la caisse, les optiques écarquillées d’effroi, ses mains fermement serrées contre sa bouche pour empêcher le moindre son de sortir. Le corps de l’Autobot se détendit aussitôt contre la grille puis ses optiques s’éteignirent lentement, le visage tourné dans sa direction. Epouvantée par la scène, elle n’osa pas bouger d’un écrou tandis que l’energon de son semblable se répandait rapidement sur le sol aux pedes des deux Decepticons étant venus faire une brève inspection. Cet acte impitoyable se rajoutait aux nombreux autres dont elle avait été témoin depuis qu’elle séjournait chez l’ennemi, à croire que tous ceux qu’elle côtoyait étaient destinés à mourir juste sous ses optiques …

«Il faut savoir mettre un terme aux souffrances de nos ennemis. J’accorde que c’est un spectacle des plus satisfaisants, mais un Autobot mort, c’est un pas de plus vers la victoire. Et je ne veux pas que les cellules soient occupées par des détritus. Est-ce assez clair ?» Claqua sévèrement le bot violet et noir après s’être tourné vers son collègue tout aussi surpris par cette mise à mort rapide et brutale.

«O-oui ! Absolument ! Il n’y aura plus de prochaine fois.» S’excusa-t-il à la hâte, ne voulant pas contrarier le robot menaçant avec des paroles involontaires. Les mains levées, il prit craintivement deux pas en arrière quand son canon redoutable se dirigea vers lui cette fois-ci.

«Procédons méthodiquement, gardons ces cellules pour des prisonniers valides. Qui peuvent nous apporter quelque chose d’utile. Les autres, tu sais ce qu’il te reste à faire.» Déclara sombrement le mecha imposant, ses optiques rouges se rétrécissant derrière le masque de Decepticon. Son canon encore rougeoyant et prêt à l’emploi au visage du bot terrifié plus court, il le rabaissa soudainement vers le sol pour le libérer de sa menace avant de s’éloigner pour rejoindre le monte-charge tout en dictant une dernière chose.

«Fais en sorte qu’elle soit prête dans les temps. Ne m’oblige plus à redescendre, Wingspan. Je t’assure que tu le regretterais.» Averti ce dernier sans ménagement alors qu’il était rapidement rejoint par son camarade Decepticon à deux doigts de faire une surtension.

Toujours dans l’incapacité de bouger après cette scène, Moonlight restait parfaitement immobile contre les caisses de stockage, ses optiques horrifiées fixées sur le cadavre dans la cellule face à elle. Faire passer ce meurtre pour de la charité … Alors que c’était sans conteste un acte de cruauté. Lorsque les voix se dissipèrent et que les portes du monte-charge se refermèrent, elle retira lentement ses mains de sa bouche pour laisser ses évents refroidir ses systèmes d’un soupir à peine audible. Ce fût à ce moment-là qu’elle remarqua qu’elle avait de l’energon sur ses doigts, l’energon du mecha quand il lui avait pris la main … Elle avait envie de purger. Avant de sortir de sa cachette, elle attendit dans cette même position plus d’un breem pour être certaine qu’aucun des deux Decepticons n’étaient encore dans les parages. Mais mise à part le bruit de la ventilation et les petits grognements du Predacon, il n’y avait rien de vraiment alarmant.

Moonlight se traîna sur le sol jusqu’à la cage où se trouvait le corps inerte de l’Autobot afin de lui croiser les mains sur son châssis pour un minimum de dignité, après cette mise à mort ... Rien que pour la postérité. Peinée, elle tapota gentiment ses mains d’une prière silencieuse à Primus avant de se relever sur ses pedes d’un petit hoquet malheureux. Elle se sentait déboussolée, perdue et terriblement seule désormais. Elle n’avait plus qu’une idée en tête et c’était de trouver le moyen d’envoyer sa position au monde extérieur pour que ce cauchemar cesse enfin. Avant qu’elle ne perde définitivement la tête … Noyée sous un torrent d’images épouvantables se résumant à la mort et à la destruction. A force de côtoyer la violence, Moonlight craignait qu’elle ne réussisse pas à s’en sortir indemne de cette épreuve traumatisante.

Opi, si tu m’entends, sache que je me serai battue jusqu’à la fin … Cela ressemblait à un adieu car elle n’était pas certaine de survivre à tout ça. Les blessures mentales ne se réparaient pas comme les blessures physiques, elles étaient permanentes.

La fembot déterminée à retrouver la liberté marcha rapidement vers le monte-charge pour remonter de quelques étages avec une idée bien précise en tête, laissant derrière elle un allié.

Et un héros.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

POV Moonlight

Je m’engouffrai dans les couloirs aussi vite que mes pedes me le permettait. Le Spark alimenté par l’adrénaline, je prenais garde de ne jamais croiser qui que ce soit sur ma route, faisant même des détours pour éviter un maximum de témoins. Je voulais que personne ne sache où j’allais, pas même ces fichues caméras de surveillance placées à chaque angle ! Constamment aux aguets, je rasai les murs quand j’entendis des voix à l’opposé de ma position sous une alcôve non loin de la salle que je cherchais désespérément à rejoindre. Je reconnu facilement la voix monotone d’un des deux mechas qui n’était autre que Shockwave, le scientifique psychopathe aux connaissances illimitées.

«Il l’a tué ?» Demanda ce dernier d’une touche d’ennui dans son timbre profond.

«Affirmatif. Il ne nous reste plus aucun cobaye viable pour votre expérience sur la liaison cortico. J’ai tenté de l’arrêter ! Je vous le jure ! Mais il ne m’a pas écouté !» Se justifia avec empressement le Decepticon du nom de Wingspan. Un menteur pas très doué apparemment.

«Tarn n’est pas du genre patient. Je vais devoir trouver un autre volontaire. Nous sommes trop proche du but pour tout arrêter maintenant. Le téléchargement des données est un franc succès, il ne reste plus qu’à trouver le bon fréquencage pour que la synchronisation se réalise. Discrètement et sans séquelles. Invisible au scan. Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour réaliser cette opération délicate. Megatron veut que tout soit prêt au plus vite. Alors agissez, ou je vous remplacerais pour respecter cette contrainte.» Expliqua nonchalamment Shockwave à son interlocuteur vraisemblablement nerveux.

Mais de quoi parlait-il ? Une autre de ses abominables expériences ? Faisant attention de ne pas me faire repérer par l’un des deux Decepticons en pleine conversation, j’attendis patiemment contre le mur jusqu’à ce qu’ils libèrent enfin la voie. Une pointe douloureuse s’était logée dans mon Spark à la brève évocation de l’Autobot qui avait été sauvagement abattu dans l’entrepôt … J’avais assisté impuissante à la scène et les remords m’accompagneront le restant de ma vie, sans jamais connaître la vérité sur mon créateur biologique. J’étais bien sûr curieuse, mais je n’avais pas le temps d’y réfléchir. Une fois certaine qu’il n’y avait plus personne dans l’alcôve et le couloir, je me dépêchai d’atteindre le sas de décontamination en passant sous la caméra de surveillance se trouvant sur le même mur. Elle n’avait pas le bon angle pour me repérer, alors aucune chance pour Soundwave de savoir que je pénétrais dans les locaux sécurisés sans la présence de Shockwave.

Une fois à l’intérieur de ladite pièce après une dépressurisation obligatoire, je jetai quelques petits coups d’optiques à droite et à gauche pour m’assurer que j’étais bien seule dans le laboratoire lugubre. Je n’avais pas beaucoup de temps devant moi, il fallait faire vite avant que le savant fou ne revienne de sa petite promenade ! Il n’y avait pratiquement aucun bruit dans la salle en faisant abstraction de celui des machines qui fonctionnaient en continue. L’ordinateur étant un exemple. Au beau milieu de la pièce à côté de la couchette curieusement propre, la faible lueur de son écran se reflétait sur les surfaces ainsi que sur les nombreuses autres machines dont j’ignorais leur utilité. Pour la plupart en tout cas, car j’avais eu droit d’en tester certaines d’entre elles lors de mon opération. Un frisson me parcourut l’échine au souvenir atroce de ce cycle où j’avais appris ce que voulait dire souffrir le martyr …

Là, attachée sur la table d’auscultation, à hurler jusqu’à ce que mon vocaliser ne s’éteigne de lui-même.

D’une rapide secousse de la tête pour retirer ces images insupportables de mon esprit, je me dirigeai ensuite vers le fond de la pièce où quelque chose avait titillé ma curiosité. J’avais toujours voulu savoir à quoi servaient ces immenses câbles noirs suspendus au plafond, intriguée par ces derniers à chaque fois que je me rendais dans ce lieu malsain. Enfin, à chaque fois que l’on m’y obligeait ... D’un regard inquisiteur, je suivis l’un d’entre eux qui s’étendait jusqu’à une seconde pièce ouverte sur le laboratoire principal d’où s’échappait une lumière jaunâtre des plus étranges. J’avais l’impression qu’elle bougeait … Ou plutôt que quelque chose bougeait dans la lumière. J’avais déjà vu le cyclope s’y rendre durant l’une de mes visites forcées, cependant jamais je n’avais eu la possibilité de voir ce qui s’y cachait, donc la tentation de le découvrir était d’autant plus forte.

Passant timidement ma tête à l’intérieur de la pièce interdite derrière un rideau opaque, je vis avec surprise d’immenses tubes raccordés aux fameux câbles dans lesquels baignaient différentes créatures. Etaient-elles mortes ? Leurs corps flottaient dans ce liquide jaunâtre, mais j’avais plutôt l’impression qu’elles étaient en dormance ou quelque chose dans le genre car les lumières intégrées à leur armure étaient toujours actives. Mais à quoi s’amusait ce scientifique ?! J’étais désemparée face à ces six tubes et encore plus par les choses contenues à l’intérieur. J’en avais assez vu. Secouant rapidement la tête d’incrédulité, je me redirigeai dans l’autre salle afin de poursuivre mes recherches d’indices et d’éventuellement trouver le moyen de contourner le brouilleur de signal. Evidemment, je savais que tout ce qui touchait à la communication se trouvait dans la salle de contrôle, mais j’avais remarqué quelque chose d’intéressant la dernière fois qui méritait une attention particulière.

A mi-chemin vers l’ordinateur central de Shockwave, je m’arrêtai brusquement dans mes pas lorsque je vis des jerricans ainsi que des cuves avec des substances chimiques à l’intérieur emmagasinés contre le mur. Certains mélanges pour la plupart toxiques faisaient des bulles multicolores qui après avoir éclatées à la surface, réalisaient un étrange bruit de crépitement. Craintivement, j’observai quelques-unes de ces bulles faire ce procédé avant que du mouvement sur ma droite n’attire toute mon attention sur la grille constituant une cage un peu plus grande que moi. D’un léger sursaut de peur, je m’approchai de cette dernière, les optiques plissées pour tenter de percer l’obscurité de la cellule. Je savais que ce n’était pas la plus brillante des idées, mais je voulais savoir ce que Shockwave gardait comme cobaye dans son laboratoire.

Puis soudainement, une chose se jeta sur les grilles pour tenter de m’attraper avec son bras. Par chance mes réflexes étaient toujours aussi bons, ce qui me permit de sauter en arrière juste avant que la créature n’agrippe mon bras dans ses serres meurtrières. En réalité il s’agissait d’un robot, une fembot plus précisément. De couleur vert clair et blanche, la fembot derrière la grille s’accrochait aux barreaux tout en les mâchouillant furieusement avec ses dentas pointues, la folie se reflétant dans ses optiques vertes. Le bot agressif tentait tant bien que mal de ronger la grille le séparant de moi mais heureusement, cette cage était robuste et à l’épreuve de la colère. Posant une main au-dessus de mon Spark pulsant à tout rompre, je regardai la fembot folle dans les optiques tandis qu’elle cherchait un moyen de m’atteindre pour me dévorer, ses grognements se faisant de plus en plus forts à cause de sa frustration.

«Qu’est-ce que vous êtes …» Chuchotai-je, troublée.

Mais bien sûr, la fembot ne répondit jamais à ma question. Submergée par la peur, je pris du recul jusqu’à ce que mes ailettes ne touchent le mur derrière moi. Je voulais m’éloigner de cette fembot … Non, de cette créature terrifiante et détraquée ! Je n’avais jamais vu un tel regard délirant sur le visage d’un robot auparavant, ce qui suscita un sentiment de malaise en moi. Sur le point de lui ordonner de se taire pour qu’elle arrête de faire du bruit au risque d’attirer quelqu’un dans le laboratoire, je fus tout à coup envahie d’une horrible sensation d’être observée avec insistance. Anxieusement, je tournai la tête sur la gauche pour constater que je ne m’étais non pas appuyée contre le mur, mais contre la deuxième cellule. Celle qui me faisait toujours très peur pour une raison inconnue. Et maintenant que j’étais suffisamment proche d’elle, je pouvais enfin voir ce qui s’y cachait dans l’ombre et pourquoi je ressentais cette soudaine oppression.

C’était indescriptible.

Attachée par plusieurs lanières contre le mur du fond, une tête allongée au sommet d’un torse ouvert pendait mollement contre ses attaches. Une faible lueur violette émanait du châssis d’où sortaient des câbles plus ou moins épais qui atteignaient le sol et qui passaient sous la grille jusqu’à un monitoring dans le coin de la pièce. Comment n’avais-je pas pu remarquer cela avant ?! Horrifiée par cette vision d’horreur, mes optiques devinrent larges lorsque la chose dirigea sa tête sans optiques dans ma direction puis qu’elle commença à rire. Lentement. Ce n’était pas un rire joyeux ni un rire normal car il n’avait qu’une seule tonalité. Il était rauque et mécanique, sans âme ... Cette voix était éraillée et dérangeante au possible. Malgré son absence totale d’optiques, je pouvais néanmoins sentir le regard de la créature sombre sans membres sur moi alors qu’elle riait toujours dans ce même rythme terrifiant.

Ha ha …

Ha ha …

Ce rire me remplissait d’effroi, il allait me hanter le restant de mes cycles, c’était une certitude. Sortant finalement de mon état de choc, je trébuchai en arrière contre la couchette avant de me jeter de l’autre côté pour atteindre l’ordinateur de Shockwave dans l’intention de récupérer quelque chose. Des données. Je devais sortir d’ici au plus vite ! Mes mains tremblèrent violemment alors que je tapais les touches que j’avais retenues lors de ma dernière auscultation pour ouvrir le fameux dossier me concernant. Aussitôt la combinaison de touches réalisée, mon propre hologramme s’afficha à l’écran comme la dernière fois avec ce même point rouge qui clignotait au centre de mon châssis. Enfin pas exactement, il était un petit peu décalé sur la gauche. Jetant un regard dubitatif à ma propre image représentative, je tentai de lire les inscriptions de Shockwave mais c’était peine perdue car je ne connaissais rien au langage scientifique.

«Réfléchis Moon, réfléchis ! Il doit bien y avoir un moyen …» Je tapai mon front avec mon poing alors que le rire continuait de s’élever dans la pièce accompagnée par les grognements de la fembot déséquilibrée.

«Ils ne veulent pas me perdre … Ils ne peuvent pas se le permettre. Ils ont donc certainement mis en place un système si jamais je réussissais à m’échapper. Un système de balisage ou-» Ma bouche se referma subitement quand je posai à nouveau mes optiques sur le point rouge clignotant semblable à des pulsions.

Une balise !

«Roh la ferme !» Hurlai-je aux deux créatures bruyantes pendant que je m’activais pour accéder au dossier de la balise raccordé à mon propre dossier. Il y avait beaucoup d’autres informations à l’écran cependant je n’avais plus le temps de les déchiffrer et le signal était ma seule priorité. Tant pis pour le reste, je m’expliquerai à Zéphyr si jamais je la recroisai en privé.

Et j’avais raison. Ce point rouge était bel et bien les pulsations émises par une balise ! Un système de repérage sur une fréquence unique, ma propre fréquence. D’un coup d’optiques nerveux derrière mon épaule au sas de décontamination, je revins vite à l’écran pour commencer le codage afin d’empêcher de retracer le signal que j’allais émettre durant cinq nano-kliks en utilisant la fréquence de ma balise. Pas plus, sinon je risquai d’attirer l’attention. Idéalement, j’aurais pu tenter de bidouiller la balise à l’intérieur de mon châssis depuis ma chambre, mais cette technique aurait certainement conclut à un échec et je n’aurais pas pu changer la fréquence du signal émis de cette façon. De plus qu’il devait y avoir une sécurité supplémentaire dessus pour éviter ce genre de manipulation indésirable.

«Heureusement que j’ai appris à faire du codage avec Jazz … Maintenant je vois à quoi ses leçons servent. Vive les saboteurs.» Soupirai-je à moi-même alors que je cherchais une fréquence vierge à utiliser, suffisamment proche de la surface pour passer le brouilleur.

Ha ha …

Une fois le flux de la balise redirigé sur la nouvelle fréquence, j’appuyai sur le bouton pour l’enclencher après l’avoir réglé sur cinq nano-kliks précisément. Mes évents vrombissant d’appréhension, je me dépêchai de refermer tous les dossiers et autres bidouillages que j’avais fait pour remettre l’écran intact, comme si de rien était. Je m’assurai que rien d’autre n’ai été déplacé avant de tourner les talons puis de courir aussi vite que possible vers la sortie du laboratoire. J’avais plutôt intérêt à ne pas être au mauvais endroit si jamais quelqu’un se rendait compte de la supercherie ! Et je priai Primus pour que mes calculs pour connaître l’heure du cycle étaient justes et que quelqu’un, n’importe qui, allait détecter mon signal de détresse. C’était ma seule chance de faire connaître ma position exacte … Et je n’aurais plus jamais d’occasions comme celle-là.

Me jetant précipitamment dans le sas de décontamination, j’actionnai frénétiquement le mécanisme pour que la porte vers le couloir s’ouvre le plus rapidement possible, ma peur étant à son paroxysme. Mais à l’ouverture de cette dernière, je me retrouvai face à face avec un Decepticon.

Ha ha …

Ha ha …

{==Centre de recherches, Iacon==}

POV Normal

Assis à son large bureau au centre des recherches se situant au Nord de la ville, Optimus Prime attendait. Il attendait le signal pour envoyer ses soldats au front, pour libérer sa fille des griffes de Megatron et mettre un terme définitif à cette guerre qui ne connaissait aucune fin. Après des cycles à travailler sans relâche avec une équipe d’Autobots dévoués pour établir un plan d’attaque, pour mettre en sécurité les civils et protéger la ville, le moment était venu de patienter jusqu’au moment propice. Combien de temps … Combien de groons, il n’en avait aucune idée mais cette attente insoutenable était ce qu’il avait le plus redouté dans leur stratagème. Car à présent, son esprit n’était plus occupé avec la mise en place des tactiques et il n’était plus constamment sollicité par ses camarades, ce qui lui laissait beaucoup plus de temps pour réfléchir.

L’impatience se faisait ressentir dans les rangs. Combien de temps allait-il encore tenir sans passer à l’action ?

Enterrant son visage entre ses mains, le Prime affligé ferma les optiques tandis que des images de sa petite Moonlight apparaissaient dans son CPU. Oui, cette partie du plan où l’attente était de mise était la partie la plus appréhendée de toutes ... Ses pires craintes et angoisses ne se privaient pas de le tourmenter dès qu’il se retrouvait seul dans le silence, à affronter la réalité. Il rejouait sans cesse les derniers groons avant la disparition de sa fille en imaginant d’autres scénarios qui n’auraient pas aboutis à celui où elle se faisait enlever par les Decepticons. Accablé par les remords, Optimus se frotta doucement le visage alors qu’il réfléchissait à d’éventuelles autres solutions si jamais leur plan ne fonctionnait pas … Si jamais leur prise de risque n’était pas concluante. Cependant il ne pouvait s’y résoudre à penser un seul instant que cette stratégie ne fonctionnerait pas car ses Autobots méritaient toute sa confiance et tout son soutien après avoir travaillé sans répit sur l’élaboration de leur stratagème infaillible.

Ils étaient enfin prêts, il ne manquait plus que le signal.

Il avait entièrement confiance en son ancien mentor, Sentinel, mais il avait dû faire des choix. Il n’était pas fier de certains d’entre eux, mais si ces derniers offraient la possibilité de retrouver la paix et l’harmonie entre les deux factions en conflit, alors il les assumerait avec dignité. Il priait juste de ne pas avoir commis d’erreurs irréparables en acceptant l’ultimatum. D’un petit soupir de lassitude, le mecha rouge et bleu se leva de sa chaise pour se rapprocher de la baie vitrée derrière son bureau afin d’observer la ville plongée dans l’obscurité de la nuit. Il croisa les bras derrière son dos pendant que ses optiques épuisées balayaient les grands bâtiments d’un soupçon de nostalgie. Tout lui rappelait d’elle ... C’était comme une ombre qui le suivait, un rappel constant de ce qu’il avait perdu un orn et quatre cycles en arrière alors qu’il venait tout juste de prendre de nouvelles décisions concernant leur avenir. Pourquoi la vie se montrait aussi cruelle ?

«Où es-tu …» Chuchota-t-il avec émotion, le Spark douloureux en permanence. Il cherchait sans relâche à rétablir le contact avec sa fille via le lien créateur mais il refusait de coopérer, intensifiant toujours plus son désespoir. Où était-elle ? Allait-elle bien ? Était-elle en souffrance ? Torturée ? Cela faisait un moment qu’il n’avait plus ressenti de douleur … Était-ce un mauvais signe ?

Optimus fût tiré de ses pensées moroses quand il sentit quelque chose contre son pede gauche. Surpris, il baissa la tête vers la petite créature couleur ivoire qui se frottait gentiment contre le métal de sa jambe, à la recherche d’attention. Le minicon que Moonlight avait baptisé Jinx se positionna devant le Prime pour ensuite lever sa tête allongée puis le regarder avec ses petites optiques vertes, ayant ressenti la détresse silencieuse du grand robot impartial. Optimus l’avait ramené dans son bureau car le Predacon miniature avait passé des cycles entiers seul dans leurs quartiers à attendre le retour de la fembot, ce qui avait grandement nui à sa santé mentale. Au moins il lui tenait compagnie durant les longs groons en solitaire, et vice versa. La bouche d’Optimus s’étira en un minuscule sourire tandis qu’il se penchait pour récupérer Jinx dans ses mains avant de l’emmener avec lui à son bureau pour reprendre place dans sa chaise, le minicon gentiment posé sur ses genoux.

A peine il s’installa que trois petits coups retentirent contre sa porte.

«Entrez.» Déclara-t-il avec formalité. Il leva les optiques lorsque la porte s’ouvrit et qu’un bot apparut à l’embrasure.

«Oh, Niltrex ! Entre je t’en prie. Je vois que tu as meilleure mine. Comment te sens-tu ?» Optimus fit un geste invitant avec sa main pour encourager le mecha noir naturellement anxieux à s’approcher de son bureau. Le bot en question se racla le vocaliser après avoir prit un pas à l’intérieur.

«Mieux, je vous remercie Monsieur. J’ai longtemps été en convalescence à l’infirmerie … Je ne me suis pas rendu compte du temps qui passait.» Rit-il doucement avec le bras droit immobilisé dans une attelle sur mesure contre son châssis. Quelque peu intimidé aux premiers abords, il finit par s’avancer vers le bureau du grand commandant dévasté par la disparition de sa fille qui faisait de son mieux pour cacher son désarroi derrière ce masque impassible durement forgé. Malgré tout, il osait à peine le regarder dans les optiques.

«Tu as eu un énorme choc sur la tête. Ratchet a fait un formidable travail pour te remettre d’aplomb. Tu as eu beaucoup de chance lors de cette attaque et je suis heureux de te revoir plus en forme.» Assura Optimus après s’être penché sur son bureau pour croiser les mains devant lui, véritablement soulagé de revoir l’ami proche de sa fille en un seul morceau suite à l’explosion qui l’avait salement amoché.

«C’était plutôt éprouvant comme remise en forme … Et Ratchet n’est pas facile à vivre.» Confia Niltrex d’un petit sourire aux souvenirs du médecin menaçant et de sa clé infernale à chaque fois qu’il essayait de se lever. Toutefois son sourire amical disparut de son visage alors qu’un froncement de crêtes optiques modifia son expression en quelque chose de plus soucieux.

«Tu souhaitais me dire quelque chose en particulier ?» Interrogea Optimus, intrigué par ce changement soudain.

«Eh bien, oui. En effet.» D’abord réticent, Niltrex avança finalement vers le bureau du Prime en attente d’une explication. La faible luminosité de la pièce permettait seulement de voir une partie de son visage tandis qu’il se positionnait à quelques mètres du mecha rouge et bleu assis qui le regardait fixement sans rien dire. Après plusieurs longues hésitations et une nervosité à son comble, il ouvrit la bouche pour s’expliquer sur sa venue imprévue ; «je tenais à m’excuser après de vous, pour ce qui s’est passé, ce cycle-là. C’était de ma faute … C’est moi qui ait entraîné votre fille à l’extérieur de la ville, c’est moi qui l’ait exposée au danger. Je voulais juste faire une course avec elle … Jamais je n’aurais pu croire un seul instant que les Decepticons attaqueraient. Je vous demande pardon, tout est de ma faute.»

Optimus était pour le moins sidéré par les confidences de Niltrex. Jamais il n’aurait pu croire que cet Autobot aussi réservé et craintif viendrait jusqu’à son bureau pour s’excuser en personne de quelque chose qu’il ne contrôlait pas du tout. Les évènements se produisaient, et personne ne pouvait les prédire à l’avance. Ravalant sa surprise pour la cacher derrière un regard bienveillant, le Prime recroisa ses doigts d’un léger sourire compatissant lorsque les optiques de Niltrex devinrent larmoyantes de culpabilité. Il était clair que le mecha était rongé par les regrets, pensant avoir indirectement fait du mal à sa fille, mais il n’y avait qu’un seul et unique coupable dans l’histoire et il se trouvait actuellement à Kaon. Réellement touché par la démarche courageuse du jeune Autobot, il prit la parole d’une voix douce et rassurante.

«Rien de tout ceci n’est de ta faute. Nous avons tous une part de responsabilité dans ce qui est arrivé, pour ma part j’ai manqué de vigilance. En plus d’avoir failli à mon devoir de créateur. Mais jamais tu n’aurais pu prédire ce qui arriverait et personne ne le pouvait. Tu as fait de ton mieux pour la protéger, j’en suis parfaitement conscient et je ne te remercierai jamais assez pour tous ces sacrifices. Mais en aucun cas tu dois te sentir coupable. Tu es quelqu’un de bien, Niltrex. Garde toujours cela à l’esprit. Ton Spark est vaillant, ton âme est pure. Tu es toujours prêt à aider les autres, en allant jusqu’à mettre ta propre vie en danger pour tes amis. C’est ce qui fait de toi un Autobot, fort et courageux.» Loua le Prime avec véhémence tout en serrant le poing, ressentant le besoin de le valoriser après toutes les épreuves qu’il avait endurées.

Les optiques tristement rivées au sol, Niltrex redressa la tête vers le leader des Autobots pour afficher de l’incertitude avant que son regard ne s’assombrisse soudainement. Il n’avait pas l’habitude de recevoir des éloges, et encore moins de la part d’un Prime. En était-il vraiment digne ? Il se le demandait parfois. Face à lui, Optimus se sentit perplexe de voir cette expression ténébreuse remplacer le chagrin sur son visage en une fraction de nano-kliks à peine. Il avait l’impression que toute sa joie de vivre lui avait été drainée en un seul instant, qu’il n’était plus qu’un amas de métal sans aucune émotion, une âme en souffrance. Ses optiques bleues le fixaient avec une telle intensité qu’il pensait même qu’il arrivait à lire à travers lui ... Sur le point de faire un commentaire pour savoir ce qui n’allait pas, Niltrex chassa subitement cet air sinistre pour retrouver un sourire pensif après s’être rapproché davantage.

«Merci pour votre jugement. Mais vous savez, je ne pourrai pas vivre avec ça sur la conscience tant qu’elle ne reviendra pas. Je ferai tout en mon pouvoir pour retrouver votre fille … Pour la ramener à la sécurité. Dites-moi si je peux faire quelque chose, n’importe quoi qui pourrait vous aider … Et je le ferai.» Déclara-t-il avec sincérité d’une main sur son châssis, voulant à tout prix apporter sa contribution aux recherches. Pour pouvoir se pardonner.

«J’y songerais, je te donne ma parole. Tout un dispositif est déjà en place, il ne nous reste plus qu’à attendre le moment opportun pour frapper. L’effet de surprise sera notre victoire.» Informa Optimus tout en s’adossant contre le dossier de sa chaise, un doigt sous son menton pendant qu’il réfléchissait. A ces nouvelles, le visage du jeune mecha s’illumina, l’incitant à reprendre ; «mais en attendant, tu dois te reposer et retrouver tes forces. Ratchet aura ma tête si jamais il découvrait que tu étais ici ! A peine sorti de l’infirmerie avec un bras dans une attelle et déjà en train de négocier pour intégrer l’équipe de sauvetage.»

«C’est certain …» Niltrex se mit à sourire à l’image du médecin grincheux passant un violent sermon à Optimus Prime parce qu’il avait autorisé l’un de ses patients à rejoindre l’équipe en charge de sauver Moonlight. Détendu grâce aux tentatives de plaisanterie du leader des Autobots, le bot regarda ses pedes tout en jouant maladroitement avec le bandage de son bras, ce qui envoya une série de picotement dans son protoforme en cours de réparation. Le Prime reprit.

«La patience est une vertu, et même si par moment elle nous donne du fil à retordre, il faut continuer d’y croire. Ne jamais baisser les bras. Il faut avoir confiance en l’avenir et en ceux qui nous sont chers. L’union fait la force. C’est de cette façon que nous arriverons à réaliser de grandes choses et à repousser le mal qui nous ronge. Ne laisse pas les fantômes du passé te tourmenter, ça ne ferait qu’empirer tes remords et lentement te conduire à la folie. Faire la paix avec soi-même, c’est faire un pas vers la liberté.» Récita le Prime à son bureau quand il remarqua les hésitations de Niltrex. Il pouvait sentir qu’il était préoccupé, peut-être même déprimé, ce qui lui rappelait douloureusement l’état de sa fille à cause de ses absences prolongées et ce manque de communication. Alors quelque part, il voulait se rattraper pour ne plus jamais faire face à cette souffrance.

«Vous …Vous avez probablement raison. Non, enfin, je veux dire que vous avez raison ! Je dois apprendre à les maîtriser pour aller de l’avant. Je prends tout ça très au sérieux, tous vos conseils. Mais n’oubliez pas, d’accord ? Je suis là si jamais vous avez besoin de moi …» Répéta inlassablement Niltrex tandis qu’il s’éloignait du bureau pour rejoindre la porte à reculons, cherchant de l’approbation dans le regard indulgent d’Optimus Prime.

«Ne t’en fais pas, j’y veillerais.» Le commandant hocha doucement la tête, impressionné par le dévouement de Niltrex. Un jeune mecha timide qui évitait toujours les embrouilles … Celui qui faisait entendre raison à Moonlight quand elle s’apprêtait à faire une folie. Ce même mecha qui maintenant désirait plus que tout apporter son aide pour la retrouver afin de se faire pardonner pour son erreur, une erreur qui n’en était pas vraiment une finalement. L’innocence était un crime ?

Il n’était pas de cet avis.

«Retourne auprès de tes amis. Repose-toi pour retrouver tes forces. Bientôt tout ceci ne sera plus que du passé …» Sollicita Optimus, sa voix grave promettant de lourdes représailles une fois qu’il reprendra le contrôle sur la situation. Toutefois il fût un petit peu surpris par la réponse de l’Autobot quand ce dernier haussa nonchalamment les épaules d’un petit sourire ressemblant plutôt à un rictus.

«Je n’ai personne d’autre que Moonlight, vous savez. Personne n’est venu me voir à l’infirmerie. Personne à part vous n’a demandé de mes nouvelles. C’est à peine si j’existe … On n’accorde pas vraiment d’importance aux robots ennuyeux. Mais c’est comme ça depuis toujours, alors on s’y fait avec le temps. On apprend à vivre avec cette solitude et on se raccroche à nos rêves. Un peu comme une corde de secours qui nous empêche de sombrer. Pardon …» Dévoila Niltrex d’un raclement de vocaliser nerveux, son sourire aigre persistant sur son visage mélancolique. Il vit de l’hésitation dans le regard d’Optimus, cependant il ne lui laissa pas le temps de commenter car il se dirigea à la hâte vers la sortie pour mettre un terme à cette conversation qui commençait à le mettre mal à l’aise.

«Tu n’es pas seul.» Murmura quand même le Prime touché par cette confession.

Lorsque le jeune mecha quitta son bureau sans un autre mot, Optimus se permit de pousser un énorme soupir d’épuisement, complètement lessivé après des cycles sans recharge à superviser les opérations. Submergé par un sentiment de culpabilité quand il regarda la photo encadrée de Moonlight à sa gauche, il plaça l’image face cachée sur son bureau. Il ne pouvait tout simplement plus la regarder, c’était au-dessus de ses forces ... Après son entretien avec Arcee concernant cette escapade improvisée dans les ruines de Trypican, il avait été confronté à un choix qu’il craignait d’amèrement regretter dans un futur proche. Les arguments de la fembot avaient non seulement été convaincants pour éviter une sanction, mais en plus les informations que son équipe avait rapportées la veille étaient une véritable bénédiction pour l’élaboration d’une stratégie en bêton.

Jusqu’à ce qu’il ne reçoive une visite inattendue qui changea radicalement tous les plans. Un sacrifice ultime pour conduire à la victoire … Et malgré toutes ses convictions, ses doutes et ses craintes, Optimus avait fini par accepter cette démarche des plus honorables. Pourtant si dangereuse. Le poids qu’il portait dorénavant sur ses épaules était immense néanmoins il prenait ce risque, il prenait cette décision cruciale pour assurer cette victoire. Car comme il l’avait dit à Niltrex quelques instants auparavant, il fallait continuer d’y croire et avoir confiance en ceux qui nous étaient chers pour atteindre de fabuleux exploits. Des choix terribles, il en avait conscience … Mais c’était pour retrouver l’espoir de revoir sa fille en vie. Incroyablement fatigué tout à coup, Optimus s’appuya contre son bureau tandis que ses optiques devenaient de plus en plus lourdes.

Il jeta un rapide coup d’optiques à l’horloge holographique pour voir qu’il approchait du milieu du cycle nocturne. Et à ce cycle précis de la nuit, la plupart des Autobots rechargeaient dans l’intimité de leurs quartiers alors peut-être qu’il devrait en faire de même … Du moins essayer. Cependant il n’eut pas le temps de réfléchir beaucoup plus car son système au bord de l’épuisement total se mit automatiquement en veille pour l’empêcher de tomber dans une stase d’urgence. La tête d’Optimus toucha le bureau puis son corps tout entier se détendit enfin après tant de groons maintenu en activité sans aucune interruption, sans jamais faire une seule pause. Paisiblement, le grand Prime commença donc sa recharge sur son bureau après que la lumière ne se soit éteinte d’elle-même, le souci inscrit sur son visage habituellement platonique.

Bip … Bip …

Le petit Predacon qui s’était retrouvé au sol sauta sur le bureau du mecha immobile lorsqu’un bruit provenant de l’ordinateur s’éleva dans toute la pièce plongée dans l’obscurité. Curieux, il escalada les grands bras positionnés autour de la tête du robot en recharge pour atterrir de l’autre côté de la table d’un petit rebond disgracieux. Une fois redressé sur ses quatre pattes, il secoua ses longues oreilles puis leva les optiques vers l’écran allumé où un point rouge clignotait en rythme avec le bip incessant. Le son l’énervait … Il n’aimait pas cette fréquence. Agacé par le bruit insistant, il frotta sa tête contre la main d’Optimus pour tenter d’apaiser cette gêne de plusieurs petits fredonnements anxieux mais aussi pour attirer son attention alors que la lumière rouge du point se reflétait sur leurs carrosseries respectives. Mais son Maître en stase ne remua pas, et le son persévéra … Encore et encore.

Bip

Bip

Bip …

A suivre …

L’OC CrazyKiller (fembot verte et blanche) appartient à ODemonKillO de Wattpad

L’OC Omegastar (grand Predacon) appartient à TFomegastar de Wattpad

Jinx et l’OC mystérieux sans optiques m’appartiennent ;) je vous laisse deviner de qui il s’agit, pour les connaisseurs.

A bientôt, VP


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