Petite Etincelle

Chapitre 29

5880 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/12/2022 09:49

Je vous souhaite à tous un Joyeux Noël :)

J'espère que ce cadeau de ma part vous plaira !

CHAPITRE 29

Ténèbres envahissantes, ténèbres engloutissantes.

La peur, tel un écho permanent.

Un petit tiraillement constant ...

Cette douleur perpétuelle au fond de mon châssis qui ne formait plus qu'un avec cette terreur omniprésente dans mes circuits. Elle ne voulait plus s'en aller, elle ne voulait plus me libérer de son étreinte acérée. Les pulsations irrégulières de mon Spark n'étaient plus qu'un bourdonnement sourd dans mes audios alors que je sombrais toujours plus profondément dans ces ténèbres de glace. Il n'y avait rien pour m'accrocher, rien pour m'entraîner vers la raison. Juste cet océan de noirceur dans lequel mon corps dérivait lentement, emporté par la solitude et le désespoir avec un arrière-goût de folie. Que s'était-il passé ? Où étais-je ? Pourquoi je flottais ? Accompagnant parfois les pulsations de mon Spark, je pouvais aussi percevoir les vibrations d'une voix grave et profonde mais aux paroles imperceptibles se trouvant quelque part au loin dans cette noirceur envahissante.

On m'appelait ... Quelqu'un m'appelait.

Puis tout à coup, après une courte chute dans ce néant sans fin, je me retrouvai dans ma cellule sombre où j'avais passé les derniers orns comme prisonnière de guerre. Recroquevillée sur moi-même dans le coin gauche de la pièce exiguë comportant de nombreuses griffures, je tirai lentement mes genoux contre mon châssis pour pouvoir enrouler mes bras autour de mes jambes. La mine tombante, je baissai tristement mes optiques ternies par la souffrance sur le sol argenté où de nombreuses rayures le traversaient de part et d'autre. Mon réservoir me faisait mal, il criait famine. Cependant ce n'était pas aussi affligeant que la douleur qui persistait dans mon Spark et qui se propageait comme de petites ondes électriques dans l'ensemble de mon protoforme en manque de soin. C'était d'ailleurs pour le moins étonnant que je puisse encore bouger après tous les sévices que l'on m'avait infligés jusqu'ici ... Dans le seul but d'avoir le plein contrôle sur mon esprit.

Je gémissai contre mes genoux, les optiques hermétiquement fermées lorsque la peine m'harponna le Spark. Personne n'était venu pour moi ... Personne n'avait ouvertement défié les Decepticons. Il n'y avait jamais eu de combat d'arène avec Bumblebee. Aucun Autobot n'avait traversé le plafond gigantesque de ce maudit terrain de jeu où j'avais vu de nombreuses vies être détruites pour divertir un public. Je n'avais jamais quitté cette cellule étroite dans laquelle j'avais l'impression que les murs se refermaient petit à petit sur moi, chaque kliks de plus coincée ici, mon dernier sanctuaire et sans doute mon tombeau. J'étais seule, horriblement seule face à moi-même. Affamée et désespérée de pouvoir un cycle revoir la lumière des soleils à la surface. De revoir ne serait-ce qu'un visage familier et bienveillant ... Celui de mon Opiluk, celui de mon meilleur ami, n'importe qui pour apaiser ma pesante solitude rongeant chaque petit centimètre de câbles.

Seule ... J'étais seule ... Abandonnée à ce triste sort qu'était de servir une cause qui n'était pas la mienne.

Moonlight ...

Retenant un sanglot malheureux au fond de mon vocaliser à cette voix qui me torturait sans relâche, je me retrouvai soudainement face au grand trône de Megatron, là où mon cauchemar avait débuté quelques orns auparavant. Je me souvins encore de ma première électrocution aux pedes des marches menant à ce siège menaçant et de la lueur de satisfaction contenue dans les optiques rouges du Seigneur de guerre craint de tous. Le mecha argent en question siégeait actuellement sur son trône immense, son regard glacial et analytique rivé sur moi, sa main droite tenant une chaine reliée à mes poignets. La pièce était excessivement silencieuse mais paradoxalement, j'entendais le cliquetis de ces chaînes traînant sur le sol à mes genoux comme un écho à l’arrière de ma tête.

Dans mon esprit ? Tout était si étrange ... Incongru. Ma vision était trouble tandis que je lorgnai craintivement le robot massif en retour, agenouillée sur le sol avec mes poignets menottés et dans l'incapacité de bouger. Comment m'étais-je retrouvée ici ? Perturbée mais aussi terrifiée par cette vision horrifique, je sentis un long frisson parcourir mon dos puis mes ailettes lorsque le tyran se mit à sourire d'une lenteur exagérée.

Un sourire calculateur, débordant de malveillance.

La lumière blanchâtre de la pièce se concentrait uniquement au-dessus de Megatron pendant qu'il me contemplait avec cette expression sournoise et remplie de malice. L'angoisse palpitant férocement dans mes câbles, les bords de ma vision continuaient de se résorber alors que je fixai cet individu maléfique que je haïssais profondément. Lui, et toutes ses idéologies destructrices. Le mecha ne parlait pas ni même ne bougeait, il se contentait simplement d'instaurer la peur dans mes circuits avec son regard, jouissant de son pouvoir de soumission. Pourquoi n'y avait-il aucun autre son autour de moi que celui des chaînes ?! Pas même l'écho de mes gémissements ? Je paniquai, je me sentais à nouveau dériver. Quelqu'un m'appelait ... Cette même voix qui revenait à l'arrière de mon esprit et qui tentait de me tirer vers la lumière, loin de cette boucle infernale cauchemardesque.

Moonlight ...

Qui était-ce ... Elle me semblait pourtant si familière. Je tendis aveuglement les doigts devant moi mais mise à part la noirceur oppressante, il n'y avait rien que le néant, rien que cette sensation de vide intersidérale. Megatron avait disparu et à la place de son trône se trouvait désormais une couchette sous cette étrange lumière blanchâtre provenant d'un ciel d'encre, la seule source de lumière dans ce monde entièrement constitué d'obscurité. Perplexe par cette découverte, j'avançai prudemment vers cette fameuse couchette se trouvant au beau milieu de nulle part pour me rendre compte avec horreur qu'il s'agissait de la couchette de mon enfance. Trébuchant presque en arrière d'effroi, une multitude de souvenirs douloureux en lien avec cette couchette m'envahirent brutalement l'esprit alors que mes optiques s'écarquillèrent, n'étant pas capable de hurler et encore moins de fuir. Auteure de nombreux cauchemars, celle-ci avait une signification très précise.

Non, ce n'était pas possible ...

Désormais des images flashaient diligemment dans mon CPU, la plupart n'ayant aucun sens à mes optiques. Des visages, des voix, des cris, des explosions ... Puis une vive douleur à l'arrière de mon optique droite. C'était si soudain que je poussai automatiquement un petit cri plaintif tout en posant la paume de ma main sur la pièce à priori défaillante, les dentas serrées de douleur. Ce n'était pas une douleur à proprement parlé, mais plutôt une pression très gênante au niveau de l'anneau, comme un vieux souvenir lié à une blessure ancienne. J'étais complètement perdue entre la frontière du réel et de l'irréel. Toutes ces images floues ... Tous ces souvenirs d'une autre époque, je ne les comprenais pas ! Que signifiaient-ils ? Comme prisonniers dans une boite scellée à l'arrière de mon esprit, je n'arrivais tout simplement pas à les débloquer pour me permettre de me libérer de cette incompréhension frustrante.

Alors comme toujours je les repoussais du mieux que je le pouvais. Titubant à mes pedes et maintenant à moitié aveugle, je cherchai à m'éloigner de cette couchette car je savais pertinemment ce qui m'attendait en dessous de cette dernière. Je n'avais aucune envie de m'y frotter une énième fois. Retenant à peine le gémissement de peur qui s'échappa de mes lèvres, je me retournai pour partir dans l'obscurité lorsque tout à coup, quelque chose m'attrapa fermement la jambe pour me tirer sur le sol. Les optiques écarquillées, je m'effondrai de tout mon long d'un rebond douloureux. Je poussai un hurlement de terreur tandis que la chose qui me détenais entre ses griffes me tirait rapidement sous la couchette là où deux optiques rouges scintillaient suivit par un rire acariâtre que je connaissais que trop bien. Le monstre de mes cauchemars voulait me récupérer, et cette fois-ci personne n'était là pour l'en empêcher.

Hurlant à m'en briser le vocaliser malgré qu'aucun son ne sortait de ma bouche, je tentai désespérément de creuser mes doigts dans le sol métallique lisse, des larmes de détresse dévalant bientôt mes joues. Mon Spark allait imploser dans mon châssis. C'était la fin ... J'avais perdu. J'allais disparaître pour de bon car ce cauchemar était bien trop réel pour espérer m'en sortir. Mais alors que je m'évanouissais dans la pénombre sous la couchette sans rien pouvoir faire pour me dépêtrer de la poigne du monstre, ce dernier me relâcha subitement avant que je ne ressente une pression réconfortante sur mon bras gauche. Quelque chose ou quelqu'un était en train de me tenir, et cette même voix m'appelait une fois de plus.

Reviens.

Je ne voyais plus rien, j'étais aveuglée, pétrifiée de terreur. Néanmoins la pression sur mon bras était toujours présente et elle était accompagnée par des émotions positives qui ne provenaient pas de moi, mais du lien créateur. Je n'avais même pas remarqué qu'il était ouvert jusqu'à maintenant ... Pourtant, de nombreuses émotions en découlaient continuellement, notamment de l'amour et de l'espoir. Beaucoup d'espoir. Je me sentis submergée par tous ces sentiments bienveillants qui me portaient doucement vers une lumière au bout d'un long tunnel, vers la fin de ce cauchemar répétitif. Loin de la folie, plus proche de la raison. À bout de force, je me laissai donc lentement guider par ce lien pour sortir de l'obscurité et ainsi rejoindre la frontière du néant où cette voix masculine familière devenait de plus en plus claire, de plus en plus forte.

Bientôt consumée par la joie et le soulagement, je finis par entrer dans la lumière aveuglante.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

POV Normal

Bip

Bip

Bip

Le son se répétait, inlassablement.

Encore et encore il se faisait entendre, toujours dans la même tonalité, comme s'il n'existait aucun autre son produit par l'univers.

Il ne semblait n'y avoir rien d'autre que ce bruit récurant semblable à une pulsation, à un rythme régulier mais lent d'un Spark. Là, quelque part à sa droite. Était-ce même sa droite ? Tous ses repères avaient disparu ... Envolés, sans doute à jamais perdus dans les tréfonds de son esprit brisé. Emergeant lentement, elle commença par se concentrer sur les textures qui l'entouraient, le poids de son corps sur une surface solide, la température froide qui l'enveloppait de la tête aux pedes. Et enfin elle se rendit compte que quelque chose était sur sa main gauche, ou plutôt l'enlaçait chaleureusement dans une sorte d'étreinte désespérée. Automatiquement à cette sensation, elle se raidit sur cette surface qui ressemblait étrangement à une couchette avant de redevenir parfaitement immobile, le bip bip incessant s'accélérant au rythme de son Spark. De quoi s'agissait-il ? Ou était-elle ? Qu'était-il arrivé ?

Préférant se retenir de gémir par peur d'alerter ceux présents de sa sortie de stase, Moonlight se concentra sur les pulsations effrénées de son Spark tout en essayant vainement de chasser la peur de ses circuits. Les optiques toujours closes, la fembot en détresse se sentit encore plus déroutée quand aucun souvenir des derniers instants avant sa mise en stase n'apparut dans son esprit embrumé. C'était comme s'il lui manquait toutes les images des derniers breems, comme s'il n'y avait plus rien entre l'instant où elle était dans sa cellule et ce moment-là ... D'ailleurs, se trouverait-elle dans sa cellule ? Elle se posa rapidement la question tandis qu'elle se concentrait sur sa main gauche ensevelit sous un poids, lui faisant réellement penser à une étreinte ou quelque chose de similaire. Une sensation exceptionnelle qu'elle n'avait plus ressentit depuis bien longtemps.

Non, elle ne pouvait définitivement pas être dans sa cellule sombre et humide. Plutôt une infirmerie d'après les bruits environnants qui lui faisait penser à des machines de contrôles, plus particulièrement un monitoring constatant les hausses de rythme de son Spark anormalement serré dans son châssis. Mais alors, si elle se trouvait dans l'infirmerie de Knockout, qui était actuellement à côté d'elle ? L'anxiété remplaça vite sa perplexité. Pourquoi n'avait-elle plus aucun souvenir ?! Que lui avaient-ils fait subir encore ? Embrouillée mais tout de même assez lucide, Moonlight serra les dentas de crainte avant de prendre la dure décision d'ouvrir les optiques pour voir ce qui se passait autour d'elle et ainsi prendre connaissance de sa situation.

D'abord, il n'y eu qu'un violent flash de blanc puis progressivement, les contours flous du plafond se dessinèrent au-dessus d'elle. Incrédule, la fembot allongée fronça doucement les crêtes optiques car ce plafond n'était pas d'un gris rouillé mais plutôt d'un gris clair sans aucune trace de corrosion. Son incrédulité s'approfondit d'avantage au fur et à mesure que sa vision s'éclaircissait pour dévoiler une pièce relativement spacieuse et bien rangée, complètement différente de l'infirmerie de Knockout. Même si ce dernier aimait l'ordre et la propreté, cette infirmerie-là dégageait quelque chose de complètement différent. Une autre ambiance.

Où suis-je ?

Clignant plusieurs fois des optiques pour rendre sa vision plus nette, Moonlight parcourra lentement le plafond du regard pour ensuite descendre sur les nombreuses étagères murales se trouvant juste en face de sa couchette. Il y avait un grand comptoir blanc avec des outils propres dessus, une table mobile avec des tissus souillés dans un bocal à côté d'un immense paravent métallique faisant office de séparation entre les différentes chambres des patients. Elle pouvait d'ailleurs entendre un autre son répétitif et agaçant provenir de là. Calmement pour n'alerter personne, elle tourna la tête sur la droite pour voir qu'effectivement, un monitoring prenait note des pulsations erratiques de son Spark, la ligne blanche faisant des allés et retours entre le haut et le bas de l'écran.

Dorénavant bien consciente cependant très nerveuse, la fembot déboussolée par cet environnement pour le moment inconnu commença à ressentir une pression douloureuse au centre de son châssis mais n'avait pas la force de lever sa main pour inspecter son armure. Tout son protoforme lui paraissait affreusement lourd. Elle était comme prise au piège de son propre corps ... Incapable de se défendre ou même de se redresser tant elle ressentait de l'épuisement. Aussi bien physiquement que mentalement. D'une petite grimace à l'effort qu'elle s'apprêtait à faire, elle réussit à baisser les optiques pour voir que son armure était remplie de bosses et de rayures et qu'il manquait de la couleur à certaines pièces. Un épais câble noir sortait du centre de son châssis. D'autres la reliait à deux grosses machines mobiles toutes entreposées sur la droite de sa couchette, prenant soigneusement note de chacun de ses paramètres vitaux.

Elle poursuivit son exploration visuelle pour récolter des informations supplémentaires sur une possible issue lorsque son Spark fit une violente embardée au moment où elle ressentit la prise sur sa main se resserrer, comme si le robot présent à ses côtés savait qu'elle était consciente. Confusément et avec beaucoup de prudence, Moonlight tourna la tête dans le sens inverse pour confronter celui ou celle qui siégeait à son chevet, se préparant au pire. Gardant les optiques basses dans un premier temps, elle finit par redresser son regard craintif pour rencontrer une paire d'optiques bleues. Bleues ... Familières. Ses optiques plongées dans ce regard révélant de la surprise, elle ne montra aucune émotion, pas même une lueur de reconnaissance. Rien d'autre que ce visage lisse qu'elle s'était elle-même forgé au fil des orns qui passaient enfermée chez les Decepticons. Torturée et humiliée à mainte reprise jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle.

Il y eut un long silence, et puis ...

«Opi ? T-tu es réel ?» Murmura Moonlight d'une petite voix tremblante, incertaine. Elle tendit son autre main avec hésitation pour toucher le métal rouge de son avant-bras et s'assurer qu'en effet, tout ceci était réel.

C'était solide.

La grande main sombre se resserra encore autour de ses doigts en guise de réponse tandis que le commandant des Autobots offrit un sourire à sa fille enfin sortie de stase après deux longs orns de convalescence. Un sourire qui était fébrile mais sincère, ce dernier modifiant sans retenue les traits habituellement sévères de son visage qui affichait à présent un intense soulagement. Ce simple geste chassa absolument toutes traces d'inquiétude dans son regard alors que l'expression sceptique de Moonlight se transforma à son tour pour laisser apparaître son propre sourire ainsi que des larmes aux coins de ses optiques rondes de choc. Hoquetant sous le poids de son bonheur écrasant, la petite fembot en réparation se redressa comme si toute sa fatigue venait d'être drainée pour fondre dans les grands bras invitants d'Optimus Prime, la laissant plonger contre son châssis dans une étreinte désespérée.

«Je n'ai jamais perdu espoir. Je savais que tu ne m'abandonnerais pas ... Que tu étais là, quelque part ...» Pleurnicha doucement Moonlight contre l'épaule du grand robot rouge et bleu aussi ému qu'elle.

«Je ne pourrais jamais t'abandonner. Tu es ma fille.» Rétorqua aussitôt Optimus, les optiques fermées tout en pressant le côté de sa tête contre celle de la fembot émotive. Faisant totalement abstraction de son statut de Prime et commandant durant ces retrouvailles, il n'empêcha pas les émotions de prendre possession de son Spark ni de son visage. Alors quand ses optiques devinrent humides à leur tour, il resserra ses bras autour d'elle pour ressentir les vibrations rassurantes de son Spark contre le sien, tous deux pulsants la chamade. Il poursuivit dans le même ton débordant de sensibilité.

«Tu es ce que j'ai de plus précieux au monde. Rien ni personne ne pourra changer ça. Jamais.» Il fit une petite secousse de sa tête lorsque Moonlight hoqueta, leur lien déversant une abondance d'émotions et cette fois-ci dans les deux sens.

Finis les interférences, terminé le silence.

«Je suis à la maison ...» La voix déchirée de la fembot se fit à nouveau entendre. Elle n'en revenait pas d'être là, en sécurité, dans les bras de son Opiluk.

«Tu es à la maison.» Répéta le Prime tandis que son sourire s'élargissait à cette joie de la retrouver.

«Mais c-comment ... ?» Elle ne savait pas comment elle avait atterri là, comment c'était même possible car elle ne se souvenait d'absolument rien !

«Je t'expliquerai toute l'histoire lorsque tu auras retrouvé des forces. Je te le promets. Mais en attendant, laisse-moi te dire à quel point je suis soulagé de te voir en vie. A quel point je suis heureux ... Et reconnaissant de t'avoir à nouveau auprès de moi.» Murmura le Prime à l'audio de la petite fembot nichée contre lui, voulant à tout prix se confesser sur ses émotions qui se bousculaient. Il ne remerciera jamais assez Primus pour cette seconde chance offerte pour pouvoir se rattraper et lui dire à quel point il l'aimait, à quel point elle comptait pour lui.

Contre ce châssis vibrant qu'elle adorait tant, Moonlight posa son front sur la vitre de gauche puis libéra toutes les larmes qu'elle s'était interdite de laisser couler durant son emprisonnement. Toutes ses peurs, ses angoisses, cette lourde solitude qui l'avait ravagée sans merci ... Ses groons de tortures aux mains de Shockwave, ses humiliations publiques, les coups, les électrocutions, les combats horribles menés dans cette arène de la mort, son mental brisé, les vies perdues, la manipulation de Megatron, elle évacuait toute sa souffrance par les larmes et les cris étouffés. Et durant tout ce temps, Optimus ne dit aucun mot pour se contenter de la tenir dans son étreinte à écouter avec douleur ses lamentations. Un mélange de tristesse et de rage à vrai dire, car il était incapable de retenir les images de Megatron s'en prenant physiquement à sa fille. Une rage qui le consumait depuis lors qu'il l'avait ramenée à l'infirmerie de Ratchet pour constater l'état déplorable dans lequel se trouvait la pauvre fembot.

Sans parler des dégâts psychologiques irréparables.

À cette pensée ravageante, le mecha fronça les crêtes optiques après avoir posé sa main derrière la tête de Moonlight pour la bercer, ressentant le besoin irrépressible de la protéger du monde extérieur. Un sentiment tellement puissant qui l'animait depuis sa liaison avec sa fille il y a dix-neuf Vorns de cela. Parfois incontrôlable, parfois accablant. Ressentir cette désolation dans le lien déchirait son Spark en deux ... Il avait l'impression de faillir à son devoir de créateur, d'être incapable de réparer les dégâts causés par son ennemi juré dans le seul but de l'atteindre lui. Qu'avait-elle enduré entre leurs mains de vermine ? Se posait-il encore et toujours cette question redoutable tout en appréhendant la réponse qui ne saurait tarder à arriver dans les cycles à venir. Ce n'était qu'une question de temps, mais quoi qu'il apprenne, il sera là durant son processus de guérison.

Le médecin Autobot s'était bien gardé de lui dévoiler certaines informations concernant l'état de Moonlight, Optimus n'était pas dupe non plus, il savait que son ami grincheux ne voulait pas déclencher une vive réaction de sa part. Et à juste titre. Qui savait comment il réagirait ... Après avoir donné plusieurs exemples de sa fureur destructrice et imprévisible quand il s'agissait de sa création. Optimus ne pouvait pas vraiment lui en vouloir à Ratchet car ce dernier cherchait simplement à le ménager pour éviter de faire plus de dégâts, à le préserver d'une partie de la vérité qui pourrait lui être insupportable. Mais il ne pourra pas éternellement la lui cacher, il finira par apprendre tous les sévices qu'ils avaient fait endurer à Moonlight et à ce moment précis, il laissera son instinct prendre le dessus.

Qu'importe les avis, sa fille aura la justice qu'elle mérite tôt ou tard ! Megatron ne payait rien pour attendre. Mais en attendant ce futur cycle, Optimus allait être présent pour sa fille et faire tout en son pouvoir pour réparer ses blessures pour qu'elle redevienne la fembot insouciante d'autrefois. Sa merveilleuse création qui portait son Spark sur la main ... Toujours prête à aider les autres et à offrir son amitié. Une fembot courageuse et généreuse par définition, sa plus grande fierté. Certes un travail de récupération qui sera long et semé d'embuches mais qui aura la plus belle des récompenses à la clé.

Les mots étaient devenus optionnels. Les sentiments échangés dans le lien créateur ainsi que la douceur de cette accolade suffisaient pour exprimer leur amour mutuel.

Toujours à l'écoute des larmes de la fembot frêle et cabossée qui ne semblaient plus vouloir s'arrêter, le commandant se contenta de l'épauler et de lui apporter un soutien moral, ne désirant pas briser ce précieux moment par la parole. Toutefois, un déluge de questions lui brûlait les lèvres car il voulait savoir tout un tas de choses à commencer par savoir si elle allait bien et si elle ne ressentait aucune forme de douleur. Jetant un rapide coup d'optiques à l'écran de contrôle, Optimus s'aperçut que le tranquillisant ne faisait plus vraiment effet. Dès l'instant où ils avaient franchi le portail, Ratchet s'était immédiatement chargé de Moonlight pour faire un bilan de santé général et relever chacune de ses blessures qui se comptaient par dizaine ... Rien que les visibles. La maintenant en stase durant tout le processus, il avait volontairement brouillé la plupart de ses souvenirs traumatiques afin de l'aider à se rétablir dans de bonnes conditions, mais cette aide médicale n'était malheureusement pas définitive.

Le médecin l'avait prévenu qu'une fois sortie de stase après un long moment sous sédatif, Moonlight serait confuse. Probablement incertaine quant à la réalité des choses et complètement déboussolée avec une partie de ses souvenirs manquants. C'était d'une grande aide pour ne pas revivre ses cauchemars, certes, néanmoins cette méthode quelque peu intrusive ne gardait pas ses fantômes loin d'elle ni la souffrance endurée qui refaisait surface à chaque mouvement. S'accrochant résolument au pare-brise de son créateur faisant preuve d'un calme exemplaire, la fembot bleue terne se détacha lentement de cette étreinte pour regarder Optimus droit dans les optiques. La bouche légèrement entre-ouverte comme pour formuler quelque chose, les optiques remplies d'energon, son expression changea radicalement de soulagée à horrifiée en une fraction de nano-klik à peine.

Optimus comprit aussitôt qu'elle avait retrouvé la plupart de ses souvenirs perdus.

«Ils l'ont tué ... Ils l'ont tué ...» Balbutia Moonlight d'un gémissement sans décrocher son regard larmoyant de son Opiluk soucieux, ses mains agrippant son armure dans la panique.

«Non, personne n'est tombé au combat cette fois-ci. Ils n'ont rien gagné de cette bataille.» Rassura rapidement le Prime d'une petite secousse de sa tête. Il attrapa les épaules tremblantes de sa fille afin qu'elle se calme et l'écoute attentivement tout en insistant sur les mots ; «tout le monde est en vie.»

Suite à cela, la fembot hoqueta bruyamment puis déversa de grosses larmes sur ses joues argentées tandis qu'elle cherchait une forme de réconfort dans le regard adoucit d'Optimus. Le soulagement la balaya de plein fouet alors qu'une petite partie de ses souvenirs revenaient peu à peu à elle dans un torrent d'images pour la plupart incompréhensibles. Mais une en particulière la remplissait d'effroi. Celle de son meilleur ami Bumblebee dans les griffes de la bête enragée ... Suspendu dans le vide, face aux tribunes des dirigeants, son regard douloureux dans le sien dévasté. Etranglant un autre gémissement à cette scène d'horreur, Moonlight voulu naturellement en savoir plus sur ce qui s'était passé dans cette maudite arène sous la ville de Kaon et s'empressa donc de poser une autre question afin d'apaiser sa conscience.

«Où est-il ? J'ai besoin de le voir !» S'exclama-t-elle dans la précipitation tout en entamant sa descente de la couchette médicale.

«Doucement, doucement. Calme-toi. Tu n'as pas encore récupéré toute ton énergie vitale.» Optimus leva la main quand il vit la fembot tirer sur les nombreux câbles raccordés à son protoforme ainsi qu'à son châssis entre-ouvert pour se délivrer des contraintes.

«Je veux le voir.» Insista-t-elle avec fermeté pendant qu'elle décrochait le câble raccordé à son coude droit. Tant pis si elle se prendra la colère de Ratchet. Elle ressentait le besoin urgent de voir son ami, de s'assurer qu'effectivement il était encore en vie et loin du danger. Elle supplia son créateur inquiet du regard après avoir positionné sa petite main sur le bras rouge du commandant en pleine réflexion dans l'espoir qu'il accepte sa requête malgré son état fragile.

Etudiant longuement le visage égratigné de la petite fembot désormais redressée en position assise au bord de la couchette, Optimus leva rapidement les optiques sur l'horloge holographique murale pour voir qu'ils étaient au beau milieu du cycle lunaire et que Ratchet ne reviendrait pas avant deux bons groons. Avec un peu de chance, le médecin dévoué à sa tâche ne remarquerait même pas que Moonlight s'était levée sans son autorisation ... Dans le cas contraire, il endosserait le rôle de coupable. Et puis Optimus n'était pas du tout insensible au regard qu'elle lui offrait, un regard si désespéré qu'il lui donnait mal au Spark. Elle avait toujours eu ce pouvoir persuasif sur lui. Poussant un petit soupir de défaite, le Prime ferma un instant les optiques avant de revenir à Moonlight qui attendait toujours patiemment son accord pour la laisser voir Bumblebee.

Elle avait gagné.

Mais au lieu de donner une réponse verbale, il se leva lentement de sa chaise pour retirer les derniers câbles raccordés au châssis de sa fille pour ensuite la tenir par le bras lorsqu'elle posa le premier pede à terre. Il pouvait se le permettre étant donné qu'elle était hors de danger. S'assurant de sa stabilité, il resta très attentif à tous signes distinctifs de douleur sur le visage de la fembot résolue à faire ses premiers pas depuis sa sortie de stase. Les dentas serrées mais munie d'une volonté de fer, Moonlight fit un pas tremblant après l'autre pour contourner la couchette tout en s'accrochant à la main de son créateur gardant le silence pendant qu'il la conduisait vers le pare-vent de l'autre côté de la pièce. Après une dizaine de pas seulement, la fembot réussi à garder son équilibre cependant c'était un équilibre très fragile qui la faisait tituber d'un côté à l'autre, trébuchant plus d'une fois. Heureusement que son Opiluk était à ses côtés pour la soutenir !

Arrivés devant le pare-vent d'où s'échappait une légère lueur bleutée, Optimus s'arrêta subitement pour permettre à sa fille d'avoir un moment en privé avec le jeune scout se trouvant juste derrière. Il jeta un coup d'optique nerveux au visage de Moonlight pour s'assurer qu'elle tiendrait sur ses pedes mais surtout pour être certain qu'elle ne regrettait pas son choix, terriblement inquiet de sa réaction une fois qu'elle verra le mecha ... Il reçut une petite tape sur l'avant-bras en guise de remerciements avant que la fembot ne se décide à faire un autre pas pour franchir la séparation médicale, permettant ainsi au Prime de se retirer dans la pénombre en attendant son retour. Anxieusement, elle poussa le rideau métallique puis pénétra dans la seconde partie de la baie médicale où se trouvait une couchette occupée par un bot familier. La lumière bleue venait d'un cristal d'energon faisant office de veilleuse dans le coin de la pièce faiblement éclairée, non loin de plusieurs machines semblables aux siennes.

Tandis qu'elle prenait lentement connaissance des lieux, le lien créateur fut tout à coup inondé de sentiments positifs.

D'abord confuse par le soudain soutien de son Opiluk, Moonlight comprit vite pourquoi il faisait ceci.

Là, gisant immobile sur sa couchette, Bumblebee n'était plus que l'ombre de lui-même. Posant rapidement sa main droite sur sa bouche pour étouffer le son d'horreur qui allait en sortir, la fembot écarquilla les optiques à l'état misérable de son meilleur ami jadis connu pour sa joie de vivre, son enthousiasme à toute épreuve et sa gentillesse inégalable. Ses genoux sur le point de flancher, elle s'empressa d'atteindre la chaise à côté de la couchette de Bee pour s'y effondrer. Le bip bip incessant qui l'avait tiré de sa stase quelques breems plus tôt ne venait pas de son monitoring, mais de la machine qui maintenait le Spark du scout en vie ...

Le choc s'empara du visage de Moonlight. Elle n'avait plus de mot, son Spark bourdonnait dans ses audios. Les optiques figées sur cette silhouette ayant perdu toute sa couleur, toute sa vivacité, elle parcourut calmement mais difficilement le cadre du jeune mecha inconscient branché de toute part à différentes machines médicales. Il y en avait tellement qu'elle ignorait la fonction de la plupart. Son armure tout entière était cabossée, son châssis était enfoncé à cause de la pression qu'avaient exercé les tentacules du Predacon, certaines pièces étaient carrément manquantes ... Des rayures et des trous parsemaient l'intégralité de son corps et il lui manquait même l'une de ses ailes, mais le pire du pire restait son visage et plus particulièrement son cou. Les plaques de protection avaient été arrachées avec une telle violence que les câbles d'alimentation avaient été sectionnés sur le coup, faisant de sa gorge une cavité profonde sans vocaliser.

«Bumblebee ... Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ...» Pleura Moonlight tout en se penchant sur la couchette du scout pour attraper sa main dans les siennes.

Evidemment, elle n'obtint aucune réponse. Ses optiques rondes adorables étaient maintenant éteintes et fixaient sans vie le plafond de l'infirmerie, démuni de toute expression fasciale, comme s'il n'était plus qu'une armure vide avec un Spark pulsant à peine. Affalée sur le bras de Bumblebee, Moonlight sanglota de manière incontrôlable tandis qu'elle s'accrochait à la main de son ami, l'écho de ses pleurs déchirants rebondissant sur les murs tout autour d'eux. Elle ne pouvait y croire, elle refusait d'admettre la vérité. Elle ne pouvait pas perdre Bumblebee par la main des Decepticons, elle ne s'en remettrait jamais ... C'était beaucoup trop dur à accepter. Trop difficile à surmonter après ce qu'elle avait traversé ... Après ce qu'ils avaient vécus.

Ensemble.

Inconsolable, la fembot posa sa tête contre le bras du scout inerte tout en fermant hermétiquement les optiques pendant qu'elle déversait un déluge de nouvelles larmes témoignant de son désarroi. Avec ce sentiment horrible persistant dans son Spark que tout ceci était son unique faute. Si elle n'avait pas été inconsciente ce cycle-là avec Niltrex, rien de tout cela ne se serait produit ... Elle n'aurait pas été faite captive, son créateur n'aurait pas autant souffert et Bumblebee serait encore parmi eux en un seul morceau. Sa faute ... Tout était de sa faute. D'une petite secousse de sa tête à la douleur profonde qu'entraînait cette évidence, Moonlight gémit alors qu'elle étreignait désespérément le bras de Bee comme une bouée de sauvetage, un dernier rempart contre la folie qui l'enveloppait. Puis entre deux hoquets, elle murmura la chose suivante d'une voix affligée.

«Pardon ...»

A suivre ...

J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu malgré le temps d'attente. Il est assez court et simple, mais les prochains apporteront de nouvelles informations, ne vous en faites pas. En tout cas, je suis impatiente de poursuivre et de vous dévoiler d'autres mystères.

Et n'oubliez pas ...

Ce n'est pas fini.

VP


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