Notre amour écarlate

Chapitre 3 : Blood Error

6322 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 18:41

Un monde littéralement s’effondrait sous ses pieds, au sein même de son coeur en pleine ébullition sous l’influence de sa peur. Marie-Luise grâce à ses mots d’une extrême dureté, comprenait que Chloé était parfaitement au courant de sa toute nouvelle relation avec Stuart, elle était au courant de tout et sans doute avait-elle même assisté à la scène dans sa totalité. Jamais en la rejoignant jusque dans sa chambre, l’aînée n’aurait pensé que les choses se passeraient ainsi. Bien sûr qu’en apprenant la nouvelle de sa fuite de l’école, la pensée comme quoi elle était au courant avait effleuré son esprit et l’eut légèrement terrifiée, seulement, elle préférait à ce moment-là mettre ses craintes un maximum de côté. Écoutant un maximum les conseils de son nouvel amant. Toute fois, en ce moment elle n’avait pas le choix. Elle ne disposait plus de ce luxe de douter et de se rassurer en relativisant la situation. Elle sentait le regard si violent de sa sœur se poser sur elle, lui donnant envie de fuir très loin, de s’en aller et de ne jamais revenir. Mais elle n’avait pas le droit, pas après tout ce qu’elle avait fais. Marie-Luise baissa alors simplement le visage, morte de honte à la suite de ses actes. La plus grande jumelle n’osait même plus affronter le regard de sa petite-sœur.

  • Alors tu es au courant… ? Comment est-ce que tu le sais exactement ?
  • Tu aurais oublié ? À la base notre plan était d’aller le voir ensemble pour que j’ai assez de courage pour aller lui parler personnellement. Rappela la petite-sœur en essuyant les larmes coulant de ses yeux avec la manche de son manteau. Mais toi, la grande sage de la famille, tu as cru bon d’aller t’en occuper par toi-même. Qu’est-ce qui t’a pris exactement ?! »
  • Je pensais avoir perdu un bout de notre complicité après ce matin… Après l’agression, tu as commencé à te montrer très froide avec moi. Et donc, pour me faire pardonner de t’avoir fuis parce que j’avais peur, je voulais te montrer que je tenais toujours à toi et que pour toi, je ferais n’importe quoi.
  • Ah ouai, comme par exemple me voler mon amoureux ?! J’étais seulement chamboulée par l’événement de ce matin, rien de plus. J’étais toujours prête à mettre notre plan en action. Tu n’aurais dû rien tenter toute seule… Affirma avec une voix plus calme cette fois la fillette, commençant à se retourner de nouveau.
  • Je croyais pourtant bien faire… La seule chose à laquelle j’ai pensé, c’est ton bonheur, Chloé. Déclara la grande-sœur en toute sincérité dans sa voix.

 

Jamais au cours de son existence, Chloé n’aurait pu croire un seul instant que les mots de sa grande-sœur puissent à ce point déchirer son coeur. Depuis toujours, sa confiance en elle était totale et indestructible. Elle était la toute première personne vers qui la cadette se tournait en cas de besoin ou de soucis. A chaque fois, Marie-Luise se montrait tout à fait capable de lui venir en aide, et Chloé repartait avec un sourire de soulagement et de reconnaissance envers cette sœur si chère à son coeur. Mais aujourd’hui, tout était différent. Bien sûr qu’elle avait senti cette sincérité dans sa voix, même qu’elle voulait y croire de tout son coeur. Seulement, elle était beaucoup trop blessée désormais pour lui accorder tout ce crédit de confiance. Frustrée qu’au fond elle dise peut-être la vérité, mais dans l’incapacité de la croire, Chloé laissa alors éclater tout son sentiment dans un geste franc et direct. Elle se retourna vers elle et lui flanqua une bonne gifle au visage, en y mettant une grande partie de sa force. Son visage était déformé par la colère, par cette haine si viscéral pour Marie-Luise. Celle-ci devant son geste manifesta toute sa surprise, n’ayant à aucun moment pu s’attendre à sa réaction et posa sa main sur sa joue, par réflexe en ressentant une douleur plus émotionnelle que physique que sa soeur ai pu lever la main sur elle.

  • Ferme la tout de suite, Marie-Luise. Tu n’as pensé à mon bonheur à aucun instant dans cette histoire ! Tu n’as fais que te jeter dans ses bras comme la garce que tu es… Avoue que tu en as bien profité, hein. Que ça t’a même fais plaisir que son coeur te choisisse toi, plutôt que moi au fond. Admets-le une bonne fois pour toute et sois honnête pour une fois.
  • Alors tu es en colère contre moi au point même de me frapper… Je ne pensais pas que pour une simple histoire d’amour, tu serais capable d’en venir à la violence, Chloé. Murmura tout doucement la demoiselle, retrouvant tout doucement sa confiance à la suite de ce coup et contenant une bonne partie de sa colère. Ses mots eurent toute fois effet de troubler son interlocutrice. Oui, c’est vrai que je n’ai pas repoussé Stuart quand il m’a embrassé. C’est vrai qu’au fond je voulais de tout mon coeur qu’il m’embrasse, mais durant tout ce temps, j’ai fais passer mon envie après la tienne.
  • Marie-Luise… Je ne voulais pas en venir aux mains avec toi, je suis désolé… Déclara Chloé en tentant de rattraper son erreur, agitant ses mains vers la grande-sœur en démontrant toute sa culpabilité. C’est une erreur de ma part, je me suis laissé emporter par ma colère. Je n’aurais jamais dû te gifler.
  • Mais maintenant les choses sont faites et tu ne peux plus revenir en arrière ! Affirma fermement l’aînée en repoussant la main de sa sœur d’un coup sec. Son regard avait soudainement changé, pour aller vers un sentiment de colère. Elle n’était plus la gentille fille innocente qui se laissait faire. Assume un peu tes actes pour changer, petite-sœur. J’ai tenté de faire de mon mieux pour te retrouver, je suis même allée jusqu’à vendre mon amour, juste pour toi. Et c’est ainsi que tu salues mon geste ? Oui, c’est moi que Stuart a choisis plutôt que toi. Mais je n’en suis en aucun cas responsable. Tu es juste frustrée de ne pas avoir réussi à obtenir son coeur, c’est tout.
  • Sors d’ici tout de suite, Marie-Luise. Ordonna avec une petite voix la cadette, avant de finalement hausser le ton ainsi que son sentiment de frustration. Tu ne m’as pas entendu ?! Je t’ai dis de dégager de ma chambre tout de suite, je ne veux plus te voir.

 

Ne montrant plus la même sensibilité face aux mots de sa petite-sœur, Marie-Luise gardait toujours le même sang-froid et la même confiance en elle. S’exécutant pour ne plus rester aux côtés de cette fille qui devenait de plus en plus à ses yeux, le monstre de ce matin qu’elle redoutait tant, elle sortit tout simplement de la chambre en refermant la porte derrière elle en la claquant fermement afin de bien faire comprendre son sentiment de colère. Elle était partie, sa sœur était repartie dans sa chambre en l’abandonnant une fois de plus. Même si au fond, Chloé lui avait donné l’ordre de s’en aller, elle aurait espéré quelque part, qu’elle mette un terme à ce litige en la prenant dans ses bras comme autre fois. Marie-Luise depuis toujours était la meilleure pour calmer les conflits, pour apaiser tout maux du coeur. Seulement, ce soir elle semblait plutôt les fuir comme la Peste. Quelque part, Chloé pouvait parfaitement le comprendre. Elle lui avait donné une gifle en plein visage et l’avait traité comme une moins que rien. N’importe qui aurait réagis pareillement à sa place. Pourtant, même en comprenant son comportement et ses réactions, la cadette ne pouvait retirer de son coeur, ce sentiment si violent de tristesse. Elle se sentait détruite, anéantie dans tous les sens du terme. Durant le même jour, elle avait perdu l’amour de sa vie et sa jumelle. C’était trop dur à encaisser pour une seule et même personne.

Si loin, tout cet amour était désormais si loin de ses mains, de son pouvoir. Plus jamais de toute son existence, Chloé ne pourrait toucher au bonheur ni même le caresser. Cette pensée circulait librement dans son esprit, la rongeant au sein même de son coeur pour la faire devenir progressivement folle. Elle n’avait plus aucun espoir en l’existence, ni aucune confiance en quiconque. Tout le monde l’avait trahi, était devenu son ennemi. Pourtant, la demoiselle désirait une main tendue avec tant d’ardeur. Elle voulait sentir cette aide qu’une âme charitable pourrait lui offrir en ce monde. Qu’une personne aimante vienne sécher ses larmes coulant encore de ses yeux pour s’écraser sans la moindre pitié sur le drap de son lit. Et pour finir, que cette même personne vienne la prendre dans ses bras et la débarrasse de cet oreiller pour lui proposer plutôt de venir se blottir contre son torse. C’était son rêve, son échappatoire à sa peine. Mais ce n’était pas assez efficace sur son mental pour lui permettre de s’enfuir et d’oublier la triste réalité des événements. La cadette était tellement fatiguée… Si épuisée de sa journée que finalement, elle se laissa entraîner par son manque d’énergie et suite à quelques petits clignements d’yeux, elle les ferma définitivement pour s’endormir. Au moins, dans le monde onirique, Chloé se sentirait en paix avec elle-même durant quelques heures.

 

« Adorable petite chose innocente tapis dans le noir, qu’attends-tu pour simplement lui retirer la vie et reprendre la place qui t’es due ? »

 

Au travers de ses rêveries, cette voix sournoise résonnait comme un écho omniprésent dans tout l’espace. Ce monde au sein duquel Chloé venait de plonger était inconcrét, informe et même avec tous les efforts du monde, elle ne parvenait pas à cerner avec exactitude l’apparence de ce sombre univers. Pour le moment de toute façon, elle était bien plus préoccupée par cette voix qu’elle venait d’entendre. Tout ceci n’avait rien d’effrayant, c’était comme réconfortant au fond. Ce lieu si familier, Chloé sans même en être vraiment consciente, savait qu’elle y était déjà venue un bon nombre de fois dans le passé et qu’elle n’y risquait strictement rien. Ce lieu était en quelque sorte, le sanctuaire de son âme, où tous les maux de l’extérieur ne pouvaient plus l’atteindre. Instinctivement, la demoiselle vint simplement s’asseoir pour se mettre en boule dans un coin, sans prêter plus attention à cette voix. Elle voulait juste rester tranquille, voir ce lieu s’éclairer de nouveau, comme autre fois lorsque la joie de son coeur illuminait son monde intérieur. Chloé se refusait à sombrer dans les ténèbres de nouveau, à ne devenir que l’ombre d’elle-même.

  • Alors… Si tu désires voir ce lieu redevenir aussi lumineux qu’autre fois, qu’attends-tu pour faire ce qu’il est nécessaire de faire, ma belle Chloé ? Demandait encore cette voix en prenant finalement forme devant elle. L’apparence de cet être n’était autre que celle d’un petit démon à la peau rouge, aux yeux injectés de noir et possédant des cornes ainsi que des ailes dans le dos. Il souriait de manière sournoise et sadique. Préfères-tu que je le fasse à ta place, peut-être ?
  • Ah, finalement ce n’est que toi, petit démon. Pourquoi est-ce que j’oublie ton existence dès mon réveil ? Demandait Chloé avec une certaine passivité dans sa voix, venant mollement, mais gentiment caresser comme à son habitude le haut de son crane.
  • Tu le sais pourtant, depuis que je suis dans ta vie, il t’es impossible de te souvenir du moindre de tes rêves. Tu n’es pas autorisée à ramener avec toi mon image dans le monde réel… Mais ceci n’a aucune importance, parlons plutôt du vrai problème, veux-tu bien ma chère ?
  • Le vrai problème ? Tu veux parler de ce qui s’est passé aujourd’hui j’imagine… Pourquoi est-ce que tu souhaites parler de ça avec moi au juste ? Ça ne te concerne pas, tu ne fais pas partie de notre monde.
  • Hihihi… Chérie, chérie. Le monde onirique est terriblement connecté au monde réel, plus encore que tu ne peux le croire. Affirma le démon rouge avant de finalement se relever et d’entamer une danse folle et sauvage. Pour être honnête avec toi Chloé, c’est toi et seulement toi qui est la créatrice de cet univers. Je pensais pourtant que tu le savais… Donc, tes petits problèmes ne me concernent pas seulement. Ce sont les miens, ils me touchent personnellement.
  • J’ai crée ce monde… ? Demanda intérieurement la demoiselle, choquée et troublée par les mots de son ami, avant de se décider à relever son visage en sa direction pour l’interroger directement. Mais alors ça veut dire que tu es…

 

Sans même lui laisser le temps de terminer sa phrase, le démon aux yeux noirs arrêta sa danse brutalement et pointa sa main en sa direction, le doigt tendu en évidence. De son index se déchargea un rayon rouge imposant qui entra tout de suite en contact avec sa victime pour provoquer chez elle une vive douleur. Ce pouvoir impressionnant cependant, ce monstre tapis dans les ténèbres ne le tirait pas de sa propre force, mais bien de la souffrance que ressentait l’hôte de ce corps, créatrice de ce monde. Au fond, elle était la seule à s’imposer tout ça, à devoir supporter une telle peine, une telle violence de la vie. Chloé alors que le démon ne semblait pas prêt à arrêter une seule seconde sa torture, se tortillait par terre, dans l’espoir que la douleur cesse un instant peut-être. Le monstre riait, encore et encore en se léchant la lèvre. Il avait exactement le même regard que Chloé, lorsqu’elle avait rendu la pareille à l’agresseur de sa sœur ou encore que la veille, lorsque cet élève l’avait interpellé en lui demandant de s’excuser.

  • Qu’est-ce que tu me fais ?! Pourquoi est-ce que tu me fais du mal, pourquoi ?! Demanda Chloé comme en demandant preuve de clémence pour sa vie en restant par terre. »
  • Moi… ? Mais voyons, Chloé, je ne fais absolument rien. C’est toi seule qui depuis le début, t’inflige une pareille douleur de vivre. Tout ça parce que tu n’es pas capable de faire le nécessaire pour être vraiment heureuse… Répondit le démon avant de déployer ses ailes et de s’envoler en continuant de la faire souffrir avec ce même rayon. Si seulement tu avais le courage nécessaire pour aller mieux, tout disparaîtrait. La souffrance s’en irait, ces ténèbres… Et peut-même que moi, je partirais pour toujours en te laissant avoir une vie meilleure. Mais pour cela, tu dois le faire.
  • Je sais ce que tu veux dire… Et je refuse catégoriquement. Jamais je ne pourrais tuer ma sœur. Elle a beau avoir trahi ma confiance, elle reste la personne que j’aime le plus en ce monde… Répondit à son tour la demoiselle en tentant de se débattre de l’emprise de ce rayon, en rampant par terre et levant son regard haineux en l’air pour l’envoyer à son ami démoniaque qui s’y trouvait toujours. Jamais je ne pourrais l’assassiner, tu m’entends ?!
  • Comme je le pensais depuis le début, tu n’es rien de plus qu’une pauvre lâche qui n’a pas la force d’assumer la douleur qu’elle peut ressentir à cause des autres. Avoua froidement le démon en manifestant sa déception, cessant totalement de sourire. Si tu souffres, alors élimines la cause de ta souffrance. Si tu es heureuse, alors tu dois veiller à ce que rien ne vienne entacher ton bonheur. Même si pour cela, tu dois tuer littéralement. Il n’y a qu’ainsi que tu seras heureuse en ce monde, Chloé. Alors cesse de te mentir et assume la personne que tu es vraiment.
  • Jamais !! Plutôt mourir que de faire du mal à ma propre sœur, à mon guide en ce monde ! Hurla Chloé au travers de ce monde froid et hostile, dans les ténèbres de la nuit tout en pleurant de désespoir et de toute cette souffrance qui lui infligeait ce monstre cornu.

 

Sans rajouter un mot de plus au cours de cette discussion, et plus que déçu par la lâcheté de Chloé, le démon aux yeux noirs avait totalement abandonné son sourire pour manifester toute sa détermination ainsi que sa haine viscéral. En ce moment, ce monstre des ténèbres ressemblait plus que jamais à la demoiselle au cours de ses colères habituelles. Bien décidé à la mettre d’accord avec elle-même, le maître des lieux usa de sa seconde main pour ajouter une seconde dose de souffrance nullement négligeable. En ressentant cela, Chloé commença à hurler à travers ce monde, pouvant même entendre son propre écho revenir vers elle tant son cri était fort et intense. Ce n’était pas toute fois pas une souffrance physique qu’elle ressentait, mais bien plus émotionnelle. Les larmes s’écoulant de ses yeux, aussi bien dans ce monde que dans la réalité, pouvaient en témoigner.

Elle revoyait grâce à ce rayon double, tous ces instants de bonheur avec sa grande-sœur. Mais aussi, tous ces moments où de par son naturel ainsi que son âge supérieur de seulement une pauvre minute, elle gagnait chaque fois tous les mérites de la famille. Oui, Marie-Luise était le pilier de cette maison, toujours la plus belle créature. Toujours la plus choyée, la plus adorée, la plus aimée. Ce monstre ce matin l’avait préféré, ainsi que Stuart. Tout le monde préférait largement Marie-Luise, laissant Chloé dans l’ombre de cette famille. Marie-Luise était la lumière, tandis que Chloé n’était autre que l’obscurité. Elle n’avait d’autre choix que d’assumer son rôle, ou de faire une chose nécessaire pour voler le titre de « Lumière » A son unique propriétaire. Sans cela, Chloé ne serait jamais vraiment heureuse. Elle ne pourrait jamais vraiment exrpimer une quelconque joie sourire pleinement à la vie.

  • Comprends-tu désormais ? Tant que tu n’auras pas retiré toute la lumière de cet être, jamais tu ne pourras vraiment te prétendre briller autant qu’elle. Marie-Luise est la personne qui a toujours gâché ton existence. Tu as beau l’aimer plus que tout, elle te volera toujours la part de bonheur qui te revient de droit. Ne la laisse plus gagner désormais, et tâche de reprendre ce qui t’appartient… Élimine cette usurpatrice ce monde, Chloé. Ordonna presque le démon en laissant désormais éclater toute sa colère et envoyant les derniers restes de ce rayon pour provoquer un éclat de lumière pleine de ténèbres tout autour de la demoiselle, masquant sa présence quelques instants.
  • Tu as raison… Justice sera faite et mon bonheur me reviendra. Mais tant que le coeur de Marie-Luise battra et que son existence résonnera en ce monde, jamais vraiment je ne pourrais pleinement sourire. Déclara Chloé, désormais debout sans aucune séquelle physique, et avec un regard plein de détermination et d’une envie de tuer plus que violente.

 

Il est désormais temps que toutes ces rêveries cessent pour cette nuit. Comme tous les jours à la même heure, le matin et ses premiers rayons de lumière arrivèrent dans cette partie du monde pour tirer tout doucement Chloé de ses songes nocturnes. Une fois encore, la demoiselle n’avait absolument aucun souvenir de son rêve, de son entrevue bien spéciale avec ce démon. Seulement, elle avait encore la sensation que lui avait éveillé son rayon maléfique, cette envie sauvage de tuer qui refusait désormais de s’éteindre et résonnait en elle plus fort encore que tout le reste. Se redressant pour se mettre en position assise, la demoiselle regarda devant elle avec ce regard vide. Elle ne ressentait plus aucune haine, plus aucune souffrance ni rage dans son coeur. Seulement… Cette irrésistible envie d’éteindre toute flamme de vie à sa sœur, Marie-Luise. Même si son coeur battait pour elle, qu’elle aimait sa sœur de tout son être, elle ne pouvait retenir ce sentiment et cette envie si puissantes.

Alors que tout doucement, Chloé s’éveillait au monde de la lumière, elle put entendre de l’autre côté de la porte de sa chambre, quelqu’un toquer à celle-ci. Elle se doutait rien qu’à la manière de frapper, que c’était sa grande-sœur. Avec un sourire plein de suffisance, elle s’amusait de la manière qu’elle avait eu de comprendre cela. Juste de par sa force, complètement insignifiante, voire même inexistante. Marie-Luise était à ses yeux, l’incarnation même de la déchéance et de la pitié en ce monde. Elle voulait la voir souffrir, pleurer et implorer son pardon.

  • Chloé, tu dors… ? Je ne vais pas rentrer dans ta chambre pour le moment. Je voulais seulement m’excuser pour mon comportement d’hier. Je n’aurais pas dû te crier dessus alors qu’il est clair que je t’ai fais énormément de peine. Pardon petite-sœur, excuse-moi… Murmura tout doucement l’aînée à travers la porte, avant de reprendre quelques secondes plus tard. J’y pense, aujourd’hui je dois sortir en ville pour des affaires. Que dirais-tu qu’on mange au restaurant ce soir à mon retour ? Comme ça on pourra se retrouver entre sœurs.

 

Sans adresser la moindre réponse à sa sœur, Chloé comprit sans aucune difficulté que Marie-Luise une fois de plus, se permettait de mentir après tout ce qu’elle avait fais. Il était parfaitement évident que son escapade en ville n’allait pas se faire seule et que son oubli d’invitation à sa sœur n’avait qu’une seule et unique raison. Elle comptait y retrouver son prince charmant, Stuart pour passer la journée tranquille avec lui. Si Marie-Luise n’avait pas énoncé ce dernier point, jamais Chloé n’aurait pu comprendre son stratagème, mais sa sœur parlait beaucoup trop et laissait entrevoir de très nombreuses failles dans ses sentiments et ses intentions.

En écoutant les bruits de pas de l’autre côté de la porte, Chloé sentait que son aînée s’éloignait progressivement pour se rendre dans une pièce parfaite pour ses affaires. Dans la salle de bain, le même endroit où hier, la jeune femme avait passé des heures à se faire belle pour son bel homme. Désormais, Chloé n’avait plus le moindre doute quant aux réelles intentions de sa grande-sœur. Attendant donc que le robinet d’eau se lance, la demoiselle se leva comme une fusée de son lit et quitta sa chambre sans plus attendre. Chaque seconde était cruciale pour ce qu’elle comptait faire. Marchant tout doucement dans le couloir, pour ne pas se faire entendre par Marie-Luise sous la douche, Chloé se dirigeait vers la chambre de cette dernière avec une intention bien précise. Elle voulait vérifier sa théorie et savoir exactement où Marie-Luise comptait se rendre en ville aujourd’hui.

Ouvrant alors la porte de sa chambre avec délicatesse, de manière à ne pas alarmer sa grande-sœur, la plus jeune ne tarda pas à trouver l’objet de ses convoitises. Son téléphone portable, posé comme à son habitude sur son bureau. Un beau sourire de satisfaction se manifesta alors sur son visage, avant qu’elle ne s’empare de l’appareil pour l’ouvrir. Un code de sécurité. Mais Marie-Luise n’avait absolument aucun secret pour elle. C’est ça le vrai avantage d’être jumelles.

1307, la date de leur naissance à toutes les deux. Le téléphone déverrouillé et dévoilant alors tous ses secrets, la jumelle fouilla sans scrupule ses messages et plus particulièrement, ceux adressés à Stuart. Fouillant alors les dernier SMS, elle avait vu juste. C’était bien avec lui qu’elle comptait se rendre en ville, un rendez-vous en amoureux donc. Grâce à cela, Chloé avait l’adresse exacte du lieu de leur rendez-vous, et même l’heure en plus de cela. C’était vraiment trop beau. Ils comptaient donc se rejoindre devant le cinéma de la ville aux alentours de 10h15. Dans à peine deux heures. Chloé en lisant cela, comprenait mieux l’envie soudaine de sa sœur de vouloir prendre une douche matinale juste après leur très court échange unique à travers la porte. Mais cela n’était pas gênant. Désormais, Chloé avait toutes les cartes en main pour agir et récupérer son dû. Posant l’appareil de nouveau sur le meuble en le verrouillant comme il était à la base, elle sortit simplement de cette chambre pour rejoindre la sienne.

Chloé souriait, mais ce n’était pas de bonheur mais d’une satisfaction morbide. Refermant la porte derrière elle, la jeune femme s’affala contre sa surface en tentant au mieux de retenir son rire nerveux. Mais c’était beaucoup trop compliqué pour qu’elle y parvienne. Heureusement, Marie-Luise était encore sous la douche et les parents dormaient au rez-de-chaussé et ne pouvaient donc pas entendre ses accès de folie. Elle savait désormais comment s’y prendre, c’était si bon d’avoir toutes les cartes en main et d’être libre de s’en servir de la manière désirée. Elle avait l’impression d’être en cet instant, une maîtresse sombre et démoniaque, une reine des ténèbres.

Descendant donc au rez-de-chaussé après s’être habillée promptement, Chloé gagna la cuisine afin de s’emparer d’un objet bien précis. Un couteau de cuisine, assez taillé pour trancher la chair humaine. Cet outil à la main, le regard posé dessus et son doigt venant se poser sur la pointe, elle confirma de par sa blessure, que ce couteau était parfait pour son entreprise finale. Souriant de sa trouvaille, elle remonta à l’étage afin de le ranger dans son blouson, enfilant ensuite ce dernier pour se mettre en route. Il fallait qu’elle se rende sur les lieux du rendez-vous en première, que personne qui la connaisse ne remarque sa présence, sinon tout tombait à l’eau. Même sans le moindre souvenir de sa nuit, Chloé était réglée comme une horloge automatique. Programmée pour accomplir sa tâche, déterminée et sans aucune entrave ne pouvant la stopper dans son objectif. Elle ne ressentait rien, sinon l’envie mortelle de sang.

Après une heure et demi dans les transports en commun, au milieu de tout ces gens au physique insupportable, ainsi qu’au contact de leur aura qui ne lui donnait aucune autre envie de que celle d’un meurtre de masse, Chloé arriva enfin sur place. Ce fameux cinéma où s’étaient donnés rendez-vous les deux amoureux dans quelques minutes. Sans tarder, la demoiselle alla se cacher dans un coin, histoire de ne pas se faire repérer tout de suite et se mit à les attendre. Pour une raison inconnue, Chloé était extrêmement patiente ce matin. Comme une tueuse à gage, guettant sa proie afin de lui tirer une balle en plein front. Le viseur pointé et le doigt sur la détente, prête à tirer à tout instant sur sa cible. Même si ce matin, sa cible ne serait personne d’autre que Marie-Luise, elle ne ressentait aucun regret, aucune envie de revenir en arrière pour sagement les laisser tranquille. Non, il fallait qu’elle paye. Plus encore, qu’elle disparaisse de ce monde en laissant Chloé rayonner de sa lumière pour le restant de ses jours.

Quelques minutes après son arrivé, Stuart se montra le premier. Décidément, cet homme était un vrai gentleman pour se pointer autant en avance pour ne pas faire attendre Marie-Luise. Un sourire se manifesta sur les lèvres de la jumelle. Bientôt, ça serait elle qu’il attendrait ainsi. Elle et personne d’autre en ce monde. Sa sœur ne tarda pas à se montrer elle aussi, arrivant sur place en courant avec un sourire gênée. Elle n’avait pas le droit de savourer ce moment, d’être avec la personne que Chloé aimait de tout son coeur. C’était trop injuste.

  • Tu vas payer pour tout ce que tu m’as pris, Marie-Luise. De toute façon, tu n’aurais jamais dû naître. C’est moi la seule et unique fille de la famille désormais… Murmura tout doucement la jeune fille, en retrouvant ce sentiment de haine.

 

Sortant finalement de sa cachette derrière le cinéma, Chloé s’empara de son couteau caché dans son blouson et fonça en direction du duo qui venait de se retrouver. Son regard montrait plus que jamais son envie de tuer, son envie de faire couler le sang de sa grande-sœur pour récupérer tout ce qu’elle lui avait volé au cours de leur existence. Stuart était la goûte de trop qu’elle ne pouvait désormais plus supporter. Marie-Luise ne tarda pas à remarquer sa présence, ainsi que ce couteau dans sa main. Mais aussi et surtout, son envie de tuer, cette froideur dans son regard qui la tétanisa en lui faisant comprendre l’importance du danger qui se présentait à elle. Jamais Marie-Luise n’aurait pu croire que sa petite-sœur ne puisse avoir l’envie de l’assassiner, mais pourtant c’était bien sur le point d’arriver ici, en ville. Cependant, alors que Chloé allait planter son couteau dans la poitrine de sa grande-sœur, Stuart s'interposa en se plaçant entre les deux pour l'empêcher de blesser l’élue de son coeur en recevant la lame à sa place. Le sang coulait, oui, il coulait. Seulement, ce n’était pas le bon…

 

 

NOTE DE L'AUTEUR : J'avoue avoir finis par m'attacher au personnage de Chloé, bien qu'elle apparaisse comme une malade mentale... Elle est touchante et sa personnalité est belle au fond. Qu'en pensez-vous ? Petit-commentaire ?

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